Le Jardin de l’Eden de Novaro Maria
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Le jardin de l’Eden
El Jardin del EdenF de Maria Novaro
FICHE FILM
Fiche technique
Mexique - 1994 - 1h45
Couleur
Réalisateur :
Maria Novaro
Scénario :
Beatriz Novaro
Maria Novaro
Musique :
Pepe Stephens
Gabriela Roel
Interprètes : Histoire Critique
Renée Coleman
Serena, la trentaine, arrive avec ses trois La musique de Charles Mingus (Tijuana(Jane)
enfants à Tijuana - ville mexicaine à la fron- Mood’s) et les images d’Orson Welles
Bruno Bichir tière des Etats-Unis - où son mari décédé (Toch of Evil) ont depuis longtemps asso-
lui a laissé une maison et un revenu. Jane, cié Tijuana une ville mexicaine à la frontiè-(Felipe)
une américaine du même âge, y cherche re des Etats-Unis, à l’image d’une ville
Gabriela Roel l’aventure mais aussi son amie Elisabeth et amère, perdue par sa prostitution, sa misè-
(Serena) son frère Frank, écrivain désabusé qui re et les rêves interdits du pays d’en face.
passe désormais son temps à observer les Trop loin de Dieu et trop près deRosario Sagrav
baleines. l’Amérique, comme le dit un vieux proverbe
(Elisabeth)
Elisabeth, elle, est une jeune «chicana» qui local. Une ambivalence que Welles n’avait
Alain Cinagherotti cherche à retrouver ses racines au Mexique pas pu directement filmer, faute d‘autorisa-
où elle est venue avec sa fille Guadalupe, tion. (…)(Julian)
une enfant qui refuse de s’exprimer aussi Maria Novaro, réalisatrice mexicaine révé-
Ana Ofelia Murguia bien en anglais qu’en espagnol. lée au festival de Cannes 1991 par son
(Juana) Pour sa part, Felipe, un jeune paysan, voit second long métrage, Danzon a fait
en Tijuana un tremplin vers les Etats- montre d’un certain culot. Non seulementJoseph Culp
Unis.Depuis qu’il a abandonné ses cours, parce qu’elle est retournée sur les traces
(Frank)
Julian, le fils aîné de Serena tue le temps à de Welles (Tijuana), non seulement parce
la frontière en compagnie d’aspirants immi- qu’elle a eu, elle, I’autorisation de filmer la
grants et se lie d’amitié avec Felipe. vraie Tijuana, mais encore parce qu’en fin
La terre promise paraît être pour chacun de compte elle a pris le parti, une fois sur
celle à laquelle les autres ont tourné le dos. place de ne pas filmer la ville, justement.
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Autrement dit, elle a fait comme si l’exi- les autres d’en face. Un filmbrillant où le employé et ce n’est pas une pancarte
gence du «plus merveilleux décor du fantasme du départ est le début en officielle qui nous apprend que nous
monde» (dixit Welles) n’existait pas. Ou même temps que la fin de tout. Un sommes à la frontière, mais le nom d’un
plus exactement comme si Welles cercle qui n’en finit pas de permettre restaurant (la Frontera). De même que
s’était trompé en voyant dans Tijuana ce d’espérer autre chose, et qui pourtant, ce n’est pas un regard unique qui est
décor si imposant dans sa misère. Ce dans sa douce et amère conscience de posé sur la réalité mais plusieurs, ceux
qui compte ici, c’est la façon de se réap- son illusion, laisse la certitude qu’il n’y a de chacun des personnages (la touriste
proprier un imaginaire urbain (la façon jamais d’ailleurs acceptable. américaine et son frère, la mère de
de vivre la ville, plus que la ville elle- Stéphane Malandrin famille mexicaine et son fils aîné, la
même), et le culot d’opposer à la Tijuana Cahiers du Cinéma n°489 Mars 95 jeune femme chicana, Felipe le paysan),
fantasmée de Welles une autre Tijuana par le biais de média différents (la photo
fantasmée et non le film réaliste et et la vidéo). Les barrières auxquelles se
social qu’elle aurait pu faire. D’où ce heurtent les personnages sont inté-
titre, Le Jardin de l’Eden : un pied de rieures et mentales avant d’être d’acier.
nez biblique à l’Evil de Welles, une Elles s’appellent «mari décédé»,
référence inversée parce que l’espace «ancêtres», «baleines»... La frontière
est lui-même filmé à l’envers : en plein Elle avait réalisé Danzon (Cannes n’est pas tant politique qu’utopique, au
soleil la plupart du temps, avec des cou- 1991), délicieux musical intimiste ; cette même titre que la Frontière des pion-
leurs vives, des senteurs, des épices, cinéaste originale nous envoie une carte niers américains, symbole de la terre
avec des gens qui s’aiment (ou essayent postale de Tijuana, la petite ville mexi- promise. Avec Le Jardin de l’Eden,
de s’aimer), et qui sont drôles à force caine séparée des Etats-Unis par plus de Maria Novaro fait se croiser une diversi-
d’être en décalage par rapport à l’espa- vingt kilomètres de murs d’acier. Loin té de destins et tente d’extraire d’une
ce dans lequel ils circulent (notamment d’être une œuvre de simple engagement situation historique son jus métapho-
l’américaine délurée interprétée par civique sur le heurt entre sous-dévelop- rique. Si le résultat n’est pas toujours
Renée Coleman). pement et superdéveloppement, El jar- convaincant, du fait d’une mise en scène
L’énigme d’un Jardin de l’Eden en din del Eden propose un entrelacs flui- peu rigoureuse, le film a néanmoins le
pleine ville-frontière pourrait tenir de de entre diverses langues, cultures, mérite de dégager un parfum personnel,
l’humour noir (ou de la stupeur, comme existences. Une Mexicaine avec trois évitant adroitement le pathos et les pon-
le Monde parfait de Clint Eastwood), si fils, une écrivain nord-américaine, un cifs du genre.
elle ne révélait - derrière la partialité de paysan qui aspire, comme tant d’autres, Claire Vasse
son point de vue - I’insistance d’une à émigrer, une chicana restée dans sa Positif n°409 Mars 1995
conviction : les prostitués, les malheu- patrie... Le murale est peint à touches
reux et les affreux comptent moins que légères, les figures du premier plan
l’illusion universellement partagée d’un comptent moins que les infinies nuances
ailleurs qui vaille la peine du voyage, et qui étincellent dans le fond. L’hypersen-
le malheur d’y être compte moins que le sibilité de Maria Novaro fonctionne par-
bonheur d’espérer en sortir. Les plus faitement comme liant pour tout cela.
heureux sont ainsi ceux qui ont encore Lorenzo Codelli En fait de Jardin de l’Eden, Tijuana, la
l’espoir d’un ailleurs, qu’ils soient riches Positif n°405 Nov. 1994 ville frontière entre Mexique/Etats-Unis
ou pauvres, mexicains ou américains (un qui donne son cadre au film de Maria
point essentiel). Novaro, se rapprocherait plutôt, mytho-
Le film découvre que l’envie de partir est logiquement, de la Babylone décadente
parfois plus importante que le départ puisqu’elle servit de bordel et de casino
lui-même. Pas un film moral donc, pas au tout-Hollywood dans les années 30,
un film réaliste, pas un film optimiste sous la prohibition. Ce mouvement
non plus, puisque l’Eden en question (…) Le thème de l’émigration, avec tous migratoire a depuis eu tout le loisir de
n’existe jamais que sous la forme d’une les thèmes qu’il suppose (la quête s’inverser : chaque année, ce sont
intention. Un film dont le dernier fantas- d’identité, le barrage des cultures et des désormais des milliers de Mexicains qui
me est de découvrir une ville où les langues...), a largement été exploité au tentent d’atteindre «le rêve américain»
habitants sont plus beaux, plus riches, cinéma. Maria Novaro s’éloigne du ton en sautant l’infranchissable mur d’acier
et plus drôles que les rues, la misère et documentaire ou engagé généralement de plus de 20 km de long, qui sépare les
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
deux pays comme deux frères non mur et veut croire encore que panoramique. Il permet ainsi à chacun
réconciliés. l’Amérique n’attend que lui. de se raconter. Revers de ces qualités :
La réalisatrice, née à Mexico et qui, Film sur une sorte de mauvais horizon à vouloir parler de tout, Novaro survole
dans son film précédent (Danzon), tri- généralisé (la vie est ailleurs, le présent certains personnages et s’attarde sur
fouillait l’humeur de Vera Cruz, s’est n’est que la réserve d’un avenir idéal), d’autres, superflus (l’écrivain résigné).
donc installée au cœur de cette zone Le Jardin de l’Eden ne porte cepen- Du coup, la dynamique de la fiction est
contradictoire, à cheval sur plusieurs dant aucune condamnation. Y infuse un sacrifiée au profit d’un

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