Les doctrines de la grâce : un péril pour l église ? À propos de la « lettre à ceux qui ne sont pas encore calvinistes » de MM. Sommerville, Bozzi, et Delpuech
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Les doctrines de la grâce : un péril pour l'église ? À propos de la « lettre à ceux qui ne sont pas encore calvinistes » de MM. Sommerville, Bozzi, et Delpuech

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Réponse aux fausses accusations et à l'erreur dans la « lettre à ceux qui ne sont pas encore calvinistes » de MM. Sommerville, Bozzi, et Delpuech.

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Publié le 21 mars 2012
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Langue Français

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Les doctrines de la grâce : un péril pour l'église ?
À propos de la « lettre à ceux qui ne sont pas encore calvinistes » de MM. Sommerville, Bozzi, et Delpuech.
Timothy Ross, pasteur de l'Église Baptiste d'Albi
À l'intention de ceux qui n'ont pas lu la « Lettre à ceux qui ne sont pas encore calvinistes ».
Trois pasteurs, MM. Arthur Sommerville, Emmanuel Bozzi, et Jean-Alain Delpuech viennent d'adresser à leurs confrères baptistes indépendants une lettre destinée à « sonner l'alarme » au sujet de ce qu'ils appellent une « progression du néo-calvinisme » en France. Selon eux, cette montée serait surtout due à des influences originaires d'outre-atlantique, notamment celles de J. MacArthur, de J. Piper, et de R.C. Sproul. Ils dénoncent ce qu'ils appellent « un militantisme croissant », une « tentation intellectuelle » et un « prosélytisme accru de certains pasteurs ». Ils déplorent en particulier le rôle que jouent en France les Éditions Europresse, dirigées selon eux par « des calvinistes militants ». D'après cette lettre, ceux qui professent les doctrines de la grâce représentent pour l'Église un péril grave ; leur « militantisme » dénoterait même une inquiétante volonté de puissance ! Afin « d'élever un rempart » contre cette « hérésie calviniste », MM. Sommerville, Bozzi et Delpuech souhaitent organiser une rencontre, et si possible une Convention en 2012. Chose étrange, ils affirment en page 2 qu'ils se veulent « sans influence arminienne ». À leur lettre ils joignent une « Annexe » de deux pages dénonçant ce qu'ils appellent « les dangers du calvinisme ».
À propos ...
Une lettre de l'Église Biblique Baptiste de Paris (Pasteur Arthur Sommerville, Pasteurs-adjoints Emannuel Bozzi et Jean-Alain Delpuech) nous est parvenue récemment. L'auteur de la lettre, le Pasteur-adjoint Emmanuel Bozzi veut organiser une convention pour « proposer aux églises baptistes indépendantes ce que nous croyons être l'Évangile selon les Écritures ». En réalité, l'auteur nous propose l'erreur, l'évangile selon l'homme, et l'humanisme en guise d'enseignement biblique. Nous avons le devoir de répondre à ceux qui propagent l'erreur (Actes 20.28-31; Jude 1.3).
En termes percutants, l'auteur sonne l'alarme contre le « calvinisme ». En réalité, il s'avère que l'auteur s'acharne contre le produit de son imagination. C'est avec regret que nous portons cette accusation, mais il faut le dire : la caractéristique principale de cette lettre (quatre pages avec l'annexe), c'est sa malhonnêteté. C'est un tissu de mensonges et de désinformation. Si on veut découvrir ce que croient les calvinistes, on cherchera en vain dans les écrits de M. Bozzi.
Je relèverai quelques-unes des déformations et des calomnies contenues dans la lettre, mais penchons-nous d'abord sur la nature antiscripturaire de « l'évangile » qu'on veut nous proposer. Rien n'est plus critique dans la doctrine du salut que la grâce : « Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés » (Éphésiens 2.8) ! Or, par définition la grâce est la faveur imméritéede Dieu (Romains 11.6). Mais l'auteur de la lettre s'indigne à l'idée que la grâce serait accordée aux pécheurs « de manière inconditionnelle ... sans dépendre de quoi que ce 1
soit de leur part ». L'auteur veut donc que la grâce dépende de quelque chose que fait la créature.
Cette erreur se voit encore plus clairement dans l'analogie qu'il nous propose. J'hésite même à citer cette analogie parce qu'elle est blasphématoire : l'auteur ravale Dieu au niveau de la créature déchue en comparant l'insondable et incomparable œuvre de rédemption à l'organisation d'un match de foot. Toutefois, pour exposer l'erreur, citons son propos : « Imaginez un match de foot où l'organisateur a déjà choisi quelle équipe perdrait et quelle équipe gagnerait, peu importe leur jeu ! »
L'Écriture dit que « ce n’est ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Romains 9. 16). L'Écriture dit que les enfants de Dieu sont engendrés « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1.13). Or l'auteur soutient que la grâce de Dieu dépend de « leur jeu ».
Le problème est que l'auteur imagine que lafoireprésente la contribution ou la participation de l'homme dans le salut. Tout le monde reconnaît que la foi est le moyen (ou la condition) du salut (Éphésiens 2.8). Mais pourquoi faire dépendre la grâce d'une contribution « de leur part » ou de « leur jeu » ? Ceux qui comprennent l'évangile refusent de parler ainsi parce qu'ils comprennent que le moyen du salut lui-même est un don : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non en vertu des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens 2.8-9).
Qu'est-ce qui « ne vient pas de vous » ? Dans cette phrase inspirée « cela » (pronom démonstratif) se rapporte à un antécédent. Les arminiens répondent, « Oui, 'cela' se rapporte à la grâce, mais la foi vient de l'homme. » Grammaticalement, cette interprétation ne respecte pas les paroles du Saint-Esprit. Les mots grecs pourgrâceetfoi, comme en français, sont du féminin. « Cela » est neutre et grammaticalement doit se rapporter à la totalité de ce qui le précède, et non pas seulement à la grâce ou à la foi. Quand on demande à l'apôtre Paul ce qu'est le « don », il répond « la grâce, la foi, le tout, l'œuvre du salut ». Le but de l'apôtre est explicitement déclaré. Il tient à écarter l'auto-glorification (« afin que personne ne se glorifie »). Cette glorieuse doctrine qui met à l'abri la gloire appartenant à Dieu seul est confirmée par de nombreux passages (voir Jean 6.44, 65 ; Philippiens 1.29 ; 2 Chroniques 30.11-12, etc.). La lettre de l'Église Biblique Baptiste de Paris tourne en dérision cette doctrine biblique.
Parce que nous affirmons avec notre Seigneur que la foi est un don, l'auteur nous accuse de « saper la foi ». Continuant à se moquer et à déformer ce qu'enseignent réellement ceux qui professent les doctrines de grâce, l'auteur demande : « Pourquoi prier si le plan de Dieu a déjà tout déterminé d'avance ? Pourquoi intercéder pour le salut des pécheurs si leur sort est déjà fixé ? » Souvent les moqueries de l'auteur sont tellement puériles qu'on est tenté de les passer sous silence (Proverbes 26.4). Mais nous allons répondre, de peur que les moqueurs ne s'estiment sages (Proverbes 26.5). Pourquoi prier ? Avant tout, parce que le Dieu souverain le commande (1 Timothée 2.1-4). Aussi, avec la Parole de Dieu, nous reconnaissons que Dieu se sert de causes secondes (voir Ésaïe 10) et que « la prière du juste faite avec véhémence est d'une grande efficacité » (Jacques 5.16). Nous rejetons catégoriquement cette accusation mensongère de fatalisme. Contrairement à ce qu'on pourrait croire en lisant la lettre et les écrits de l'auteur, les calvinistes ne prennent pas les hommes pour des robots. Nous affirmons l'activité de la volonté de l'homme. Mais ceci nous mène au cœur du problème : en effet, 2
contrairement à l'affirmation fallacieuse dans la lettre, la volonté de l'homme déchu n'est pas libre de se tourner vers Christ. Le pécheur est esclave du péché (Jean 8.34). Il est asservi au Diable. L'Écriture déclare explicitement que le pécheur « a été pris pour faire sa volonté(2 Timothée 2.26). L'Esprit se sert d'autres images pour communiquer la même vérité. Par exemple, le prophète dépeint le cœur de l'homme irrégénéré comme un cœur de pierre (Ézéchiel 11.19 ; 36.26). Souvent les auteurs inspirés se servent de la métaphore de la mort (Éphésiens 2.1 ; 1 Jean 3.14, etc.) pour décrire la condition de l'homme sans Christ. Quelle que soit l'image employée, une seule vérité ressort : l'homme dans l'esclavage de sa rébellion estincapablede se tourner vers Dieu de sa propre initiative. D'ailleurs, Jésus exprime le fait que dans cet état de corruption radicale, le pécheurne veut même pasvenir à lui pour avoir la vie (Jean 5.40). Et donc, nous prions, tout comme nous évangélisons, « afin d’essayer si quelque jour Dieu leur donnera la repentance pour reconnaître la vérité ; et afin qu’ils se réveillent pour sortir des pièges du Diable » (2 Timothée 2.25-26). Nous prions parce que nous aussi, nous étions morts dans nos fautes, et néanmoins, dans sa grande miséricorde, Dieu nous a vivifiés. Nous prions parce que nous aimons avec l'amour de Christ. Nous savons que Dieu est miséricordieux, compatissant et riche en bonté (Exode 34.6 ; Ézéchiel 33.11). Nous prions parce que tout comme le Seigneur a ouvert le cœur de Lydie (Actes 16.14), il se plaît toujours à ouvrir des cœurs et à donner la repentance (Actes 5.31) aux pécheurs. Et nous prions parce que nous reconnaissons que nous sommes incapables de sauver des âmes (1 Corinthiens 3.7).
Cette lettre contient de nombreuses calomnies caractérisées, et je ne lasserai pas le lecteur en les reprenant toutes. Qu'il me soit permis de dire cependant qu'il y a une façon chrétienne de combattre. Il convient au ministre de l'Évangile de lutter loyalement. En tant que disciples de Jésus-Christ, loin de nous l'idée d'offrir de simples calomnies en guise d'arguments. J'appelle donc l'auteur de la lettre à se repentir, car il est écrit : « Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain. ».
Quant aux déformations dans la lettre, j'en soulignerai deux. Premièrement, l'auteur accuse le calvinisme de faire de Dieu l'auteur du péché. Quels que soient les préjugés de l'auteur, il ne peut pas ignorer ce que nous professons et comment nous expliquons, suivant la Bible, la souveraineté de Dieu. Il est sans excuse. Et puisqu'il n'a pas pris le temps de le faire, ou n'a pas voulu représenter fidèlement les convictions de nos pères dans la foi, je voudrais citer la Confession de foi baptiste de 1689 qui, traitant du décret de Dieu, affirme que Dieu « n’est pas l’auteur du péché non plus qu’il n’a communion avec quiconque à cet effet » (3.1). Cher lecteur, sachez que toutes les confessions de foi historiques déclarent solennellement que Dieu n'est pas l'auteur du péché. D'où vient donc cette calomnie ?
L'auteur de la lettre s'amuse à faire une caricature de l'enseignement biblique et se croit quitte de son obligation d'expliquer ce que l'Écriture révèle précisément au sujet de la souveraineté de Dieu. C'est déplorable. Au lieu de moqueries, nous voulons des explications. « Que dit l'Écriture ? » (Romains 4.3 ; Galates 4.30). Que l'auteur de ces railleries nous explique les déclarations infaillibles suivantes :
« Qui déclare dès le commencement la fin, et longtemps auparavant les choses qui n’ont point encore été faites ; qui dis : Mon conseil tiendra, et je mettrai en exécution tout mon bon plaisir » (Ésaïe 46.10). « Et même j’étais dès qu’il y a eu de jour, et il n’y a personne qui puisse délivrer de ma main ; je ferai une chose, et qui est-ce qui m’en empêchera ? » (Ésaïe 43.13). 3
« Mais le conseil de l’Eternel se soutient à toujours ; les desseins de son coeur subsistent d’âge en âge » (Psaume 33.11). « L’Eternel fait tout ce qu’il lui plaît, dans les cieux et sur la terre, dans la mer, et dans tous les abîmes » (Psaume 135.6). « Et au prix duquel tous les habitants de la terre ne sont rien estimés ; il fait ce qui lui plaît tant dans l’armée des cieux, que parmi les habitants de la terre ; et il n’y a personne qui empêche sa main, et qui lui dise : Qu’as-tu fait ? » (Daniel 4.35). « En qui aussi nous sommes faits son héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui qui accomplit avec efficacité toutes choses, selon le conseil de sa volonté » (Éphésiens 1.11). « Le cor sonnera-t-il par la ville sans que le peuple en étant tout effrayé s’assemble? ou y aura-t-il dans la ville quelque mal que l’Éternel n’ait fait ? » (Amos 3.6). « Les maux, et les biens ne procèdent-ils point de l’ordre du Très-haut ? » (Lamentations 3.38). « Qui forme la lumière, et qui crée les ténèbres; qui fais la paix, et qui crée l’adversité ; c’est moi l’Eternel qui fais toutes ces choses » (Ésaïe 45.7).
Que le moqueur se penche donc sur Ésaïe 10. Qu'il nous explique comment l'Éternel utilise le roi assyrien comme le bâton de sa colère (v. 5). Qu'il nous explique le mal qui arrive à Israël selon le sage décret de Dieu. Qu'il nous explique le rôle de la volonté du roi assyrien et sa responsabilité devant Dieu pour les pensées méchantes de son cœur (v. 7, 13). Qu'il nous explique la punition de cet homme que l'Éternel manie comme une hache (v. 15). Qu'il nous explique les déclarations les plus formelles de la souveraineté absolue de l'Éternel (v. 15).
Dans sa sagesse infinie et dans sa toute-puissance, l'Éternel ne peut-il pas se servir de causes secondes pour faire concourir toutes choses, y compris le mal, à l'accomplissement de ses desseins parfaits, sans pour autant être l'auteur du péché ? L'Écriture et nos confessions de foi historiques répondent : Si, il le peut, et il le fait.
Deuxièmement, l'auteur accuse le calvinisme d'être « un frein à l'évangélisation ». Que dire ? Il est choquant qu'un pasteur baptiste, professeur dans un institut biblique, puisse avancer une énormité pareille. Est-il possible que l'auteur ignore son propre héritage ? Ne sait-il pas que nos pères qui étaient fidèles à ce que Dieu enseigne concernant sa souveraineté – les baptistes calvinistes– ont donné l'impulsion au mouvement missionnaire moderne ? N'a-t-il jamais entendu parler des William Carey et des Adoniram Judson ? Que croit-il qu'ils étaient, eux, et des milliers d'hommes et de femmes semblables qui ont parcouru le monde et qui ont donné jusqu'à leurs vies pour proclamer la Bonne Nouvelle aux âmes qui étaient sans Dieu et sans espérance dans ce monde ? Et Charles Haddon Spurgeon ? Quelle était sa confession de foi ? L'auteur de cette lettre soutiendra-t-il que Spurgeon et les autres manquaient de ferveur dans l'évangélisation, qu'ils ne se souciaient pas des âmes perdues parce qu'ils affirmaient ce que la Bible affirme, à savoir l'élection inconditionnelle ? Quelle honteuse diffamation ! Répétons-le, nous rejetons formellement la fausse accusation selon laquelle le calvinisme représente un frein à l'évangélisation. L'auteur parle de « la logique » du calvinisme. Mais telle n'est pas « la logique » du calvinisme : c'est la logique du rationaliste qui tire de mauvaises conclusions des vérités révélées. Nous avons déjà démontré que Dieu, selon sa 4
sagesse insondable (Romains 11.33-34 ; Ésaïe 55.8-9), se plaît à nous faire participer à l'accomplissement de sa glorieuse volonté. Dieu nous assure qu'en Christ nos prières ont une grande efficacité. Il affirme que nous sommes « ouvriers avec lui » (2 Corinthiens 6.1). Il explique même la forme que prend l'évangélisation et le rôle qu'il joue dans le salut (2 Timothée 2.24-26). Si Monsieur Bozzi s'obstine à affirmer ce que notre profession et notre histoire démentent, nous n'y pouvons rien.
L'auteur n'aime pas l'idée d'une « élection de la grâce » (Romains 11.5). Il se moque sans cesse de ce qu'il appelle « la prédestination calviniste ». Peut-être cela l'intéresserait-il de savoir que la doctrine de l'élection est dans la Bible et que ses moqueries sont en fait dirigées contre l’Éternel :
« Selon qu’il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en charité. Nous ayant prédestinés pour nous adopter à soi par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Éphésiens 1.4-5).
« En qui aussi nous sommes faits son héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui qui accomplit avec efficace toutes choses, selon le conseil de sa volonté » (Éphésiens 1.11).
Oh, nous savons comment l'auteur interprète ces passages. Il soutient que l'élection concerne surtout des nations ou des groupes et que la prédestination est simplement « l'acte par lequel [Dieu] assure parfaitement l'adoption des croyants » (voir sonÉvaluation du calvinisme, p. 8). En tout cas, «l’élection divine ne produit pas le salut parce que celui-ci est conditionné par la foi » (Ibid, p. 10). Cela nous peine de voir des gens qui professent Christ priser tellement la coopérationde l'homme qu'ils redéfinissent l'enseignement biblique le plus clair. La Bible met l'accent pleinement sur la primauté de la volonté de Dieu (Éphésiens 1.5, 11). Quand on analyse la pensée de l'auteur sur l'élection, on comprend que selon lui, Dieu, finalement, ne choisit rien du tout! Il ne serait que l'agent passif qui confirmerait le choix souverain de la créature déchue. Telle n'est pas l'élection de la Bible. Cette théologie arminienne est centrée sur l'homme et elle déshonore notre Dieu.
Dieu révèle que l'élection est pour le salut (et non pas simplement « pour nous placer dans une relation spéciale ») : « Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sanctification de l’Esprit et dans la foi en la vérité » (2 Thessaloniciens 2.13) ; « et tous ceux qui étaient ordonnés pour la vie éternelle, crurent » (Actes 13.48). Il enseigne qu'elle ne se fonde pas sur une quelconque condition dans la créature : « Car avant que les enfants fussent nés, et qu’ils eussent fait ni bien ni mal, afin que le dessein arrêté selon l’élection de Dieu demeurât, non point par les œuvres, mais par celui qui appelle » (Romains 9.11 ; voir aussi v. 16). Le Saint-Esprit révèle également que l'élection est personnelle. Les arminiens voudraient que l'élection dans le Nouveau Testament concerne un groupe de personnes, l'Église. Mais Dieu n'élit pas simplement l'Église en tant que groupe. Il compose l'Église : « Car, mes frères, vous voyez votre vocation, que vous n’êtes pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles de ce monde, pour rendre confuses les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles de ce monde, pour rendre confuses les fortes ; Et Dieu a choisi les choses viles de ce monde, et les méprisées, même celles qui ne sont point, pour abolir celles qui sont. Afin que nulle chair ne se glorifie devant lui. Or c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ » (1 Corinthiens 1.26-30 ; voir aussi Romains 8.29-30).
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L'auteur veut mettre sur pied une convention afin de formuler des réponses aux « interprétations calvinistes », notamment de Romains 9. Mais ce n'est pas une « interprétation calviniste » qui gêne l'auteur. C'est la Parole de Dieu elle-même. L'auteur veut que Dieu étale sa grâce sur tous les êtres humains de façon parfaitement égale. Dieu dit : « J’aurai compassion de celui de qui j’aurai compassion; et je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde » (Romains 9.15). L'auteur de la lettre dit : l'homme a sa part à contribuer, son « jeu ». Dieu dit : « Ce n’est donc point du voulant, ni du courant : mais de Dieu qui fait miséricorde » (v. 16). C'est mal parti pour la convention.
L'annexe à la lettre contient une phrase particulièrement parlante parce qu'elle révèle des présuppositions non bibliques. L'auteur soutient que « le calvinisme est une vue excessive de la souveraineté de Dieu ». Devons-nous conclure que les chrétiens feraient mieux d'être plus modérés en contemplant la souveraineté de Dieu. « La souveraineté de Dieu, c'est bien, mais il ne faut pas exagérer, tout de même ! » M. Bozzi taxe le calvinisme de croyance « potentiellement blasphématoire ». Mais qu'est-ce que cette aberration qui porte atteinte à la gloire du Dieu infini ? A entendre parler M. Bozzi, on croirait avoir affaire aux divinités inférieures de la mythologie grecque ! Il serait raisonnable de parler d'une vue excessive de la souveraineté d'un homme. Mais est-ce raisonnable de parler d'une « vue excessive de la souveraineté » du Dieu infini qui ne cesse pas de revendiquer sa souveraineté la plus absolue :
« Certes notre Dieu est aux cieux; il fait tout ce qu’il lui plaît » (Psaume 115.3). « L’Eternel des armées a juré, en disant: S’il n’est fait ainsi que je l’ai pensé, même comme je l’ai arrêté dans mon conseil, il tiendra » (Ésaïe 14.24). « Alors Job répondit à l’Eternel, et dit : Je sais que tu peux tout, et qu’on ne saurait t'empêcher de faire ce que tu penses » (Job 42.1-2). « Car l’Écriture dit à Pharaon : je t’ai fait subsister dans le but de démontrer en toi ma puissance, et afin que mon Nom soit publié dans toute la terre. Il a donc compassion de celui qu’il veut, et il endurcit celui qu’il veut. Or tu me diras : pourquoi se plaint-il encore ? car qui est celui qui peut résister à sa volonté ? Mais plutôt, ô homme, qui es-tu, toi qui contestes contre Dieu ? la chose formée dira-t-elle à celui qui l’a formée : pourquoi m’as-tu ainsi faite ? Le potier de terre n’a-t-il pas la puissance de faire d’une même masse de terre un vase à honneur, et un autre à déshonneur ? Et qu’est-ce, si Dieu en voulant montrer sa colère, et donner à connaître sa puissance, a toléré avec une grande patience les vases de colère, préparés pour la perdition ? Et afin de donner à connaître les richesses de sa gloire dans les vases de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire » (Romains 9.17-23).
Soyons clairs. Ce qui gêne Monsieur Bozzi, c'est ce que le calvinisme, suivant la Bible, affirme concernant la souveraineté de Dieu. Car nous affirmons non seulement que le Seigneur « réprimande le vent » (Marc 4.39) et « incline le cœur du roi à tout ce qu'il veut » (Proverbes 21.1) mais aussi que « le salut est de l'Eternel » (Jonas 2.9), du début jusqu'à la fin (Romains 8.29-30). C'est un désir de revendiquer l'autonomie de la créature vis-à-vis du Créateur qui fait dire à l'auteur quele calvinisme est une vue excessive de la souveraineté de Dieu ». Les arminiens n'admettent pas la souveraineté de Dieu en toutes choses. Pour eux, l'hommecoopèreavec Dieu dans son salut. (C'est aussi la position de l'Église Catholique Romaine.) Il y a quelques années une église « biblique » baptiste à Rouen avait publié dans sa confession de foi l'hérésie suivante : « L’obtention du salut dépend en partie de Dieu. » Voilà
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ce que donne cette vue modérée de la souveraineté de Dieu. Toute personne qui craint Dieu ferait mieux de fuir comme la peste cette conception-là.
« Les choses cachées sont pour l’Eternel notre Dieu ; mais les choses révélées sont pour nous et pour nos enfants à jamais, afin que nous fassions toutes les paroles de cette Loi » (Deutéronome 29.29).
« À la Loi, et au Témoignage. Que s’ils ne parlent selon cette parole-ci, certainement il n’y aura point de lumière pour lui » (Ésaïe 8.20).
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