Un mariage en couleur

Bruno Gal

Description

Pensez donc ! la rencontre improbable d’un paysan du fin fond des Alpes-de-Haute-Provence avec une femme noire surgie des bois bordant une route de campagne enneigée un soir glacial de réveillon, ce n’est quand même pas courant. Cette rencontre va pourtant bouleverser la vie de ces deux êtres oubliés par la fée du bonheur. S’unir pour enfin vivre l’un avec l’autre et fonder une famille fut un véritable parcours initiatique.

Informations

• Publié par: bruno-gal
• Publié le: 14 septembre 2014
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français

Extrait

Un mariage en couleur



Une nouvelle de Bruno Gal




En couverture,
Paysage de Haute-Provence,
Une œuvre de Louis-Jean Gal



Liste des chapitres
_______

Préface (Page 3)

La vie là-haut dans les collines (Page 4)

Sortie du bois (Page 6)

Les Aristide (Page 10)

Louisette (Page 15)

La fête de Noël (Page 17)

L’action solidaire (Page 21)

Trouver une solution pour Thérèse (Page 27)

La présentation (Page 33)

La vie à deux (Page 40)

Un dimanche devant l’église (Page 43)

La garde à vue (Page 47)

Grâce au soutien des amis (Page 53)

Sébastien prend l’avion (Page 59)

Les retrouvailles à Douala (Page 64)

La vie de quartier (Page 70)

En accord avec l’esprit des ancêtres (Page 78)

En accord avec la religion (Page 84)

Formalités du mariage (Page 87)

Le mariage à Douala (Page 93)

Revenir pour l’attendre (Page 97)

Une attente interminable (Page 102)

Un mariage en couleur peu ordinaire (Page 110)


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Préface
_______

Pensez donc ! la rencontre improbable d’un paysan du fin fond des
Alpes de Haute-Provence avec une femme noire surgie des bois
bordant une route de campagne enneigée un soir glacial de réveillon,
ce n’est quand même pas courant. Cette rencontre va pourtant
bouleverser la vie de ces deux êtres oubliés par la fée du bonheur.
S’unir pour enfin vivre l’un avec l’autre et fonder une famille fut un
véritable parcours initiatique. La chanson le dit pourtant : « les
histoires d’amour finissent mal, en général ! » Mais cette fois-ci,
Cupidon ne les loupa pas, il leur planta une flèche en plein cœur.
Ils réussirent à vaincre tous les obstacles de la loi et bien des abus de
pouvoir.
Dieu ou les ancêtres, on n’a jamais su exactement d’ailleurs, s’en
étaient mêlés. Ces ancêtres en particulier furent fortement impliqués
et durent même employer des moyens un peu tordus. Mais enfin, il
fallait ça ! Car harmoniser l’âme du dernier rejeton issu d’une lignée
de libres penseurs, réfractaire à toute idée d’influence paranormale,
avec celle d’une jeune femme dévote et imprégnée de culture africaine,
ce n’était pas gagné d’avance.
Mais c’est bien connu, l’amour fait parfois des miracles. Et c’est tant
mieux, ainsi il nous étonnera toujours et restera insaisissable à tous,
même à ces marchands de bonheur prémâché qui envahissent
Internet.
En fin de compte, ils eurent de la chance, une chance, que bien
d’autres dans leur cas n’eurent jamais. Mais cette chance, n’était-elle
pas aussi le fruit de la solidarité ?


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La vie là-haut dans les collines
_______

Sur les contreforts du Lubéron, entre Vachère et Oppedette, il y avait
une ferme remarquable avec son grand toit en lauze, d’où la vue sur
Lure et le Contadour était magique.
Pourtant derrière cette vision idyllique, se cachait une vie dure faite
de pauvreté et de solitude.
Dans ce mas isolé vivait Sébastien Chapus, dernier descendant d’une
lignée de paysans accrochés à leur bout de terre stérile et
caillouteuse.
Sa mère, la Louisette était toujours en vie. Mais vu son grand âge, elle
n’avait pu rester isolée là-haut plus longtemps. Au début, elle eu
beaucoup de chagrin de quitter sa maison, mais rapidement, elle se
fit à sa nouvelle vie car elle rencontrait enfin des personnes avec qui
parler, des vieilles copines perdues de vue. Elle avait toujours souffert
de l’isolement du mas, contrairement à son mari, un ours à l’image de
nombreux bas-alpins.
Sébastien, lui, avait hérité du caractère ombrageux de son père et de
cet attachement viscéral à la terre. À quarante six ans, il vivait
toujours là-haut, seul avec ses quelques chèvres.
Ses courts moments en société se limitaient à la vente des produits de
la ferme aux marchés, le samedi à Reillanne, suivi de celui du lundi à
Forcalquier.
Trop sauvage, trop timide, on ne lui connaissait aucun ami proche.
Sa mère essayait bien de communiquer avec lui ; souvent en vain.
Trop de pudeur, trop de convention, lui interdisaient de se confier. Et
pourtant, il n’avait plus qu’elle. Il en restait toujours aux banalités.
Les sujets importants, il les gardait pour lui.
Sa mère lui répétait souvent :
- Trouve-toi une femme.
Trouver une femme, c’était plus facile à dire qu’à faire. Même la plus
moche de la région n’aurait pas voulu de lui et de son mas délabré.
Ce n’était pas qu’il était repoussant, loin de là ! Comme beaucoup de
montagnards, il avait un physique robuste et svelte. Mieux fringué,
avec une véritable coupe de cheveux, un bon coup de rasoir dans sa
barbe en broussaille, il aurait même été attirant. Mais franchement,
laquelle aurait voulu vivre chichement dans ce coin perdu de
montagne.
Certains lui avaient conseillé de s’inscrire dans une de ces
nombreuses agences sur Internet qui vous permettaient de contacter
des filles de l’est. Elles étaient toujours canon ; tout au moins en
photo. Mais toutes ces filles magnifiques, qui recherchaient le prince
4
charmant, l’auraient largué au bout de quelques mois de vie
commune.
Tiens ! comme ce pauvre Émile, il s’était marié comme ça, avec une
bulgare. Un an après, sa femme avait foutu le camp et il s’était
retrouvé sur la paille après avoir tout vendu.
Maintenant, Il se sentait bien trop vieux et pauvre pour penser marier
une jeunette. Et puis, ses quelques déboires amoureux lui avaient
laissé de profonds stigmates. Il n’avait surtout pas envie de revivre
cela. Et puis, s’il voulait garder sa campagne, ce n’était pas d’une
« poupée Barbie » (*) dont il avait besoin, mais d’une véritable
paysanne ; une femme quasi introuvable de nos jours.
Il était pourtant sacrément équilibré, Sébastien. N’importe qui à sa
place aurait sombré dans l’alcool. Quand le cafard le prenait, il se
raccrochait à ses bouquins de géologie et de botanique. C’était un
passionné de nature. Il connaissait le nom de chaque pierre et de
chaque plante de la région.
Et puis, il y avait sa chienne, Ida, une Border Collie qui le suivait
partout.









« Poupée Barbie » : célèbre poupée blonde platinée, égérie du mode de vie américain.

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Sortie du bois
_______

C’était un vingt-quatre décembre alors qu’il revenait du marché de
Reillanne, ou par chance, Sébastien avait vendu toutes ses
cougourdes.
Sa vieille « Deux-chevaux fourgonnette » (*) ronflait dans la côte
comme un quadrimoteur en phase de décollage. Il faisait froid, il y
avait du vent et la route enneigée traversait une forêt épaisse de
chêne blanc. Le jour tombait et la visibilité était entre chien et loup.
Sur des routes pareilles, rien ne valait une bonne vieille Deux-
chevaux.
Tout d’un coup, sur la droite, surgit des bois une silhouette. Comme
beaucoup de bas-alpins, Sébastien avait l’habitude de la neige et du
verglas. Il dévia ostensiblement sa course pour s'écarter et ralentit en
évitant de freiner brusquement. Il vit dans le rétroviseur une
silhouette empêtrée dans la congère qui faisait de grands gestes.
Il s’arrêta en grommelant :
- Encore un fada de la ville qui s’est fait surprendre par la nuit !
L’idée de le laisser en plan lui effleura l’esprit, mais par un froid
pareil, c’était inhumain. Il sortit de la voiture et s’approcha de la
personne. À ses habits colorés, il semblait que c’était une femme. Ses
yeux cherchaient un visage sous la capuche, il ne voyait scintiller que
les dents. Elle s’écria :
- Aidez-moi, s’il vous plait, aidez-moi.
- Ah ! me voilà bien, pensa-t-il, d’où sort-elle celle-là ? En plus,
avec un accent pareil, c’est sûr ! elle n’est pas d’ici.