Prédestinés ou libres de choix
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Prédestinés Ou libres de choix ? UN EXAMEN BIBLIQUE DES THESES CALVINIS TES PAR LE PASTEUR EMMANUEL BOZZI, PROFESSEUR À L ’I.T.B.P. ( INSTITUT THÉOLOGIQUE BAPTISTE DE PARIS ) 1 RUE ANDRÉ GIDE 75015 PARIS www.itbp.fr JUILLET 2011 E. Bozzi Évaluation du Calvinisme INTRODUCTION Cette question essentielle résume à elle seule le problème moral que pose la théologie calviniste. Dieu est-il bon et miséricordieux s’il prédestine des millions d’âmes à l’enfer, comme l’enseigne le Calvinisme ? Ses appels universels au salut sont-ils hypocrites si Dieu a déjà choisi qui Il sauverait ? Cette étude a pour origine mes propres expériences et réflexions sur les enseignements calvinistes. Ma réflexion est née d'une confrontation avec des frères qui prétendaient enseigner la seule véritable doctrine de la grâce. J'ai vu des églises en Amérique se diviser sur cette question et je vois ce mouvement atteindre la France. Au début de ma conversion, j’ai appris à me définir comme « calviniste », c’est-à-dire opposé à la vision arminienne du salut (salut qui dépend des œuvres et de la persévérance de l’homme). En étudiant de près la Parole de Dieu puis le système calviniste, je ne me définis plus ainsi. Il est apparu aux Etats-Unis une résurgence du calvinisme avec un habit plus moderne (avec même des charismatiques et des partisans de l’église émergente).

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Publié le 06 mars 2012
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Prédestinés Ou libres de choix ?  UN EXAMEN BIBLIQUE DES THESES CALVINISTES    PAR LEPASTEUREMMANUELBOZZI,  PROFESSEUR À L’I.T.B.P. ( INSTITUTTHÉOLOGIQUEBAPTISTE DEPARIS) 1 RUEANDRÉGIDE75015 PARIS  www.itbp.fr    JUILLET2011
 
E. Bozzi Évaluation du Calvinisme INTRODUCTION  Cette question essentielle résume à elle seule le problème moral que pose la théologie calviniste. Dieu est-il bon et miséricordieux s’il prédestine des millions d’âmes à l’enfer, comme l’enseigne le Calvinisme ? Ses appels universels au salut sont-ils hypocrites si Dieu a déjà choisi qui Il sauverait ?  Cette étude a pour origine mes propres expériences et réflexions sur les enseignements calvinistes. Ma réflexion est née d'une confrontation avec des frères qui prétendaient enseigner la seule véritable doctrine de la grâce. J'ai vu des églises en Amérique se diviser sur cette question et je vois ce mouvement atteindre la France. Au début de ma conversion, j’ai appris à me définir comme « calviniste », c’est-à-dire opposé à la vision arminienne du salut (salut qui dépend des œuvres et de la persévérance de l’homme). En étudiant de près la Parole de Dieu puis le système calviniste, je ne me définis plus ainsi.  Il est apparu aux Etats-Unis une résurgence du calvinisme avec un habit plus moderne (avec même des charismatiques et des partisans de l’église émergente). Ce néo-calvinisme a sûrement pour origine les excès de certaines églises évangéliques qui ont placé l'homme et ses méthodes au-dessus de Dieu et Ses méthodes. Les techniques de marketing, la manipulation, la glorification de certains évangélistes-guérisseurs, les fausses conversions sans repentance, ont conduit certains théologiens et pasteurs à dénoncer une corruption de l'Evangile et un abandon du Dieu souverain de la Bible. Ce mouvement, comme la Réforme elle-même, est une réaction à l’Evangélicalisme moderne, un retour à une certaine tradition protectrice.  Malheureusement, au lieu de ramener les chrétiens aux Saintes Ecritures directement, ces théologiens et pasteurs ont fait appel aux Réformateurs, Calvin en tête, et aux Pères de l'Eglise, Augustin en tête, pour retrouver l'orthodoxie perdue.  Les auteurs calvinistes les plus influents, jusqu’en France, sont John Piper (un Baptiste américain), Arthur W. Pink, R.C. Sproul et John McArthur, pour les américains. Edgar Andrews est un auteur anglais qui milite pour le calvinisme, en même temps que pour le créationnisme. En France, la maison d’édition Europresse traduit et diffuse les auteurs calvinistes. Les Baptistes sont particulièrement visés à travers l’influence de Piper ou d’Albert Mohler, Président du Séminaire Théologique des Baptistes du Sud, un calviniste convaincu.  
  John Piper R.C. Sproul A. Mohler Arthur W. Pink J. McArthur  Le but de cette étude n’est pas de jeter des accusations sur les frères calvinistes, ni d’ajouter du combustible à une querelle stérile de clochers entre calvinistes et non-calvinistes, généralement taxés "d’arminiens" même s'ils ne suivent pas les cinq points de l'Arminianisme. Non, mon but est de voir, à travers la Parole de Dieu, ce qui est incorrect ou exagéré dans le système calviniste, et de retrouver l’interprétation simple des Ecritures et de la révélation de notre grand Dieu.  “Toutefois, de même que le serpent séduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ”, avertit Paul (2 Corinthiens 11:3). Avec les systèmes théologiques élaborés par des hommes, fussent-ils aussi éminents que Jean Calvin, nous sommes en danger de nous égarer et tentés de tordre les Ecritures pour qu’elles “collent” à notre interprétation. 
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E. Bozzi Évaluation du Calvinisme Je citerai pour exemple John McArthur, souvent traduit en français, qui, dans son commentaire de la Première Epitre de Jean, au v.2 du chap. 2 nous explique ceci : « v.2 ‘Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.’ Pour être fidèle à la vérité révélée dans l’Ecriture, l’expression ‘monde entier’ doit être comprise au sens général du terme comme désignant l’humanité sur toute la terre, mais pas nécessairement chaque être humain. » (John McArthur 1-3 Jean ; Editions Impact, Québec, 2008, p.73). Chacun appréciera la casuistique employée par ce frère qui se veut si fidèle à la Bible, pour ne pas contredire sa croyance en l’expiation limitée de Christ aux seuls élus.  Je souhaite également, à travers l’étude de nombreux versets sur le salut (dans l’Evaluation biblique des cinq points du Calvinisme), clarifier certaines notions, afin qu’on ne mélange pas prédestination et élection, ou prédestination et prescience.  Remettre la souveraineté de Dieu à l'honneur est une bonne chose; mais je pousse un cri d’alarme pour que les pasteurs et les chrétiens qui veulent rester fidèles à Dieu ne tombent pas dans ce néo-calvinisme, attractif par son intellectualisme, où la souveraineté de Dieu est poussée au détriment du reste. Adopter ce néo-calvinisme, c'est entrer dans une nouvelle conception de Dieu et de la Bible dont les implications vont très loin. Car avec la théologie réformée, suit le rejet des dispensations pour adopter la « théologie de l’Alliance », ainsi que le rejet de la renaissance d’Israël en tant que peuple élu avec un rôle à jouer à la fin des temps. La deuxième génération de ces calvinistes risque de délaisser le zèle pour l’Evangile (puisque les élus croiront de toute manière) et de vivre, non un réveil, mais un refroidissement profond qui accompagne cette philosophie.   C’est avec prière et avec la Bible sous mes yeux que je me lance dans cette étude. Elle aura trois parties, la troisième étant la plus importante et la plus développée.  - Tout d’abord, nous voyagerons dans le temps par un survol historique de la Doctrine de la Prédestination, afin de voir comment les chrétiens ont abordé ces questions au cours des siècles.  èle aux -É cErintsuureitse, , denso tuesr mpeoss ebriobnlis qudeess  abu assuejse t ednu  tseanltuat net n dJéaspupso-rCtehrr isut neet djue sltae  pdrééfdiensittiinoant,i ofni.d - Enfin, nous entrerons dans une étude plus approfondie de chacun des cinq points du Calvinisme, en examinant de près la plupart des versets utilisés pour les justifier.
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 Évaluation du Calvinisme -SYNOPSIS-  
E. Bozzi   I. PRTA EIHEUQIROTSI  1. Bref historique de lard-IoVcet rsi)ne de lÉale cptriéond essutiivnanatt ilao np r(eps.ci4e)n ce * Avant Augustin (Ie * Pélage (355-435) Le salut par l’homme  * Augustin (354-430) Élection inconditionnelle é **  JGeoatnt scChaaslski e(n8 (0335-80-6483) 4)   ÉSleemctii-opn liangcioenn ditionnelle + rédemption particulière * Duns Scot (1265-1308) Retour au libre-arbitre * Thomas d’Aquin (1225-1274) Élection inconditionnelle méritée ar **  JGeuainl laWuymceli fO (c1c3a2m4 -(11328840)- 1349)  ÉNloecmtiinoanl iisncmoe,n dGitriâocnenelle p les œuvres * Martin Luther (1483-1546) Prédestination simple, accent sur la foi qui justifie * rédestination, accent sur l’élection * JJaecaon bC Aalrvmiin n(i1u5s 0(91-516506-41)6 09) ÉDloeuctbiloen psuivant la prescience * Synode de Dordrecht (1618-19) Cinq points du Calvinisme * Confession de foi de Westminster (1646) Calviniste 5 points * La division entre Baptistes généraux et Baptistes particuliers (17es.) * L'hypercalvinisme (18es.) * Les œuvres de John Wesley et George Whitefield (1 8e s.) * Le cas de Charles Spurgeon (1834-1892) * La division des Presbytériens américains.  II. PRA EITDRINALETCO  2. Les "calvinismes" (p.15) * Supralapsarisme : élection inconditionnelle antécédente à la chute. * Infralapsarisme : élection inconditionnelle suivant la chute. * Bible : élection selon la prescience à cause de la chute.  3. DéfinitÉiloen des termes biblipqu-teesmcpoonreclleer neta nsto ulev esraailnuet (dpe. 1D7i)e u par laquelle Il choisit délibérément, * L’ ction : la décision certains groupes ou individus pour les placer dans une relation spéciale avec lui-même, soit de responsabilité, soit de privilège.  * La Prédestination : l’acte souverain de Dieu par lequel Il assure parfaitement l’adoption des croyants. * L’Adoption : l’acte souverain de Dieu par lequel Il établit Ses enfants comme héritiers de Sa gloire.  4. Évaluation biblique des 5 points du Calvinisme (p.20)répondre à É   l i-acniltbiadpi e?d oen :meh Lmeomst et tola eedl hmo.21) Dépravationp( *É )6(p.2  * le ?angilv lection inconditionnelle : Dieu a-t-il choisi certains pour le salut et d’autres pour la per * (p 33) Rédemption particulière : Christ ne s’est-il sacrifié que pour les élus ?  .  (p.36) Appel efficace : Les élus seront-ils irrésistiblement amenés à la conversion ? * * (p.40) Persévérance des saints : Les élus persévéreront-ils jusqu’à la fin ?   CNCLUSION O(P.42) * La souveraineté de Dieu et le libre choix de l’homme   BEI ARHPILGOBI(P.44)  I EXND(P.45)
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Évaluation du Calvinisme
E. Bozzi PETIT HISTORIQUE DE LADOCTRINE DE LAPRÉDESTINATION DANS LACHRÉTIENTÉ   Introduction -L’histoire de la doctrine de la prédestination dans la chrétienté ressemble aux mouvements d’un pendule oscillant qui va, d’une part, vers le libre-arbitre de l’homme, parfois poussé jusqu’à lui offrir les vertus pour mériter le salut (comme dans le catholicisme), et d’autre part, vers la souveraineté de Dieu, parfois poussée jusqu’à la prédestination des hommes à la perdition (comme dans le calvinisme).  Jusqu’au 4e siècle, c'est-à-dire avant Pelage et Augustin, la doctrine de l'élection resta absente des débats dans l’Eglise. La plupart des Pères de l’Eglise faisaient dépendre l'élection de la prescience de Dieu, qui connaissait à l’avance ceux qui croirait ou non en son Fils. C est ce ' qu'atteste Philip Schaff, l'historien de l'Eglise spécialiste des dogmes, en écrivant que "les Pères grecs, et Tertullien, Ambrose, Jérôme, et Pélage, n'avaient enseigné qu'une prédestination conditionnelle qu'ils rendaient dépendante de la prescience de Dieu sur les actes libres des hommes." (History of the Christian Church, vol. III, chap.IX, §158). Il ajoute que "les Grecs, en particulier les Pères d'Alexandrie, en opposition au dualisme et au fatalisme du système gnostique qui fait du mal une nécessité de la nature, insistaient beaucoup sur la liberté humaine et sur l'indispensable coopération de cette liberté avec la grâce divine; tandis que les Pères latins, en particulier Tertullien, Cyprien, Hilaire et Ambrose, plus guidés par leur expérience que par des principes spéculatifs, insistaient sur l'hérédité du péché et de la culpabilité de l'homme, et la souveraineté de la grâce de Dieu, sans renier, cependant, la liberté et la responsabilité individuelles." (ibid. §146).  Pélage (355-420) Moine irlandais du 5e siècle, il fut scandalisé par les mœurs dépravées des romains et développa une conception de la foi basée sur l'ascétisme et l'action morale. Il développa, en partenariat avec un disciple nommé Coelestius, de nouvelles interprétations sur la nature de l'homme. Elles portaient sur deux points principaux : le péché originel et le libre-arbitre.  Pélage ne croyait pas au péché originel et à la nature pécheresse de l'homme héritée d'Adam. Selon lui, Adam aurait été créé mortel avant de pécher, et il aurait porté seul les conséquences de son péché. Chaque enfant qui naît arriverait au monde avec la même nature innocente qu'Adam. "Ces choses se suivent et se tiennent : si l'homme a le devoir d'éviter le péché, c'est qu'il le peut ; il serait injuste et absurde de lui attribuer à crime ce qu'il ne dépend pas de lui d'éviter. S'il ne le peut pas, il n'a aucune obligation." Pélage est même allé plus loin en déclarant que le sacrifice de Jésus-Christ n’avait pas de valeur rédemptrice mais plutôt valeur d’exemple et d’instruction. L'homme rachèterait ses fautes par l'obéissance à la loi de Dieu.
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Évaluation du Calvinisme
E. Bozzi  Augustin (354-430) En réponse à ces idées qui contredisent plusieurs passages du Nouveau Testament (dont Romains 3/24 et 5/12), l’évêque d’Hippone (en Tunisie) Augustin écrivit son LaTraité sur Grâce et le Libre-Arbitre.Il y développa la théorie de la "prédestination absolue", affirmant que l’homme n’a aucun libre-arbitre et que seule la grâce de Dieu peut décider de le sauver. Augustin avait d’abord été un manichéen, secte qui enseignait le fatalisme absolu. Il avait trouvé la paix dans la foi chrétienne et commença en croyant au libre-arbitre de l’homme. Mais sa bataille contre Pelage entre 410 et 420 l’amena à changer puis durcir sa position en décrivant la grâce de Dieu comme irrésistible et le libre-arbitre de l’homme comme non existant. Augustin défendait surtout l’idée que Dieu n’a pas élu Ses enfants en regardant à leur sainteté future, mais par pure grâce. Nous sommes tous d’accord sur ce point. Personne n’est saint par lui-même, et c’est donc uniquement par la grâce qu’un pécheur peut être sauvé. Mais là où il peut y avoir débat, c’est sur la capacité de l’homme à accepter ou refuser le don de la grâce de Dieu. Et là, Augustin va très loin en disant que Dieu a choisi – prédéterminé -ceux qui allaient accepter cette grâce : « Beaucoup entendent la parole de la vérité; mais les uns croient et les autres résistent. C'est donc parce que les uns veulent croire et que les autres s'y refusent. Eh ! qui l'ignore ? Qui pourrait le nier ? Mais il faut dire aussi que la volonté des uns est préparée par Dieu, tandis que celle des autres ne l'est pas. » (De la Prédestination des Saints – chap. 6 §11).  Selon Augustin, la volonté de croire et la foi doivent lui être données par Dieu : « C'est par la grâce que vous êtes sauvés en vertu de la foi, et cela ne vient pas de vous, puisque c'est un don de Dieu»; en vertu de la foi», et non pas par votre propre vertu, car la foi ne vient pas de vous, puisqu'elle est un don de Dieu. » (ibid. chap. 7). Nous voyons qu’Augustin commet la même faute que tous les interprètes calvinistes d’Ephésiens 2/8. Nous verrons plus loin que le grec ne dit pas que la foi est un don de Dieu, mais que le salut est un don de Dieu qui se reçoit par la foi.  Cela créa des remous dans les églises de l’époque parce que les précédents théologiens avaient toujours parlé de l’élection selon la prescience et de la grâce offerte à tous, tandis qu’Augustin parlait d’élection inconditionnelle et arbitraire et de grâce réservée aux élus. Un groupe de moines marseillais se regroupa derrière Jean Cassien pour souligner le danger de la nouvelle doctrine d’Augustin qu’on appela « semi-pélagiens ». La théologie d’Augustin est donc très proche de celle que Calvin développera plus tard. Il croyait à la prédestination des élus, à l’abandon des réprouvés à leur incrédulité et à la grâce irrésistible qui convertit les élus. Les points de divergence concernent 1) le nombre d’élus : Augustin croyait qu’il correspondait au nombre d’anges déchus qu’ils venaient remplacer (inspiré d’Anselme). 2) la persévérance des saints : contrairement à Calvin, Augustin ne croyait pas qu’on puisse avoir la certitude absolue de persévérer dans la foi et d’être un élu.  Jean Cassien (350-434) Lessemi-pélagiensmenés par Jean Cassien grandirent en influence dans le siècle qui suivit la mort d’Augustin. William Bright (1824-1901), qui a écrit la préface deAnti-Pelagian Treatises of St Augustin(Traités Anti-Pélagiens de St Augustin) décrit très bien la pensée de ces moines marseillais :
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E. Bozzi
 Évaluation du Calvinisme " Considérer la prédestination des élus comme indépendante de leur conduite future, et limiter la bonne volonté de Dieu à un nombre fixé de personnes qui, ainsi choisies sont assurées de persévérer, constitue un abandon de l’ancienne théologie et des premiers enseignements de l’évêque d’Hippone lui-même [Augustin], et coupe à la racine tout effort religieux pour encourager la négligence et le désespoir. Ils insistaient pour dire que… la porte du salut devait être regardée comme ouverte à tous parce que le Sauveur était mort pour tous… Ils croyaient en la Chute de l’homme ; ils reconnaissaient la nécessité de la grâce pour que l’homme soit sauvé ; mais certains pensaient – et c’est là que l’on situe l’erreur semi-pélagienne –que la nature humaine pouvait faire le premier pas vers la guérison en désirant être guérie par la foi en Christ. Si elle ne le pouvait pas, si le commencement de tout bien dépendait uniquement de l’action de Dieu, alors les exhortations leur paraissaient inutiles et la censure injuste, envers ceux qui n’avaient pas été les réceptacles de cette grâce et qui, en attendant, restaient impuissants et innocents en l’occurrence. " (p.54-55).  Le Concile d’Orange en 529 mit fin à la dispute en rejetant les idées pélagiennes et semi-pélagiennes, mais sans mentionner l’élection inconditionnelle et la rédemption particulière.  Gottschalk ou Godescalc (803-868) Ce moine relança le débat en enseignant la double prédestination et en limitant l’œuvre de Christ aux seuls élus. SonLibellus Fidei au Synode de Mayence lui valut envoyé l’emprisonnement et la torture.  Duns Scot (1265-1308) Père de la théologie franciscaine, il défendra à nouveau le libre-arbitre contreThomas d’Aquin qui suivra plutôt la théologie d’Augustin. Duns Scot enseignait que (1225-1274) l’homme, par ses bonnes œuvres, pouvait se disposer à la grâce. Le disciple de Duns Scot, Guillaume d’Occam(1280-1349) ira encore plus loin en insistant sur les mérites de l’homme à recevoir la grâce. Cela s’appelle le Nominalisme.  Jean Wyclif (1324-1384), en s’opposant à l’église officielle qui prônait un salut par les sacrements de l’Eglise, remit à l’honneur la grâce souveraine de Dieu, sans nier pour autant la responsabilité de l’homme.  Martin Luther (1483-1546) croyait à la prédestination des croyants mais refusait de mettre l’accent sur ce point. « Dieu ne veut pas que nous l’interrogions ou le sondions sur son dessein. C’est pourquoi il ne nous a pas donnés de révélation paÉrticulière à ce sujet, mais il renvoie tous les hommes à la parole de  ldoivvaenntg iélec.o uCtere sett  cà onelnlaeî trqeu. iSls doivent  lsÉen tenir, cest elle quils ’ils croient vangile, ils seront sauvés. lCeuer sté laeicntisio nq uete  dteo ulse ulre ss aslauitn. ts»  (oKnitrecuh eentpsoasitsiil llea, ccee itÉrtsoonntla  .)636  ,eIdIuX  ,esde  pitr  A l’instar de Calvin, Luther croyait que l’élection était inconditionnelle, et non liée au libre-arbitre de l’homme. Par contre, il rejetait l’idée de double prédestination, ce que Calvin défendait clairement (Institutions,Livre 3, chap. XXI).  
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Évaluation du Calvinisme
E. Bozzi Jean Calvin(1509-1564) Sa jeunesse Calvin est né le 10 juillet 1509 à Noyon, 25 ans après Luther et Zwingli, et 2 ans après que Lefèvre d'Étaples ait commencé à traduire et enseigner le Nouveau Testament à l'Abbaye de St Germain Des Prés.  Père secrétaire de l'évêque de Noyon, excommunié (peut-être pour hérésie). Frère aîné chapelain de la cathédrale de Noyon et curé de Roupy- excommunié pour hérésie. Plus jeune frère chapelain puis excommunié pour sa foi évangélique. Son cousin était Pierre Robert (Olivétan) qui devint protestant quelques années avant Calvin. Calvin devient chapelain à l'âge de 12 ans, mais jamais prêtre.  Il monte faire ses études à Paris à 14 ans. Il y apprend à maîtriser le latin et la rhétorique avec le professeur Mathurin Cordier qui devint aussi protestant. Calvin étudie ensuite la philosophie et la théologie à Montagüe en compagnie d’Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites, l'armée de la future Contre-Réforme.  De 1528 à 1533 Calvin étudie dans les meilleures universités, Orléans, Bourges et Pans. Son père le destine au métier d'avocat. Il apprend le grec et l'hébreu avec Rottweil, humaniste allemand, élève de Lefèvre et sympathisant de la Réforme en Allemagne.  En 1532, Calvin publie son premier ouvrage, un commentaire d'un livre de Sénèque. Calvin gardera une grande admiration pour ce philosophe, adoptant la philosophie stoïque jusque dans son comportement puisqu’il vivra dans l’ascèse jusqu’à la fin de ses jours.  Sa Conversion et son appel Calvin se convertit entre 1532 et 1534, il a environ 23 ans. Il précise dans sonCommentaire des Psaumes homme ne l'a conduit à Christ personnellement, même s’il reconnaît qu'aucun avoir été préparé avant de se convertir. « Dieu lui même produisit le changement. Il subjugua instantanément mon coeur pour le porter à obéir... un seul refuge salvateur est offert à nos âmes, et c’est la miséricorde de Dieu en Christ. Nous sommes sauvés par grâce, non par nos mérites ni par nos oeuvres. » (Cité par Philip Shaaf dans son Histoire de l’Eglise Chrétienne,La Réforme en Suisse).  Sans le chercher et sans effort, Calvin devient en un an le leader de la cause évangélique en France. Au début, il reste néanmoins catholique, désirant uniquement réformer l'église.  La Réforme fait une percée en France. Nicolas Cop, ami de Calvin, est nommé Recteur de l'Université de Paris en 1533. Son discours d'inauguration, peut-être écrit par Calvin, appelle à une réforme basée sur le N.T., contre les théologiens scolastiques de son temps. La Sorbonne (catholique) interprète ce discours comme une déclaration de guerre et le condamne. Cop s’enfuit à Bâle. Calvin s'échappe aussi et la police fouille son appartement et ses papiers. Calvin vit deux ans à Angoulême sous la protection de Marguerite de Navarre. Il y étudie, y enseigne et y prépare ses Institutions, une œuvre magistrale destinée à montrer au Roi François 1erque la foi protestante n’est pas hérétique. Il aide Olivetan à achever sa traduction de la Bible en Français, à partir des originaux hébreux et grecs, d'une traduction vandoise et de la traduction de Lefèvre. Pendant 3 ans, Calvin fut un évangéliste en fuite.  
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E. Bozzi Évaluation du Calvinisme En 1534, une persécution féroce s'exerce contre les Protestants à la suite de "l'affaire des placards". 6 protestants sont brûlés vifs le même jour en représailles. Un grand nombre, dont Calvin, s’enfuit à Strasbourg, puis à Bâle où se trouve déjà Farel.  Calvin à Genève Guillaume Farel a réussi à gagner la ville de Genève aux idées de la Réforme. Se sentant inadéquat à porte la nouvelle église réformée, il convainc un Calvin réticent de le rejoindre pour achever cette œuvre. Nous sommes en été 1536. Les deux hommes vont rédiger une confession de foi et des lois obligatoires. Très vite, une opposition se met en place face à l’intolérance des exigences de Calvin et des bannissements nombreux. En Avril 1538, Farel et Calvin sont chassés de la ville. Ils se rendent à Strasbourg pour continuer leur œuvre. C’est à Strasbourg que Calvin rencontre le pasteur anabaptiste Stordeur et son épouse. Le pasteur décède de la peste et Calvin épouse sa veuve, Idelette de Bure en 1541. Les partisans de Farel ayant obtenu la majorité au Conseil de Genève, ils rappellent Calvin en 1541, mais celui-ci exige qu’il y ait désormais séparation entre l’église et l’Etat. Néanmoins, Calvin instaure une sorte de « république calviniste » à Genève. La lutte entre Jean Calvin et Michel Servet dans les années 1550 a marqué l’histoire. Servet, était un croyant qui ne croyait pas en la trinité (anti-trinitaire). C’était un homme très actif et influent. Encore aujourd’hui, certains reprochent à Calvin d’avoir appuyé la peine de mort contre Michel Servet, jugé pour hérésie. Jean Calvin mourût en 1564 à l’âge de 65 ans. C’est Théodore de Bèze qui lui succéda.  Les oeuvres littéraires de Calvin Calvin est connu pour sesInstitutions de la Foi Chrétienne, sesCommentaireset sesSermons. A l'âge de 26 ans, le génie Calvin écrit en latin ses Institutions, une oeuvre magistrale adressée au Roi François 1er pour défendre la foi évangélique. Dans la première édition del'Institution de la religion chrétienne, paru en 1536, Calvin ne s’étend pas sur la prédestination ; ce n'est que dans l'édition de 1539 qu’il consacre un chapitre à ce problème, puis de plus en plus de place jusqu'en 1559. Ce chapitre sera complété par deux traités spécifiques,De la prédestination éternelle de Dieu(1552) etLa congrégation sur l'élection éternelle(1562).  La doctrine de Calvin reprit abondamment, dans son œuvre majeureLes Institutions, la théologie d’Augustin en rejetant la théologie catholique qui faisait reposer le salut en partie sur les œuvres de l’homme. Calvin croyait que Dieu avait tout déterminé depuis l’éternité, le sort des élus et celui des réprouvés, et que le sacrifice de Christ était le résultat et non la cause de l’élection. Il insistait pour dire que l’homme n’a aucune part dans son salut, que ce soit par sa volonté, par son libre-arbitre ou par ses actions. Calvin refusait l’idée d’une « volonté permissive de Dieu ». Pour lui, tout ce qui arrive dans l’univers est le produit de la volonté de Dieu. Mais il s’insurgeait contre ceux qui l’accusaient de faire de Dieu l’auteur du mal. Il est important de noter que Calvin n'a jamais défendu le L de TULIP sur l'expiation limitée.  L’historien Philip Schaff résume ainsi la doctrine de Calvin : "Dieu a prédestiné toutes choses qui doivent arriver de toute éternité, dans le but de manifester sa gloire. Il a créé l’homme pur et saint avec la liberté de choix. Adam fut éprouvé, désobéit, perdit sa liberté et devint esclave du péché. La race humaine en son entier tomba avec lui et demeure justement condamnée à la mort éternelle en Adam. Mais Dieu, dans sa souveraine grâce a élu une partie de cette masse corrompue à la vie éternelle, sans considération de mérites ; il
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E. Bozzi
 Évaluation du Calvinisme convertit les élus par sa grâce irrésistible, les justifie, les sanctifie et les perfectionne, manifestant en eux les richesses de sa grâce. En même temps, dans son insondable mais juste et adorable conseil, il laisse le reste de l’humanité dans son héritage de condamnation, et révèle dans la condamnation éternelle des méchants la gloire de sa terrible justice." (History of the Church,vol.6, §112).  Jacob Arminius(1560-1609) De son nom hollandaisJakob Harmenszoon, reçut son éducation d’un prêtre très pieux, il Theodore Aemilius, et devint un savant hollandais, professeur dans les grandes universités de l’époque, Amsterdam et Bâle notamment. Il fut aussi prédicateur de l’Eglise de Hollande. Sa visite à Genève lui permit de rencontrer et d’admirer Théodore de Bèze, le successeur de Calvin. Mais sa découverte de la théologie calviniste, qui remplissait les universités, le laissa frustré. Certains points enseignés par Bèze (le supralapsarisme notamment) lui paraissaient aller trop loin, faisant de Dieu l'auteur de la Chute. Il définit alors une autre interprétation de l’élection divine et de la prédestination, basée sur la prescience. Cela lui valut de terribles attaques mettant en cause jusqu'à sa réputation. On l'accusa d'hérésie grave, d'ambition personnelle, de schisme, etc.. Il mourut la veille du jour où il devait présenter sa défense. Encore aujourd'hui, le terme "arminien" est, dans la bouche d'un calviniste, proche de l'insulte ou, en tout cas, égal à "hérétique". Ce qu'on désigne par "arminien" aujourd'hui est en fait plutôt la doctrine Pélagienne qui fait de l'homme le maître de son destin, pouvant choisir entre le bien et le mal. Arminius était contre le pélagianisme et reconnaissait la souveraineté de Dieu. Voici quelques extraits des écrits d'Arminius pour éclairer ce qu'il pensait et croyait vraiment:  Concernant la prédestination "Concernant l'article sur la prédestination, mes sentiments sont les suivants : c'est un décret éternel et gracieux en Christ, par lequel Dieu détermine, d'un côté, de justifier et adopter les croyants, et de leur accorder la vie éternelle; et de l'autre de condamner les incrédules et les impénitents. C'est ce que j'avais déjà expliqué dans mes thèses sur ce même sujet, qui ont été discutées en public et dans lesquels personne n'a rien trouvé à redire. (…) Ce décret qu e je viens de décrire n'est pas un décret par lequel Dieu déciderait de sauver un certain nombre de personnes et, ce faisant, les doterait de la foi adéquate, et de condamner d'autres en ne les dotant pas de cette foi. Pourtant, nombreux sont ceux qui déclarent que c'est de cette prédestination là que l'apôtre Paul parle [en Romains 8 et 9]. Je démens cette affirmation. Je leur accorde qu'il y a un certain décret de Dieu, selon lequel il administre les moyens nécessaires à la foi et au salut, et d'une telle manière qu'il demeure juste concernant sa miséricorde et sa sévérité. Mais pour ce décret, je crois qu'il n'y a rien de plus à ajouter en disant que la foi est un simple don de la gracieuse miséricorde de Dieu; et que l'incrédulité doit être en partie attribuée à la faute et la méchanceté des hommes, et en partie à la juste vengeance de Dieu qui déserte, aveugle et endurcit les pécheurs." (Lettre à Hippolyte a Collibus, § sur la Prédestination). Sur la prédestination au salut et sur la damnation
 
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 Évaluation du Calvinisme "C'est une horrible affirmation que de dire 'Dieu a prédestiné les hommes qu'il a voulu, non seulement pour la damnation, mais aussi pour les causes de cette damnation" (Théodore de Bèze, vol.1, fol. 417)." "C'est une horrible affirmation que de dire 'Les hommes sont prédestinés à la mort éternelle par la simple volonté ou le choix de Dieu, sans démérite de leur part.' (Calvin, Institutions, 1, I, c, 2,3)." "C'est aussi une horrible affirmation que de dire 'Certains hommes ont été créés pour la vie éternelle et d'autres pour la mort éternelle'." Concernant la volonté de l'homme "Concernant la grâce et la volonté de l'homme, voici ce que j'enseigne selon les Ecritures et la voie orthodoxe : la volonté humaine est incapable de commencer et d'achever aucune œuvre spirituelle sans la grâce. Qu'on ne pense pas que je détourne, comme l'a fait Pélagius, le terme de "grâce". Je veux dire par grâce, la grâce de Christ que l'on reçoit à travers la nouvelle naissance. J'affirme donc que cette grâce est simplement et absolument nécessaire à l'illumination de l'intelligence, à la mise en ordre des affections et à l'inclination de la volonté de l'homme vers ce qui est bon. (…) Cette grâce commen ce le salut, le promeut, le perfectionne et l'accomplit en l'homme. J'avoue que l'esprit d'un homme naturel et charnel est obscur et sombre, que ses affections sont corrompues et excessives, que sa volonté est rebelle et désobéissante, et que l'homme lui-même est mort dans ses péchés. Et j'ajoute - que tout enseignant qui attribue à la grâce cette action obtiendra ma plus haute approbation, pourvu qu'il plaide ainsi la cause de grâce, sans faire injure à la justice de Dieu et sans retirer tout libre arbitre à ceux qui font le mal." (Lettre à Hippolyte a Collibus, § sur le libre-arbitre)  On voit donc qu'Arminius n'est pas ce qu'on imagine, un adepte du libre-arbitre complet, mais qu'il voit dans l'Ecriture un équilibre entre la souveraineté de Dieu et les choix de l'homme.  Concernant la perte de la foi "Celui qui pense qu'il est possible de s'écarter de la foi et qui, donc, a peur de s'en écarter lui-même, n'est ni privé de consolation, ni forcément torturé par l'anxiété. Car il peut trouver la consolation et exclure l'anxiété en sachant qu'il ne quittera pas la foi par la force de Satan, du péché, ou du monde, et par aucune faiblesse de sa chair propre, à moins que, volontairement et de son propre choix, il se soumette à la tentation et néglige de mettre en œuvre son salut d'une façon consciencieuse. " Ce point est celui qu'on reproche le plus à Arminius aujourd'hui. Il y a pourtant un élément biblique (Philippiens 2/12 : mettre en œuvre son salut, c'est-à-dire faire grandir en nous les grâces du salut en Jésus-Christ) qui était négligé par les hypercalvinistes du temps d'Arminius. Pour eux, un élu régénéré était porté à la sainteté automatiquement, par le simple fait d'être un élu. Il n'y avait de libre-arbitre ni dans l'acceptation du salut ni dans la sanctification. Arminius souligne au contraire le combat et le choix du chrétien (voir Gal. 5/17) même après sa conversion. Il pousse plus loin en disant qu'on peut abandonner définitivement la foi.
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