Do the Right Thing de Lee Spike
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Do the right thing
Fais ce qu'il faut
de Spike LeeF
FICHE FILM
Fiche technique
USA - 1989 - 2h
Réalisateur :
Spike Lee
Scénario :
Spike Lee
Musique :
Bill Lee
Résumé
Décor :
Radio Raheem et Buggin’Out font irruptionUne rue du quartier de
chez Sal et ce dernier brise la radio du"Bedford-Stuyvesant" à Brooklyn, NewWynn Thomas
colosse. Une bagarre s’en suit. La policeYork. Une chaleur torride règne sur la ville
arrive et arrête les deux Noirs. Mais Radioet les habitants vaquent à leurs occupa-
Raheem est étranglé au cours de sontions aux rythmes soul, salsa et rap de
Interprètes : arrestation. C’est l’émeute. La pizzeria deMister Senor Love Daddy, le DJ du coin.
Sal est réduite en cendres et, au petitSal et ses deux fils, Vito et Pino, tiennent
Danny Aiello matin, les habitants du quartier contem-la pizzeria fréquentée en majorité par des
plent, hébétés, les résultats du désastre...Noirs. Mookie, l’employé est amoureux de
Ossie Davis La saison Cinématographique 1989Tina à qui il a fait un enfant. Da Mayor, le
vieil alcoolique, erre dans les rues sous leRuby Dee
regard de Mother Sister. Smiley, le bègue,
tente de fourguer ses vieilles photos deRichard Edson
Martin Luther King et de Malcolm X.
Radio Raheem, le colosse, arpente les
rues avec sa radio gigantesque.
Buggin’Out, le militant, veut boycotter la
pizzeria de Sal car il n’y a pas de portraits
de "brothers" accrochés au mur. La vie
aurait ainsi pu continuer sans un banal
incident qui fait éclater les tensions
raciales.
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Enemy met bien en relief son nouveau De nombreux spectateurs ont parléCritique
souci de passer de l’impertinence à la d'ambiguïté au sujet de Do the right
pertinence. thing. Peut-être s’agit-il d’une erreur de
Michel Cieutat tir, d’une maladresse ou d’une volonté
Positif n° 341-342 de "condensation dramatique" un peuDo the right thing. Fais ce qui est bien.
comme chez Fassbinder ? La bagarreLe titre du film est à cet égard suffisam-
finale est le fait de Buggin Out qui ament éloquent. Il est temps pour les
entraîné avec lui Radio Raheem et unNoirs d’outre-Atlantique et pour toutes
Racisme et stéréotypes autre exalté pour saccager la pizzeria.les victimes du racisme de par le monde
Motif : Sal a collé sur ses murs unique-d’agir dans la bonne direction, celle
ment des photos d’ltalo-Américainsd’une vraie démocratie. Spike Lee Angela Davis l’avait déjà dit, au mois de
(Sinatra, De Niro, Stallone...), et aucunedénonce les leurres de toute sorte créés mars dernier, lors du débat qui clôturait
photo de Noirs, qui forment pourtant lepar les sociétés pour calmer les esprits le Festival du film de femmes de
gros de sa clientèle. Motif léger en soifrustrés et tôt ou tard échauffés (cf. à Créteil: sous le mandat de Reagan, la
et auquel les autres Noirs semblent plusce propos le nom de la compagnie pro- plupart des conquêtes sociales des
ou moins indifférents. Une spirale de laductrice: Forty Acres and a Mule Noirs ont été remises en question. Cela
violence se crée, que personne ne peutFilmworks, qui renvoie à ces maigres peut expliquer le caractère virulent de
dominer. Les policiers arrivent, la situa-lopins de terre octroyés aux Noirs Do the right thing (Fais ce qu’il faut)
tion dégénère... Radio Raheem est tué.émancipés après la guerre de qui tranche avec les autres films de
Contrairement à certains "films de com-Sécession). Il exige de ses semblables Spike Lee: portraits un brin humoris-
bat" et je pense à Bush Mama, d’Haïlele triomphe de la lucidité, préambule tiques de quelques spécimens de la
Gerima (1975) où l’on voit des Noirsindispensable à toute forme d’action communauté black. Le cinéaste décla-
écrasés par le système et acculés versfuture, qu’elle soit violente ou non. Do rait, ici même, à Danièle Parra au sujet
les chemins de la violence, Do the rightthe right thing requiert des Noirs, de Nola Darling n ‘en fait qu' à sa
thing est un drame entre individus. Saldans un premier temps, qu’ils cessent tête: "Je ne montre pas des person-
ne correspond pas à l’image dude se moquer d’eux-mêmes et que, nages marginaux, je ne traite pas du
raciste-type, et les représentants dedans un second, ils en reviennent à “problème” des Noirs, c’est un film sur
l’autorité n’interviennent - de manièrerepenser le dilemme (être ou ne pas être la vie et non sur des cas. Il ne faut plus
certes musclée - que pour neutraliserviolent) qui avait déjà été le leur au parler des choses comme autrefois".
une bagarre. Mais Spike Lee doit êtremoment où ils avaient renoncé au mili- Do the right thing est un film stylisé.
très malin. Comme Fassbinder que noustantisme pour pratiquer cette conster- Tourné sur une portion de Stuyvesant
évoquions, il prend un cas apparemmentnante politique de l’autruche que fut le Avenue, à Brooklyn (NewYork),il donne
banal, le théâtralise, le stylise, le sur-mouvement "Black is beautiful", dans l’impression d’avoir été photographié en
charge dramatiquement pour atteindreles années 70. Spike Lee ne veut plus studio tant l'ensemble obéit à l’esthé-
les points névralgiques de l’inconscientdu narcissisme d’un Michael Jackson tique du décor. A côté de ce "tronc cen-
social américain. Do the right thingnon plus que du délire fuyant d’un Eddie tral" qui joue un peu le rôle de la scène
porte un peu le même regard "archéty-Murphy. Il rejette vigoureusement et au théâtre, il y a quelques "hors
pé" sur son contexte que Le droit dudéfinitivement ces années de mise entre champs" (les demeures de Mookie, de
plus fort ,de Fassbinder (1975), sur laparenthèses du problème noir. Il impose sa copine Tina, de Mother Sister...) qui
mentalité allemande de l’époque.de la rigueur, de la fermeté, du sérieux. font rebondir l’action, la dramatisent et
Raphaël BassanIl en appelle au retour à l’analyse et servent de lieu de transit entre la rue
Revue du Cinéma n°423 - Janvier 1987demande qu’on fasse également la syn- (essentiellement peuplée de Noirs) et la
thèse du pacifisme de King et de pizzeria de l’Italien Sal et de ses deux
l’extrémisme du Black Power, afin fils.
qu’une nouvelle voix des Noirs puisse La violence monte progressivement,
Avec Do the right thing, Spike Leeretentir. Et si cela se révèle impossible, presque en douce. Sur ce canevas - la
confronte, au cours de la journée la plusalors il sera toujours possible de lancer vie d’une microsociété - Spike Lee aurait
chaude de l’été, plusieurs communautésune autre poubelle contre n’importe pu réaliser une satire, peut être un peu
raciales réunies pour les besoins du filmquelle forme d’hégémonie du pouvoir caustique mais pas sanglante. Ce n’est
dans un même lieu : un pâté de maisonsblanc. Son utilisation de la chanson que tout à la fin que l’on s’aperçoit que
de Brooklyn, véritable microcosme deFight the Power chantée par Public le drame ne pourra être évité.
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96D O C U M E N T S
l’Amérique d’aujourd’hui où coexistent un discours extrémiste (en fracassant direction d’acteurs tout d’abord, parfai-
«Blacks», Portoricains, Coréens (et leur les vitres de la pizzéria). Dans cette te, où Spike Lee met «en veilleuse» son
épicerie) et Italo-Américains (la pizzéria scène, Spike Lee donne sa réponse à un jeu déchaîné de She’s gotta have It,
«Sal’s», îlot isolé au milieu de toutes ces cas de figure précis : la mort de Radio pour laisser leurs chances aux autres
ethnies). Raheem appelle la violence, et le titre comédiens, comme sa sœur, Joie, Ossie
Le propos du film (où se confondent les du film illustre à merveille cette séquen- Davis (le «capraesque» Da Mayor) et
citations de Martin Luther King et ce : Spike fait « ce qu’il faut faire » (Do Ruby Dee (Mother Sister), sans oublier
Malcolm X), jugé ambigu par certains, the right thing) ce qui ne l’empêche les trois «cornermen», vestiges d’un
est en réalité beaucoup plus simple qu’il pas, dans d’autres circonstances, de dia- esprit «black» aujourd’hui dépassé. Là
n’y paraît : le problème qui se pose aux loguer avec Sal ou même de se lier où on attendai

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