L intervention française au Shaba (19 mai - 14 juin 1978) - article ; n°1 ; vol.24, pg 159-188
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L'intervention française au Shaba (19 mai - 14 juin 1978) - article ; n°1 ; vol.24, pg 159-188

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Annuaire français de droit international - Année 1978 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 159-188
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Mme le Recteur Aleth Manin
L'intervention française au Shaba (19 mai - 14 juin 1978)
In: Annuaire français de droit international, volume 24, 1978. pp. 159-188.
Citer ce document / Cite this document :
Manin Aleth. L'intervention française au Shaba (19 mai - 14 juin 1978). In: Annuaire français de droit international, volume 24,
1978. pp. 159-188.
doi : 10.3406/afdi.1978.2092
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1978_num_24_1_2092L'INTERVENTION FRANÇAISE AU SHABA
(19 Mai - 14 Juin 1978)
Aleth MANIN
Le Zaïre ne devient-il pas périodiquement une terre de violence ? Le Shaba
connaît une notoriété que l'ex -Katanga n'aurait pas désavouée. Au cœur de
l'Afrique, son enjeu économique se double d'une lutte idéologique à l'échelle du
continent et ce qui s'y passe trouve un écho en dehors du continent africain.
L'histoire semble manquer d'imagination. A la période troublée de la décoloni
sation succède une phase apparemment calme. Depuis 1977, le Zaïre est à nouveau
plongé dans l'incertitude. Une première « guerre » du Shaba se termine-t-elle
en mai 1977 qu'un an plus tard tout recommence.
Le 13 mai 1978, plusieurs centaines d'hommes en armes — les « ex-katangais »
qui se réclament du Front de Libération nationale du Congo — prennent pied dans
la ville de Kolwesi, occupent l'aérodrome et coupent toutes les communications.
Aucune résistance sérieuse ne leur est opposée. Simple raid d'irréguliers ou
offensive de grande envergure contre le Shaba ?
La tension monte vite dans les capitales européennes. Après quelques jours
d'inquiétude, la situation s'aggrave brusquement le 16 mai. Les nouvelles les plus
alarmantes circulent, aussi confuses qu'inexactes sur une tentative d'intervention,
conjointe entreprise par la France, la Belgique et les Etats-Unis. Coïncidence ?
C'est à partir de cette date que l'insécurité atteint son paroxisme à Kolwesi et
que les rumeurs d'intervention grossissent en Europe.
Il faudra néanmoins attendre le 19 mai pour qu'elles se confirment avec le
largage sur la ville des hommes de Légion étrangère.
Cette intervention — « opération Léopard » pour les militaires — a été
présentée par la France comme une mission humanitaire (I). C'est aussi une
opération d'assistance au Zaïre victime d'une action de « déstabilisation » (II) .
(*) Aleth Manin, Chargée de Conférences à l'Université de Paris I. 160 l'intervention française au shaba
I
UNE MISSION HUMANITAIRE
Protéger des vies humaines en danger sur un territoire étranger, tel est
l'objectif de l'intervention dite d'humanité et sa justification traditionnelle.
L'action française menée au Shaba est à première vue l'exemple typique de
l'application de cette institution exceptionnelle.
A. — L'exemple-type d'une mission de protection
L'intervention d'humanité revêt elle-même deux aspects. D'une part, elle
est destinée à protéger les propres nationaux de l'Etat qui l'assume ou les
ressortissants de plusieurs autres puissances plongés dans une situation d'insé
curité. D'autre part, elle implique, la plupart du temps, le recours à la force, soit
pour contrôler les actes d'un gouvernement étranger jugés contraires aux stan
dards minimaux de civilisation, soit — plus fréquemment — pour suppléer sa
carence.
Naturellement, le gouvernement qui prend la décision d'agir est plus enclin
à exposer la face « humanitaire » de son intervention que celle liée à l'emploi de
la force.
C'est pourquoi l'objectivité commande de définir les principaux caractères de
l'opération avant de reprendre les justifications proposées par le gouvernement
français.
1. — Les caractères de l'intervention française
Intervention armée, le fait est établi. Mais aussi intervention individuelle,
ce que la chronologie oblige à rapporter d'abord.
a. Une intervention individuelle.
Quatre Etats occidentaux ont assuré, directement ou indirectement, la pro
tection de leurs nationaux et d'autres ressortissants au Shaba : la France, la
Belgique, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne a agi de façon fort discrète. Elle s'est bornée à envoyer
en Zambie quatre avions chargés de vivres et de médicaments destinés à assurer
« la protection et le rapatriement des sujets britanniques et autres expatriés en
danger à Kolwesi » (1) .
Il va sans dire que l'intervention française effectuée sur le territoire zaïrois
n'a aucun point commun avec ce type d'action.
(1) Communiqué du Foreign Office du 19 mai 1978. Le Foreign Office a insisté sur
le caractère exclusivement humanitaire de cette intervention, soulignant qu'il avait demandé
et obtenu le consentement préalable du gouvernement zambien. ^INTERVENTION FRANÇAISE AU SHABA 161
En a-t-elle avec l'opération belge ? La réponse est franchement négative. Les
deux opérations ont été réalisées parallèlement, dans un climat de méfiance et
de suspicion mal dissimulé, si bien qu'au moment où, le 20 mai, les gros porteurs
de l'armée belge atterissent à Kolwesi, on précise de source autorisée à Bruxelles
qu'il ne s'agit pas de la seconde phase d'une quelconque opération franco-belge :
« H n'y a pas eu, il n'y a pas, il n'y aura pas d'opération combinée franco-belge...
L'intervention des forces belges est strictement limitée dans le temps et dans
l'espace » (2) . Cette prise de position catégorique est l'aboutissement d'une semaine
fertile en rebondissements et malentendus, comme le souligne notamment les
propos contradictoires tenus la veille par le ministre français des affaires étran
gères : « l'opération a été faite en plein accord avec le gouvernement belge... » (3)
et par un porte-parole belge : « ... cette action séparée de la France n'était pas
prévue... » (4) .
En fait, l'on apprendra par la suite, de la voix du ministre belge des affaires
étrangères, qu'après avoir demandé aux Français de retarder l'opération, il aurait
fait savoir le 19 mai au matin « qu'il ne pouvait s'opposer à une décision prise par
la France en connaissance de cause » (5) . C'est alors que le Président de la
République aurait informé le Premier Ministre belge, le même jour, en fin de
matinée, de l'heure du largage des parachutistes français.
Sans vouloir entrer dans les détails d'une controverse dont maints aspects
demeurent encore obscurs, le différend franco-belge se situait, semble-t-il, à deux
niveaux.
Sur le plan politique, les deux gouvernements, dont les intérêts au Zaïre sont
loin d'être identiques (6) , ont eu une vision différente à la fois de la nécessité
d'une intervention et de sa finalité.
Dans une certaine mesure, le gouvernement français s'est rallié assez rap
idement à la perspective de l'intervention militaire, n'envisageant aucune solution
de remplacement.
Le gouvernement belge a tenté de jouer sur deux registres : l'intervention
militaire — et il a recherché principalement la collaboration des Etats-Unis et de
la Grande-Bretagne (7) — , les solutions diplomatiques ou politiques (8) .
(2) cf. Le Monde, 24 mai 1978.
(3) Ibid.
(4)
(5) Déclaration au Monde de M. Simonet, ministre belge des affaires étrangères, Le
Monde, 30 mai 1978.
(6) Le 22 mai 1978, le ministre des Affaires étrangères, M. Simonet, a déclaré à la
télévision belge : « ... Le gouvernement français a une politique africaine qui n'est pas
la nôtre. La France cherche à maintenir des points d'appui sur le continent noir, tandis que
la Belgique cherche la coopération avec un pays plutôt qu'avec un régime. Ce n'est pas
une divergence entre Paris et Bruxelles, mais une différence de vision politique. La
querelle n'est pas vaine ». (Cf. Le Monde, 23 mai 1978) .
(7) Cf. déclaration de M. Simonet, au Monde (30 mai 1978) :
«... Nous ne demandions qu'à faire l'opération avec tout gouvernement disposé à y
participer. Nous l'avons demandé aux Américains et aux Anglais. Nous avons été heureux
que les Français manifeste

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