Coopération entre Etats africains - article ; n°1 ; vol.33, pg 823-838
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Coopération entre Etats africains - article ; n°1 ; vol.33, pg 823-838

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annuaire français de droit international - Année 1987 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 823-838
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Victor Umbricht
Coopération entre Etats africains
In: Annuaire français de droit international, volume 33, 1987. pp. 823-838.
Citer ce document / Cite this document :
Umbricht Victor. Coopération entre Etats africains. In: Annuaire français de droit international, volume 33, 1987. pp. 823-838.
doi : 10.3406/afdi.1987.2813
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1987_num_33_1_2813FRANÇAIS DE DROIT INTERNATIONAL ANNUAIRE
XXXIII - 1987 - Editions du CNRS, Paris.
LA COOPÉRATION EN AFRIQUE
Victor UMBRICHT
I. — Les avantages de la coopération
Les progrès économiques enregistrés au cours des vingt ou vingt-cinq dernières
années sont encourageants à bien des égards — mais non à tous. En général, les
pays en développement de l'Afrique sont allés de l'avant en matière d'industriali
sation, d'éducation, de santé publique, d'habitat, de communications internationales
et de lutte contre la pauvreté. En revanche, dans d'immenses régions du continent,
le pouvoir d'achat moyen ne s'est pas accru; l'agriculture, la plus importante de
toutes les activités économiques, n'a pas progressé; la famine frappe toujours de
nombreuses populations; l'infrastructure, notamment routière et ferrovière, ne
s'améliore que lentement; le chômage demeure élevé, et la dette extérieure impose
un fardeau excessivement lourd. Dans l'ensemble, les pays pauvres sont aujourd'hui
aussi démunis et dans quelques cas même plus démunis qu'il y a vingt ans. Au point
que bon nombre de pays doivent lutter dur, très dur, pour assurer le service de leur
dette internationale.
Le président J. Nyerere, ancien chef d'Etat de la Tanzanie, déclarait à la
réunion de 1985 des chefs d'Etat africains qu'il présidait, que la dette extérieure
de l'Afrique se situait aux alentours de 170 milliards de dollars à la fin de 1985 (elle
est actuellement de l'ordre de 200 milliards de dollars). « Ainsi, la dette a grossi
de bien plus de 20 % par an pendant les dix ou douze années passées et ce rythme
d'accroissement est dû, en grande partie, aux effets entraînés par le niveau très
élevé des taux d'intérêt mondiaux et l'inévitable réaménagement de la dette. Il est
tout à fait clair qu'aucune économie africaine n'a connu un taux de croissance
comparable; et vraisemblablement aucune ne sera en mesure d'atteindre un tel taux
dans un avenir prévisible. Au contraire, les projections économiques internationales
laissent entrevoir, selon toute probabilité, une stagnation ou un nouveau déclin sur
le plan économique, du moins dans la plupart des pays africains. Et pourtant elles
tiennent compte des hypothèses météorologiques les plus optimistes. ... L'Afrique
reconnaît ces dettes extérieures. Nous voulons les honorer. ... Mais il faut que nos
créanciers tout comme nous-mêmes admettions que l'Afrique est tout simplement
dans l'incapacité d'effectuer les paiements courants qu'exige d'elle le service de ces
(*) Victor Umbricht, d'abord membre du service diplomatique suisse, puis pendant
quelques années dans l'économie privée, à compter de mi- 1950 nombreuses missions de
l'O.N.U. et de ses agences spécialisées, notamment pour la reconstruction et réhabilitation
dans l'ex-Congo belge (Zaïre), au Comité du Mékong, au Bangladesh, au Pakistan, au Vietnam
et autres. Sa plus récente mission a été celle de médiateur pour la Communauté de l'Afrique
de l'Est (1977-1987). M. Umbricht a été également membre et vice-président du Comité
international de la Croix-Rouge. Il est mort en juillet 1988. 824 LA COOPÉRATION EN AFRIQUE
dettes. Je répète : nous voulons payer nos dettes. Cependant, nous ne pouvons
accepter de laisser mourir nos enfants et s'immobiliser nos économies afin de
supporter des charges qui se sont alourdies si fortement du fait d'événements
extérieurs. »
Ainsi, en dépit des progrès visibles réalisés au cours des deux décennies
écoulées, le jour est encore bien loin où les pays en développement, en particulier
les plus petits et les plus pauvres pourront, en s'appuyant sur leurs propres
ressources, améliorer efficacement et promptement leur vie économique. Ils sont,
au mieux, en train de se diriger vers le milieu du courant, avec devant eux de
nombreux obstacles et problèmes. Ces derniers réclameront des efforts supplé
mentaires et des solutions nouvelles.
Ces nouveaux efforts seront d'autant plus nécessaires que l'aide étrangère, qui
n'était jamais très élevée, risque malheureusement de s'amenuiser encore. En fait,
trop de pays du Tiers-Monde ont compté largement sur des ressources étrangères :
sur des subsides budgétaires, sur le recours à un personnel étranger, sur des
secours, sur une technologie étrangère pas toujours adaptée aux coutumes locales.
Inutile de souligner que l'assistance étrangère est indispensable et utile. Elle
doit se poursuivre. Sa réduction progressive est à déplorer. Toutefois, une forte
dépendance à l'égard de cette aide signifie aussi que, dans le cas de beaucoup de
pays, les entrées de capitaux demeurent sous contrôle étranger et ne sont pas
nécessairement orientées vers les secteurs que ces pays jugeraient les plus
avantageux dans un programme de développement équilibré, profitant à la majeure
partie de la population.
La plupart des marchés des pays africains sont de petite dimension, certaines
exceptions mises à part. Souvent, ils n'assurent pas une viabilité économique et ne
soutiennent pas une production sur une échelle économique. Toute une série de pays
gagneraient à coopérer dans des productions à plus grande échelle intéressant des
secteurs spécifiques où une action de coopération permet de mieux répondre aux
besoins des populations.
C'est pourquoi ce que commande l'avenir, c'est une coopération au-delà des
frontières, une coopération s'exerçant sur l'ensemble du continent et dans le cadre
des régions.
De l'assentiment général, il existe quelques domaines majeurs — à côté
d'autres — où la coopération se révèle essentielle pour le progrès économique :
a) L'agriculture et la gestion des eaux
Dans tous pays africains pauvres, l'agriculture constitue la base de l'économie;
elle emploie jusqu'à 80% des habitants. Pourtant, la production ne croît pas
suffisamment pour nourrir les populations et, selon les prévisions, bon nombre de
ces pays connaîtront un déficit vivrier qui ira en s'amplifiant au cours des années
à venir.
Le plan d'action de Lagos, adopté en 1980 par les pays de l'Organisation de
l'unité africaine (O.U.A.), contenait de nombreuses recommandations valables pour
la mise en œuvre de mesures destinées à venir à bout des déséquilibres substantiels
de plusieurs secteurs économiques, en particulier de l'agriculture et de l'industrie
alimentaire. Bien que les principes de ce plan aient été acceptés avec empressement,
les préoccupations sous-jacentes n'ont pas donné lieu à des actes concrets et ne se
sont pas non plus reflétées dans les plans de développement nationaux. Telle a été
la conclusion d'un comité directeur ministériel à la 21e assemblée des chefs d'Etat LA COOPÉRATION EN AFRIQUE 825
des membres de TO.U.A. (tenue en juillet 1985). Le plan de Lagos prévoyait pour
le secteur agricole un taux de croissance de 4 % par an. La progression atteinte au
cours de la période 1980-1985 n'a été que d'environ 1,7 %, tandis que la population
s'est accrue de près de 2,8 % par an pendant la même période.
Approximativement 150 millions de personnes souffrent en Afrique d'une
pénurie de vivres; quelque vingt pays sont sérieusement affectés par la crise
alimentaire, situation qui est lourde de menaces. Si la situation est aujourd'hui
alarmante, elle risque de devenir catastrophique dans le proche avenir et dans un
avenir plus lointain.
En 1980, l'Afrique subvenait à 80% de ses besoins alimentaires; la tendance
actuelle révèle une nette diminution, susceptible de réduire à 70 % et même moins
le taux d'autosuffisance pendant les années 1990-2000 si des mesures appropriées
ne son

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents