Idéologie et Plastique II. La sculpture funéraire de Chiusi - article ; n°1 ; vol.21, pg 545-608
65 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Idéologie et Plastique II. La sculpture funéraire de Chiusi - article ; n°1 ; vol.21, pg 545-608

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
65 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1974 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 545-608
64 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Idéologie et Plastique II. La sculpture funéraire de Chiusi
In: Idéologie et plastique. Rome : École Française de Rome, 1974. pp. 545-608. (Publications de l'École française
de Rome, 21)
Citer ce document / Cite this document :
Bayet Jean.Idéologie et Plastique II. La sculpture funéraire de Chiusi. In: Idéologie et plastique. Rome : École Française de
Rome, 1974. pp. 545-608. (Publications de l'École française de Rome, 21)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1974_ant_21_1_1653·
ET PLASTIQUE* IDEOLOGIE
Π
LA SCULPTURE FUNÉRAIRE DE CHIUSI
PAR
M. Jean Βαύετ
Ancien membre de l'École
Pendant six siècles — du viie au ne avant notre ère — , la région
de Chiusi (Clusium; pour les Étrusques, Cleusin- ou Chamars)
développa, dans le domaine de la sculpture funéraire, une fécondité
d'inventions unique, et tout originale en Étrurie1. Ce serait une
1 On se reportera aux ouvrages généraux universellement connus :
J. Martha, L'art étrusque (Paris, 1889), p. 330-344 (cité : Martha) ; P. Duc
ati, Storia deir arte etrusca (Florence, 1927 ; cité : Ducati) ; G. Q. Gi-
glioli, L'arte etrusca (Milan, 1935 ; cité : Giglioli) ; P. J. Riis, Tyrrhenika
(Copenhague, 1941), p. 108-125 ; — mais, sur Chiusi spécialement, sur
tout à R. Bianchi Bandinelli, Clusium, dans Mon. Ant., XXX (1925),
col. 209-578 (cité : Clusium), et à D. Levi, II museo civico di Chiusi (Rome,
1935 ; cité : Chiusi) ; voir aussi : D. Valeriani-F. Inghirami, Etrusco
Museo Chiusino (Fiesole, 1833-1834), surtout de la collection Casuccini
(actuellement au Musée national de Palerme), qu'inventorie E. Gabrici
dans Studi Etruschi, II (1928), p. 55-81. — Sur la période la plus ar
chaïque et les « canopes » : 0. Montelius, La civilisation primitive en
Italie depuis l'introduction des métaux (Stockholm, 1895-1904 ; cité : Mont
elius) ; F. von Duhn, Italische Gräberkunde (Heidelberg, 1924-1939) ;
L. A. Milani, Monumenti etruschi iconici d'uso cinerario, dans Museo
hai. di antichità classiche, I (1885), p. 289 ss. ; D. Levi, / canopi di Chiusi,
dans Critica d'Arte, I (1935-1936), p. 18 ss. et 82 ss. ; G. Bendinelli,
« Rusta Latinorum » : / vasi ossuari e le origini dell' arte figurativa nell'Ita
lia Centrale, dans Rendic. d. Pontificia Accad. Rom. di archeologia, XXII
(1946-1947), p. 43-59 (cité : Bendinelli). — Sur les cippes, urnes et sarco
phages à reliefs plats : E. Paribeni, / rilievi Chiusini arcaici, dans S. E., VI-XXXVII,'
XII (1938), p. 57-139 et pi. et XIII (1939), p. 179-202
* Paru dans WEFR, 72, 1960.
[545] J. BAYET 36
pauvre échappatoire que d'en proposer des causes matérielles ou
techniques, comme la facilité de travailler le tuf gréseux à grain
fin du pays, auquel des infiltrations d'eaux sulfureuses méritent le
nom de « pietra fetida » : le bronze, la terre cuite, l'albâtre et le tra
vertin se sont prêtés au même instinct plastique. L'hypothèse s'im
pose d'une différenciation ethnique et religieuse : les Clusiens étant,
à l'inverse des Étrusques des autres cités de Toscane (en particulier
celles de la zone maritime, au Nord du Tibre), d'obstinés inciné
rants, et jusque bien au delà du ve siècle, où pourtant l'habitude
« tyrrhénienne » d'inhumer les morts avait semblé l'emporter parmi
eux 1. L'art du sculpteur se serait employé à re-susciter les appa
rences corporelles annulées par la crémation, soit par conformité à
une idéologie locale (qu'il faudra alors expliquer psychologique
ment), soit sous l'influence de voisins inhumants qui, sans pouvoir
détruire chez les Clusiens le rite ancestral, les auraient engagés à
perpétuer, d'autre façon qu'ils ne le faisaient eux-mêmes, l'aspect
physique de leurs morts. Et qui ne pressent les conséquences, jusque
dans le domaine de l'histoire politique, d'une telle hypothèse, si
elle venait à se vérifier?
Sans en tenir la perspective pour négligeable, nous entreprenons
ici une recherche à la fois plus ample et plus modeste. Nous ne nous
limiterons pas au portrait funéraire, bien que Chiusi en ait acquis
le plus clair de sa renommée. Mais, en analysant, autant que pos-
(cité : Paribeni) ; G. Carducci, Due cippi chiusini dell' Antiquarium di
Monaco di Baviera, dans S. E., Ili (1929), p. 477-489. — Sur les statues
cinéraires : F. Messerschmidt, Chiusiner Studien, dans Rom. Mitt., XLIII
(1928), p. 90 ss. ; P. Ducati, Osservazioni su sculture chiusine, dans Histo-
ria, VI (1932), p. 22 ss. — Sur les reliefs de la dernière période, outre les
trois volumes de H. Brunn et G. Körte,- / rilievi delle urne etrusche
(Rome-Berlin, 1870-1916) : J. Thimme, Chiusinische Aschenkisten und
Sarkophage der hellenistischen Zeit, clans S. E., XXIII (1954), p. 25-147,
et XXV (1957), p. 87-160. — Nous renvoyons par Exp. M., Z., P. aux
catalogues officiels de l'exposition d'art et civilisation étrusques présen
tée en 1955 successivement à Milan, Zurich et Paris.
1 Clusium, c. 459.
[546] LA SCULPTURE FUNÉRAIRE DE CHIUSI 37
sible chronologiquement, le sens des innovations plastiques dont
cette cité a été prodigue, nous essaierons d'apprécier, sans théorie
préconçue, la part d'idéologie religieuse que recèle chacune d'entre
elles. Que cette courbe révèle constantes ou mutations brusques,
elle devrait, outre son intérêt spirituel propre, ne pas être sans uti
lité pour l'ensemble du problème étrusque.
Masques et « canopes ». — La réanimation corporelle
Les masques et ce qu'on appelle, mal1 mais commodément, les
« canopes » sont les premières formes caractéristiques de la plas
tique funéraire de Chiusi. Le masque en bronze repoussé ou en
terre-cuite était suspendu au col ou au couvercle du vase conte
nant les cendres du mort. Le « canope » est une anthropomorphisa-
tion, plus ou moins poussée, du récipient cinéraire lui-même : que
les linéaments d'un visage schématisé soient grossièrement figurés
parfois sur son col, la plupart du temps sur son couvercle ; ou que
ce couvercle même prenne le volume et l'aspect d'une tête, mascul
ine ou féminine, et souvent d'un portrait réaliste ; les bras sont
suggérés par les anses, ou figurés au naturel ; il arrive que la panse
du vase soit modelée en thorax2. Très fréquemment, au surplus, le
canope est installé sur un fauteuil de cérémonie à ses dimensions, en
bronze ou en terre-cuite, évasé, à dossier arrondi. Et, de règle, il
était ainsi déposé, accompagné du matériel votif destiné au mort,
dans une grande jarre, ou « ziro », couverte d'une dalle de pierre et
descendue dans un puits profondément creusé. Les plus anciens
masques et canopes semblent contemporains et peuvent remonter
au début du vne siècle, ou à l'extrême fin du vine.
1 Au propre, les canopes sont, en Egypte, à partir de la XIe dynastie,
quatre vases contenant les viscères de la momie. Voués aux quatre fils
d'Horus, leurs couvercles, d'abord en forme de tête humaine, en pré
sentent ensuite les traits (animaux pour trois d'entre eux).
2 L. A. Milani, II R. Museo archeologico di Firenze (Florence, 1912),
I, p. 136, vitr. H ; — cf. notre PI. I, 3 ; et (de Gastiglione del Lago) Exp.
M. 16, Z. 23, P. 8.
[547] 38 J. BAYET
De façon générale, et sans prétendre à nulle relation chronolo
gique ou ethnique, ces formules s'opposent vigoureusement à deux
idéologies funéraires précises :
1° Celle qui recommande la conservation la plus durable possible
du cadavre ou, au moins, du squelette. Car en celui-ci surtout pa
raissent reposer des forces de vie et, en Egypte et dans le bassin
méditerranéen, une puissance génétique très spécifique1 : ce pour
quoi sans doute des « néolithiques » décharnaient les cadavres de
façon à épargner aux os la putréfaction ou les enclosaient dans
de grandes jarres qui en évitaient la dispersion2. Les pratiques de
Chiusi excluent — ou ont transféré — ces croyances. Il ne semble
même pas qu'elles gardent trace d'une ustion partielle (dont la pra
tique romaine de Vos resectum conserve le souvenir), qui aurait par
exemple réservé, comme si souvent, le crâne3 : les masques des
1 Dans la moelle des os, surtout celle de la colonne vertébrale

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents