Je suis né le août Je m appelleRodwane Selaa et j habite Pierrefitte Enécole primaire je n arrivais pas travaillercar j étais très agité Au collège en 6e j étais toujours aussi agité mais j avais de très bons résultats En 5e c était le même problème qu en 6e C est en 4e que tout a commencé Cette année là j ai commencé être insolent envers les professeurs multiplier les heures de colle et les exclusions de cours Je n avais plus envie de rien L école m ennuyait En 3e j ai fait le triple de bêtises et j ai été exclu au conseil de disci pline la suite d une bagarre entre cités dans le collège où j avais sorti une arme un faux
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Je suis né le août Je m'appelleRodwane Selaa et j'habite Pierrefitte Enécole primaire je n'arrivais pas travaillercar j'étais très agité Au collège en 6e j'étais toujours aussi agité mais j'avais de très bons résultats En 5e c'était le même problème qu'en 6e C'est en 4e que tout a commencé Cette année là j'ai commencé être insolent envers les professeurs multiplier les heures de colle et les exclusions de cours Je n'avais plus envie de rien L'école m'ennuyait En 3e j'ai fait le triple de bêtises et j'ai été exclu au conseil de disci pline la suite d'une bagarre entre cités dans le collège où j'avais sorti une arme un faux

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Description

Niveau: Secondaire, Collège, Troisième
Je suis né le 4 août 1992. Je m'appelleRodwane Selaa et j'habite à Pierrefitte. Enécole primaire je n'arrivais pas à travaillercar j'étais très agité. Au collège, en 6e, j'étais toujours aussi agité mais j'avais de très bons résultats. En 5e, c'était le même problème qu'en 6e. C'est en 4e que tout a commencé. Cette année-là, j'ai commencé à être insolent envers les professeurs, à multiplier les heures de colle et les exclusions de cours. Je n'avais plus envie de rien. L'école m'ennuyait. En 3e j'ai fait le triple de bêtises et j'ai été exclu au conseil de disci- pline à la suite d'une bagarre entre cités dans le collège où j'avais sorti une arme, un faux Dispositif Nouvelles Chances Auto-école1 « J e … » ( s ) 1 5 4 - S E P T E M B R E 2 0 0 8 diversité v i l l e é c o l e i n t é g r a t i o n 233 L'Auto-École accueille 20 élèves qui ont pour trait commun l'ab- sentéisme et la rupture scolaire. Les élèves du dispositif sont inscrits administrativement au lycée Bartholdi de Saint-Denis mais l'Auto-École est une structure hors les murs.

  • enna en structure métal- lique

  • enna

  • cadre scolaire

  • distance avec l'histoire person- nelle

  • poumon né sur ton froid

  • auto-école


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 1992
Nombre de lectures 59
Langue Français

Extrait

J
e suis né le 4 août 1992. Je m’appelle
Rodwane Selaa et j’habite à Pierrefitte.En
école primaire je n’arrivais pas à travailler
car j’étais très agité. Au collège, en 6
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,
j’étais toujours aussi agité mais j’avais de très
bons résultats.
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.C’est
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que tout a commencé. Cette année-là,
j’ai commencé à être insolent envers les
professeurs,à multiplier les heures de colle et
les exclusions de cours.Je n’avais plus envie de
rien. L’école m’ennuyait. En 3
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j’ai fait le triple
de bêtises et j’ai été exclu au conseil de disci-
pline à la suite d’une bagarre entre cités dans
le collège où j’avais sorti une arme, un faux
Dispositif Nouvelles Chances
Auto-école
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L’Auto-École accueille 20 élèves qui ont pour trait commun l’ab-
sentéisme et la rupture scolaire. Les élèves du dispositif sont
inscrits administrativement au lycée Bartholdi de Saint-Denis
mais l’Auto-École est une structure hors les murs. Les locaux
sont prêtés par la mairie de Saint-Denis.
Afin de réinsérer les élèves, l’équipe pédagogique part de
pratiques simples ;
en début d’année des évaluations diagnos-
tiques permettent de composer des groupes de besoins non pas
en fonction de l’âge ou de la dernière classe fréquentée mais en
fonction des connaissances des élèves et de leur niveau.
Le projet
pédagogique mis en œuvre: le journal de l’élève, va
permettre aux élèves de se connaître, se «re-connaître» et de
construire leur projet personnel et professionnel.
L’objectif principal de l’équipe est de faire prendre conscience
aux adolescents de leur statut d’élève au sein d’un groupe dans
un cadre scolaire bien déterminé.
Le journal de l’élève est jalonné de différentes étapes, chacune
marquée par un mini-projet (poème, journal, autobiographie,
chanson,etc.).Cela permet à l’élève de se rendre compte qu’il est
capable d’aller au bout d’un projet et même si certains décrochent
au cours de l’année,ils ont une trace de leur passage au sein du
dispositif et sont valorisés.
Les élèves créent d’abord en atelier d’arts plastiques un person-
nage qui va faciliter une mise à distance avec l’histoire person-
nelle de chacun. À partir de ce personnage, ils vont pouvoir
parler de leur ville dans un poème «à la manière de»
L’Invitation
au voyage
de Baudelaire.Ensuite, les élèves rédigent le journal
intime du personnage en s’inspirant de celui d’Anne Frank.
De ce fait, chacun aura pu s’exprimer selon différentes modali-
tés d’écriture.
ECKRAM BEN HAMZA
, professeur à L’Auto-École de Saint-Denis
1 Voir le texte «Réussite pour tous» de Marie-Louise Debourle
p.153.
flingue. J’étais mêlé à cette histoire qui avait
démarré bêtement. Après, cela a continué et
s’est transformé en une histoire plus grosse
que personne ne pouvait comprendre. On
savait juste qu’à la fin de l’année,on se battrait
entre cités.
Mais le collège ne pardonne pas. J’ai donc été
viré. Je suis allé à l’ENNA en structure métal-
lique et j’ai continué à être insolent. Les profs
n’aiment pas les élèves comme moi. Et moi,
je n’avais pas choisi cette branche-là. Je n’ai
jamais rien compris à l’école.Quand on est en
primaire, on t’apprend à grandir et on te dit
qu’au collège, cela va être intéressant.
Moi, je parle trop et j’aime bien comprendre.
Au collège, on te demande d’écouter les profs
et c’est rare qu’on te demande de réfléchir. À
quoi cela sert de savoir ce qu’est un volcan ?
Est-ce que j’en verrai au moins un dans ma
vie ?
Et après on t’oriente. Moi, je dirai qu’on te
trouve un placard où te mettre le temps que tu
sois tellement dégoûté que tu n’iras même
plus à l’école.
J’ai donc été viré de l’ENNA.Le proviseur avant
de me virer m’a parlé d’une nouvelle école. Il
m’a dit que c’était bien,qu’il y avait des petits
groupes, que l’on travaillait en petit effectif.
Le choix c’était ou Auto-école ou le CFA ou
rien.
J’ai fait des démarches pour le CFA et des
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Lettre d’adieu
Ma ville, mon poumon
Né sur ton froid béton
Je t’envierai jusqu’à la fin
je t’aime à mourir
je t’aime à souffrir
Tellement triste de ce refrain
Mes yeux pleurent
tués par un leurre
Ils l’emportent sur mon cerveau
si peu instruit
et par la clope détruit
Je t’offre mon cœur en cadeau
Là tout n’est qu’argent et cruauté
jeunesse, faiblesse et beauté
Tu as fait de mon adolescence
une période de vice et de délinquance
Aujourd’hui je te dis
Ma jeunesse passe trop vite
sans haine, sans mépris
Je ne crois plus en l’illicite
Les séjours en prison
Et les grandes bastons
Pas un voyou qui fasse long feu
Ceci est fini
Je reprends ma vie
et la regarde droit dans les yeux
Là tout n’est qu’argent et cruauté
jeunesse, faiblesse et beauté
Ecoute mes mots
Pas les vieux ragots
Qui nous cataloguent
Qu’est ce qu’ils en savent
Ils sont les esclaves
qui naviguent en pirogue
Alors laissons-les parler
Ces gens si mauvais
tu comprendras mes adieux
Je t’écris ces mots d’amour
Malgré mon triste parcours
Tu m’as ouvert les yeux
Là, tout n’est qu’argent et cruauté
jeunesse, faiblesse et beauté
Pour toi, Pierreffite.
démarches pour rien.J’ai choisi Auto-école car
je n’ai pas trouvé de patron et je me disais que
le rien, c’était la rue donc la galère.
Il fallait bien voir avant cette fameuse Auto-
école.
Quand je suis arrivé, j’ai cru que c’était une
classe pour les fous. Les jeunes vraiment qui
n’ont plus aucun choix. Mais après, au fur et
à mesure, j’ai aimé. J’ai aimé m’instruire car
les profs nous expliquaient mieux et prenaient
leur temps. On était par petits groupes. Les
projets m’ont aussi intéressé : le théâtre,l’ate-
lier dessin, le journal et le poème. Le poème
de Baudelaire, je le trouvais beau. J’ai su dire
ce qui m’intéressait et cela a changé ma vie.
Mais depuis quelques temps, mon comporte-
ment se dégrade,je ne respecte plus les règles.
Je me dis que c’est la fin de l’année,que je peux
décompresser. Mais il y a encore du travail et
la prof de français ne nous lâche pas!!!
Avant de terminer, je voudrais dire à mes
potes, ceux que j’ai rencontrés à l’Auto-école,
ceux avec lesquels je me suis amusé que je ne
regrette rien parce que j’ai partagé beaucoup
de choses avec les profs et mes amies, et
surtout j’ai trouvé une orientation dans
laquelle je me vois bien plus tard. L’année
prochaine, j’ai demandé un CFA plomberie.
J’espère que je pourrai y aller. Imaginez-moi
dans 10 ans avec ma «petite» entreprise
car
j’ai de l’ambition. J’appréhende d’ouvrir une
entreprise en Algérie, mon pays, ma vie, mon
amie. C’est là-bas que je finirai ma vie avec
toute ma famille. Ma biographie scolaire est
finie et quiconque la lira l’aimera et surtout
sachez que je ne regrette rien car tout ce qui
se passe dans ma vie, c’est mon destin.
Je regrette juste les larmes de ma mère.
RODWANE SELAA
J’
ai 17 ans.Je suis lycéenne.Malheureusement,je ne
vis plus chez mes parents, mais en foyer. On dit
qu’un journal intime sert à dire ce qu’on ressent,
ce qu’on pense. Moi j’ai choisi d’écrire.
Souvent, quand
j’ai la sensation d’être bien ou mal, je
cherche un bout de papier,j’écris ce que je ressens.Je n’ai
pas une vie facile même si je suis jeune.Tu me diras que
j’ai toute ma vie devant moi.Je suis ravie de te laisser
mes
confidences.
Je vis au foyer car j’ai un enfant de quinze mois.
Malheureusement, je n’ai personne à qui raconter toute
ma vie. J’ai
peur de dire des choses… Du moins, j’ai peur
de la réaction
des personnes.Je n’ai
pas confiance
en moi
et je fais pas confiance aux personnes avec qui je parle.
Je décide de te faire confiance, à toi, en te racontant tout
ce que j’ai dans le cœur, c’est la première fois que je me
confie à quelqu’un.
En même temps, je voudrais ne rien oublier de ce que je
vais te raconter car je voudrais le transmettre à la
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personne qui compte le plus dans ma vie, toi,
mon fils.
Je vais te raconter une chose qui m’a marquée.
C’était
le13 août 2004. Je n’étais pas chez ma
mère,mais en fugue en plein mois
de janvier.
Cela faisait 2 ans que je n’avais pas vu ma
famille.Encore le deuxième
Noël et hiver sans
ma famille. Mais bon… C’était la période de
joie pour les gens mais pour moi c’était de la
tristesse. J’étais toute seule mais avec une
chose étrange que j’imaginais dans ma tête…
Tout le temps,mon bébé me mettait des coup
de pied pour me dire qu’il était là. Je trouvais
étrange
d’avoir un être vivant dans mon corps.
Le soir, je lui disais : «Ne t’inquiète pas,
maman
sera toujours là pour toi.»
Je me faisais une idée de lui,mais je n’arrivais
pas à
l’imaginer.
Pas de suivi de grossesse. Rien. J’achetais des
livres sur l’accouchement,L’enfant.Puis,je les
lisais le soir seule chez l’ami qui m’hébergeait
dans une chambre d’amis.
Le soir de mes premières contractions,j’étais
dans les toilettes et j’ai senti une douleur
insupportable.
STÉPHANIE
Ma ville, mon ghetto
Ici rien n’est beau
C’est la violence qui règne
Je te déteste
Tu es ma peste
Car à cause de toi, je saigne
La haine de ces gens
Qui sont déprimants
Me donne envie de partir
Des rêves noyés
Et mes ailes coupées
M’empêchent de m’épanouir
Là tout n’est que misère,
tristesse, ennui et galère
La circulation
et la pollution
Font de ma vie un cauchemar
Ici tout est bruyant.
Tout est perturbant
D’où les nombreux radars
Dans la pauvreté,
dans l’absurdité
de ce quartier innocent
Trop de délinquance
Trop d’arrogance
Marre de ces adolescents.
Là tout n’est que misère
Tristesse, ennuie et galère
Je veux m’évader
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