Bien sûr la psychanalyse se soucie de guérison...Dénoncer la psychanalyse avec Romain Gary
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.La simple évocation de la psychanalyse produit sur moi une réaction pavlovienne assez peu engageante. Tête rentrée dans les épaules, yeux plissés et lèvres serrées pour ne pas laisser apparaître des canines menaçantes, mon poil se hérisse et je deviens soudainement taiseux. Sans qu'il le sache encore, je me tiens prêt à dévorer mon interlocuteur à sa première incartade. Et rien qu'à l'écrire, j'en ai le souffle court. Il se trouvera bien un imbécile pour l'interpréter. Qu'il prenne garde. R.GARY
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Langue Français

Extrait

La psychanalyse se soucie-t-elle de guérison ?
parMarie-Claire Céle...
Bien sûr la psychanalyse se soucie de guérison.
Il y eut bien dans les années soixante quelques intellectuels subjugués par Lacan qui se lancèrent dans l’aventure psychanalytique pour découvrir ce qu’il y avait dans leur inconscient et les futurs psychanalystes doivent toujours le faire dans le cadre de leur formation. Mais, d’une façon générale, ceux qui sont prêts à consacrer à l’analyse beaucoup d’énergie, de temps, d’argent, ceux qui acceptent de se remettre en question au lieu de continuer à attribuer toutes leurs diîcultés au monde extérieur, le font parce qu’ils souFrent et espèrent que leurs troubles seront atténués, sinon guéris par l’analyse. Le psychanalyste accepte leur demande, s’il pense pouvoir y répondre.
Reste à savoir comment le psychanalyste envisage la guérison. Le patient voudrait être soulagé de ses symptômes le plus rapidement possible et c’est ce que lui proposent les autres thérapeutiques, la médecine avec ses médicaments, les thérapies cognitivo-comportementales par des façons de négocier avec les symptômes, des « trucs » qui en font disparaïtre momentanément un bon nombre. Le fait même d’entreprendre une thérapie, quand le patient a conance
dans le thérapeute qu’on lui a indiqué, médecin, comportementaliste, psychanalyste… naturopathe ou guru de toutes sortes de sectes, suît souvent à faire disparaïtre le symptôme. C’est ce que les psychanalystes attribuent au transfert positif : le thérapeute est celui qui est supposé vouloir du bien et avoir le pouvoir de faire du bien.
Quand le patient souFre d’angoisse ou de dépression il sait « pourquoi », c’est à dire qu’il reconnaït le traumatisme psychologique qui a déclenché ses troubles : il a été licencié et se retrouve au chômage ; elle a été abandonnée par son compagnon ou voudrait le quitter pour un autre sans oser le faire ; son père ou sa mère vient de mourir… Quand le patient souFre d’une phobie du métro, du besoin maniaque de vérier ce qu’il vient de faire, quand sa vie est désorganisée parce qu’il confond ce qu’il imagine avec la réalité ou se précipite sans rééchir dans l’alcool, la drogue ou d’autres actes qui le calment, quand des troubles physiques sont au premier plan, boulimie, allergies, fatigue, mal de tête ou mal de dos permanents, etc, il est plus diîcile de rattacher ses troubles à leur cause.
Mais toutes les personnes qui vivent des événements diîciles ne plongent pas dans la dépression ou ne sont pas paralysés par l’angoisse ou d’autres troubles. Quand les troubles sont importants, c’est que le traumatisme récent vient se greFer sur une fragilité antérieure, des traumatismes de l’enfance ou, au contraire, une enfance tellement choyée qu’on n’avait pas imaginé que quelqu’un, quelque chose d’essentiel pour soi pourrait manquer.
La psychanalyse s’attache, elle, à retrouver le lien entre le problème actuel et ce qui a pu fragiliser depuis l’enfance. Ce lien est souvent devenu inconscient et il faudra longtemps pour le retrouver, longtemps pour que le patient réalise que ce qu’il vit dans le présent n’est pas la répétition de ce qu’il avait subi dans le passé sans pouvoir s’y opposer, et qu’il peut donc trouver une solution à son problème actuel. S’il réussit à faire ce trajet, l'angoisse, la dépression et les symptômes qui lui servaient à les masquer n'ont plus de raison d'être, de même que le rejet sur les autres ou sur son corps de la cause de sa souFrance Et il peut guérir.
Mais il arrive aussi qu’au moment où la psychanalyse met à jour ce qu’on voulait ignorer, les symptômes augmentent momentanément ; il faut surmonter l’épreuve sans se laisser décourager et parfois il peut être utile de se faire aider par des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Les rapports entre la psychanalyse et la guérison sont, on le voit, complexes. Quelquefois la disparition des symptômes survient tout de suite comme avec toutes sortes d’autres thérapeutiques, quelquefois ils réapparaissent alors qu’on les croyait dénitivement vaincus. Mais si l’analyse atteint son but de dévoiler les désirs contradictoires et les conits intérieurs, le sujet trouve de meilleures solutions
que ses symptômes pour vivre et la guérison sera beaucoup plus durable. Et quand il sent revenir ses troubles, il est devenu capable de se demander « pourquoi est-ce que ça m’arrive maintenant ? » et de ne pas se laisser déborder comme avant.
Évidemment, tout dépend du symptôme et de son ancienneté. Il est plus facile de le vaincre s’il est récent et léger que s’il est enraciné depuis longtemps et que toute la vie est organisée en fonction de lui. La psychanalyse ne guérit pas tout.
Mais qui pourrait prétendre tout guérir ?
Jbbeauls Transespace AUTISME
Ce qui est intéressant avec les enfants en grandes diîcultés, ce sont les fantômes. Si on ne s’intéresse pas aux fantômes, nous sommes cuits pendant qu'ils sont QI. La pensée autiste, c'est la pensée animiste au milieu d'un monde naturaliste comparable à la pensée des Inuits du début du 20e confrontés à la pensée des missionnaires jésuites. Le démiurge de Yurupari remplacé par la gure du Diabl...e. L'autisme est une aFaire de psychanalyse, si les psychanalystes se bougent un peu le c... la pensée de Lacan n'est pas la seule psychanalyse possible même si elle est très opérante. Il y a chez reud, les prémisses d'une intention de la psychanalyse qui a été exclue par Lacan et par reud lui-même qui ont résisté à entrer dans l’originaire du fait de leur pensée naturaliste. Quant aux comportementalistes, ils n 'ont général aucune idée de ce qu'est un être humain, d'un animal en cage oui, de la camisole. la came isole
Pere CastorMon pauvre ami, vous faites partie de ces psychanalystes qui parlent bien mais qui parlent faux. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Votre conception du cognitivo-comportementalisme et des professionnels qui l'utilisent pour venir en aide aux autistes est désespérément caricaturale et n'a rien à voir avec la réalité.
Pere CastorPar ailleurs j'aimerais savoir sur quoi se base votre discours sur la "pensée autiste". En avez vous parlé avec des autistes verbaux ? Sinon êtes-vous télépathe ?
Karine Happymotherheu le packing vous en pensez quoi ..JB ???ben oui vous parlez camisole,cage..je vous laisse le temps de répondre je vous lirais ce soir
Yasmine ShalQu'est-ce que le Packing ?
Pere Castorhttp://www.egalited.org/Packing.html
Yasmine ShalQuelles sont les psychanalyses "possibles opérantes" ? d'après vous,Jbbeauls Transespace. Personnellement, je le répète pour ceux qui ne m'ont pas encore lue, je ne cautionne rien, je m'informe et suis ouverte à toute information, je suis ensuite assez grande pour avoir mon propre discernement et aussi mes choix, sans qu'on m'assène ou qu'on me lapide en me faisant passer dans la moulinette guerrière de quantité de membres ici. Dommage, que j'utilise tant de phrases pour une simple question, mais dommage plutôt que j'aie à apporter (une fois de plus) ce genre de précision. Je m'intéresse à la psychanalyse, je n'en ai pas honte du tout, il manquerait plus que cela. Je suis intéressée à la comprendre et à en tirer ce qui peut y avoir de bon en elle, une fois que j'en aurai compris l'essentiel, mais en espérant aussi qu'un jargon me sera traduit et que les intellectuels de la psychologie analytique d'ici feront l'eFort de nous dispenser de leur vocabulaire qui ne s'adresse qu'aux initiés.
Yasmine ShalPere Castor, je viens de lire ce qu'est le packing, ça fait peur !
Gérard Barrallié@Jbbeauls - Pourquoi ne pas citer ouvertement C.G. Jung, les travaux de Marie-Louise Van ranz, ceux de Dolto et des anglo-saxons... De nombreux praticiens spécialistes des enfants font en toute discrétion un travail considérable. Ils sont si occupés et se foutent tellement de toute gloriole personnelle et théories plus ou moins fumeuse qu'ils se contentent d'agir sur le terrain. Ici à tout ceux-là, je veux rendre hommage, car comme vous dites reud c'est formidable, Lacan extraordinaire bien que typiquement français, et il y a bien d'autres approches et pas des moindre croyez-moi, certes peut-être moins pontiante pour l'égo...
Gérard BarralliéExcusez-moi j'oubliais Tobie Nathan...
Jean-Pierre P. Edberg" je viens de lire ce qu'est le packing, ça fait peur !" Savez-vous,Yasmine Shalque le "packing" est inspiré du dispositif que Temple Grandin avait inventé?
Yasmine Shalnon,Jean-Pierre, je ne savais pas. Est-ce à dire que vous trouvez bonnes ces pratiques ?! Moi, ça m'angoisse ce que je viens de lire sur le packing. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi cela me rappelle les douches froides que ma mère me donnait quand elle ne parvenait pas à me calmer.
Jean-Pierre P. EdbergLe connement corporel semble dans certains cas soulager d'une angoisse excessive, d'où la méthode qui a été développée par le Pr Delion, un homme extrêmement respectueux de ses patients. J'ai été tout aussi surpris à vrai dire quand j'ai entendu parler de cette méthode,Yasmine!
Yasmine ShalGérard Barrallié, je trouve toujours très intéressant tout ce que vous dites. Cela me rend curieuse et parfois j'ai trouvé quelques-uns de vos propos très justes. Je pense qu'on peut gagner beaucoup à vous écouter en quelques points car votre pensée va loin, elle n'est pas sectaire.
Yasmine ShalJean-Pierre, j'entends bien ce que vous me dites. Toutefois je pense qu'il y a risque d'imprudence et qu'il faut être extrêmement vigilant quant à ce genre de pratique et surtout ne pas l'imposer à l'autiste, alors comment peut-on être sûr que l'autiste, s'il a beaucoup de diîcultés à s'exprimer verbalement, est d'accord pour qu'on le traite ainsi ?
Jean-Pierre P. Edberg" et qu'il faut être extrêmement vigilant ", totalement d'accord avec vous,Yasmine!
Pere CastorOh que non, JP Edberg, RIEN à voir avec Temple Grandin. C'est de la propagande. Le packing est au contraire justié par les psychiatres qui le pratiquent à partir des théories psychanalytiques de Tustin et Haag notamment, sur le fait que l'autisme serait une réaction à des angoisses de morcellement liées à une décience de construction de l'image corporelle. Le pack aurait alors pour fonction de "reconstruire une seconde peau" et "faire prendre conscience à l'autiste des limites de son corps".
Pere CastorAu contraire Temple Grandin a fermement condamné le packing: http://autismeinfantile.com/observation/reexion-sur-lautisme/reactions-de-professionnels-et-personnes-autistes-sur-le-documentaire-le-mur-et-sur-le-packing/
Pere CastorTemple Grandin s'est inventée et construite une "machine à serrer" qui lui apporte du réconfort. Deux diFérences majeures avec le packing: il n'y a
pas de notion de froid ou de mouillé, et surtout c'est ELLE qui maitrise la pression qu'elle exerce et qui peut arrêter QUAND ELLE LE DECIDE.
Pere CastorDonc SVP cessez d'utiliser T Grandin pour justier une pratique barbare et condamnée par la HAS en rance et la quasi totalité des praticiens étrangers qui savent que ça existe. C'est de la propagande pure et simple.
Jean-Pierre P. EdbergPere Castor, je crains de devoir sur Tustin et Haag vous laisser le monopole de la parole ; je m'intéresse à la psychanalyse depuis un peu plus d'une quarantaine d'années, et j'avoue ne jamais avoir lu leurs noms autre part que sous votre plume ! Pour moi la psychanalyse c'est reud, Lacan, et bien sûr quelques autres dans leur mouvance, Abraham, Klein, erenczi pour ne citer que les pères fondateurs, et quelques modernes aussi bien sur.
Yasmine ShalPere Castor,Jean-Pierre P. Edberga seulement dit que le packing est inspiré de cette machine, il n'a pas dit que Temple Grandin a souhaité le packing. Alors c'est peut-être pas faux que le packing s'est inspiré de cela. Mais le plus important c'est au temps présent, savoir ce qu'il en est de cette méthode et comment elle est pratiquée. Moi ça me che des frissons c'est le cas de le dire.
Pere CastorCes références sont dans le bouquin de Pierre Delion, promoteur du packing.
JANVIER 2013
Dénoncer la psychanalyse avec Romain Gary
La simple évocation de la psychanalyse produit sur moi une réaction pavlovienne assez peu engageante. Tête rentrée dans les épaules, yeux plissés et lèvres serrées pour ne pas laisser apparaïtre des canines menaçantes, mon poil se hérisse et je deviens soudainement taiseux. Sans qu'il le sache encore, je me
tiens prêt à dévorer mon interlocuteur à sa première incartade. Et rien qu'à l'écrire, j'en ai le soue court. Il se trouvera bien un imbécile pour l'interpréter. Qu'il prenne garde.
De quoi parle-t-on ? La psychanalyse est une sorte de technique curative, hybride de la psychologie classique et du vaudou paen. Dans les grandes lignes, il s'agit de comprendre ce qui ne va pas chez vous à partir de ce qui se trouve quelque part dans votre esprit sans que vous le sachiez — on appelle cela le subconscient, ça sachez-le ! Du moins était-ce ainsi à l'origine, car, par jeu ou perversion, la manie de chercher le pourquoi-du-comment-de-l'inconnu-imperceptible-et-nébuleux en est venue à expliquer aussi ce vous faites et pensez. Souriez, vous êtes psychanalysé.
Autant être honnête dès à présent, cher lecteur, car j'ai bien conscience d'avancer masqué, ce qui pourrait me valoir des reproches fort dommageables tant ils sont prévisibles — eh oui, un jour j'ai débattu avec un militant LGBT, j'ai appris à verrouiller ma défense sur tous les ancs. Autant être honnête et livrer dès à présent le fond d'une pensée inavouable : je goûte assez peu à la psychanalyse, elle éveille chez moi une méance naturelle et sincère — probablement nichée quelque part entre deux vésicules de mon bulbe reptilien.
Je prote du trouble créé par cette annonce pour pousser en avant mon avantage, ou enfoncer le clou, selon l'expression populaire que l'on emploie parfois sans imaginer tout ce qu'elle peut révéler de notre frustration sexuelle. Je tiens donc à préciser d'emblée que j'ai lu reud. Je me suis coltiné sonIntroduction à la psychanalyse. Cette assertion laissera peut-être de marbre le lecteur candide — celui qui n'a jamais eu aFaire à un militant LGBT en liberté, sans muselière — aussi je l'explique : elle vise uniquement à prévenir toute agression de la part d'un disciple du grand Sigmund qui, par le plus grand des hasards, se serait échoué sur cet ïlot merveilleux sans s'être encore étouFé avec mes tartines. Son utilité est donc sensiblement comparable à celle de l'urine de braconnier en rut que l'on disperse en spray autour de sa tente pour éloigner les grizzlys. Attention, campeur agressif.
Pour être honnête et plus sérieux, le problème réside moins dans la psychanalyse que dans l'usage que l'on tend à en faire. Dans la vie courante, il nous arrive régulièrement de croiser tel ou tel illum... individu qui, croyant probablement faire preuve de beaucoup d'esprit, s'auto-investit du devoir sacré d'expliquer pourquoi untel agit de la sorte. Pourquoi Gérard Depardieu s'exile-t-il ? Est-ce là l'éruption d'un narcissisme libidineux jusqu'alors refoulée ? Après tout, on l'a souvent observé.
Cette prétention est insupportable et dangereuse. Elle déplace l'échange depuis le champ du factuel — actes, propos — vers celui du personnel — l'être — ou, pire, du délire complet — le subconscient total. Heureusement, cette dernière tendance ne s'observe que rarement, c'est une psychose rare. Il est en revanche bien plus courant de voir des individus porter leur jugement, au cours d'une discussion, non pas sur le propos avancé mais sur celui qui le profère. C'est un passage en force extrêmement désagréable quand on le subit. C'est comme si vous discutiez avec quelqu'un sur le pas de votre porte et que ce malpoli entrait sans vous demander votre avis.
Ce travers — et c'est pour cela que j'en parle — pullule sur la scène politique, la grande, la commune, celle sur laquelle nous évoluons tous entre les piliers de bars-PMU et les élèves de Sciences Po en pause dans leur Cloïtre. Et Dieu sait si le débat me tient à cœur. L'actualité nous oFre régulièrement des exemples de ces excès : le dernier en date apparaït de façon récurrente dès que l'on aborde le projet de loi instaurant le mariage et l'adoption (voire la procréation médicalement assistée) pour les couples homosexuels. On assiste très régulièrement à des procès en sorcellerie « homophobique » dès lors que quelqu'un marque son opposition à cette idée. Peut-être vous demandiez-vous tout à l'heure pourquoi j'avais sorti un militant LGBT de mon chapeau ; voici un élément de réponse.
En taxant d'homophobie quiconque s'élève contre le projet de mariage homosexuel et ses conséquences sur l'enfance, on commet le crime intellectuel du mélange des genres — j'écris crime car c'est à mes yeux une insulte à l'intelligence et qu'à ce titre elle m'irrite profondément. Ce faisant, on délaisse la raison, le logos, cet espèce de champ de l'intelligence où peut se déployer la dialectique, qui n'est autre que la confrontation de diFérents point de vue sur un terrain stable, avec des règles du jeu fondées sur l'entendement et acceptées par tous. Dans ce contexte fragile car exigeant, tout raccourci stupide et blessant coupe court au dialogue ; l'insulte déplace la confrontation dans le champ de la violence verbale ou physique. C'est une destruction mutuelle où un plus un font trois ; comment ne pas s'en désoler ?
L'exemple du débat sur le projet de mariage homosexuel n'est qu'un petit rameau dans la vaste forêt du débat politique. Écartons les branches : derrière la dénonciation de cette logique que je qualie de psychanalytique — moins par commodité que parce que j'y vois réellement une véritable analogie — c'est en réalité une critique du déterminisme, cette tendance qui tend à expliquer tout ce que nous sommes par ce que nous avons été, et notamment notre environnement social et familial. L'homme devient la somme d'une quantité de facteurs que l'esprit fou prétendrait pouvoir maïtriser. Ce chemin est sans retour
car, en l'empruntant, on nie le libre-arbitre de l'homme, j'oserais presque écrire, comme athée, son âme. Aussi, répétons-le inlassablement : il n'est pas acceptable de s'en prendre en débat non pas à ce qui est avancé mais à celui qui l'avance. On viole son esprit, son intimité. Ici comme ailleurs, je suis souverainiste.
Notre littérature a ceci de cruel qu'elle a enfanté des génies qui ont su l'exprimer mieux que je ne le ferai jamais. Comme je n'ai pas lu l'ouvrage de Michel Onfray et que je vous ai déjà cité Desproges (voir ici), je vous oFre à la suite un grand moment de lecture, par l'une des plus belles plumes gaullistes, j'ai nommé Romain Gary (inLa promesse de l'aube, 1960, paragraphe redécoupé).
« Le moment est peut être venu aussi de m'expliquer franchement sur un point délicat, au risque de choquer et de décevoir quelques un de mes lecteurs et de passer pour un ls dénaturé auprès de certains tenants des écoles psychanalytiques en vogue : je n'ai jamais eu, pour ma mère, de penchant incestueux. Je sais que ce refus de regarder les choses en face fera immédiatement sourire les avertis et que nul ne peut se porter garant de son subconscient.
Je m'empresse aussi d'ajouter que même le béotien que je suis s'incline respectueusement devant le complexe d'Œdipe, dont la découverte et l'illustration honorent l'Occident et constituent certainement, avec le pétrole du Sahara, une des explorations les plus fécondes des richesses naturelles de notre sous-sol. Je dirai plus : conscient de mes origines quelque peu asiatiques, et pour me montrer digne de la communauté occidentale évoluée qui m'avait si généreusement accueilli, je me suis fréquemment eForcé d'évoquer l'image de ma mère sous un angle libidineux, an de libérer mon complexe, dont je ne me permettais pas de douter, l'exposer à la pleine lumière culturelle et, d'une manière générale, prouver que je n'avais pas froid aux yeux et que lorsqu'il s'agissait de tenir son rang parmi nos éclaireurs spirituels, la civilisation atlantique pouvait compter sur moi jusqu'au bout. Ce fut sans succès. Et pourtant, je compte sûrement, du côté de mes ancêtres tartares, des hommes de selle rapides, qui n'ont dû trembler, si leur réputation est justiée, ni devant le viol, ni devant l'inceste, ni devant aucun autre de nos illustres tabous.
Là encore, sans vouloir me cherche des excuses, je crois cependant pouvoir m'expliquer. S'il est vrai que je ne suis jamais parvenu à désirer physiquement ma mère, ce ne fut pas tellement en raison de ce lien de sang qui nous unissait, mais plutôt parce que c'était une personne déjà âgée, et que, chez moi, l'acte sexuel a toujours été lié à une certaine condition de jeunesse et de fraïcheur physique. Mon sang oriental m'a même toujours rendu, je l'avoue, particulièrement sensible à la tendresse de l'âge et, avec le passage des années, ce penchant, je regrette de le dire, n'a fait que s'accentuer en moi, règle presque générale, me dit-on, chez les satrapes de l'Asie. Je ne crois donc avoir éprouvé à
l'égard de ma mère, que je n'ai jamais connue vraiment jeune, que les sentiments platoniques et aFectueux.
Pas plus bête qu'un autre, je sais qu'une telle aîrmation ne manquera pas d'être interprétée comme il se doit, c'est-à-dire, à l'envers, par ces frétillants parasites suceurs de l'âme que sont les trois quarts de nos psychothérapistes actuellement en plongée. Ils m'ont bien expliqué, ces subtils, que si, par exemple, vous recherchez trop les femmes, c'est que vous êtes, en réalité, un homosexuel en fuite ; si le contact intime du corps masculin vous repousse — avouerai-je que c'est mon cas ? — c'est que vous êtes un tout petit peu amateur sur les bords, et, pour aller jusqu'au bout de cette logique de fer, si le contact d'un cadavre vous répugne profondément, c'est que, dans votre subconscient, vous êtes atteint de nécrophilie, et irrésistiblement attiré, à la fois comme homme et comme femme, par toute cette belle raideur.
La psychanalyse prend aujourd'hui, comme toutes nos idées, une forme aberrante totalitaire ; elle cherche à nous enfermer dans le carcan de ses propres perversions. Elle a occupé le terrain laissé libre par les superstitions, se voile habilement dans un jargon de sémantique qui fabrique ses propres éléments d'analyse et attire la clientèle par des moyens d'intimidation et de chantage psychiques, un peu comme ces racketters américains qui vous imposent leur protection. Je laisse donc volontiers aux charlatans et aux détraqués qui nous commandent dans tant de domaines le soin d'expliquer mon sentiment pour ma mère par quelque enure pathologique : étant donné ce que la liberté, la fraternité et les plus nobles aspirations de l'homme sont devenues entre leurs mains, je ne vois pas pourquoi la simplicité de l'amour lial de se déformerais pas dans leurs cervelle malades à l'image du reste. »
Romain Gary,La promesse de l'aube(1960)
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