Niels MARTIN
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  • cours - matière potentielle : test
1 Niels MARTIN , tél. 06 30 92 11 54 Jean-François Daller , tél. 06 77 19 33 08 Université Joseph Fourier Grenoble – Laboratoire Pacte Territoires. CERMOSEM, Domaine Olivier de Serres, 07170 MIRABEL La figure de l'après tourisme pour (re)penser l'habiter en milieu rural Mots clés : Mobilités, migrations, après tourisme, habiter, récréation, hybridation.
  • tension entre reconversion résidentielle de lieux touristiques
  • migrations d'agrément
  • espace domestique
  • style de vie
  • sens économique
  • zone rurale
  • zones rurales
  • individu
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  • lieu
  • lieux
  • maison
  • maisons
  • tourisme
  • tourismes

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Langue Français

Extrait


Niels MARTIN
niels.martin@orange.fr, tél. 06 30 92 11 54
Jean-François Daller
jeffdaller@gmail.com, tél. 06 77 19 33 08

Université Joseph Fourier Grenoble – Laboratoire Pacte Territoires.
CERMOSEM, Domaine Olivier de Serres, 07170 MIRABEL


La figure de l'après tourisme pour (re)penser l'habiter en milieu rural

Mots clés : Mobilités, migrations, après tourisme, habiter, récréation, hybridation.
Résumé :
Au-delà des phénomènes bien connus de péri-urbanisation, les derniers chiffres des
recensements de population montrent un renouveau de la population rurale dans les
espaces les plus isolés. Cette tendance semble par ailleurs se vérifier dans la plupart
des pays occidentaux. Au travers de l’exemple des montagnes françaises, on essaiera
de qualifier et d’illustrer ces nouveaux phénomènes de « migrations d’agrément », et
d’esquisser le portrait d’individus ayant choisi ce type de trajectoire de vie. Avec, en
filigrane, la volonté de comprendre comment le tourisme sert de « filtre » pour
expérimenter un territoire, pour aller « au-delà du tourisme », vers l’habiter.
Nul n'ignore que depuis les années quatre-vingt-dix environ, la France est devenue la
première destination touristique au monde (81,7 millions de touristes en 2008), mais
aussi le pays le plus régulièrement classé au premier rang du Quality of life index, qui
désigne chaque année « le meilleur endroit du monde pour vivre ». Si, comme le dit
Jean Viard, "le tourisme est le marqueur essentiel de la mise en désir des lieux (…), une
toile tendue à côté des stratégies publiques d’aménagement du territoire encore
largement dominées par la culture du travail et du logement" (Viard, 2006), on peut alors
lever le voile sur un profond changement du rapport au territoire des individus. La
logique traditionnelle où l'on choisirait son lieu de résidence par rapport à son lieu de
travail et où l’on se déplacerait vers son lieu de loisir tend à se morceler, pour aller vers
des stratégies résidentielles privilégiant l'agrément, voire vers de multiples "entre-deux"
tels la "multi-appartenance territoriale" (phénomènes de bi-résidence par exemple)
d'individus devenant "géographiquement pluriels" (Stock 2004), c'est à dire capables de
s'impliquer sur différents lieux. Le tourisme agirait ainsi comme une sorte de révélateur,
comme un spot braqué sur un territoire qui le mettrait en désir ; ce même tourisme
devient de fait un excellent moyen pour « tester » un territoire avant de s’y installer.
1

Un phénomène nouveau de migrations d’agrément : vers un après tourisme ?
En observant simplement les chiffres de population dans les zones rurales (données
RGP INSEE), on ne peut que constater depuis deux décennies un renouveau des
populations rurales dû essentiellement au solde migratoire, et des flux migratoires qui
tendent à suivre les flux touristiques, de même d’ailleurs que les installations
d’entreprise. Cette tendance pourra être illustrée par l’exemple de la région Rhône-
Alpes (cf. cartes ci-dessous), où l’on observe assez nettement le renversement
progressif du solde migratoire entre 1968 et 2007 sur les cantons éloignés des grandes
1agglomérations .



L'hypothèse pour expliquer ce "nouveau modèle de développement hors
métropolisation" (Talandier, 2007) est que nombreux sont ceux qui ont intégré la

1 A noter que le zonage de ces cantons montagnards « hors métropolisation » peut être considéré comme partial ; la
définition de « montagne » faisant débat chez les géographes. Pour ce qui est de la métropolisation, nous nous
sommes appuyés sur Talandier (thèse, 2007).
2
dimension héliotropique, hédonique, ou tout simplement « vacances » à leur mode de
vie, choix régionaux et résidentiels. De surcroît, cette allusion aux changements de
modes ou de styles de vie nous invite à relier (ou inclure) ce phénomène à des
changements sociétaux plus profonds. Il est tentant alors de convoquer, selon les
auteurs, de nouvelles figures sociétales en débat, telles que post-modernité ou trans-
modernité. Sans entrer dans ces discussions qui heurtent les paradigmes sociologiques,
on pourra tout de même dessiner trois grandes tendances :
1. Les vacances ont radicalement changé notre mode de vie : la culture du loisir (du
latin licere, être libre) initiée depuis le Front Populaire nous a progressivement
invité à modifier notre rapport au travail et au temps libre.
2. Il est dans l’air du temps de mettre davantage en cohérence nos valeurs et notre
style de vie : le monde s’ouvre aujourd’hui à « de nouvelles valeurs plus
féminines, plus respectueuses de l’environnement et ouvertes à l’esthétique et à
2la dimension spirituelle de la vie » .
3. On constate un repli vers le chez-soi, vers son « habiter » : cette tendance peut
notamment se vérifier par les évolutions de l’aménagement de la maison, qui
aujourd’hui doit davantage être considérée par le sens américain « home », plutôt
3que « house ». Ces aménagements, qui traduisent des « styles d’habiter » , ne
réservent plus la maison au cercle familial, mais l’ouvre au contraire au cercle
amical, voire professionnel (chambre d’ami, bureau, grands espaces de vie, bar,
cuisine américaine, barbecue…).

Il s'agit aussi, conjointement, de prendre acte de la mise en mobilité de nos vies, de
l'augmentation de notre "capital temps libre" (Viard, 2006), et d'une hybridation
croissante entre travail et loisirs, lieu de travail et lieu de résidence, quotidien et hors
quotidien, Ici et Ailleurs, temps travaillé et temps libre.
De fait, ce phénomène nouveau transgresse les théories néo-classiques de la migration.
4Selon E.G. Ravenstein (1885), inventeur des modèles gravitaires, les « lois de la
migration » tiendraient en deux variables :
1. Les facteurs économiques sont la principale motivation de la migration
2. Les jeunes de moins de trente ans sont la population la plus mobile.


2
Marc LUYCKX « Le rôle de l'expert : participer au réenchantement du monde », Reflets et perspectives
de la vie économique 1/2002 (Tome XLI), p. 89-99.
3
Voir JF STASZAC 2004 : « Espaces domestiques. Construire, habiter, représenter », Paris, Bréal, 468 p.
(avec B. Collignon).
4
ERNST GEORG RAVENSTEIN : « Les lois de la migration ». British Royal Statistical Society, 1885
3
Sophie Gonnard, dans sa thèse (2006), a pu démontrer que les tendances actuelles
renversent très nettement ces deux affirmations : elle note par exemple que « les
régions moins avancées sur le plan économique mais bénéficiant d’un cadre de vie
agréable peuvent devenir attractives aux yeux des migrants actifs qui ne seraient plus
pénalisés en terme de revenu en s’installant dans ces régions », mais aussi que ces
mêmes actifs sont prêts à accepter des diminutions de revenus pour privilégier des
aménités relatives à l’agrément. Ce que confortent aussi les approches de la migration
dites « d'équilibre versus déséquilibre » (Cebula et Vedder 1973, Kahley 1991) : les
individus sont prêts à accepter des revenus moins élevés à condition d'être compensés
par une gamme d'aménités étendue. Quant à la deuxième « loi » de Ravenstein, si
Gonnard indique que les « jeunes » restent la population qui migre le plus en valeur
absolue, les migrations dans les campagnes sont le fait d’individus plus âgés, ce qu’a
très nettement mis en avant Françoise Cognard (thèse, 2010). Nous sommes donc bel
et bien en face d’un renversement des tendances migratoires et des modèles qui y sont
associés.
Pour qualifier le phénomène, la communauté scientifique est encore hésitante sur les
concepts. Les chercheurs américains, qui étudient ces migrations depuis une trentaine
d’années, s’entendent sur le terme d’ « Amenity migration » (Moss, 2004), que l’on
traduirait de manière strictement littérale par « migrations liées aux aménités ». Dans la
communauté scientifique française, cett

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