Opéra Garnier

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Opéra Garnier

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• Publié par: ulinoful
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• Langue: Français

Extrait

Lorsque Brigitte Lefèvre offrit à José

Martinez de chorégraphier

« Les En-

fa n t s du Paradis »

,

l’aventure semblait

ardue : s’attaquer à un mythe n’est

jamais facile. Le film est en eff e t

considéré comme un grand classique

du cinéma français ; le chef-d’oeuvre

de Carné bercé par les mots de Pré-

vert.

Le danseur étoile, avec l’intelli-

gence qui le caractérise, releva le défi

et reconstitua le Paris de 1840, et sur-

tout ce mythique « b o u l e v a rd du

crime » qui se prête à merveille à une

adaptation chorégraphique. C’est une

oeuvre foisonnante, bouillonnante, et

pleine de vie que nous a offert Mon-

sieur J. Martinez. Du grand spectacle,

un pur divertissement, au sens noble

du terme. Les costumes imaginatifs

créés par Agnès Letestu ainsi que la

musique efficace de M.-O. Dupin

contribuèrent à cette réussite.

L’intrigue est la suivante : deux ar-

tistes, Baptiste Deburau et Frédérick

L e m a î t re, se disputent l’amour de

Garance, laquelle devient la maître s s e

du comte de Montray tout en conti-

nuant d’aimer Baptiste. Nous avons

pu assister à plusieurs distributions.

Mathieu Ganio, gracieux et fragile,

lunaire et musical, campa un Baptiste

inoubliable. Sa pantomime fut un

beau moment de danse et de poésie.

Mathias Heymann offrit de même

une belle performance: son Pierrot

exploita toutes les subtilités psycho-

logiques dévolues au rôle. Ce noble

danseur est l’une des plus belles pro-

messes de l’Opéra. Isabelle Ciaravola

fut une Garance gracile et soumise au

Destin. Eleonora Abbagnato fit pre u v e

de panache et de gouaille. Belle et

fière, elle attira tous les regards, sur

scène et hors scène ! Ludmilla Pa-

gliero, dotée de magnifiques ports de

bras, fut émouvante. Muriel Zusper-

reguy et Christelle Granier fure n t

deux Nathalie époustouflantes, fem-

mes aimantes mais mal aimées par

Baptiste. Alessio Carbone fut un fou-

gueux Lemaître plein de superbe qui

ravit le public. Josua Hoffalt et Julien

Meyzindi montrèrent cette même

pétulance indispensable pour endos-

ser le rôle. Le personnage du truand

Lacenaire fut divinement interprété

par Benjamin Pech. Avec sa danse

tortueuse, inquiétante et sensuelle, il

hypnotisa l’auditoire.

Vincent Chaillet et Sébastien Bertaud

s’approprièrent le rôle avec une fer-

veur qui souligne un rare potentiel.

Caroline Bance en Madame Hermine

fut savoureuse à souhait. La dimen-

sion du « théâtre dans le théâtre » fut

savamment exploitée. L’entracte de-

vint ainsi prétexte à un beau morceau

d’esthétisme dans l’escalier de Gar-

nier : Alessio Carbone, Miteki Kudo

ou Charline Giezendanner se taillè-

rent un franc-succès dans l’interpré-

tation d’une scène d’

« Othello »

. Le

chorégraphe sait s’adapter aux dan-

seurs et pense en fonction de ses

interprètes : une synergie qui aboutie

à un réel engagement des artistes. La

création de «

Robert Macaire

», ballet

aux accents balanchiniens, en est la

meilleure preuve

: Sara Kora Daya-

nova, Aubane Philbert, Peggy Dur-

sort, Daniel Stokes et tant d’autres

semblent habités par la joie d’être sur

scène, tout simplement. La scène du

bal, fastueuse et onirique, permit à

tous de montrer l’élégance de l’Ecole

Française. Riche d’influences musi-

cales et chorégraphiques diverses,

interprétée par une troupe totale-

ment investie dans le challenge, cette

adaptation est une belle réussite.

Grâce à José Martinez, l’oeuvre de

Carné connaîtra désormais une exis-

tence en marge du grand écran.

Marie-Astrid GAUTHIER

Opéra Garnier

« Les Enfants du Paradis »

Ou le boulevard du rêve

I. CIARAVOLA et M. GANIO

I. CIARAVOLA et M. GANIO

DANSE LIGHT MAGAZINE n° 75

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I. CIARAVOLA