Une copie grecque d une fresque minoenne? - article ; n°1 ; vol.104, pg 117-127
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1960 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 117-127
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 37
Langue Français

Extrait

Monsieur Henri Van Effentere
Une copie grecque d'une fresque minoenne?
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 104e année, N. 1, 1960. pp. 117-
127.
Citer ce document / Cite this document :
Effentere Henri Van. Une copie grecque d'une fresque minoenne?. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 104e année, N. 1, 1960. pp. 117-127.
doi : 10.3406/crai.1960.11147
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1960_num_104_1_11147UNE COPIE GRECQUE D'UNE FRESQUE MINOENNE 117
Telle sera l'économie de ce recueil, dont les progrès de la photographie et des
modes de reproduction (progrès techniques et dans le sens de l'économie)
permettent d'espérer assez rapidement la réalisation en France, tandis que,
sous l'impulsion du Comité international de paléographie, les travaux préparat
oires se font également, quoique à une allure plus lente, dans les autres pays
d'Europe. Cette œuvre considérable n'aurait pu, bien entendu, être entreprise
si le Centre national de la Recherche scientifique ne l'avait prise à son compte,
et si les responsables des divers départements de manuscrits (au premier rang
desquels il m'est agréable de nommer M. Jean Porcher) ne nous avaient fait
profiter de facilités exceptionnelles. C'est, bien entendu aussi, un travail
d'équipe et il convient de féliciter à cet égard nos dévouées collaboratrices
M mes Garand et Metman qui, avec le concours de Mme Marie-Thérèse Vernet
et sous la conduite de M1Ie Jeanne Vieillard, Directrice de l'Institut de recherche
et d'histoire des textes, sont venues à bout d'un long et difficile travail ».
SÉANCE DU 1er AVRIL
PRESIDENCE DE M. MARCEL BATAILLON
M. Charles Virolleaud fait connaître que la Commission du Prix
de Joest a décidé d'attribuer le prix en 1960 à M. Charles Mugler
pour son Dictionnaire historique de la terminologie géométrique des
Grecs (Études et Commentaires, t. xxvm).
Acte est donné de cette communication.
M. Henri Van Effenterre étudie une copie grecque d'une fresque
minoenne.
COMMUNICATION
UNE COPIE GRECQUE D'UNE FRESQUE MINOENNE ?
PAR M. HENRI VAN EFFENTERRE.
Les premières découvertes d' Evans révélaient en Crète un monde
inattendu, aussi surprenant par sa richesse et sa fantaisie qu'étrange
et déconcertant pour un esprit classique. Architecture complexe
des palais, fraîcheur de leurs peintures, charme délicat des bijoux
ou des statuettes, mystère des écritures indéchiffrées, tout concor
dait à donner le sentiment d'un art original, d'une vision spécifique
des choses humaines et divines, tout semblait paradoxal dès que
l'on y cherchait les enfances ou la préhistoire de l'art grec. Le pro
grès de nos connaissances est vite venu atténuer cette première
impression. Les liens du monde égéen avec les autres civilisations
du Proche-Orient se sont en effet précisés. En même temps sont COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 118
apparus des prolongements, des survivances, des dérivations, qui
assuraient le passage du Minoen à l'Hellénique. Ainsi les légendes
mythologiques ou les rites religieux des temps classiques se sont
enracinés dans la préhistoire égéenne. Et l'on a bien étudié mainte
nant les transitions qui sur le continent mycénien ou dans la Crète
dédalique font succéder à l'art minoen en décadence les premières
ébauches de ce qui deviendra l'art grec.
D'une époque à l'autre, il n'y a pas eu de rupture. Mais il n'y a
pas eu non plus de contact. C'est ce qui explique l'étonnement des
premières découvertes. Pour les Grecs, le passé minoen s'était
estompé. Certes les usages avaient été conservés, mais sans plus
être compris. Certes les idées évolué, la vie des hommes
avait changé. Mais tout cela s'était fait lentement, imperceptible
ment. Le monde grec n'a pas connu les chocs de la Renaissance.
Il arrivait qu'une tombe ancienne fût découverte, comme celle
de Minos en Sicile ou celle d'Oreste à Tégée, que des grimoires
incompréhensibles fussent soumis à la sagacité des exégètes, comme
dans l'histoire de Dictys de Crète. Les fidèles reprenaient le chemin
des antres sacrés ou des hauts lieux déjà vénérés. Les sanctuaires
ou les familles conservaient des objets anciens, par piété, par sens
archéologique ou par goût de la collection. Mais jusqu'à présent
on n'avait jamais trouvé de preuve d'une connaissance directe de
l'antiquité minoenne par les Grecs classiques, encore que cette
connaissance immédiate n'eût a priori rien d'invraisemblable.
Nous pensons pouvoir présenter aujourd'hui un dessin archaïque
directement inspiré d'une représentation minoenne, au point qu'il
est permis de parler copie. Les circonstances de la découverte,
comme l'étude intrinsèque du dessin, garantissent qu'il s'agit bien
d'un graffito des temps helléniques. La pierre provient d'un centre
où les survivances minoennes ne sauraient surprendre, puisqu'il
s'agit de Dréros. La scène minoenne qui a servi de modèle est l'une
des plus célèbres que nous connaissions, celle du sarcophage d'Haghia
Triada. Enfin, le rapprochement des deux documents assurera
l'identification du principal personnage du et ouvrira
ainsi de nouvelles perspectives sur l'histoire ancienne de la Messarà
occidentale.
La pierre que je suis heureux de pouvoir soumettre aujourd'hui
à l'Académie a été trouvée le 18 septembre 1936 à la fin de la fouille
que je poursuivais avec mon ancien et ami Pierre Demargne à la
grande citerne de Dréros. Permettez-moi de rappeler les conditions
dans lesquelles cette citerne semble avoir été comblée : ce sont les
blocs, bien taillés, de la margelle qui sont les premiers tombés au
fond de la citerne, quand elle a cessé d'être entretenue ; c'est au UNE COPIE GRECQUE D'UNE FRESQUE MINOENNE 119
fond également que nous avons dégagé le sékôma, la mesure à eau
que nous avons récemment publiée dans le Bulletin de Correspondance
hellénique. Les inscriptions archaïques que nous avons fait connaître
par ailleurs ont été découvertes à mi-hauteur, dans la partie occi
dentale de la citerne, c'est-à-dire au pied même du temple géomét
rique ou Delphinion de Dréros. Il est probable qu'elles avaient
appartenu à la façade est de ce temple. C'est à la même hauteur
que les inscriptions archaïques, mais juste à l'opposé, le long du
côté oriental de la citerne que fut trouvée la pierre à- dessins dré-
rienne, dans une région où la fouille se révéla spécialement pauvre
et décourageante. Notre bloc mis à part, cette zone de la citerne
n'a donné qu'une seule pierre digne d'intérêt dont je vous présente
aussi le fac-similé sur un dessin exécuté au moment même de la
découverte.
La pierre porte une quinzaine de signes assez indistincts. Certains
rappellent des hiéroglyphes minoens, notamment le signe du palais
et celui de l'epsilon. Mais la lecture est trop incertaine pour qu'on
puisse pousser l'analyse et nous n'avons pu prendre aucune photo
graphie lisible de la pierre. Nous croirions tout autant à un graffito
de citoyen désœuvré, comme disait S. Marinatos, qu'à la survivance
d'une écriture minoenne. Que l'on puisse hésiter cependant est déjà
significatif : le temple de Dréros est tout imprégné, vous le savez,
de traditions minoennes ; la langue étéocrétoise s'est conservée là
jusqu'aux temps archaïques, comme Michel Lejeune l'a confirmé
sur une bilingue que j'avais jadis publiée. Enfin deux objets typ
iquement minoens, une table à offrande en stéatite et un fond de
boîte à fard, ont été retrouvés dans le mobilier domestique ou funé
raire des habitants de la ville hellénique. La cité baigne donc dans
une atmosphère étonnamment minoenne, malgré l'absence de toute
trace d'occupation préhellénique du site.
Les circonstances de la découverte montrent que la pierre à

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