Héros malgré lui de Frears Stephen
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Hero
Héros malgré lui
de Stephen FrearsF
FICHE FILM
fiche technique
U. S. A. - 1992 - 2h
Réalisateur :
Stephen Frears
Scénario :
David Webb Peoples
Musique :
George Fenton
Interprètes :
Dustin Hoffman
(Bernie Laplante)
Geena Davis
Dustin Hoffman(Gale Galey)
Andy Garcia Résumé
(John Bubber)
Hero est l’histoire d'un homme (Bernie, énergie pour retrouver l'Ange du Vol 104.Joan Cusack
Dustin Hoffman remarquablement dirigé), Ce n’est pas Bernie mais un autre qui
(Evelyn)
qui refuse de se plier aux clichés de la bénéficiera de la gloire et surtout d’une
réussite et du "miracle" américains. C’est récompense d’un million de dollars.
un père de famille irresponsable qui passe
son temps à vivre de coups minables
(recel, vente de matériel volé). Ce person- Critique
nage inquiet, surexcité et perdu se retrou-
ve héros malgré lui (pour une fois le titre
Hero montre ainsi la résistance d’un trèsfrançais est bien choisi) lorsqu’il sauve les
beau personnage de cinéma face à la fic-passagers à la suite d’une catastrophe
tion qu’on lui propose. Cette fiction estaérienne. Mais très vite, ce qui n’est pour
celle de la télévision à grand spectacle quiBernie qu’une simple mésaventure dans
a déjà hélas fait son apparition chez nous.une vie agitée et sans repères devient pré-
Mais Frears ne sombre heureusement pastexte à une histoire à sensations. Une jour-
dans l’enquête sociologique ou pire, le filmnaliste, Geena Davis, présente dans l’avion
dossier sur les médias. Le ton est celui deau moment de l’accident, met toute son
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la comédie américaine des années 40. nant le contre-pied d’un genre, le Erreur : c’est du vrai Capra.
Le rythme effréné du film, les dialogues film-catastrophe. Car le cynisme, chez Frears, ne s’exerce
et la rapidité des transitions entre les Le réalisateur anglais est allé chercher jamais sur ses héros mais sur leur envi-
scènes parodient certains effets l’humain dans le spectacle , à une ronnement. Cet environnement lui-même
employés par Frank Capra ou Preston époque où la télévision et ses images cynique qui les a rendus tels. Pour le couple
Sturges. La référence est ici toute iro- procèdent dans le sens inverse. Hero homosexuel déchiré de Prick Up, pour
nique : les cinéastes hollywoodiens est de ce point de vue une satire féroce Sammy et Rosie qui s’envoient en l’air à
usent et abusent de l’hommage à Capra des médias qui s’inscrit dans une des- temps et à contretemps, Frears n’a que
pour se donner bonne conscience ciné- cendance incarnée par exemple par Les de la tendresse. Oh, une tendresse iro-
philique. Pour Frears, I’Amérique Voyages de Sullivan de Preston nique et navrée, qui ne masque pas
d’aujourd’hui n’est certainement pas Sturges. Et en vrai cinéphile Frears a su leurs faiblesses, leurs dérives ou leurs
celle de Capra et le cinéma, loin de retrouver l’espèce d’hystérie qui utopies... Mais tendresse tout de même.
changer le monde, ne peut que se caractërise la screwball comédie des Ici, c’est envers la télévision, symbole
contenter d’en montrer l’injustice. L’irré- années 30 et 40 privilégiant le rythme et de tous les pouvoirs, c’est envers ces
vérence de Hero a donc quelque chose des effets de fondus-enchaînés dignes hommes qui méprisent, mentent et
de salutaire. Quand Bernie voit son acte du Capra de L’Homme de la rue. manipulent que Frears est sans pitié.
héroïque volé par un autre - John Nicolas Saada Mais il ne juge ni Bernie ni John, ces
Bubber (Andy Garcia), un vétéran du Les cahiers du Cinéman°464 pauvres diables qui se débrouillent
Viêt-nam devenu clochard - il ne deman- comme ils peuvent pour tenir en équi-
de que sa part de l’argent, refusant libre sur le fil de la vie - exactement
d’endosser le rôle du héros du vol 104. comme sur cette corniche jusqu’où les
Bernie n’est pas intéressé par le scéna- Fait de retournements et de coups de traque une caméra TV. Frears réussit ce
rio hollywoodien dégoulinant de bons théâtre, le scénario, formidablement prodige d’être à la fois cynique et huma-
sentiments qu’on aimerait lui faire inter- bien ficelé, dénonce le pouvoir des niste.
préter. Et pour cause : John Bubber est médias, qui font prendre l’apparence En plus, Héros malgré lui est drôle.
devenu un protagoniste de reality show pour la réalité et veulent du sensation- Irrésistiblement drôle. Drôle à la maniè-
au carré, une gloire nationale manipulée nel à tout prix. Mais Frears va plus loin re d’une fable de Mark Twain. Drôle à
par la presse et les médias. D’une cer- encore : la vérité, il la dépiaute. force d’ironie. Drôle parce que Bernie La
taine manière, Bubber accepte malgré Qui est qui ? Le vrai héros, on l’a vu, Plante, le bien-nommé, qui voulait
lui les règles d’une société du spectacle était un escroc (il a même profité du mener la vie la plus végétative possible
auxquelles Bernie oppose une franchise sauvetage pour voler à Gale son sac !). pour ne pas donner prise à l’adversité,
qu’on qualifie à tort de cynisme. Cette Et le faux héros, acclamé par les foules, finit par prendre la vie à bras-le-corps.
franchise est aussi celle de Frears qui, est un imposteur. Mais si un escroc peut Pour se retrouver là où il a toujours refu-
devant l’énorme budget du film, ne cède devenir un héros, est-ce qu’un imposteur sé d’aller : dans la fosse aux lions.
pas à la tentation du spectacle holly- ne pourrait pas en faire autant ? Les per- Claude-Marie Trémois
woodien mais bien au contraire retrouve sonnages ressemblent à des poupées Télérama n°2247
le mordant de ses premiers films gigognes dont la vérité - provisoire ! -
anglais. Bel exemple : le crash du vol serait cachée dans la dernière. Bernie
104 est montré uniquement du point de est un cynique, mais il se conduit en
vue de Bernie. On le voit, coincé dans sa héros... C’est un héros, mais il continue
voiture, regardant l’avion s’écraser tan- de voler... Il vole, mais il se conduit
dis que retentit sur la bande-son une encore en héros... John a une belle peti-
épouvantable explosion. On pourrait te gueule médiatique qui enthousiasme
croire cette ellipse liée à l’économie du les téléspectateurs, mais il ment... Il
film. Pourtant, le plus spectaculaire est ment, mais il est capable de remords et
à venir : quand c’est l’avion grandeur d’amitié... Il est capable d’amitié, mais
nature que le spectateur découvre aussi de magouille... Il est capable de
devant ses yeux. Son atterrissage forcé magouille, mais aussi d’héroïsme...
n’aurait nécessité qu’une maquette. Le film lui-même est à tiroirs. On croit
Mais Frears préfère montrer l’après, d’abord que cette comédie cynique est
inédit, de l’accident, là encore en pre- du Capra à l’envers. De l’anti-Capra.
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
Le réalisateur Filmographie
Stephen Frears a été cité à l’Oscar pour Gumshoe 1971
son premier film américain : Les arna-
queurs, qui valut également une cita- The hit 1984
tion à ses deux vedettes féminines, Le tueur était presque parfait
Anjelica Huston et Annette Bening.
Deux ans plus tôt, ses Liaisons dange- My beautifull laundrette 1985
reuses avaient obtenu sept mentions à
l’Oscar, dont une au titre de meilleur Prick up your ears 1987
film et deux pour Glenn Close et Prick up
Michelle Pfeiffer. Sammy et Rosie get laid
Né à Leicester en 1941, Stephen Frears Sammy et Rosie s'envoient en l'air
fait ses études à la Faculté de Droit de
Cambridge, puis entre comme assistant Dangerous liaisons 1988
metteur en scène au Royal Court Les liaisons dangereuses
Theatre de Chelsea. Il bifurque ensuite
vers le cinéma et trouve rapidement sa The grifters 1990
place au sein de la Nouvelle Vague bri- Les arnaqueurs
tannique. Après avoir assisté Karel Reisz
sur Morgan, il entre à la Memorial Hero 1992
Enterprise d’Albert Finney, où il secon- Héros malgré lui
dera Finney sur le tournage de Charlie
Bubbles, puis Lindsay Anderson sur If.
Il réalise ensuite le court métrage The
burning, qui traite des tensions raciales
en Afrique du Sud, et en 1970, fait la
connaissance d

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