Le testament politique de Dag Hammarskjoeld - article ; n°1 ; vol.7, pg 355-380
27 pages
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Description

Annuaire français de droit international - Année 1961 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 355-380
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 157
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. le Professeur Michel Virally
Le testament politique de Dag Hammarskjoeld
In: Annuaire français de droit international, volume 7, 1961. pp. 355-380.
Citer ce document / Cite this document :
Virally Michel. Le testament politique de Dag Hammarskjoeld. In: Annuaire français de droit international, volume 7, 1961. pp.
355-380.
doi : 10.3406/afdi.1961.1096
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1961_num_7_1_1096ORGANISATIONS INTERNATIONALES UNIVERSELLES
LE TESTAMENT POLITIQUE DE DAG HAMMARSKJOELD
Michel VIRALLY
Dans les mois qui ont précédé sa disparition, soumis à des attaques vio
lentes qui, au-delà de son action au Congo, visaient tout ce qu'il avait tenté
d'édifier en tant que Secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarsk-
jold a éprouvé le besoin d'affirmer avec force sa foi en l'Organisation inter
nationale, telle qu'il la concevait. Peux occasions lui furent données d'expri
mer sa pensée avec ampleur : la conférence qu'il prononça à l'Université
d'Oxford, dont il venait d'être fait docteur honoris causa, le 30 mai 1961, et
qu'il consacra au fonctionnaire international; son rapport annuel à l'Assem
blée générale où il analysa les conceptions de l'Organisation des Nations
Unies qui s'affrontent aujourd'hui et expliqua les raisons de son choix (1).
La tragédie de N'Dola fait de ces deux textes le testament poli
tique de l'ancien Secrétaire général. Ou, plutôt, le dernier état de sa pensée,
son dernier message : car son testament politique est loin d'y être entièrement
contenu.
La prodigieuse ascension de Dag Hammarskjold reste, pour beaucoup, un
sujet d'étonnement. Elu Secrétaire général le 10 avril 1953, presque par
hasard (2), il était alors un inconnu en dehors de la Suède, malgré ses mis
sions à l'O.E.C.E. et à l'O.N.U. elle-même, où il avait représenté son pays.
Cinq ans après, il était devenu l'un des hommes politiques les plus populaires
et les plus respectés dans le monde, dont l'Union soviétique réclamait la
présence à la « conférence au sommet » qu'elle cherchait à réunir à propos de
l'affaire du Liban. Sa personne et son visage s'étaient si totalement identifiés
à l'Organisation mondiale aux yeux de millions d'hommes, que sa mort a paru
un coup mortel porté aux Nations Unies. Comment un homme seul avait-il
(*) Michel Virally, Professeur à l'Université de Strasbourg et à l'Institut universi
taire des Hautes Etudes Internationales de Genève.
(1) Introduction au rapport annuel du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation,
16 juin 1960 — 15 juin 1961 (reproduite dans la Revue des Nations Unies, 1961, 9, p. 75 et suiv.) .
(2) V. Dag Hammarskijôld par Henri Hoppenot, Le Monde diplomatique, octobre 1961. LES NATIONS UNIES 356
pu conquérir, en quelques années, une influence jusqu'alors réservée aux
seuls dirigeants des Etats les plus puissants ? La réponse ne fait guère de
doute. La réussite est due à la rencontre d'un homme et d'une institution.
L'influence n'a été conquise par nul autre que le Secrétaire général d'une
Organisation en qui la majorité des Etats avaient placé leur espoir, après avoir
découvert en elle le moyen de faire entendre leur voix et un instrument
capable d'atténuer des tensions menaçantes pour tous. Mais celui qui a bénéf
icié de cette confiance avait su l'attirer par les ressources de son imagination
et la fermeté de son dessein. En d'autres termes, le prestige de l'homme qui
l'incarnait a grandi parce que l'O.N.U. s'est révélée exactement adaptée aux
aspirations, aux besoins, à la structure même de la société internationale
d'aujourd'hui. Mais cet homme est parvenu à l'incarner pour avoir su, préci
sément, révéler les possibilités encore inexplorées de l'Organisation et la
mettre à même de répondre, par son action, à l'attente dont elle était l'objet.
L'intérêt exceptionnel du testament politique de Dag Hammarskjold vient
de cette conjonction. On n'y trouvera pas seulement la pensée d'un homme de
qualité, ayant assumé de grandes responsabilités, mais encore une vue pro
fonde et éclairante sur les Nations Unies, dont les démarches excitent encore
la méfiance de beaucoup, parce qu'elles leur paraissent déroutantes et incom
préhensibles, mais qu'il est plus urgent que jamais d'apprendre a faire servir
en faveur de la paix. Du même coup, il devient manifeste que ce testament
ne peut être réduit aux derniers écrits de 1961. Le message ne serait pas
complet s'il ne s'étendait pas à toute l'expérience acquise par le Secrétaire
général depuis sa première élection. Or, il est frappant de constater avec
quelle continuité Dag Hammarskjold a tenté de la transmettre. Ses nombreux
rapports de mission, les introductions aux rapports annuels, ses déclarations
devant le Conseil de Sécurité et l'Assemblée générale, ses conférences de
presse, en ont fourni les occasions les plus officielles. Mais il faut y ajouter
les nombreuses allocutions que ses charges l'ont amené à prononcer et les
conférences données en diverses circonstances, notamment devant des publics
d'étudiants ou de militants des associations pour les Nations Unies. L'ensemble
est impressionnant à la fois par l'élévation de la pensée, la force de la convic
tion et la richesse de la réflexion. On veut espérer que ces paroles dispersées
seront un jour réunies (3).
(3) Les principales conférences que nous avons utilisées pour la rédaction de cette étude
ont été publiées sous forme de « Press Releases » miméographiés avec la référence SG/n°
d'ordre. Certaines ont été imprimées par le Secrétariat sous forme de brochures. On en
trouvera la liste ci-dessous avec les références. Pour des raisons de brièveté, les renvois
opérés dans le cours du texte sont faits uniquement au nom de la ville où a été prononcée
l'allocution citée, suivie, pour New- York, de la mention de l'année; les indications de pages
valent pour les documents désignés ci-dessous. De même, les citations empruntées à une
introduction au rapport annuel font l'objet de la seule mention « Introduction » suivie de
l'indication de l'année de rédaction et de la page du document officiel (Supplément 1 A pour
chaque session) . Depuis 1957, cette introduction est régulièrement publiée dans le n° de sep
tembre (n° 9) de la Revue des Nations Unies.
1953. Together in our concern, our hopes and our determination, New-York, SG/336, 14
sept. 1953.
(Suite de la note 3, page swiuante-l LE TESTAMENT POLITIQUE DE DAG HAMMARSKJOELD 357
Le plus remarquable est peut-être que l'orateur ait toujours su se libérer
des conventions imposées par les circonstances et conférer un accent personnel
à ses propos : celui, précisément, d'une expérience méditée. Dag Hammarsk-
jold a montré les plus hautes qualités du diplomate — bien que son idéalisme
et son désintéressement l'aient placé aux antipodes de Talleyrand. Il s'était
fait une règle absolue de ne rien répéter de ce qui lui avait été confié — car
la discrétion est la seule voie ouverte à la confiance — et de ne jamais publier
ses intentions (4) — seule chance de les réaliser. Pour cela, on avait pu le
nommer : « le maître de l'imprécision calculée ». Mais le mot ne vaut plus
dans les occasions où il n'y a pas à protéger la liberté d'action du Secrétaire
général, dans une opération en cours, ou les confidences qu'il a reçues. Bien
au contraire, « Monsieur H. » a conçu la pédagogie comme un des devoirs de
sa charge : cette nécessité d'« enseigner » l'O.N.U., d'écarter les erreurs com
munes, de faire comprendre exactement ce qu'on peut attendre d'elle,
ment la manier pour en obtenir les résultats les plus féconds. Et qui aurait
pu le faire mieux que celui qui, placé au centre de l'institution, en « sentait »
tous les mouvements et toutes les réactions et savait ce que tous ses membres
réclamaien

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