De la gestion des villes à la conception d’écosystèmes urbains durables
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Aix Marseille Université CERGAM EA 4225, 13540, Puyricard, France De la gestion des villes à la conception d’écosystèmes urbains durables A paraître 2014 Dans Les Métiers de la Ville de Demain Coordonné par Lionelle MASCHINO et Aline SCOUARNEC Claude Rochet Professeur des Universités, Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale, Professeur affilié à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP EUROPE) Laboratoire d’intelligence économique, Ministère de l’Economie et des Finances, Paris claude.rochet@univ-amu.fr Joris Peignot Doctorant, Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale, Aix-en-Provence Aix Marseille Université CERGAM EA 4225, 13540, Puyricard, France joris.peignot@etu.univ-amu.fr Résumé Dans ce chapitre nous soulignons l’évolution scientifique et culturelle nécessaire pour concevoir des écosystèmes urbains durables. Scientifique en intégrant les apports de l’architecture de systèmes complexes, culturelle par l’évolution de la décision et de l’organisation publique que cela suppose. Mots-clés : ville durable, architecture des systèmes complexes, décision publique Abstract This paper highlights the contribution of complex systems architecture to the analysis of problems of conceiving smart cities.

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Publié le 22 avril 2014
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Aix Marseille Université CERGAM EA 4225, 13540, Puyricard, France

De la gestion des villes à la conception d’écosystèmes
urbains durables
A paraître 2014
Dans

Les Métiers de la Ville de Demain
Coordonné par Lionelle MASCHINO et Aline SCOUARNEC



Claude Rochet
Professeur des Universités,
Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale,
Professeur affilié à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP EUROPE)
Laboratoire d’intelligence économique, Ministère de l’Economie et des Finances, Paris
claude.rochet@univ-amu.fr

Joris Peignot
Doctorant, Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale, Aix-en-Provence
Aix Marseille Université CERGAM EA 4225, 13540, Puyricard, France
joris.peignot@etu.univ-amu.fr

Résumé
Dans ce chapitre nous soulignons l’évolution scientifique et culturelle
nécessaire pour concevoir des écosystèmes urbains durables. Scientifique en
intégrant les apports de l’architecture de systèmes complexes, culturelle par
l’évolution de la décision et de l’organisation publique que cela suppose.
Mots-clés : ville durable, architecture des systèmes complexes, décision
publique

Abstract
This paper highlights the contribution of complex systems architecture to
the analysis of problems of conceiving smart cities. In particular, it proposes
to focus on how to design cities that meet the requirements of human well-
being while minimizing the negative externalities generated by economic
development and urban sprawl.
Keywords: smart city, complex systems architecture

2 De la gestion des villes à la conception d’écosystèmes urbains durables

Introduction

La conception d’écosystèmes urbains durables dans l’économie numérique
est sans nul doute un des enjeux économiques et sociaux de demain.
Economique par les nouveaux marchés, social par la réinvention d’espaces
urbains à vivre, politique d’une innovation de rupture qui redistribuera les
cartes entre les puissances qui sauront saisir ces opportunités, en ouvrant
une large place aux pays émergents, la Chine au premier plan, et
institutionnelle en ce que l’enjeu de la durabilité questionne les principes du
management public.
Les premières expérience de villes numérique, Masdar à Abu Dhabi,
Songdo en Corée, Plan IT valley près de Porto sont conduites par des
industriels du numérique (Cisco, Accenture, IBM,…). Leur projet est plus
de numériser la ville que « d’urbaniser la technologie » (Sassen, 2011). Il
s’agit de réaliser des démonstrateurs de la possibilité de concevoir des
systèmes urbains en interconnectant toutes les technologies numériques
possibles. Si ces expériences sont des laboratoires utiles de ce que peut faire
le numérique pour interconnecter les fonctions de la ville, le danger évident
est qu’elle ne conçoive le citadin que comme un solde dont le
comportement est dicté par la technologie, et non l’inverse. Ce modèle
suppose une vision simpliste et réductionniste de citadin vivant dans des
espaces sociologiquement, urbanistiquement et économiquement
homogènes, qui est à l’opposé du modèle évolutionniste de la ville durable
qui suppose des interactions riches, créatrices de synergies innovantes qui
permettent à la ville —et ont permis aux villes durables du passé—
d’évoluer.
Nous nous situons au contraire dans une perspective d’urbanisation de la
technologie. La « ville durable » est un concept ancien qui remonte à
l’Antiquité et dont les économistes de la Renaissance comme Antonio Serra
(Breve trattato…, 1613 in Reinert, 2011) avaient compris la nature : la
recherche des synergies entre activités économiques et d’interactions entre
activités humaines. Machiavel avait bien vu dans la ville le cœur du « vivere
politico » qui est à la base d’institutions durables. L’organisation politique des
théoriciens et praticiens républicains de la Renaissance, la cité, est basée sur
la vie urbaine, des activités économiques, ses métiers, son organisation
sociale et ses relations avec sa périphérie.
En nous inscrivant dans une vision évolutionniste de la ville (1), nous
proposons ici un renversement de l’approche techno-pushed pour une pensée
de la ville durable à partir de la recherche des synergies entre ses fonctions
économiques, politiques et sociales et de leur intégration par l’architecture
système (2). Cela suppose d’intégrer les potentialités nouvelles du « moteur
numérique » (3), sans oublier que la ville étant un lieu de vie pour les
© Tous droits réservés 3 humains, elle doit permettre l’existence d’une vie civique (4). Cette vision
suppose le développement de compétences nouvelles, notamment pour la
décision publique, pour concevoir les écosystèmes urbains de demain (5).
Cette contribution s’appuie un projet de recherche action, en cours de
développement dans le cadre du pôle de compétitivité Advancity.
1. La dynamique institutionnelle des écosystèmes urbains
1.1. Une vision évolutionniste de la ville
Le caractère écosystémique des systèmes urbains repose sur la capacité de
l’habitant dans son quartier à interagir avec le tout qu’est la ville et avec les
systèmes techniques mis en place. Le caractère « éco » du système signifie
que les interactions entre les fonctions du système urbain sont capables de
générer des lois de comportements qui lui permettent de conserver son
identité et de se reproduire de manière autopoïetique.
Historiquement, la ville a été identifiée par les premiers analystes de
l’économie comme le lieu où se créent les synergies entre activités à
rendement croissant. Le Napolitain Serra compare ainsi Venise, ville sans
terre ferme agricole, et Naples, qui en abonde. Venise a été une ville durable
grâce à la synergie entre ses activités industrielles (notamment la
construction navale), ses activités marchandes et sa puissance militaire. Elle
commence à péricliter avec le déplacement de la polarité du monde
développé de la Méditerranée vers l’Atlantique. A l’opposé, Naples, vice-
royauté de la Couronne d’Espagne, dotée d’une grande richesse agricole et
du numéraire venu du Nouveau-monde, n’a pas été capable de penser son
développement et de sortir du féodalisme (Reinert, 2011).
L’interaction entre une ville et son environnement a été modélisée par Johan
èmeHeinrich Von Thünen au XVIII siècle : à la ville centre sont les plus
fortes synergies entre les activités à rendement croissant – les activités
industrielles– puis en six zones concentriques s’organisent les activités à
rendement de plus en plus décroissant –les activités primaires et les services
– et le coût du transport augmente définissant une frontière de ce que
Fernand Braudel appellera une « économie-monde » (Schwartz, 2010).
Avec la seconde révolution industrielle de la fin du XIX° siècle, la croissance
de la ville devient guidée principalement par la recherche de rendements
d’échelles, aux dépens des solidarités sociales et de la vie civique, comme l’a
analysé Emile Durkheim (1893).
Les « mathématiques de la ville », développées sous l’impulsion de Geoffrey
West et de Luis Bettencourt (2007) au Santa Fe Institute, permettent de
comprendre ce phénomène : elles démontrent l’existence d’une relation
statistique sublinéaire entre la taille de la ville et le coût de ses infrastructures
4 De la gestion des villes à la conception d’écosystèmes urbains durables

qui n’augmente que de 0,75 quand la ville croît de 1, et d’une relation supra
linéaire entre cette taille et les activités de 1 à 1,15 : cela concerne toutes les
activités, la richesse, l’instruction mais aussi le crime, la drogue et la
pollution. West montre qu’une ville peut croître à l’infini, ainsi que ses
externalités négatives et positives, à la différence d’une entreprise qui ne
pourra maintenir une cohérence interne au-delà d

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