Au revoir les enfants de Louis Malle
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Fiche technique du film " Au revoir les enfants ".
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Nombre de lectures 191
Langue Français

Extrait

Musique : Franz Schubert Camille Saint SaÎns
AU REVOIR LES ENFANTS
InterprËtes : Gaspard Manesse (Julien) RaphaÎl Fetjo (Bonnet) Francine Racette (Madame Quentin)
ans, cÕÈtait ma premiËre annÈe dans ce collËge. RÈsumÈ Mes parents mÕy avaient placÈ pour mÕÈviter les complications de la guerre, les bombardements Janvier 1944. Julien (11 ans) et son grand frËre sur Paris... JÕÈtais furieux de me retrouver l‡, FranÁois regagnent leur collËge des Carmes ‡ sans eau chaude, dans le froid. CÕÈtait un lieu Provins aprËs les vacances de NoÎl. trËs protÈgÈ jusquÕ‡ ce quÕon dÈcouvre la prÈ-Un nouveau, Jean Bonnet, est introduit dans la sence de trois enfants juifs recueillis par les classe et se fait un peu rejeter par le groupe, prÍtres du collËge". CÕest cette histoire, son his-l'orgueil de Julien Ètant en particulier exacerbÈ toire, que Louis Malle a dÈcidÈ dÕadapter ‡ par les brillants rÈsultatsscolaires du nouvel lÕÈcran, celle de cet enfant, Julien, qui va se lier ÈlËve. dÕamitiÈ avec un "nouveau", Jean, le jeune gar-Les deux garÁons que rapproche un Ègal amour Áon juif qui va Ítre arrÍtÈ par les nazis ‡ la suite de la lecture se trouvent un soir isolÈs lors dÕun de la dÈnonciation du garÁon de cuisine, grand jeu de piste se dÈroulant dans la forÍt Joseph, renvoyÈ du collËge pour y avoir organi-bien aprËs lÕheure du couvre-feu. Ils sont rame-sÈ un marchÈ noir. nÈs au collËge par une patrouille allemande. DËs lors ils se sentent plus proches, mais Julien Couleur mÈmoire cherche ‡ percer le mystËre de la diffÈrence de Pour mettre en scËne ce retour, Louis Malle a BonnetÉ choisi le collËge Sainte-Croix-de-Provins, crÈpis couleur du temps passÈ, gris souris des blouses et tableau noir, murs jaunis ‡ la graisse dÕune Critique vieille cuisine sur laquelle se dÈtache le rouge vif dÕun genou ÈcorchÈ. Dans ce dÈcor endemi-Louis Malle est de retour, doublement. En tour-teintes, dÈfile une galerie de portraits : le petit gros nantAu revoir les enfantsen fÈvrier et mars joufflu toujours ‡ la traÓne dans les cross-coun-dernier dans un vieux collËge de Provins, le try, le grand benÍt costaud aux joues couleur cinÈaste renoue avec la France, et aussi avec tomate, le jeune romantique de bonne famille, lÕunivers de lÕenfance. "En 1944, jÕavais onze Joseph (FranÁois NÈgret), IÕinfirme au regard
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1
de Louis Malle FICHE FILM
France  1987  1h40
Chef opÈrateur : Renato Berta
Fiche technique
RÈalisation & scÈnario : Louis Malle
Son : Jean-Claude Laureux
D O C U M E N T S
fuyant qui travaille aux cuisines et trafique avec les ÈlËves... Enfin, il y a Julien (Gaspard Manesse), visage Ètrange quÕon nÕoublie pas : visage lisse, expression de gravitÈ, voile fra-gile et p‚le qui masque ‡ peine le tumulte intÈrieur, grands yeux captifs, acuitÈ du regard, tension permanente face aux signes du monde. Julien, celui qui se tient ‡ distan-ce respectable des bandes, celui quÕon Ècou-te sans bien le comprendre, conscience trop prÈcoce et dÈj‡ blessÈe. On dÈtient dÈj‡, dans la touchante familiaritÈ de ces visages ou dans lÕÈtrangetÈ de ceux de Joseph et Julien, une des clÈs de la mÈthode Malle : la justesse de ton ne peut naÓtre que dÕun t‚tonnement qui laisse sa chance au hasard et sÕappuie sur le temps. DËs septembre 1986, IÕÈquipe de Louis Malle sÕest mise au travail : recherche parmi de jeunes acteurs, chez les ÈlËves de la rÈgion de Provins, dans lÕentourage proche de la production, MK2. Tests en tout genre, cas-ting vidÈo vont permettre dÕavoir la liste dÈfi-nitive des "ÈlËves" auxquels viennent sÕajou-ter les "professionnels". "Ce qui me frappe, cÕest ‡ quel point ils sont dans les person-nages. Le dÈcalage de quarante ans nÕest pas un problËme, ce qui compte, cÕest le fait de rÈagir comme un enfant. Les garÁons d'aujourdÔhui ne sont pas des mutants par rapport ‡ ceux de lÕÈpoque." La relation de Louis Malle avec les enfants, en cours de tournage, consiste dÕabord ‡ briser toute vel-lÈitÈ de cabotinage en multipliant rÈpÈtitions et prises, en dirigeant les jeunes garÁons vers un terrain o˘ ils ne pourront pas projeter des comportements de mauvais comÈdiens, reproduire des attitudes toutes faites, enten-dues. CÕest sur la forme quÕil les fait tra-vailler, rÈduite ‡ une simple musique des mots, une mÈlodie avec son rythme, son phrasÈ, son tempo. Et, lentement, ‡ force de rÈpÈtitions, de prises, dÕindications parfois contradictoires, dÕÈcoute, surgit la prise juste, rÈinvestie progressivement du sens dont on lÕavait vidÈe.
Le hasard contrÙlÈ "Il est trËs difficile de savoir si les enfants ont vraiment conscience de la gravitÈ des situations qu'ils jouent. Lors de lÕarrestation
de Bonnet, il y a eu une gravitÈ formidable lors de la premiËre prise, une Èmotion, quelque chose dans le tempoÉ Mais Áa ne serait pas naturel s'ils s'imprÈgnaient de Áa. J'aime les acteurs qui font des blagues jusquÕau moment du clap, je cherche plutÙt du cÙtÈ de ce paradoxe du comÈdien. CÕest ce que jÔaime dans le travail avec les enfants : ils sÔy mettent, se concentrent et dËs quÕon dit ÒcoupezÓ, ils se remettent ‡ sÕamuser." Louis Malle traque, aux aguets : "Tu as oubliÈ ton regard"..."L‡ tu es venu trop tard"..."Vous avez oubliÈ le sifflement"... Petites touches, extrÍme prÈcision, parcelli-sation ultime du tournage jusquÕ‡ lÕatome du geste, du mot, du soupir, pour reconstituer un Èdifice dont on ne sait pas exactement ce quÕil sera. Un tournage est par essence le morcellement temporel et spatial dÕune pro-jection de lÕesprit. Louis Malle pousse ‡ lÕextrÍme lÕÈclatement, tournant ‡ des semaines dÕintervalle deux plans dÕune mÍme sÈquence, en fonction du montage, recrÈe en donnant des indications parfois contradictoires, perd le fil, IÕacteur, ÈgarÈ, dÈcouragÈ qui dÕun coup trouve lÕinattendu. CÕest sans doute comme garde-fou ‡ cet Èmiettage systÈmatique que Louis Malle met en place un dispositif de sÈcuritÈ tout ‡ fait draconien : contrÙle vidÈo en cours de tour-nage et enregistrement sur vidÈo 8 dont on repasse la cassette sur un moniteur aprËs les multiples prises (souvent une dizaine), Ècou-teur ‡ lÕoreille pour Louis Malle, Renato Berta (le chef-opÕ) et bien s˚r lÕingÈnieur du son Jean-Claude Laureux. De mÍme, le dou-blement des axes pour une sÈquence assez brËve, IÕÈclairage et le cadre sont conÁus pour saisir lÕimprÈvu, se couvrir. "JÕutilise des lumiËres qui permettent le jeu des acteurs-enfants, explique le chef-opÈrateur, jÕai aussi recours au zoom pour ne pas les terroriser avec leurs marques et pouvoir recadrer sans arrÍt mÍme si le mÙme se trouve deux mËtres plus loin que prÈvu". Renato Berta construit la lumiËre pendant que Louis Malle fait rÈpÈter les enfants. Eclairage assez p‚le, diffus, ‡ base de quartz 1000 watts. Eliminer les couleurs, pouvoir, ‡ tout instant, dÈcadrer pour suivre le mouve-ment, se laisser entraÓner. Eclairer pour per-
mettre toutes les combinaisons possibles au montage au sein dÕune mÍme sÈquence. Arc boutÈ sur sa MovieCam, souple, lent, prÈcis. Travellings au rythme des corps rÈglÈs comme du papier ‡ musique. ÒL‡ o˘ je mÕentends bien avec Louis, cÕest que son cinÈma ressemble plus ‡ la musique quÕ‡ la peinture, dit Renato Berta. Dans ce film, tout est fait l‡-dessusÓ.
Le passÈ reconstruit Au son, Jean-Claude Laureux, vieux compa-gnon de route du rÈalisateur (Calcutta, Atlantic City,CodÕs Country,My Dinner with AndrÈ...) : "Louis Malle accorde beau-coup dÕimportance au son mais il le manipule beaucoup au montage". DerniËre piËce de lÕÈdifice, ‡ venir, montage et mixage sont chez Louis Malle lÕoccasion dÕun ultime mor-cellement, dÕinversions, de superposition dÕun son sur une autre prise, la derniËre occasion de douter, de chercher avant lÕaboutissement. Attentif au grain, au ton, au rythme, il cherche encore, Èparpille, recons-truit. CÕest peut-Ítre autour de cette idÈe de retour quÕil faut chercher la justification de sa mÈthode. Un retour nÕest jamais la mÍme histoire. Louis Malle nÕa pas voulu tourner dans le collËge de son enfance, prÈfÈrant retrouver, ailleurs, dans un autre site - pas un studio, un vrai collËge - ce monde enfoui dans ses souvenirs. Transposition des lieux, Ècoute de cette rÈ-interprÈtation par les enfants de sa propre vie, rÈpÈtitions-dÈcom-positions sont les instruments, les dispositifs destinÈs ‡ rendre juste le retard alÈatoire du prÈsent, chargÈ dÕexpÈriences nouvelles, fil-trÈ par lÕopacitÈ des annÈes. Si les acteurs ont un paradoxe, Louis Malle en est un, ambulant. LÕhomme qui se plaÓt ‡ capter dans lÕinstant la force du rÈel dans son approche documentaire dÈcompose pour construire ce qui fera fiction. FrÈdÈric Sabouraud Cahiers du cinÈman∞398
Rencontre avec le rÈalisateur
Dans le dernier entretien avec vous publiÈ par Positif, en 1974 (n∞ 157), entretien recueilli par Gilles Jacob, vous racontiez
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exactement le sujet dÕAu revoir les enfants. Ah bon?
Exactement. En disant queVOUSaviez envisa-gÈ de le tourner comme prologue de Lacombe Lucien, et que vous y aviez renoncÈ parce que vous ne vous sentiez pas prÍt pour le faire. CÕest trËs drÙle... En fait, j'ai racontÈ cette histoire un certain nombre de fois, de toute Èvidence cÕest le souvenir le plus dramatique de mon enfance... CÕest paru dans une Histoire de la RÈsistance,publiÈe par le Parti Communiste, Ècrite par un type qui sÕappelle GuÈrin, en cinq volumes. Je lÕavais rencontrÈ quand je prÈparaisLacombe Lucien, je le lui avais racontÈ, et Áa fait deux pages dans son bouquin. Je lÕai aussi racontÈ dans un livre paru en 1979, qui sÕappelleLouis Malle par Louis Malle, un bouquin passÈ inaperÁu parce que la petite maison dÕÈdition qui lÕavait sorti a fait faillite une semaine aprËs. Maintenant que jÕai fait le film, des gens me disent effectivement : "Tu en as dÈj‡ parlÈ..." CÕest vrai, pendant des annÈes, Áa a remontÈ ‡ la surface. Mais au fil des annÈes, je ne sais pas bien comment lÕexpliquer, cÕest pour moi trËs mystÈrieux, il semble que ma mÈmoire se soit transformÈe. Elle sÕest enri-chie. Je ne crois pas que la mÈmoire soit sta-tique, au fur et ‡ mesure quÕon avance, on voit les choses autrement. AujourdÕhui que le film est fini, je mÕaperÁois que ce que je raconte ne ressemble pas tellement ‡ ce qui sÕest passÈ, rÈellement. Certains ÈlÈments du film, dont jÕÈtais persuadÈ que cÕÈtaient des souvenirs authentiques, je les ai vÈrifiÈs quand jÕai terminÈ le premier scÈnario, et je me suis aperÁu que Áa ne correspondait pas du tout ‡ la rÈalitÈ de 1944. Par exemple, mon frËre qui Ètait avec moi dans cette Ècole voyait les choses diffÈremment. Finalement, je mÕen suis tenu ‡ ce que je crois Ítre mon souvenir, sachant trËs bien que cÕest un peu rÈinventÈ. Disons, pour simplifier, que dans le film cÕest un peu comme jÕaurais voulu que Áa se passe. CÕest plus intÈressant que ce qui sÕest rÈellement passÈ. Ma relation avec Bonnet, dans le film, est plus compliquÈe et plus intÈressante que dans la rÈalitÈ,
puisque ce qui nous a manquÈ, cÕest le temps, et je suppose quÕune des compo-santes de mon souvenir, cÕest une culpabilitÈ que jÕai gardÈe et qui a certainement influen-cÈ ma vie, ma faÁon de penser et mÍme mon travail. LÕidÈe que ce qui sÕest passÈ Ètait profondÈment injuste, que Áa nÕaurait pas d˚ se passer, et quÕaprËs tout on Ètait tous res-ponsables. JÕai un peu chargÈ Julien. En par-ticulier il a lÕimpression que cÕest lui qui donne Bonnet, quand il se tourne vers lui dans la classe, Áa, je lÕai probablement rajou-tÈ. Mais cÕest ma mÈmoire aussi, parce que dans ma mÈmoire je suis un peu responsable de la mort de Bonnet... Une fois - une fois, parce que je nÕai pas une mentalitÈ dÕancien combattant - jÕai racontÈ cette histoire dans une rÈunion dÕanciens ÈlËves, et je me suis aperÁu que cette histoire mÕavait beaucoup plus affectÈ que les autres. DÕautres se la rappelaient comme un ÈvÈnement drama-tique, mais ils ne se souvenaient pas bien de Bonnet alors que moi jÕen ai un souvenir trËs prÈcis. Disons que je lÕai pris personnelle-ment, et cÕest pourquoi jÕai fait ce film. CÕest toujours pareil quand on sÕinspire dÕun ÈvÈ-nement rÈel, et quÕon le revisite quarante ans aprËs, cÕest tortueux, compliquÈ... Faire un film qui ne soit quÕune reconstitution his-torique, Áa nÕavait pour moi aucun intÈrÍt, et donc je crois que jÕai rajoutÈ toute ma rÈflexion sur cet ÈvÈnement pendant toutes ces annÈes. JÕaurais pu en faire mon premier film, mais jÕaurais ÈtÈ terrifiÈ. CÕÈtait un sou-venir encore en Èvolution. Je suis vraiment content de lÕavoir fait aujourdÕhui, jÕespËre que Áa me dÈpasse un peu.
Vous le faites en 1986-87. Y a-t-il un rapport avec lÕactualitÈ ? Non seulement il nÕy a aucun rapport, mais Áa a mÍme un cÙtÈ comique. Quand on a commencÈ ‡ montrer le film, cÕÈtait pendant le procËs Barbie, et des gens mÕont dit : "Quel timing, vraiment, cÕest formidable". Comme si jÕavais sautÈ sur lÕoccasion, il y a Le Pen, il y a une montÈe du racisme en France, dans la foulÈe il y a eu le passage de Shoah‡ la tÈlÈvision. En fait, quand jÕai commencÈ ‡ montrer le scÈnario en sep-tembre lÕannÈe derniËre, des gens, en parti-
culier des distributeurs, mÕont dit : "Oui, Áa fait dix ans que tu nÕes plus en France, on a fait trop de films sur lÕOccupation, Áa nÕintÈ-resse plus personne ici". JÕavais envie de faire le film de toute faÁon, jÕavais lÕimpres-sion que pour moi le moment Ètait venu de le faire, jÕavais attendu longtemps. Depuis quelques annÈes o˘ je me disais : "ll va fal-loir que je revienne faire un film en France, que je revienne ‡ mes sources", il avait tou-jours ÈtÈ Èvident pour moi que ce serait ce sujet-l‡. JÕai pris des notes, jÕai tournÈ autour du sujet. Et lÕÈtÈ dernier jÕai Ècrit, et jÕai eu lÕimpression que Áa venait comme un cheveu sur la soupe, que cÕÈtait complËte-ment en marge de ce qui pouvait intÈresser les gens... Et Èvidemment, depuis, il y a eu un tournant. Le procËs Barbie. En automne dernier, on avait lÕimpression quÕon allait laisser Barbie en prison jusquÕ‡ sa mort, on pensait vrai-ment que son procËs nÕaurait jamais lieu, quÕil dÈrangeait trop de gens... En mÍme temps, jÕÈtais dÈj‡ en prÈparation du film quand il y a eu le mouvement Ètudiant de dÈcembre, Áa mÕa encouragÈ. On dit aujourdÕhui : "Il y a eu 68, et puis lÕaprËs-68". Une dÈpolitisation quÕon a tous constatÈe, en France comme aux Etats-Unis. Et on sÕest aperÁu ‡ la fin de lÕannÈe derniËre que Áa nÕÈtait pas vrai du tout. Et Áa, Áa mÕa fait plaisir, Áa mÕa encouragÈ. JÕai pensÈ que les gens de ces nouvelles gÈnÈrations trouve-raient dans le film quelque chose qui pourrait les intÈresser. De toute faÁon, jÕaurais fait le film... JÕai tou-jours fait des films avec lÕespoir dÕintÈresser les gens. Commencer un film en se disant : "Je le fais parce que cÕest dans le vent", cÕest une erreur.
Ouand vous avez faitLacombe Lucien, cÕÈtait une maniËre indirecte dÕaborder le sujet ? La vÈritÈ, cÕest que le tout premier scÈnario deLacombe, avant que je ne travaille avec Modiano, commenÁait dans une Ècole, et le personnage, cÕÈtait le Joseph dAÕu revoir les enfants, ce garÁon de cuisine mis ‡ la porte qui pour se venger allait ‡ la Gestapo. Puis trËs vite on lÕa enlevÈ. Je me suis dit :
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"CÕest une chose que je ferai un jour, cÕest unvrai que par rapport aux enfantsdÈporter tous ceux qui nÕÈtaient pas autre sujet".Lacombe, Áa a ÈtÈ un chemine-dÕaujourdÕhui, mÍme si jÕÈvoquais ‡ lÕinstan FranÁais, les refugiÈs allemands ou dÕEurope ment compliquÈ. Au dÈpart, ce devait Ítre unune enfance protÈgÈe, la vie Ètait beaucoupcentrale. Ensuite... (É) jeune Mexicain... JÕai aussi pensÈ le situer ‡plus dure. Tout de suite, dËs le premier jet duFranÁoise AudÈ la fin de la guerre dÕAlgÈrie. CÕÈtait un per-scÈnario, jÕai voulu mettre le jeu dÕÈchasses,Jean-Pierre Jeancolas sonnage que jÕaurais pu situer ‡ diffÈrentsqui nÕexiste plus aujourdÕhui, on lÕa supprimÈ,Positifn∞320 moments historiques. Quand il mÕest apparuou interdit. CÕÈtait incroyablement violent. que je pouvais le situer sous lÕOccupation, jeMais Áa, cÕÈtait lÕaffirmation de la virilitÈ... Filmographie me suis rappelÈ cet Èpisode de mon enfance,Comme le jeu scout en forÍt. Et l‡, je lÕai et tout de suite aprËs, dans lÕendroit o˘ jÕaimÍme un peu diminuÈ. Le directeur de tournÈ le film et o˘ jÕhabite, dans le Lot, jelÕÈcole, le pËre Jean dans le film, nous Le monde du silence1955 suis tombÈ sur un personnage qui avait rÈel-envoyait aprËs le couvre-feu, la nuit, cher-(avec Cousteau) lement travaillÈ pour la Gestapo et qui avaitcher un trÈsor dans la forÍt de Ascenseur pour lÕÈchafaud1957 infiltrÈ les maquis. Ce personnage mÕa orien-Fontainebleau. CÕÈtait dÈment, on Ètait terri-Les amants1958 tÈ vers un jeune paysan qui aurait ÈtÈ mal-fiÈs, il y avait un risque rÈel, ce qui a provo-Zazie dans le mÈtro1960 traitÈ dans son enfance et qui trouveraitquÈ des protestations de parents. CÕÈtait Vie privÈe1961 dans son travail dans la Gestapo une sortepour nous former le caractËre. Et puis quand Le feu follet1963 dÕaffirmation sociale, tout ce qui faitmÍme, cette violence, je crois quÕelle existe Viva Maria1965 Lacombe Lucien.dans tous les pensionnats. Des rapports de Le voleur1966 Dans le cas dÕAu revoir les enfantsforce entre les enfants. CÕest presque nor-, tout a Histoires extraordinaires1968 ÈtÈ beaucoup plus simple. Je suis parti de cemal, la faÁon dont on traite Bonnet : cÕest un (un sketch) que jÕavais rÈellement vÈcu. Le plus juste,nouveau, il nÕest pas comme les autres. A Calcuta1969 par rapport ‡ mon expÈrience, ce sont lespart Julien, les autres ne sont pas assez Le souffle au cÏur1971 composantes sociologiques du film. Le faitcurieux pour aller chercher plus loin que les Humain trop humain1973 que par exemple les enfants de cette ÈcolediffÈrences immÈdiates. Je crois que cÕest un Place de la RÈpublique appartiennent ‡ la grande bourgeoisie, quecomportement social assez banal, les autres Lacombe Lucien1974 malgrÈ les difficultÈs de lÕÈpoque, le froid, Iasont mal vus. Black moon1976 faim, que tout le monde partageait, ilsCela dit, je suis trËs content que vous ayez La Petite1978 Ètaient tout de mÍme trËs protÈgÈs. Il y a leremarquÈ cette violence : une fois le film ter-Atlantic City1980 personnage de la mËre, la conversation ‡minÈ, je me suis mÍme demandÈ si elle Ètait My dinner with AndrÈ1981 dÈjeuner, la rÈflexion sur LÈon Blum... Je meassez apparente. JÕai de cette Èpoque le sou-Crackers1983 suis rappelÈ ‡ quel point les gens de mavenir dÕune violence ‡ IÕÈtat nu. Il y avait une Alamo Bay1985 famille haÔssaient LÈon Blum, cÕÈtait lÕhor-notion presque darwinienne des rapports de GodÕs Country reur. Il y a le personnage de monsieur Meyer,force dans un groupe social, on laissait faire And the pursuit of happiness1986 le juif du restaurant, qui est inspirÈ deceux qui prenaient le dessus. Il y avait des La poursuite du bonheur quelque chose quÕun de mes amis mÕa racon-victimes et des bourreaux. Mais ce qui me Au revoir les enfants1987 tÈ ‡ propos de son grand-pËre, un grandparaÓt important dans le film, mÍme sÕil y a bourgeois juif qui sÕÈtait fait arrÍter dans unparmi les enfants des dominants et desMilou en mai1989 restaurant. Pour lui, cÕÈtait inimaginabledominÈs, cÕest lÕintervention de la violenceFatale1992 quÕon puisse lÕarrÍter, IÕembÍter. Il se sentait du monde des adultes, elle est plus abstrai-complËtement franÁais, je crois que PÈtainte, elle est surimposÈe. Pour les enfants, elle Documents disponibles au France lui-mÍme lui avait remis la mÈdaille militaireest incomprÈhensible. Alors que la violence ‡ Verdun. LÕidÈe quÕon puisse le considÈrerdes enfants est naturelle, je dirais presque Dossier ABC Le France en PAO comme un youtre lui paraissait absurde. Ilbiologique, quand les miliciens arrivent, et Revue de presse importante est mort en dÈportation... CÕest plutÙt dans laensuite dans toute la fin du film, tout devient Avant-scËne cinÈma n∞373 relation des deux enfants que jÕai inventÈ.incomprÈhensible, en tout cas pour Julien. Positif n∞320, 326, 439 Quand Julien demande ‡ son frËre : "QuÕest-Cahiers du CinÈma n∞398 É Nous sommes frappÈs par la violence quice que cÕest, un juif ?", cÕest terriblement dif-Pour plus de renseignements : rËgne dans Ie pensionnat...ficile. DÕailleurs, mÍme Vichy a eu bien du tÈl : 04 77 32 61 26 Il y avait dÕabord une dimension gÈnÈrale demal ‡ dÈfinir le juif, avant de le dÈporter. g.castellino@abc-lefrance.com lÕÈpoque, qui Ètait une Èpoque dure. Et cÕestCÕÈtait simple au dÈbut, ils ont commencÈ ‡
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