Bye Bye de Dridi Karim
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Bye-Bye
F de Karim Dridi
FICHE FILM
Fiche technique
France - 1995 - 1h45
Couleur
Réalisateur :
Karim Dridi
Scénario :
Karim Dridi
Musique :
Steve Shehan
Jimmy Oihid
Ouassini Embarek et Sami Bouajila
Interprètes :
Sami Bouajila
Résumé Critique
(Ismaël)
Nozha Khouadra Après un drame familial dont il porte la cul- Si Pigalle maniait l’originalité et l’insolite,
pabilité, Ismaël, 25 ans, accompagné de son le deuxième film de Karim Dridi est plus(Yasmine)
jeune frère Mouloud, 14 ans, fuit Paris pour proche du document sociologique. La pein-
Ouassini Embarek
rejoindre la famille de son oncle à Marseille ture de l’univers familial, le métissage et la
(Mouloud) où il est chaleureusement accueilli. En fait, confrontation des cultures, la réflexion sur
Ismaël doit ramener Mouloud à ses parents la culpabilité et la conquête de sa proprePhilippe Ambrosini
rentrés en Tunisie depuis peu. Mais celui-ci identité, tout cela passe par un discours
(Ludo)
refuse catégoriquement. Pour échapper à ce humaniste clair et jamais larmoyant, mais
Frédéric Andrau départ, il fugue avec la complicité de son loin des bizarreries, du spectacle quasi-oni-
cousin Rhida, et se lie à Renard, un dange- rique de Pigalle. La richesse de Bye-Bye(Jacky)
reux dealer local. Ismaël tente désespéré- vient de l’étude de mœurs, de l’observation
Sofiane Mammeri
ment de retrouver son jeune frère dans des détails (le sachet de drogue que les
(Rhida) cette ville métissée qui l’attire et le rejette... gamins cachent sous la grand-mère qui ne
parle jamais). Karim Dridi sait, en général,
croquer ses personnages: voir I‘oncle et la
tante, et surtout le dealer Renard, à qui
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Moussa Maaskri donne une vérité hallu- Atrache ou Lili Boniche, cris d’une famil- Pas besoin d’être fin psychologue pour
cinante en deux ou trois scènes inquié- le expulsée. Là qu’Ismaël et Mouloud deviner que Karim Dridi est le cinéaste
tantes. En revanche, les jeunes font halte, dans l’appartement de leur de tous les tiraillements: ici et là-bas,
Marseillais «racistes ordinaires» sont oncle, aussitôt happés par la famille, famille et voisinage, douceur et violen-
moins convaincants, qui rappellent ceux pris dans le tourbillon des chamailleries, ce, réalisme et poésie. Tiraillements
de Dupont Lajoie. Mais on sait bien embrassades et coups de gueule. Là que assumés -plutôt que contradictions exa-
qu’il y a des stéréotypes dans la rue! va se jouer... Si peu de chose! Mais rien cerbées-, qui nourrissent son histoire et
Gérard Lenne que l’essentiel. Une tranche de vie, ses personnages, et dessinent les
Saison cinématographique 1995 comme on dit. Avec beaucoup d’humour contours d’un cinéma à l’image de la
et d’amour. Et de la haine, tout de même ? ville : métissé.
A peine. Pourtant, Ismaël et Mouloud Vincent Rémi
sont... quoi, ils sont quoi ? «Ne m’appel- Télérama 60 meilleurs films
Disons-le d’emblée, le scénario est plu- le pas Beur, car ce mot m’écœure», de Cannes 95 à Cannes 96
tôt mal fichu : les flash-backs sur le rappe le petit Mouloud, sur une chanson
frère handicapé, mort dans un incendie, qu’il a ironiquement intitulée Beur pourri.
sont lourdement et inutilement insis- «Il se trouve, déclare Karim Dridi, que
tants, on perd le petit frère dans sa déri- ces personnages sont des Français d’ori- Le personnage traverse le film comme
ve dans la drogue, I’histoire d’amour gine maghrébine.» C’est exactement étranger au monde, comme témoin
d’lsmaël tourne court alors qu’elle cela : il se trouve. Et il se trouve aussi d’une histoire qui ne le concerne pas et
paraissait importante, ce qui nuit à la qu’avec ce deuxième film Karim Dridi qui le rattrape lorsqu’apparaît une jolie
perception du personnage... Mais, en (Pigalle) balaie les clichés actuels sur fille, amie de son seul copain et qui en
dépit de ces défauts, on s’attache à cha- l’immigration. Réfutant le pessimisme l’«allumant» provoque l’embrasement
cun des protagonistes, et la mise en de rigueur, Bye-Bye est une réplique final.
scène dépouillée, sans esbroufe, à hau- insolente à tous ces films dits «de ban- Deux copains, I’un arabe l’autre frère
teur d’homme, carbure à l’émotion, à la lieue», hantés par la fatalité du ghetto. d’un raciste, une fille certaine de son
sympathie. On s’attache à chaque per- Marseille, donc. Avant guerre, quand un charme : I’efficacité dramatique du trio
sonnage que l’on suit pas à pas, avec cinéaste nous emmenait dans un port, est avérée. Déjà dans Pigalle, Dridi
une grande sensibilité, une touchante c’était pour y voir mourir Gabin. On y jouait avec les stéréotypes et les figures
humanité, jusqu’aux petits riens de la attendait en vain un cargo qui partait du film noir : il ne craint pas le recours
vie, qui donne tout son charme à ce film sans lui. A la manière dont Karim Dridi aux mécanismes scénaristiques usés,
attachant et honnête. Débarrassé des filme Marseille, on le devine nourri de que son point de vue différent, lié autant
effets faciles d’un premier film folklo- ce réalisme poétique mais sans la noir- à ses origines culturelles qu’à sa` per-
rique (Pigalle), Karim Dridi s’avère un ceur. Bye-Bye, ce n’est pas un adieu. sonnalité de cinéaste, lui permet de
cinéaste prometteur, classique dans sa Les grands bateaux passent et repas- décaler. Dans Bye-Bye, pourtant, il ne
mise en scène, profondément sensible sent, traversent l’écran plutôt qu’ils ne résiste pas à la tentation d’expliquer les
et attentif aux personnages. s’éloignent : Marseille, aujourd’hui, on y raisons du comportement d’lsmaël, par
Thomas Bourguignon vit. On y revit, même. Pour Ismaël et une série de flash-back qui n’apportent
Positif - Juillet/Août 1995 Mouloud, cette ville, au départ, est une rien ni au personnage ni à l’intrigue. Le
étape sur une trajectoire qui va d’un procédé donne moins le sentiment d’un
Paris effacé à un bled improbable. manque de confiance du réalisateur et
Ismaël rejette un passé qui le hante -la scénariste en son film que l’impression
Une vieille 2 CV jaune citron brinquebale mort d’un frère, dont il s’estime cou- que subsiste un état antérieur du projet.
dans le vacarme de l’autoroute, et c’est pable-, Mouloud redoute l’avenir qu’on A cette scorie près, le film déroule
déjà Marseille. Pas le Marseille désolé lui promet de l’autre côté de la impeccablement sa logique, soumettant
des HLM des quartiers du nord, mais les Méditerranée. Et voilà que ce qui devait les situations conventionnelles du polar
ruelles populeuses du Panier qui sur- n’être pour eux qu’une halte, un entre- à une approche sociale débarrassée des
plombent le Vieux-Port. Voilà, c’est là, deux, devient un temps indéfini, dans clichés médiatiques. La fiction puise sa
dit Ismaël à Mouloud, son petit frère. Là une ville aux contours incertains : le force dans son inscription au cœur d’une
que monte, dans la chaleur de l’été, la temps et l’espace qu’il faut à ce film réalité sublimée par l’alchimie d’une
rumeur de la rue : rires des enfants sous pour nous dire, I’air de rien, deux ou direction d’acteurs qui se pare des appa-
les porches, roucoulades de Farid el trois choses essentielles. rences d’un laisser-aller de surface: à
L E F R A N C E
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
cet égard, on ne peut guère, dans le Déjà dans Pigalle le métissage avaitEntretien
cinéma contemporain, comparer le ciné- une grande importance, que cherchez-
ma de Dridi qu’à celui de Ken Loach. La vous à nous dire?
diversité des personnalités garantit la Quelles étaient vos motivations en tour- Au moment où je finissais le mixage de
vitalité du film: sombre placidité pour nant Bye-Bye ? Bye-Bye, la France s’étonnait de la
Samir Bouajila, candeur et innocence du Dans tous mes courts métrages ainsi puissance de ses partis d’extrême droi-
regard d’un enfant- plongé pourtant au que dans Pigalle (mon premier long te. C’est à ce moment que j’ai véritable-
cœur d’une violence qui l’attire et métrage), j’ai toujours écrit des person- ment saisi la portée de Bye-Bye.
l’épouvante à la fois (Ouassini Embarek, nages à mille lieux de mon univers per- Presque tous les protagonistes de mon
étonnan

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