Reprise de Le Roux Hervé
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Reprise de HervÈ Le Roux FICHE FILM Fiche technique
France - 1996 - 3h12 Couleur
RÈalisateur : HervÈ Le Roux
Son : Dominique Perrier
Montage : Nadine Tarbouriech Anne Seguin
Mixage : GÈrard Rousseau
Assistant camÈra : Lionel Julien
Direction de production : FranÁoise Buraux Catherine Roux
Production : Richard Copans Serge Lalou
L E
D O C U M E N T
un Nagra et dix minutes volÈes ont saisi lÕinstantanÈ dÕune Èpoque. Et lÕim dÕune rÈvolte. Cette image, on lÕa vue dans tous le montages consacrÈs aux ÈvËnements d 68. A force dÕÍtre hantÈ par elle, Herv Le Roux en a fait le sujet dÕune questio (´Qui est cette fille ?ª), puis dÕune enquÍ te (´Retrouvons-laª), puis dÕun fil Reprise. O˘ cetteReprise du travail aux usines Wonderest prÈsentÈ comme unique indice ‡ tous les tÈmoin retrouvÈs. La complainte de la fille rÈvol tÈe devient leitmotiv, refrain dÕun patie travail de reconstitution non dÕun fa isolÈ, mais dÕune mÈmoire. La rond commence avec les auteurs de la fameu se bobine. Puis, de fil en aiguille, voici venir les anciennes ouvriËres, les contre maÓtres, les cÈgÈtistes, le IycÈen gau chiste... Une histoire ouvre sur des his toires. Les gens qui dÈfilent nÕont parfois quÕ rapport indirect avec le court mÈtrage dont la plupart ne connaissaient mÍm pas lÕexistence. Certains se souvienne vaguement de la ´Wonder womanª Mais elle nÕest souvent quÕun prÈtext raconter ce quÕils ont vÈcu, eux, ch Wonder. LÕenquÍte de Le Roux nÕest celle dÕun policier ni celle dÕun journal te. Il Ècoute, acquiesce, relance. Il joue l complicitÈ, le visiteur en tee-shirt. E lÕambiance estivale des entretiens ajout ‡ ce film sur le monde du travail, tourn pendant les vacances, un air intemporel et dÈcalÈ. La trame deReprisese tisse au fil d temps. Si lÕinterlocuteur nÕest pas t jours clairement identifiÈ, sa parole, ave la durÈe, prend le dessus. Le Roux ´lais se coulerª, cÕest ce qui explique les troi heures douze de son film, et cÕest aus ce qui lui permet de dÈpasser la simpl collecte dÕinformations. Chacun de se personnages y gagne une Èpaisseur. Bie s˚r, on apprend que le type ‡ cravate qui essaie de calmer la fille Ètait un apparat chik, le secrÈtaire de la section locale d la CGT. Mais, quand on le dÈcouvr aujourdÕhui, son expÈrience de la gu
dÕAlgÈrie le rend plus complexe et pl intÈressant. Dans le calme, et gr‚ce ‡ la force dÕÈv cation des tÈmoignages, naÓt sous no yeux une matiËre romanesque, avec se figures invisibles et rÈcurrentes : le che du personnel, Pierotti, dont les grÈviste de 68 br˚lËrent lÕeffigie ; la terrible mËr Campin, qui dirigeait ‡ la baguette lÕat lier du ´noirª (celui dÕo˘ les ouvriËre sortaient toujours ´dÈgueulassesª, cause du manganËse et du charbon).. Avec aussi des Èpisodes quasi bur lesques, comme celui de mademoisell Marguerite, une chef dÕatelier agressa ‡ coups de parapluie Bernard Tapie (qui avait rachetÈ Wonder en 1984). Tout cel teintÈ dÕune Ètrange nostalgie, celle dÕ temps o˘ cÕÈtait dur, mais o˘ on sava contre qui se battre. Et la fille dans tout Áa ? Elle reste a cÏur dÕun film promenade o˘ la sociol gie ne vient quÕen supplÈment. On cro sÕapprocher dÕelle ‡ mesure que lÕenq te avance, et la succession des person nages nous la rend de plus en plus sym bolique. Dans la parole donnÈe au Marie-ThÈrËse, Liliane et Denise, au Jean-Louis, Poulou et Maurice, et littÈra lementreprisepar le film, elle devien un repËre, une allÈgorie. Trente an aprËs, elle fait encore sourire, rÈagir e mÍme rÍver. Elle est le cri ÈlÈmentair de la rÈvolte, et le film dÕHervÈ Le Ro lui offre une nouvelle vie. FranÁois Gori TÈlÈrama n∞ 2463 - 26 mars 199
Le second long mÈtrage dÕHervÈ Le Ro pourrait nÕÍtre quÕune investigati documentaire, reconstituant sur u mode didactique les conditions de tra vail dans les anciennes usines Wonder Il pourrait sÕordonner selon lÕÈquili traditionnel : questions-rÈponses, entre tiens-documents dÕarchives, exposer l faits en somme, avec une apparence d objectivitÈ qui en appellerait ‡ l
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
teur. Mais le projet est dÕune tout autre nature, qui fait deRepriseune Ïuvre ‡ part entiËre, et offre ‡ ces trois heures de tÈmoignages lÕampleur mÍme dÕune fresque romanesque. CÕest, dÕabord, que le film se construit autour dÕun objet mythique, dÕune sorte de Rosebud dont il sÕagit de dÈchiffrer le sens cachÈ : ce petit bout de film rÈalisÈ ‡ la sauvette par des Ètudiants de lÕl.D.H.E.C, le 10 juin 1968, et o˘ une ouvriËre de Saint-Ouen clame contre tous les arguments sa rÈsistance ‡ la reprise du travail. DÕune certaine maniË-re, ces quelques images constituent une scËne originelle, un puzzle dont il fau-drait reconstituer les morceaux Èpars -mais qui rÈsiste lui aussi ‡ cette recons-titution. Parce que le temps a fait son Ïuvre, parce quÕil est venu dÈfaire les certitudes et la rÈpartition des rÙles : trente ans aprËs, le IycÈen passionnÈ se revoit avec un scepticisme vaguement hilare; le syndicaliste raisonneur confes-se les contraintes qui ont pesÈ sur son parcours... Face ‡ lÕimage arrÍtÈe, face ‡ lÕinstant lÈgendaire o˘ lÕutopie a ÈtÈ tra-hie, les uns et les autres apparaissent dans une mobilitÈ essentielle qui empÍche de dÈcouper et dÕactualiser la responsabilitÈ. Il nÕy a l‡ aucun nivelle-ment relativiste, qui viendrait nous dire que tout est dans tout et que tout le monde a ses raisons, mais, au contraire, une attention extrÍme portÈe ‡ chaque individu, qui devient un personnage autonome, avec son histoire et ses contradictions intimes. Ce quÕHervÈ Le Roux donne ‡ voir, cÕest surtout le regard de chacun de ces personnages, et comment ils recrÈent, ‡ leur maniËre, autant de fictions singuliËres. Aussi bien, la longueur du film se justi-fie pleinement, qui donne aux tÈmoins la libertÈ dÕexprimer ce regard sur le passÈ, et parallËlement de le revivre, de le rÈinvestir de lÕintÈrieur. Tout se passe comme si le cinÈaste Ètait amenÈ ‡ abdiquer le caractËre pervers de sa dÈmarche (la rÈpÈtition du temps perdu )
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pour laisser le temps sÕÈcouler ‡ so rythme, sans mÈdiation ni manipulation. Tout sÕorganise selon une durÈe cont nue, qui Èpouse les multiples ramifica tions du souvenir en Èvitant dÕisoler t ÈlÈment, de privilÈgier tel point de vue. De sorte que nous finissons, ‡ la lettre par participer nous-mÍmes ‡ ce temp re-vÈcu (jusque dans lÕentracte qui imit ironiquement la brËve pause accordÈ naguËre aux ouvriËres), par en accompa gner les moments de fraternitÈ aussi bien que les cadences aliÈnantes : il s crÈe une vÈritable empathie, qui Èlud les dÈrives spectaculaires ou simplifica trices du documentaire pour lui rendr une complexitÈ qui est bien celle d roman. Et mÍme sÕil est parfois prÈse dans un coin de lÕimage ou dans un esquisse de commentaire, la discrÈtio du rÈalisateur confirme ce respect de l rÈalitÈ, saisie dans un foisonnemen sans limites. Au fur et ‡ mesure que so point de vue se disperse dans la poly phonie des discours, il se laisse condui re au terme de cet effacement, de ce inachËvement; au-del‡ de sa quÍte d lÕicÙne primitive, et des reflets dÈfo mants que lui en renvoient les autres, il accepte quÕil nÕy ait quÕune absen Comme lÕÈcrit Edmond JabËs, ´le livr se ferme toujours sur un visage perduª. CÕest en ce sens (ou plutÙt dans cett interruption du sens) que les conven tions du reportage se trouvent dÈpas sÈes, et rÈconciliÈes avec une forme d fiction. HervÈ Le Roux sÕinscrit ain dans le sillage trËs prometteur de film commeCo˚te que co˚tede Clair Simon, ouLa Promessede Luc e Jean-Pierre Dardenne. Chez ceux-ci comme chez celui-l‡, on voit sÕÈvanou le clivage entre rÈel et imaginaire, dan la mesure o˘ lÕimaginaire est rÈinvent au plus Èpais du rÈel. Pour lÕauteur d Reprise, il importe moins de revisite lÕHistoire avec une nostalgie univoqu que dÕen accueillir toutes les implic tions, aussi subjectives et fantasma tiques soient-elles. Et ce sont ce dÈtours par le fantasme qui nous ra
nent aux origines concrËtes du mouve ment ouvrier, de ses espoirs et de ses dÈsillusions ; si un message politique se dÈgage du film, il ne peut naÓtre que d toutes ces paroles individuelles. NoÎl Herp Positif n∞ 434 - Avril 199
Entretien avec le rÈalisateur
Comment vous Ítes-vous lancÈ dan lÕaventure deReprise? LÕhistoire commence en 1981 lorsque j vois dans les Cahiers du cinÈma un photographie de cette femme qui crie. Elle est belle, IÕimage est forte et intr gante, il y a aussi le titre qui est comme le nÈgatif deLa Sortie des usine LumiËre, le film fondateur de lÕhistoir du cinÈma. Le film de 68, je lÕai dÈco vert en 1983 ‡ la CinÈmathËque, ‡ ce moment je dÈcouvre la voix et ce petit thÈ‚tre de la lutte sociale qui se joue devant la porte de lÕusine. De cett Èpoque, je ne possÈdais quÕune mÈmo re transmise, jÕÈtais ‚gÈ de dix ans e 1968.
DÕo˘ vient lÕidÈe de faire un film ‡ par de cette Èmotion ? JÕai eu dÕabord envie de montrerLReprise du travail aux usine Wonder, notamment au moment d mouvement contre la loi Devaquet, les premiËres manifestations auxquelles je ne participe pas. JÕai passÈ la limit dÕ‚ge et je mÕaperÁois que les Ètudia et les IycÈens nÕont plus les mÍme rÈfÈrences que nous dans les annÈes 7 et au dÈbut des annÈes 80 : un fil sÕe rompu dans la mÈmoire sociale jÕ envie de contribuer ‡ le renouer gr‚ce ce court-mÈtrage. Ensuite, jÕai songÈ tourner une fiction qui lÕutiliserai Finalement, il mÕa semblÈ que le mieu serait une enquÍte pour retrouver cett femme. Pas une enquÍte en vue dÕu
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ce ´cherchez la femmeª.
Au dÈbut deReprise, vous dites que les personnes filmÈes dans le film de 68 avaient droit ‡ une deuxiËme prise. Quel est le sens de cette obligation ? CÕest une maniËre de sÕopposer au cÙtÈ immÈdiat et fugace des images de la tÈlÈvision, mais aussi au fonctionne-ment du cinÈma direct qui fixe irrÈmÈ-diablement des gens. Il me semble que la contre-partie du droit du cinÈma de saisir des fragments dÕexistence est une sorte de droit de suite pour ceux qui sont ainsi capturÈs. CÕest particuliËre-ment le cas du cinÈma militant, qui sou-vent utilise des situations concrËtes comme des archÈtypes au service dÕune idÈe, celle du rÈalisateur, et ensuite les gens sont figÈs ‡ jamais dans la posture o˘ ils ont ÈtÈ surpris.
Comment sÕest mis en place le tournage du film ? JÕai pris contact avec Richard Copans, des Films dÕici; il Ètait condisciple des auteurs du court-mÈtrage en 68. Mais mon scÈnario deGrand bonheura obtenu lÕavance sur recettes, jÕai inter-rompu le projetReprisepour mÕy consacrer durant trois ans. Ensuite, je suis revenu vers Copans, qui Ètait tou-jours partant. A ma grande surprise, nous avons obtenu lÕavance sur recettes, alors quÕil Ètait impossible de prÈsenter un scÈnario puisquÕon ne savait pas du tout ce que lÕenquÍte allait donner; elle pouvait tourner court au bout dÕune semaine, par manque dÕindices, ou au contraire en trouvant aussitÙt la femme, qui pouvait Ítre devenue bien des choses... Dans le dossier je pouvais seu-lement dÈcrire le principe de la dÈmarche ´IÕhomme qui a vu lÕhomme qui a vu lÕhomme... ª
LÕavance sur recettes Ètait suffisante ? Pas complËtement, mais, au ministËre du travail, nous avons reÁu le soutien de ceux qui avaient participÈ ‡ lÕexpÈrience -
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de lÕinexistence dÕarchives audio suelles sur le monde du travail - dans le mÍme esprit, ils avaient aidÈCo˚te que co˚te, de Claire Simon. En revanche, les chaÓnes de tÈlÈvision ont refusÈ de sÕengager, on mÕa rÈpondu quÕa pareil sujet il y avait matiËre ‡ dix films. Alors que cette multiplicitÈ de thËmes fait prÈcisÈment lÕintÈrÍt du projet !
Par quels moyens amorcez-vous lÕenqu te ? LÕusine Ètait fermÈe, les archive avaient br˚lÈ ‡ lÕÈpoque de Tapie. J suis allÈ au siËge franÁais de Raiston, le repreneur de Wonder, et jÕai ÈtÈ surpri dÕÍtre bien accueilli par le patron, qui convoquÈ tous les employÈs pour vision-ner la cassette afin que ceux qui recon-naissaient quelquÕun sur lÕÈcran pui sent me donner des informations. Je rencontre aussi gr‚ce ‡ Copans, les auteurs du film de 68, puis la cellule CGT de Saint-Ouen.
Comment procÈdez-vous avec les gens que vous interrogez ? JÕappelle au tÈlÈphone, jÕexplique projet et je prends rendez-vous. JÕarriv avec la cassette du film de 68, une tÈlÈ portable, la camÈra et un micro. LÕidÈ est dÕen dire le moins possible ‡ lÕav ce, quÕil nÕy ait pas de conversatio ´offª, de partir de la dÈcouverte des images par chacun, de ses rÈactions, et de poursuivre une discussion aussi libre que possible, en plans longs, sans que le tournage parasite la parole des tÈmoins. Je dÈcouvre alors combien le film replonge tous ces gens dans le passÈ. Aucun nÕavait vu le film, mÍme beaucoup en avaient entendu parler.
Tous ceux que vous sollicitez sont dÕaccord ? Je nÕai eu que deux refus. Un a dit qu le travail chez Wonder Ètait trop dur, IÕautre quÕil avait trop souffert de la f meture, ils ne voulaient plus parler de Áa. Chez les autres, je dÈcouvre une extraordinaire envie de parler, com
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QuÕallez-vous faire ‡ prÈsent ? Je boucle mon sac ‡ dos. Je vais accom-pagner le film dans le plus dÕendroits possible pour participer aux dÈbats quÕil appelle ‡ lÕÈvidence. JÕai dÈj‡ reÁu beaucoup de demandes en ce sens.ª Jean-Michel Frodon Le Monde, jeudi 27 mars 1997
Le rÈalisateur
Journaliste et critique, collabore entre autres aux Cahiers du CinÈma, tout en participant ‡ la programmation cinÈma du Festival dÕAutomne ‡ Paris (1984/1988). Assistant-rÈalisateur sur IncognitodÕAlain Bergala, prend Ègale-ment part aux tournages des court-mÈtrages LÕOurse bleue(Marc Chevrie) etTu mÕas dit(RenÈe Falson) (1988/1990). Puis Ècrit et met en scËneGrand bon-heur, prÈsentÈ ‡ Cannes, en ouverture de la section CinÈmas en France, en 1993. Par ailleurs co-auteur, avec Gilles Cornec et Patrick Leboutte, deCinÈgÈnie de la bicyclette(Editions Yellow Now. 1995). Dossier distributeur
Filmographie
Le grand bonheur
1993
Documents disponibles au France
Traffic n∞ 21
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