ASYMETRIE D INFORMATION ET CONTRATS BANCAIRES
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ASYMETRIE D INFORMATION ET CONTRATS BANCAIRES

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Journées de Microéconomie Appliquées 1998
ASYMETRIE D'INFORMATION ET CONTRATS BANCAIRES :
L'INTERET DES "PRETS-TESTS"
Robert KAST* et Valérie MOLKHOU* Mars 1998
Classification JEL : D82, D83, D92, G20, G21, L14, L15
1
*Groupement de Recherche en Economie Quantitative d'Aix-Marseille GREQAM, Centre de la Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 MARSEILLE, Tel. : 04.91.14.07.27, Mail : Kast@ehess.cnrs-mrs.fr et Molkhou@ehess.cnrs-mrs.fr MOTS-CLES :Asymétrie d'information, Sélection contraire, Risque moral, Révision bayésienne, Crédit bancaire, Contrat, Relation Principal-Agent, Banque, Petite et Moyenne Entreprise, Crédit à court-terme répété.
RESUME :
2
Dans le cadre du contexte français actuel, les PME qui ne peuvent pas s'autofinancer et qui n'ont pas accès au marché financier (trop petit chiffre d'affaire) sont fortement dépendantes des banques. Elles rencontrent des difficultés à se faire reconnaître à leur juste valeur du fait d'une asymétrie d'information. Celle-ci est à la source de phénomènes d'anti-sélection et d'incitations contraires qui peuvent conduire les banques à une mauvaise appréciation du risque-PME. Dans cet article, on montre que la banque peut proposer aux PME des prêts-tests à court-terme, afin de réduire les asymétries d'information et d'effectuer une sélection adéquate malgré la présence simultanée de risque moral et d'information privée. Elle procède à un enchaînement de prêts-tests spécifiques sur deux périodes. Nous construisons des contrats qui séparent les problèmes de sélection d'un type de risque-PME de ceux concernant l'incitation à faire un effort ponctuel. Dans un premier temps, la banque propose un prêt-test en vue d'observer des signaux sur le type de risque-PME; ensuite, elle propose un second prêt pour observer des signaux sur son niveau d'effort. Grâce à ces deux prêts-tests, le principe Bayesien lui permet d'améliorer sa structure d'information (sur la firme). En conséquence, elle peut s'engager et offrir des contrats aux meilleures conditions.
KEY-WORDS :Adverse Selection, Moral hazard, Bayesian Updating, CreditAsymmetric information, banking, Contracts, Principal-Agent, Bank, Small firm, Short Term Repeated Contracts.
ABSTRACT :
In France, the present situation of small firms which are short of self-financing opportunities and cannot sell stocks on the financial markets is that they are completely dependent on banks. Asymmetric information makes it difficult for them to be properly valued. Adverse selection and moral hazard can induce banks to biased estimation of small firms risks. In this paper we show that banks can offer short term test-loans in order to reduce asymmetric information and to make a proper selection in the presence of moral hazard and adverse selection. They offer a sequence of specific test-loans over two periods. We construct contracts which separate small firms risk-types from effort incentives. The first test-loan allows the bank to observe a signal on the small firm risk-type, then the second test-loan yields a signal which makes the bank able to judge effort levels. Thanks to those two test-loans, Bayesian updating improves the bank's information structure. As a consequence, the bank is able to accept a new client and to offer long term contracts under better conditions.
I. INTRODUCTION :
De nombreux auteurs ont déjà montré que l'asymétrie d'information est à la source de phénomènes d'anti-sélection et d'incitations contraires (ou risque moral)1peut, par exemple, aboutir à ce qu'une banque offre. Elle du crédit sur la base d'un même taux d'intérêt (incorporant une prime de risque moyenne) à des entreprises présentant des niveaux de risques différents. Elle est en particulier à la source de phénomènes d'anti-sélection et d'incitations contraires qui peuvent conduire les banques à un mauvais discernement (et à l'extrême, à une trop forte sélectivité , ou, à l'inverse, à un soutien abusif en matière d'octroi de crédits aux PME2). Dans le cadre du contexte français actuel, les PME, quand elles ne peuvent pas s'autofinancer, sont fortement dépendantes des banques et n'ont que peu d'opportunités alternatives de financement. Un grand nombre de PME n'ont pas accès au marché financier (trop petit chiffre d'affaire) et ont plus de difficultés que les grandes entreprises à se faire reconnaître à leur juste valeur.
3
Lorsqu'une banque doit prendre la décision de prêter à une PME qu'elle ne connaît pas, elle peut consulter les derniers documents comptables de l'entreprise ainsi que certaines banques de données informatiques (comme celles de la Banque de France) afin de se faire une première idée "a priori" de la PME. Cela permet à la banque de repérer rapidement les très bonnes et les très mauvaises PME. Mais, que penser des autres PME ? Celles qui ne sont ni très bonnes, ni très mauvaises? Pour bon nombre de celles-ci, faute d'informations suffisantes, la banque peut être incapable de dire si les résultats de l'entreprise sont dus à son type (sa qualité) ou à un concours favorable de circonstances, ou bien plus simplement à des efforts ponctuels de la PME (et sur lesquelles la banque espère pouvoir alors jouer). Lorsque les banques hésitent ainsi sur le risque que présente une PME, la plupart préfèrent ne pas s'engager à long-terme auprès d'elle. L'asymétrie d'information apparaît donc comme étant préjudiciable, tant pour les entreprises (susceptibles d'être rationnées) que pour les banques (qui n'arrivent pas toujours à vendre leur crédit à un juste prix tenant compte du risque des débiteurs). Partant de ce constat, la théorie des contrats s'est interrogée sur la manière d'enrichir les contrats offerts de façon à séparer les "bons" risques des "mauvais", à l'instar de ce qui se pratique sur le marché de l'assurance. Comme l'explique F. LOBEZ (1997), cette offre appropriée permet de séparer les diverses entreprises sur la base du choix qu'elles font d'un contrat particulier dans un ensemble structuré à cette fin. Ainsi, nombreuses analyses mettent-elles en exergue la capacité de certaines variables à séparer les risques ou encore à inciter à rembourser : le taux d'intérêt, les garanties, les collatéraux. On peut, par exemple, citer les travaux de STIGLITZ et WEISS (1981,1983 et 1992), ceux de STIGLITZ et ROTSCHILD (1976) ou encore de BESTER (1985), cette liste n'étant pas exhaustive. Dans un même souci de sélection et d'incitation, STIGLITZ et WEISS (1983), puis LOBEZ et GILLES (1992) mettent en évidence les vertus du rationnement du crédit à l'instar de ce qui se pratique en matière d'assurance (où la franchise peut être vue comme un rationnement potentiel). Pour YAARI et RUBINSTEIN (1983), ce n'est pas la crainte d'un rationnement qui incite les clients mais c'est cette fois l'attrait d'une possible réduction : pour éviter l'inefficience induite par l'aléa moral, ils montrent l'intérêt qu'ont les assurances à offrir des réductions aux clients qui possèdent de bons records chez elles. La littérature économique relative aux contrats a donc déjà proposé quelques solutions en vue d'améliorer les capacités de sélection des emprunteurs par les banques, soit en présence d'information privée, soit en présence de risque moral.
Cependant, lorsqu'on se trouve en présence des deux phénomènes à la fois, les choses se compliquent considérablement : Comment une banque va-t-elle pouvoir trier entre les diverses PME sans savoir déceler si de mauvais rendements sont dus à la qualité trop risquée de la PME ou simplement à un manque ponctuel d'efforts, (une démotivation ponctuelle, par exemple) ?
LAFFONT et TIROLE (1988) ont étudié cette éventualité appliquée à un autre cas que celui des banques et ont montré la difficulté à sélectionner en situation de hasard moral et d'information privée simultanée. STIGLITZ et WEISS (1992) ont montré qu'il pouvaient exister dans ce cas des équilibres mélangeants : où les risques hauts et bas empruntaient aux mêmes taux.
                                                       1Voir BESTER H. (Sept 1985), BHATTACHARYA S. (Juil 1992), BHATTACHARYA S. et THAKOR A.V. (1994), STIGLITZ J.E. et WEISS A. (Juin 1981). 2Ils sont d'autant plus importants qu'il s'agit du financement des PME. En effet, l'acception commune tend à faire passer les PME pour plus risquées que les grandes entreprises, ce qui n'est, somme toute, pas évident.
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