Les degrés d iconicité diagrammatique dans le lexique  - article ; n°1 ; vol.1, pg 227-234
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Description

Faits de langues - Année 1993 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 227-234
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Linda R. Waugh
Les degrés d'iconicité diagrammatique dans le lexique
In: Faits de langues n°1, Mars 1993 pp. 227-234.
Citer ce document / Cite this document :
Waugh Linda R. Les degrés d'iconicité diagrammatique dans le lexique . In: Faits de langues n°1, Mars 1993 pp. 227-234.
doi : 10.3406/flang.1993.1058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1993_num_1_1_1058Les degrés
d'iconicité diagrammatique
dans le lexique
LINDA R. WAUGH*
1 I morphèmes
Les études récentes en linguistique avancent que la grammaire est ico-
nique, mais que le lexique est arbitraire (Haiman, 1985, 104, voir la bibli
ographie générale). La présente étude (une version très abrégée de Waugh,
1992) se concentre sur le lexique de la langue anglaise dans une tentative de
montrer, premièrement, que les sons spécifiques utilisés pour former des
mots nous fournissent des indications sur le sens de ces mots — qu'il y a
iconicité — ; et, deuxièmement, que ces indications sont fortement
contraintes en raison de la polysémie lexicale — la conséquence en est que
cette iconicité lexicale n'est que partielle.
Nous nous concentrerons sur un seul des trois types d'iconicité, l'iconicité
diagrammatique : « Les icônes qui représentent les relations des parties d'une
chose par des relations analogues dans leurs propres parties sont des di
agrammes » (Peirce, 1902, 1978, 149). La relation particulière que nous étudie
rons est la récurrence du son et du sens à travers les mots. Il en résulte l'iconi-
♦ Cornell University.
Faits de langues, 1/1993 Linda R. Waugh 228
cité — en particulier, le sous-type d'iconicité diagrammatique que l'on ap
pelle la motivation — étant donné que le sens du mot est fonction du sens des
éléments qui le forment (que le sens est compositionnel). Cette relation — une
forme - un contenu (le principe de l'isomorphisme) — est à la base de l'ana
lyse des mots en morphèmes. Par exemple, dans des mots comme water (eau),
watery (aqueux) — cf. rain (pluie), rainy (pluvieux) — il y a une relation di
agrammatique entre water et watery, résultat de la racine commune water et du
suffixe dérivationnel -y. Le lexique présente une véritable richesse de telles
icônes diagrammatiques. Toutefois, il y a beaucoup plus de motivation dans
le lexique que celle due aux morphèmes traditionnels.
2 | SOUS-MORPHÈMES, PHONESTHÊMES, RELATIONS D'AFFINITÉ
L'approche avec laquelle la linguistique analyse la structure interne
d'un mot repose sur le morphème traditionnel. Cependant, dans le cas d'un
mot comme jolly (joyeux), on ne peut pas donner une définition к joli-, bien
que ce mot semble contenir -y (cf. rainy). Ceci veut dire que les linguistes
ont été pris au piège, celui de supposer que si un élément d'un mot est mor
phologique (-y), l'autre élément doit l'être également (*joll). Seulement,
les éléments peuvent exister au sein des ensembles sans que le reste de l'e
nsemble ne soit divisible en éléments. De ce fait, un mot comme rainy qu'on
peut segmenter en morphèmes représente tout simplement un cas plus spé
cifique du principe général qui dit qu'un mot peut avoir une certaine struc
ture interne, partielle peut être (par exemple, jolly).
Un examen iconique du lexique dévoile beaucoup d'autres exemples de
structure partielle. Parmi ces exemples, on trouve le sous-morphème, un
élément récurrent qui caractérise un ensemble de mots bien délimité dans
lesquels le reste du mot n'est pas morphémique. On cite plusieurs cas de ce
type : par exemple, il y a une relation diagrammatique entre brother (frère)
et autres termes de parenté tels que mother (mère) et father (père) parce
qu'ils ont ther (ère) en commun (Jakobson, 1966, 354) ; le /hw/ initial des
mots qui commencent par « wh » (cf. « qu » en français) est associé aux ad
jectifs/pronoms interrogatifs what (quoi), why (pourquoi), when (quand),
where (où), which (lequel), wheter (si), how (comment) et who (qui) (Jakob
son et Waugh, 1979, 59 ; 1980, 71) ; et ainsi de suite. Il y a cependant d'aut
res relations diagrammatiques qui caractérisent des groupes de mots qui
sont encore plus étendus. Celles qui ont été le plus étudiées sont basées sur
les phonesthèmes, comme l'initiale /fl/ qui exprime le mouvement et caract
érise un groupe de mots comme dans : flap (battre), flee (s'enfuir), flicker Lexique : iconicité diagrammatique 229
(vaciller), flow (couler), flutter (voleter), etc. En plus, il y a des relations
d'affinité (word-affinity relations) — des récurrences de la relation forme-
sens à travers les groupes de mots. Ainsi, rumble (gronder) et mumble (mar
motter) se partagent partiellement et la forme et le contenu, aussi bien que
mumble et mutter (grommeler), sputter (bredouiller), flutter (voleter), flitter
(voltiger), glitter (scintiller), et ainsi de suite (Bolinger, 1950, 220). Sans
doute, ceci est en partie un reductio ad absurdum 203), mais
le fait est là, un grand nombre de telles associations ne sont pas artificielles.
Bien qu'il existe encore plusieurs autres types d'exemples de relations d'affi
nité entre les mots que je n'ai pas discutés, il est évident que l'iconicité di
agrammatique caractérise beaucoup de mots dans le lexique anglais. En effet,
Householder (1946, 83) affirme que dans les mots monosyllabiques avec la
voyelle accentuée /л/ à peu près 75 % des de l'anglais standard et
presque tout le lexique dialectal ou bien sont basés sur des phonesthèmes
ou bien appartiennent plus généralement à des relations d'affinité entre les
mots ; 16 % des autres mots de l'anglais standard « peuvent être associés »
avec des phonesthèmes ; et seuls 9 % sont « clairement et complètement ar
bitraires, leur sens n'étant pas affecté par le son ».
Malheureusement, de telles analyses sont trop fortes pour le lexique an
glais, car il y a diverses contraintes sur l'iconicité comme nous allons le dé
montrer ci-dessous.
3 | CONTRAINTES SUR L'ICONICITÉ DIAGRAMMATIQUE
II y a plusieurs forces qui réduisent les mécanismes du principe isomor-
phique dans le lexique ; en particulier, nous sommes partis d'une hypothèse
— que toute récurrence de forme est motivée — qui s'avérera fausse, et
pour au moins deux raisons.
3.1. Morphèmes, sous-morphèmes, phonesthèmes, relations d'affinité
La première raison est que les récurrences de forme à travers les mots ne
sont pas toutes significatives. Et la responsabilité incombe à la conception
standard du morphème qu'on a appliquée à des phénomènes très différents.
D'une part, il y a des éléments diagrammatiques motivés qui manifestent une
relation nette entre forme et contenu : par exemple, la racine rain et le suffixe -y
de rainy. D'autre part, un mot peut avoir des composants formels internes qui
ont un rapport moins direct avec le sens : par exemple, résidus non morpholog
iques (tel que joli de jolly), éléments sandhi de jonction (tels que le -o- de 230 Linda R. Waugh
morph-o-syntactique), composants formels dans des mots empruntés à une
autre langue (tels que ceive/cept) dans des mots empruntés du latin (receive (re
cevoir), reception (réception), etc.), composants formels qui sont le résultat
d'une perte de motivation dans l'histoire d'une langue (comme dans le mot un
derstand (comprendre) où le sens actuel de understand n'a rien à voir ni avec
under (sous) ni avec stand (se tenir debout). Aucun de ces composants formels
n'est identique aux morphèmes significatifs discutés plus haut.
On doit ajouter toutefois que ces composants formels ne sont pas iden
tiques aux éléments purement phonologiques non plus, car ils ont une plus
grande potentialité de devenir associés à un contenu. Pour cette raison, on
les appellera semi-morphèmes. Plusieurs semi-morphèmes gardent pendant
longtemps ce statut intermédiaire (par ex. les éléments ceive/cept). Il existe
cependant des cas de ré-motivation, où, par exemple, un semi-morphème
peut devenir un morphème, par exemple l'élément mini- (comme dans minis
kirt (mini-jupe)), devenu récemment populaire et qui a pour origine min
imum (plomb rouge — à la base du mot miniature).
Ceci semble suggérer qu'on doit reconnaître au moins trois types d'él
éments : 1) (sous-)morphèmes, phonesthèm

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