La critique allemande de la pensée politique française du XVIII ème siècle et le national-socialisme - article ; n°3 ; vol.1, pg 299-314
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Revue internationale de droit comparé - Année 1949 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 299-314
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ch. Bourthoumietjx
La critique allemande de la pensée politique française du XVIII
ème siècle et le national-socialisme
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 1 N°3, Juillet-septembre 1949. pp. 299-314.
Citer ce document / Cite this document :
Bourthoumietjx Ch. La critique allemande de la pensée politique française du XVIII ème siècle et le national-socialisme. In:
Revue internationale de droit comparé. Vol. 1 N°3, Juillet-septembre 1949. pp. 299-314.
doi : 10.3406/ridc.1949.18864
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1949_num_1_3_18864CRITIQUE ALLEMANDE LA
DE LA PENSÉE POLITIQUE FRANÇAISE
DU XVIIIe SIÈCLE
ET LE NATIONAL-SOCIALISME
PAR
Ch. BOURTHOTJMIKXJX
Membre suppléant du Conieil Supérieur de la Magistrature (France)
I
II n'est pas possible de distinguer les institutions national-socialistes
de la philospohie du droit et de l'Etat des nazis.
Les juristes du IIIe Reich ont refusé de séparer leur science de la
politique et de voir leur tâche spéciale dans une étude impartiale des con
ditions et des principes du droit en général. D'autre part, le réalisme
mystique qui pénètre toutes les institutions du IIIe Reich fait qu'il ne faut
point chercher à comprendre leur réalité en dehors de la philosophie
national-socialiste elle-même. Le peuple, l'Etat, les différentes fonctions
publiques que nous sommes habitués à distinguer d'une façon concrète
pour en marquer les rapports n'existent chez les nazis que d'une façon
idéale, comme les moments différents d'une seule pensée.
Il est donc nécessaire de connaître celle-ci pour qui veut tenter de se
rendre compte de l'organisation que les nazis ont voulu instaurer en
Allemagne et qu'ils y ont en fait complètement établie en ce qui concerne
le droit public.
Mais cette étude n'offre pas seulement un intérêt historique.
Notre époque est caractérisée par une révision générale des princi
pes qui ne peut pas ne pas s'étendre aux principes juridiques et remettre
par conséquent dans une certaine mesure en honneur la philosophie du
droit.
La doctrine nazie ne s'est pas imposée sans avoir de profondes atta
ches avec le passé. Il serait faux de croire que le prestige personnel de
Hitler, l'emploi de la force brutale aient été les seules causes de son suc
cès. Il est certain au contraire que l'hitlérisme a dû pour une grande
part son avènement à ce qu'il se réclamait d'idées anciennes. « Beaucoup
écrit le professeur Isele, virent dans le national-socialisme une revanche ÉTUDES ' — VARIÉTÉS — DOCUMENTS * 300
tardive de Gierke sur l'esprit des Pandectes » (1). D'autres y virent la
réalisation du Volksgeist de Savigny (2), Le professeur Heck de Tübingen
qui fut un des fondateurs de l'école de jurisprudence sociologique écrivit
au sujet de sa propre doctrine : « la vieille formule reçoit aujourd'hui un
contenu précis... Notre juge doit servir l'idéal du national-socialisme. Pour
la connaissance des buts qu'il se propose, les paroles du Führer et les
déclarations du parti sont déterminantes... il lui appartient de combler
les lacunes de la loi d'après la pensée national-socialiste » (3). On ne peut
nier qu'à des titres divers les intellectuels et particulièrement les juristes
allemands n'aient vu dans l'hitlérisme beaucoup plus que la réussite d'un
parti, l'avènement d'une doctrine de valeur objective et surtout authenti-
quement allemande.
Il ne faut pas voir dans le racisme même une véritable nouveauté : les
tendances spiritualistes et le nationalisme mystique qui lui sont essentiels
lui sont bien antérieurs. Lui-même est d'apparition relativement récente,
ne remontant pas au delà du dernier quart du xixe et début du xxe siècles,
où parurent en France les travaux de Vacher de Lapouge et en Allemagne
ceux de Woltmann, deux des fondateurs de l'anthroposociologie (4).
Par contre le nationalisme, la croyance en la mission spirituelle du
peuple allemand, l'organiscisme totalitaire remontent au début du xixe
siècle. Les théories des anthropologues n'étaient point d'ailleurs sans
d'étroites relations avec l'anti-démocratisme de la période romantique
puisque le « Gobinisme » avait justement pour but de démontrer la vanité
de l'idéal révolutionnaire en expliquant le développement des civilisations
par la prédominance du facteur ethnique et spécialement du facteur
arien.
Gobineau n'avait pas inventé l'antidémocratisme ni le panger
manisme. Il s'est chargé seulement de donner à la contre-révolution un
fondement nouveau, plus en rapport avec l'évolution scientifique de la
seconde moitié du xixe siècle, que le spiritualisme chrétien. On a pu dire
que toutes les grandes thèses du Mythe du xxe siècle de Rosenberg se
trouvent déjà dans les Discours à la Nation allemande que Fichte prononça
pendant l'hiver" de 1807-1808 à Berlin (5). Le racisme n'a pas apporté autre
chose à la cause de la contre-révolution nationaliste que l'idée d'une poli
tique par la sélection, idée déduite du Darwinisme et redoutable puis
qu'elle devait aboutir aux massacres des juifs, aux pratiques de la stéri
lisation et à l'euthanasie généralisée. Mais les idées mêmes que cette sélec
tion devait faire prévaloir, le racisme les a héritées du début du xixe siè
cle auquel d'ailleurs il se rattache lui-même (6).
(1) Archiv für die civilistische Pnixis Ein Halbes Jahrhunder deutsches Bürgerliches
Buch 1948.
(2) Wolf, Die Nvuregierungsform des deutschen licichs (1933).
(3) Cité par la Revue hitlérienne de l'Académie de Droit allemand. Rechts Erneuerung und
Methodenlehre, Sept. 1938.
(4) Vacher de Lapouge — Les Sélections Sociales, 1896, l'Aryen, 1889. Race et milieu
social 1909. V. entre autres Friedrich Hertz, Moderne Rassentheorie, 1904 ; Woltman, Poli
tische Antropologie, \%Z;Marxismus und Rassentheorie, 1905 ; Die biologische Grundlagen
der Soziologie. 1904; Cf. Seillières. Une école d'impérialisme mystique, Revue des deux 1"' Mars 1909. Mondes,
(5) Georges Vlachos, Fédéralisme et Raison d'Etat dans la pensée internationale de
Fichte, Paris 195-8.
(6) Voir notamment ce que Chamberlain dit du kantisme dans son ouvrage Les Assises
du XII' siècle. — VARIÉTÉS — DOCUMENTS 301 ÉTUDES
Ce tut après la défaite de la Prusse à Iena (1806) que commença la
montée du nationalisme allemand. Le courant cosmopolite et libéral issu
de la période des lumières (Aufklärung) fut renversé. L'Allemagne intel
lectuelle qui s'était quinze ans plus tôt enthousiasmée pour la Révolution
commença de prendre conscience d'elle-même, comme détentrice de la
force morale destinée à fonder l'unité et la liberté de la nation dans la
lutte contre l'influence opprimante et dissolvante de la France indivi
dualiste.
Le mouvement d'ailleurs captait des tendances qui s'étaient déjà
manifestées à l'époque antérieure dans certains poèmes de Schiller, de
Klopstock et dans les écrits historiques de Herder.
Mais surtout il pouvait chercher sa justification théorique dans l'œu
vre même de Kant. En niant la possibilité de tirer du divers de l'expé
rience sensible un ordre qui y serait obscurément contenu, Kant a fondé
une fois pour toutes, la critique allemande de l'individualisme et marqué
dans quelle direction intérieure devait se poursuivre l'effort de la pensée.
Le rationalisme ne peut s'achever qu'en surmontant l'individualisme où
a sombré la Révolution française. Telle est la pensée de Hegel qui voit
dans la Révolution « à la fois le plus formidable spectacle que nous ayons
connu depuis l'existence de l'homme » et 1' « événement le plus brutal et
le plus terrifiant ».
Cette critique est la justification de la conception totalitaire qui sera
désormais opposée à la pensée française, comme la véritable doctrine de
l'ordre et du progrès,. et que les nazis ont reprise.
L'objet de ce travail n'est pas de savoir si l'opposition de l'Allema
gne à l'individualisme est en soi justifiée mais plutôt d

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