chap 7 en écriture : Le Plomb des Années (Shamus)
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chap 7 en écriture : Le Plomb des Années (Shamus)

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Description

7 Planteur, Monsieur? Offert par l’hôtel pour l’accueil. Merci mais je suis plutôt Scotch. On the rocks, trois glaçons ? Johnnie Walker douze ans ? Parfait… Lui aussi parfait. Cravaté bleu marine sur blanc étincelant de chemise et dents, stylé Sydney Poitier je dirais… voyons voir…Dans la Chaleur de la Nuit. Scotch, fidèle… deux, pas plus. Alcool raisonné… froid dans le dos encore, rien que de penser aux égarements jeunes, absolu d’une vie d’avant, au goulot, en Icare ailé spiritueux. Seulement, l’arrière, l’intendance, foie, tripes, ne suivait pas toujours. Dégobillé l’absolu, plastron,chiottes, trottoir, la joue écrasée entre vomi et gadoue, à en être presque bien, de se surprendre la main tâtonnant du caniveau poisseux. Le sol, venu vers soi, comme ça, improviste, solution radicale au problème d’équilibre. Un instant de bête, sans plus de rêves de plus haut, en absolu degré zéro. Effort surhumain ou aide d’un buveur solidaire pour se relever. Radar vers la paillasse. Où tu crèches? Euh… vers… par là… Lendemain misère à mémoire perforée. Torture. Quelles conneries on a bien pu faire?Rage de Vivretous azimuts, même les plus d’alors, inutiles, avec la saveur d’invincibilité, d’indestructibilité, du jusqu’au bout, jusqu’au bout en abrégé facile dans le déglinguage alcoolique. La perception peut-être déjà, floue encore, que le temps de la compétence arrivait, que si tous vivent, enfin… vivotent, peu sont vraiment compétents, dépassent le stade cloporte.

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Publié le 23 avril 2016
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7
Planteur, Monsieur ? Offert par l’hôtel pour l’accueil. Merci mais je suis plutôt Scotch. On the rocks, trois glaçons ? Johnnie Walker douze ans ? Parfait… Lui aussi parfait. Cravaté bleu marine sur blanc étincelant de chemise et dents, stylé Sydney Poitier je dirais… voyons voir…Dans la Chaleur de la Nuit. Scotch, fidèle… deux, pas plus. Alcool raisonné… froid dans le dos encore, rien que de penser aux égarements jeunes, absolu d’une vie d’avant, au goulot, en Icare ailé spiritueux. Seulement, l’arrière, l’intendance, foie, tripes, ne suivait pas toujours. Dégobillé l’absolu, plastron, chiottes, trottoir, la joue écrasée entre vomi et gadoue, à en être presque bien, de se surprendre la main tâtonnant du caniveau poisseux. Le sol, venu vers soi, comme ça, improviste, solution radicale au problème d’équilibre. Un instant de bête, sans plus de rêves de plus haut, en absolu degré zéro. Effort surhumain ou aide d’un buveur solidaire pour se relever. Radar vers la paillasse. Où tu crèches ? Euh… vers… par là… Lendemain misère à mémoire perforée. Torture. Quelles conneries on a bien pu faire ?Rage de Vivretous azimuts, même les plus d’alors, inutiles, avec la saveur d’invincibilité, d’indestructibilité, du jusqu’au bout, jusqu’au bout en abrégé facile dans le déglinguage alcoolique. La perception peut-être déjà, floue encore, que le temps de la compétence arrivait, que si tous vivent, enfin… vivotent, peu sont vraiment compétents, dépassent le stade cloporte. Le poids de fin d’adolescence. En plus, d’avoir, dernièrement, fouillé le parcours de Samuel, l’antérieur à alcool maturité cette fois, la cuite lâcheté à monologue furtif, sans plus d’albatros, ne pouvait que renforcer la détermination au contrôle. Non, on the rocks raisonnable, un… deux, pas plus, rangé, verres comptés. Bagages, formalités, disponibilité en taxis, il m’avait fallu près d’une heure pour quitter l’aéroport surdimensionné et tristement vide. Quand on arrive, qu’on débarque, il ne reste qu’à rejoindre l’hôtel au plus vite avant de prendre au bar le pouls de la ville de passage. Ambiance, écueils, embûches, menus plaisirs disponibles, le barman consciencieux est là pour vous instruire. Les murs sépia sous éclairage indirect font chic sans chaleur. Pas de gravures, quelques miroirs pubs marques de rhum antillais. De quoi suivre l’affaissement de ses traits en cours d’alcool, le flou gagner les contours au fur et à mesure des commandes. Vous nous remettez ça, hop coup d’œil au miroir… et puis non, temps d’arrêter. Miroir, bar contrôle, bien sauf pour les non narcisses d’abîme qui s’en foutent. La vitrification du long comptoir rouge a raboté l’âme du bois. Pas, de toutes façons, un bar beuverie durable avec des existences qu’on se raconte, qu’on se ressasse, qu’on se
dessine, non un bar sas pour relaxation moyenne. Pas le trop petit coin, caboulot hors du temps où on se sentirait vraiment bien. Un bar au décor neutre époque vitré à la fois sur l’hôtel et sur la rue. Il reste malgré tout, le décor derrière le décor, plus profond, plus tenace qu’on a vite fait de deviner. La Guyane, comme ça à première vue, proposerait encore un arrière plan tenace en noir et blanc. On se rangerait toujours derrière sa couleur de peau en France équatoriale ? Vingt-et-unième siècle pourtant… tous de plus en plus égaux, pareils : pareil blanc, pareil jaune, pareil noir. Et ici ? D’un côté, Noirs circonspects, foncés ou moins foncés me gratifient du rapide coup d’œil encore un. De l’autre, là, des spécimens, un peu exhibitionnistes, un peu provocateurs, petits provocateurs engendrant indifférence, pitié même, Blancs, Blancs extrêmes, coloniaux attardés. De quoi se demander… On les verrait mieux dans le rade spécialisé, bistrot vrai bois, gueulante, fumée, avec rien que des comme eux… il doit bien en rester. Où bien des figurants. On referait Coup de Torchon, ou un autre, même genre ? Bien, ici, pour tourner l’Afrique. Non, eux, du vrai, du sérieux, ils s’y croient trop. Crétins véritables, mais ça ils ne savent pas. La tournée des débits, premier de la soirée. L’heure peut-être… tombée de nuit, habitués de l’ouverture. Ils m’obliqueraient l’optique. Ils me furtivent du regard, les tenaces blancs. Afrique française années soixante, un bon demi-siècle de retard. Racistes historiques, flambeau anachronique, dernier carré sur les terres oubliées. Bon ici, ça ressemble. Ils m’ont mis dans leur camp, d’autorité, moi, Blanc donc. Catégorie ? Style apnée dans la communauté créole, naïf à alerter sur les dangers du contact avec les museaux bleus, ou bien le vrai Blanc, né extrême droite, naturellement raciste. Moi, frère d’apéro masturbation Ku Klux Klan à casser du nègre au bar ? allié de leur croisade zinc à l’anisette ? Caucasien meneur du monde en mode cervelle modique ? Ils supputent dans leur verre ensoleillé accent méditerranéen anisé. Ah quand les Noirs étaient à nous… Si le petit jaune quotidien pousse forcément vers la faillite hépatique il permet de supporter le rétrécissement de la géographie, de trinquer aux vraies valeurs universelles, à l’homme blanc, au devoir d’obédience des races inférieures. Voyage dans le temps, trésor archéologique, en arrivant, d’emblée. Une exposition universelle comme dans le temps, ils feraient fort. Il faudrait, sans attendre que la cirrhose ne les ait emportés. Organiser ça comme avant la dernière guerre, on ne saurait plus. Section ethnies, de quoi édifier les jeunes générations beurs de tous bords : incurables racistes coloniaux dans leur habitat reconstitué, mominette systématiquement reconduite pour l’impression de pérennité. Mon regard le plus froid coule les velléités de complicité. Je ne suis pas raciste, je ne bois que du scotch… et suis-je tout à fait éligible à la qualité de Blanc blanc ? Avec mes origines amazoniennes récemment assumées il est probable qu’il y ait, bien caché, un peu d’amérindien dans mon blanc. Moi, Sam Menez, détective
paraense,investigador particular, c’est sur ma carte de visite. Forcément, à Belém on me trouve fréquemment orphelin d’un d : sur votre carte, regardez, une faute d’impression… Mendez, non ? Sam Mendez ou plutôt Mendes,American Beauty, homonyme flatteur. Mais ce n’est pas moi… vous n’y êtes pas, Menez, vraiment, et pas du portugais estropié. Menez, non vous n’y êtes pas… Montagne dans le vieux langage lignée paternelle bâillonné jacobin. Sam Menez, détective privé,investigador particular. Et oui Français en Guyane, Brésilien au Brésil, caméléon, camouflage, un plus dans la profession. Le Nord Brésil, patrie récemment révélée, eh bien je commence à peine à faire usage d’un héritage intertropical longtemps expurgé. Contre l’éventuelle fascination néfaste de ces contrées, ça on m’ait prévenu. crainte qu’elle me rattrape un jour. Là-bas, rien à y faire, bordel monstre, jamais ils s’en sortiront, corruption à tous les étages, mœurs rétrogrades… L’idée d’avant le seizième siècle d’un monde finissant vers la ligne torride, limites de l’enfer, était longtemps restée incrustée en moi. Ma mère, chassée des limbes, insistait. Quant à ma seule expérience professionnelle au Brésil, à Rio avec Ariane au cours d’une vie antérieure de jeune avocat, elle s’était transformée en désastre avant que n’affleure mon fond amazonien. Ce n’est que récemment, phénix relatif, que je m’étais résolument reconstruit paraense. Paraense avant Brésilien et Breton avant Français, identités plus palpables et moins criardes. Détective privé… j’en étais si loin. La vie finalement, n’est pas obligatoirement linéaire, elle peut avoir ses tours, détours, retours. Il y a en bien qui voulaient être pompiers ou hôtesses de l’air, alors détective privé… Dire que j’avais joué au détective… au lycée, sixième, cinquième ? Avec cartes dessinées par moi, détective chef, avec deux assistants pour enquêter lors des récréations sur les dissimulés, les vicieux qui laissaient punir les autres pour leurs coups fourrés. Il me manquait un modèle, un vrai modèle. Enid Blyton d’abord, Agatha Christie et Conan Doyle, ensuite ne me l’ont pas apporté. Hercule Poirot, Miss Marple ou ce snob de Sherlock Holmes, ne me séduisaient pas. C’est d’abord Nestor Burma qui m’a inspiré avant ma rencontre avec Phillip Marlowe et Sam Spade. J’ai également découvert avec intérêt Napoléon Bonaparte Broward, l’inspecteur dubush,surtout pour la différence. Et depuis peu je m’identifie en tant métis, culturel pour le moins. Ma dernière influence me vient de ceux qui sont douloureusement affectés par le chaos, la criminalité et la corruption, christs plus ou moins laïques comme le Matt Scudder de Lawrence Block. Mon préféré actuel est Erlandur Sveinsson, torturé par le passé, immergé dans l’histoire. Fortifié par ces héros fictionnels mon personnage a longuement pris corps en arrière-vie avant l’occasion de quitter l’ombre intérieure, commencer à arpenter l’existence dans Belém. À ce genre, mon genre de détective, une ville comme Belém, adossée à l’enfer, vivant le purgatoire et promettant le paradis, convient parfaitement. Être détective privé, au sens romantique héros décalé, celui à qui on la fait pas, c’est aller au-delà des apparences vendues à tous, satisfaisant
la plupart, et étancher sa soif d’au-delà du décor. Et ici le décor, entre somptueux et sordide, ce n’est pas ce qui manque, et avec pas mal d’au-delà si on sait où regarder. Interroger, déterrer les vérités enfouies, fouiller les archives concernant ma famille maternelle, c’est ce à quoi je m’étais attelé pour commencer. Une enquête d’essai en quelque sorte qui m’avait permis de remonter les origines familiales jusqu’à l’aristocratie formée avec l’acquisition des terres jésuites de Marajó au dix-huitième siècle. J’apprenais en doublant mon horizon vers le passé jusque là limité à une roture bretonne présente dans l’histoire uniquement par des actes d’état civil. J’ai aussi Belém par les pieds. Une ville en découverte doit s’arpenter en tous sens parfois durant des journées entières. Je ne vois pas d’autres manières de la humer, de la percevoir, de sentir l’indécision pendulaire de la cité des limbes entre paradis et enfer. On y vit entre l’amitié généreuse du peuple prêt à partager le peu qu’il possède, le risque de trépas au coin d’une venelle mal éclairée des mains de quelque démon, le paradis dans l’offre d’une femme de rencontre désintéressée curieuse de l’autre ou l’enfer dans la séduction satanique d’une charmeuse de pénis. Le bon marcheur à l’écoute entend haleter depuis le moindre soupirail, depuis la moindreboca-de-lobo, la respiration sifflante et capte l’haleine enivrante des multiples créatures évitant le jour, prêtes à jaillir des entrailles de la ville avec l’obscurité et tenter les apprentis Faust. Mon ego antérieur, ego non alter, pas une réussite, un simple fantoche géré par Ariane. Même pas assez bon dans la grande bousculade vers les premiers rangs. Réalisations avortées, choix erronés, divorce indigeste, engagements pernicieux, mauvaises bifurcations, et surtout l’incapacité à savoir qui on est, enfin jusqu’à très récemment. Tout compte fait, pas si éloigné des loques, là, au bar. Une seule grande différence tout de même : la connerie érigée en système, non. Aucun risque de devenir facho tropical, pastis farniente, fouet virtuel à burnous, quéquette esclavagiste, abruti des tropiques à idéologie-slogan, embusqué derrière son verre ou sa queue... ou les deux, en expat pays chauds beuverie sexe, parasitant des autochtones naïvement gentils. Il n’en reste pas moins, que comparé à l’ambition de départ... La vie… pas vraiment doué pour, comme les autres, enfin la plupart. À se demander ce qu’on fout là-dedans. Aspirations défuntes, et hop un petit verre, un autre, encore un, au comptoir piétaille de l’irréalisé, Crustacé qui se serait rêvé Subtil, mais alors au tout début. Du nombre, du nombre, en flou anonyme, implosant dans l’alcool ou pas, pour qu’Un émerge, le rare, l’individu qui fonctionne, qui dépasse, meilleur en existence. Autant de milliards d’êtres sans nom, pour s’étendre, marchepieds, en tas, afin que quelques uns, plus doués ou plus malins ou plus baratineurs ou plus salauds se hissent. Les autres, nez écrasés contre la vitre, Effarés en haillons d’âme. À moi héritier en seconde chance de ne pas louper ma session de rattrapage, à moi vierge reconstitué de devenir le héros dessiné au noir de roman.
 Bon, je bois mon verre, là, parmi les gens. Deux tablées créoles chuchotent conspirateurs. Les coloniaux, eux, palabrent, gesticulent à la comme chez eux, fiers à galerie, bons clients faut dire. Sydney Poitier, barman élégant, chef d’orchestre, étincelle de dents sauf pour les Tartarins. Tu nous remets ça. Tutoiement, déjà… plus les dents là, Sydney, lèvres serrées. Il était donc grand temps de laisser la place à Sam, Sam Menez. Sam Menez, Sam Spade… on peut rêver. Le Sam enfermé depuis l’adolescence avait dû être redécouvert, reconstruit, dépoussiéré, propulsé vers la lumière du jour… et de la nuit, pour devenir Sam pour tous, un Sam assumé… enfin. Belém s’imposait comme lieu de mon enquête initiale sur Samuel, devrais-je dire de ma quête ? Décomptant le stade larvaire il aura fallu un demi-siècle à Samuel M. pour s’en apercevoir : il menait une de vie de con. Une révélation fatale, j’en sais quelque chose. Une vie mal emmanchée depuis le début. Samuel déjà, non mais vous voyez ça, prénom biblique… de quoi se découvrir très tôt une allergie à toute forme de bondieuserie. Samuel, c’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’il lui venait du grand-père maternel. Leticia, mère Brésilienne démissionnaire, démissionnaire de sa culture non du rôle de mère, avait sciemment omis de s’étendre sur son hémisphère génétique. Samuel M. vivant une identité à trous, remplir les blancs avant de décider ou non de l’éliminer s’était imposé à moi. Je me suis investi dans une enquête fouillée. Cette première enquête a vu s’éclore ma nouvelle existence et se clore la sienne. Bref, c’était lui ou moi. Ceci étant dit mon activité ne consiste pas le moins du monde à éliminer qui que ce soit mais simplement à faire apparaître la vérité. Samuel M. constituait bien entendu une entrave à ma vocation enfin assumée.
Heureusement, chacun peut se rêver, s’illusionner en dedans, se maquiller la déception de n’être pas vraiment, comme eux avec leurs colonies fantômes. Et moi, chemisette coton à motifs tropicaux mais virtuel trenchcoat chapeauchainsmoking, bien quene fumant plus. Question de style. Époque silhouettes élégantes : regard à visière, volutes exhalant de l’âme, col relevé sur le cou… Film noir... bogartien... héros désabusé, piégé droiture congénitale contre monde corrompu. Toujours gardé ça, bien plié, sauf pour Jacqueline… jeunesse avant des décades d’hibernation.You are not Humphrey Bogart. Ce qu’elle avait dit. Dur. C’était à mes débuts maladroits de post étudiant stagiaire, les débuts de ma fin, de ma longue non-existence. New-York, sortie d’undouble-bill,Have or Have NotetThe Big Sleep. La foule quittant le cinéma et moi l’envie soudaine de tout larguer, pas pour être Bogart, non, mais à travers lui Phillip Marlowe. Une autre vie. Du refus confus, rien de concret à la place. Adolescence attardée.You are not Humphrey Bogart...évidemment. Pour preuve, j’ai continué mon stage et ma sortie de scène. Le possible avait pourtant, alors, de la dimension. C’est la carrure qui devait manquer. Samuel s’est imposé. Longtemps après m’y voilà, on pourrait dire pour de bon, dans la peau de Phillip Marlowe ou
Sam Spade.Shamus,private eye. détective. Si longtemps après. Vous me direz là où je suis, le climat, le trenchcoat... Et puis ces gars-là plus au sud que la Californie... difficile. On les verrait peut-être même encore mieux dans l’urbe à grisaille et à pluie de mi saison côte est. D’ado attardé à rêves frustrés à non-héros désabusé… un parcours. Du héros de film noir je n’ai guère que des convictions solitaires hérissées contre le corporatisme de l’imbécillité arrogante et encore une propension à chercher la vérité, à démasquer les tricheurs. À moi Sam Menez de mériter ma vie renaissante. Trop fiction, trop personnage de roman ? Ah mais je me pince… aïe… chair et os. D’ailleurs, chair, os, fiction… finalement, la vie est un rôle, un rôle absurde. Même si manger, pipi, caca, dormir, je pratique, le besoin de fiction dans le quotidien tempère à peine l’absurde, éloigne un peu le désespoir qu’il engendre, le désespoir qui fond sur sa proie humaine dès qu’elle trébuche sur le sordide du réel. Je ne le vis pas néanmoins comme unprivéroman noir américain qui dort quand il a le temps, de s’enfume les poumons en permanence, s’alimente sur le pouce, frôle l’alcoolisme commençant sa journée par un brossage de dents au bourbon. En ce qui concerne l’alcool j’ai déjà donné, enfin comme alter antérieur, et je me répète, moi actuel c’est maximum deux verres… désolé pour l’image. Pas de visite aux A.A. : je suis Sam, je suis alcoolique et je préfère écouter. Ce presque alcoolisme calant bien le tableau social d’une autre époque, le rejet, l’inadéquation à une société de tricheurs, de manipulateurs à gros sous confisquant beauté et scrupules en confrontation avec la moralité secrète duprivé, ange déchu ne retrouvant son coin de paradis que dans le ryewhiskey. L’autre époque avait encore au fond le mince espoir d’un autre monde possible, son petit rêve d’utopie. Autres temps… et maintenant plus d’anges déchus, plus de conscience d’un autre possible, rien que la fiction, mais la fiction comme une bonne cuite nécessaire de temps à autre, fiction sans échafauder une quelconque utopie. L’utopie, c’est fini, le monde s’est refermé.  De retour de paysages disparus mon regard croise celui des Croisés attardés de la Blanche Chrétienté. Y voyant un pugilat virtuel avec les exécrables, le barman apprécie discrètement. Jusque-là uniquement barman, il redevient noir. Consommation et large sourire sur dents, j’ai droit aux deux.
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