Tzedek (les justes) de Halter Marek
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Tzedek (les Justes)
The rigthteousF de Marek Halter
FICHE FILM
Fiche technique
France/Pologne - 2h40 - 1993
Réalisateur :
Marek Halter
Interprètes :
36 Justes
Tzedek
Résumé Le président de la répu-
blique parle
Trois ans de recherches, un an de tournage
et plusieurs mois de montage, ont donné
Le film de Steven Spielberg fait découvrir aux
naissance à Tzedek. Tzedek raconte l’his-
Français l’exemple d’une volonté opposée aux
toire d’un homme, Marek Halter, qui, 50
forces du mal. Il vient à son heure.
ans après la seconde guerre mondiale, ne
Alors que les perversions xénophobes et
pouvant admettre que tous les hommes
racistes resurgissent près de nous, La liste
furent complices de la Shoah, part à la
de Schindler rappelle où est le crime et
recherche des Justes. On le suit pas à pas
où est la vertu . La conscience est la pre-
dans ses pérégrinations, de Varsovie à
mière justice ; le souvenir est le premier
Berlin, d’Amsterdam à Rome, de Vilnius à
devoir.
Sarajevo,jusqu’à Istanboul et Tokyo. On
Quand la barbarie dominait l’Europe, il y
participe à ses rencontres, on partage ses
eut des Justes pour dire non, pour mainte-
découvertes et ses interrogations.
nir l’esprit de résistance et de vérité. Ce
furent souvent des humbles. Leurs actes
s’accomplirent dans l’ombre au prix, par-
fois, de l’ultime sacrifice.
Marek Halter, à son tour, réalise un film,
Tzedek, où ces Justes, avant de nous quit-
ter, diront à la jeunesse du monde, avec la
modestie qui fut celle de leurs vies, I’évi-
dence des choses qu’on accomplit parce
qu’on le doit.
La République leur rend hommage. Car
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
c’est par de tels hommes, de telles seulement l’Europe puisque mon enquê- Chambon-sur-Lignon :
femmes, que ces valeurs fondatrices de te m’a mené jusqu’en Amérique, au
Marie Brottes et son vil-liberté, d’égalité, de fraternité, si sou- Japon, en Turquie, ailleurs encore. Bref,
vent bafouées, jamais acquises, conti- un monde de la dignité et de l’honneur lage héroïque
nueront de triompher. qui n’efface ni ne diminue en rien l’infâ-
François Mitterrand mie du premier et qui, à la limite même,
Marie Brottes avait trente-trois ansle rend plus infâme encore. Car enfin si
quand la guerre de 1939 a éclaté. Elledes hommes ont tendu la main à
vivait au Chambon-sur-Lignon, villaged’autres hommes, pourquoi d’autres nePropos du réalisateur
perdu dans la forêt vallonnée, sur lesl’ont-ils pas fait ? Pourquoi une majorité
contreforts des Cévennes. Elle travaillaitd’autres ne les a-telle pas suivis ? N’est-
De nombreux films, émouvants et forts, comme bonne dans les pensions de fa-ce pas la preuve que la démarche était
nous ont décrit la mort de millions de mille de la région. Une femme simple.possible, que l’apathie n’était pas inévi-
juifs lors de la seconde guerre mondiale. Une protestante convaincue. Dèstable et qu’il ne pesait aucune fatalité
De nombreux documents, riches et révé- l’enfance, on lui avait appris à garder ensur ces millions d’hommes et de femmes
lateurs, nous ont montré les bourreaux, mémoire ses ancêtres bévénols, mortsdont la chair, à Auschwitz et Treblinka fut
avant, pendant ou après leur forfait. De pour ne pas abjurer. "On ne dit pas non àtransformée en cendres et en fumée ?
nombreuses fictions, souvent déchi- Dieu", lui avait-on répété. Quand lesD’aucuns trouveront mon geste excessi-
rantes, ou grinçantes, ont su décrire persécutions ont chassé vers la zonevement optimiste. Ils auront tort. Car
cette variété du déshonneur que fut, en libre un flot de juifs venus, pour la plu-l’un n’empêche ni n’exclut l’autre.
ces années, I’indifférence, ou la préten- part, d’Europe de l’Est, et qui s’étaientJe suis, je crois, aussi bien placé que
due ignorance. Peu, en revanche, ont d’abord réfugiés à Paris, Marie a ouvertquiconque pour savoir jusqu’à quel
montré l’autre aspect de la tragédie : à sa porte. "Ni le risque d’être fusillée, nidegré d’ignominie l’humanité européen-
savoir ces autres juifs qui ont pu échap- la propagande antisémite ne m'ébran-ne fut, à cette époque, capable d’aller.
per à la mort et qui l’ont fait parce qu’ils laient, se souvient-elle aujourd’hui, àMais je suis tout aussi soucieux de rap-
ont été aidés, cachés, moralement ou physi- l’approche de ses quatrevingt-dix ans.peler que, même dans ces années
quement soutenus par des non- juifs Quand les premiers juifs sont arrivés,d’abomination et de détresse extrêmes,
lls furent de toutes sortes, ces non-juifs : de j’ai pensé aux protestants qui, avantil y eut des hommes et des femmes pour
gauche ou de droite, populaires ou bour- eux, avaient dû fuir et se cacher. J’ainous permettre de ne pas désespérer de
geois, incroyants ou croyants. pensé à la Bible : "J’ai eu faim et vousl’humanité. Ce fait aggrave plus qu’il ne
Avec, cependant, une forte dominante m’avez donné à manger ; j’ai eu soif etl’atténue la responsabilité des autres,
issue des rangs du christianisme, vécu vous m’avez donné à boire. J’étais unde tous les autres - ceux, États ou indivi-
comme exigence de solidarité et de cha- étranger et vous m’avez recueilli". Jedus, qui ont tourné la tête, laissé faire
rité. Des chrétiens, souvent des catho- n’entendais que ces paroles. “ou collaboré.
liques, que leur morale - et leur foi -
Ce film sera donc, pour ceux qui n’ont
invitaient à ce geste d’élémentaire Marie est devenue une vieille femme.pas connu la guerre, une source d’infor-
humanité. Certains risquèrent leur vie Assise à la fenêtre, dans sa cuisine, lesmation sur cette période noire de notre
pour cela. Certains la donnèrent. Ce mains posées sur la toile cirée de lahistoire. Mais surtout, il fera connaître
furent de très simples gens, souvent, qui table, elle se souvient. Ses yeux grispour la première fois les visages et les
se conduisirent, comme des héros. C’est brillent de toute l’énergie que son corpsrécits de ceux qui, avec un courage et
leur histoire que je raconte. C’est le por- a perdue au fil des ans. Avec le vieuxune abnégation exemplaire, ont sauvé,
trait de cette autre Europe que j’essaye fichu qui cache ses cheveux blancs, sonen Europe, près de 500 000 Juifs.
de brosser. C’est cette Europe étrange- tablier à fleurs, ses mains maigres etMarek Halter
ment méconnue que je veux sortir de tavelées, elle ressemble à toutes les.Dossier distributeur
l’ombre. Cinquante ans ont passé. Le grands-mères qu’on aperçoit en traver-
temps, pour deux générations, de naître. sant les villages de France, installées
Le temps, pour la génération des sur des bancs, immobiles et silen-
témoins, de disparaître peu à peu. cieuses. Marie, c’est n’importe qui. Ce
N’est-ce pas le temps pour la mémoire, que Marek Halter appelle "la banalité du
toute la mémoire, de devenir histoire ? bien". Elle est l’un des témoins qui pren-
J’ai donc rencontré une courageuse nent la parole dans son film, Tzedek.
Europe, une Europe généreuse. Et pas
L E F R A N C E
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Il y a plus d’un demi-siècle, elle sillon- plus. La nouvelle se répandait qu’au dysenterie, les méningites, la tuberculo-
nait la forêt en courant dans la neige Chambon ils trouveraient portes se tuaient les juifs par centaines. On ne
pour ramasser les vivres parachutés par ouvertes". Certains visages se sont effa- comptait plus les cachectiques. Les
les Alliés ou apporter du pain aux juifs cés de sa mémoire. D’autres sont restés Mautner sont parvenus à faire passer un
qui se cachaient aux alentours. Elle pas- gravés. Ceux des Mautner, notamment, message pour Marie : "Occupez-vous de
sait sur les routes à vélo, avec, dans le père, la mère et leur petit Bobby, cinq Bobby disait-il, nous ne le reverrons
ses poches, de faux papiers ou des ans. Des juifs venus d’Autriche et qui probablement jamais. Elevez-le dans
messages pour les maquisards, et sou- n’avaient plus rien. Arrivés au Chambon votre religion. Envoyez-nous, si vous le
riait quand elle croisait un officier alle- en l940, ils y sont restés deux ans, en pouvez des pommes de terre. Quatre par
mand. Chambon-sur-Lignon comptait changeant de cache à cinq reprises. semaine"
alors 3 000 habitants. Marie et L&

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