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Niveau: Secondaire, Lycée

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  • dissertation

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Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme Questions sur le corpus L'homme est bien au centre de la réflexion humaniste. C'est ce que nous démontrent les trois textes du corpus : un extrait de la Dignité de l'homme de Jean Pic de la Mirandole, philosophe et théologien humaniste italien du XVème siècle, un extrait du Tiers Livre de François Rabelais, écrivain humaniste français du XVIème siècle, et un extrait des Essais de Montaigne, écrivain humaniste français du XVIème siècle également. En quoi les trois auteurs nous révèlent ici leur réflexion sur l'image de l'homme et s'inscrivent donc bien dans le projet humaniste ? Nous étudierons d'abord l'image donnée de l'homme dans ces trois textes puis la pensée humaniste qui apparaît dans ces textes. Les trois textes présentent une vision valorisante et optimiste de l'homme, même si le procédé est différent pour les trois auteurs. Tout d'abord, les trois textes présentent l'homme comme une création de Dieu, présenté directement ou par des métaphores : « le parfait ouvrier » ou « Dieu le Père », chez de la Mirandole, le « Fondateur » chez Rabelais ou l'allégorie « Nature » reprise également par Montaigne. Ainsi, les trois textes dévoilent-ils un éloge de cet homme, création de Dieu et de la Nature. Le texte, De La Dignité de l'homme, valorise explicitement l'homme par son titre même et par sa forme puisqu'il met donc en scène un dialogue entre « le parfait ouvrier », et l'homme, désigné sous le nom d'Adam, nom représentant le premier homme

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Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme
Questions sur le corpus L'homme est bien au centre de la réflexion humaniste. C'est ce que nous démontrent les trois textes du corpus: un extrait de laDignité de l'hommede Jean Pic de la Mirandole, philosophe et théologien humaniste italien du XVème siècle, un extrait duTiers Livrede François Rabelais, écrivain humaniste français du XVIème siècle, et un extrait desEssaisde Montaigne, écrivain humaniste français du XVIème siècle également. En quoi les trois auteurs nous révèlent ici leur réflexion sur l'image de l'homme et s'inscrivent donc bien dans le projet humaniste ? Nous étudierons d'abord l'image donnée de l'homme dans ces trois textes puis la pensée humaniste qui apparaît dans ces textes. Les trois textes présentent une vision valorisante et optimiste de l'homme, même si le procédé est différent pour les trois auteurs. Tout d'abord, les trois textes présentent l'homme comme une création de Dieu, présenté directement ou par des métaphores :« le parfait ouvrier » ou « Dieu le Père », chez de la Mirandole, le « Fondateur » chez Rabelais ou l'allégorie «Nature »reprise également par Montaigne. Ainsi, les trois textes dévoilent-ils un éloge de cet homme, création de Dieu et de la Nature. Le texte,De La Dignité de l'homme,valorise explicitement l'homme par son titre même et par sa forme puisqu'il met donc en scène un dialogue entre « le parfait ouvrier», et l'homme, désigné sous le nom d'Adam, nom représentant le premier homme sur terre créé par Dieu et placé dans le jardin d'Eden. L'auteur place d'ailleurs ici « l'homme » au « milieu du monde », le mettant ainsi en valeur et lui conférant une place particulière dans la création. Par le discours divin, Pic de la Mirandole valorise les capacités humaines et insiste sur la liberté de l'homme qui peut agir à sa guise, selon son jugement. Le texte lui-même met en valeur cette liberté avec le pronom personnel « tu » qui désigne l'homme en véritable sujet agissant: « tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence ». L'éloge se poursuit dans le dernier paragraphe, avec des vocatifs et un ton exclamatif, au service d'une expression méliorative : « suprême et admirable félicité de l'homme ». Le texte de Rabelais dévoile un discours de Panurge qui montre, par sa précision, une fascination pour la machine complexe qu'est le corps humain. En apparence, Rabelais se distingue de Pic de la Mirandole dans ce passage puisqu'il met en avant le corps humain plutôt que l'esprit, utilisant un vocabulaire médical et anatomique précis et surtout, il décrit l'homme comme un mécanisme déjà réglé par « Nature », contrairement à de la Mirandole. Mais Rabelais livre ici surtout l'éloge du corps humain qui se voit particulièrement dans la longue phrase complexe (l. 10 à 15) construite sur une juxtaposition de propositions indépendantes qui ne sont ni supprimables ni déplaçables au risque de détruire l'harmonie de leur organisation. Rabelais démontre ainsi que le corps humain est un lieu d'harmonie, qui n'a rien à envier à « l'harmonie des cieux ». Tout y est parfaitement agencé et organisé, comme le montre également les nombreux parallélismes et énumérations qui s'enchaînent parfaitement. Cependant, cet éloge du corps dévoileimplicitement celui de l'esprit humain, comme de la Mirandole, puisque, grâce à l'harmonie du corps, de ce « trésor » qu'est le sang qui est « le siège de l'âme », cela permet que l'homme « imagine, discourt, juge, analyse, délibère...», qu'il fasse preuve d'autant de capacité à examiner, à choisir que dans le texte précédent. Enfin, le texte de Montaigne fait passer l'éloge en décrivant un véritable idéal de vie. Il présente l'homme à travers sa propre expérience, comme un être de plaisir et de bien-être, capable de «jouir pleinement des plaisirs naturels». Cet art de bien vivre est pour lui le «grand et glorieux chef-d'œuvre » de l'homme ». Ainsi expose-t-il ses pensées quant à sa vie, faisant de lui-même, c'est à dire de « l'homme » et de son mode de vie, la matière de son livre (comme il l'expliquait dans son avis au lecteur). De plus,il se rapproche également des deux précédents auteurs puisque pour lui, l'essentiel est de « savoir manier et méditer sa vie », c'est à dire, d'être capable d'exercer sa réflexion et son libre-arbitre pour prendre les bonnes décisions. Les trois textes font donc l'éloge de l'homme à leur façon, mais se rapprochent sur l'image qu'il donne de l'homme, un homme bien pensant, capable de libre-arbitre, vivant en harmonie avec lui-même et avec la nature. Ceci révèle la pensée humaniste qui est à l'œuvre dans ces textes. Ces trois textes proposent un idéal autour de l'homme qui s'inscrit parfaitement dans le projet humaniste. Chez Pic de la Mirandole et Montaigne, cet idéal correspond à laisser à l'homme la capacité de mener sa vie, d'avoir une certaine liberté d'action et de choix, sans règle ni contrainte. Pic de la Mirandole l'exprime clairement : « il lui est donné d'avoir ce qu'il souhaite », « aucune restriction ne le bride ». Ceci se retrouve plus implicitement chez Montaigne. Lorsqu'il parle de « règle », il s'agit bien de celle de la Nature, celles dictées uniquement par «la raison mais aussi par l'appétit ». L'homme doit savoir «composer » sesmœurs, « vivre à propos» avec «ordre et tranquillité» et donc «manier »sa vie comme il le souhaite, sans se soumettre à diverses obligations inutiles, qui ne sont que « appendicules et admnicules » : « régner, thésauriser, bâtir »...L'homme se doit de fonder sa vie sur ce qu'il est plutôt que sur ce qu'il a et ce qui l'oblige. Le libre-arbitre de l'homme résidedonc dans sa capacité à choisir sa destinée: chez Pic de la Mirandole, par le choix entre dégénérer en forme inférieure ou régénérer en forme supérieure ; chez Montaigne, par le choix d'une vie libre et en accord avec la nature, loin de toute obligation. Ces deux textes proposent donc un idéal de vie qui correspond à un idéal humaniste : l'homme doit savoir être libre, capable de faire un choix, de réfléchir, tout ceci renvoyant au modèle l'éducation humaniste. En effet, l'homme, est montré comme devant évoluer, se développer lui-même, au niveau intellectuel, moral, notamment pour devenir « supérieur ». Ainsi, dans les trois textes, est-il présenté comme curieux par rapport au monde « tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le monde alentour » (Pic de la Mirandole), à l'écoute de la nature, lorsque Montaigne, par exemple, lors de sa promenade, ramène ses pensées: «à la promenade, au verger, à la douceur...», capable de réflexion et de méditation : « méditer et manier sa vie » (Montaigne), mais également chez Rabelais capable de jugement, de discours, d'analyse, de délibération, de raisonnement, comme le montre la longue énumération finale. De plus, à l'image de Montaigne qui démontre une certaine hygiène de vie, et la valorisation du corps humain, à travers la
danse et le sommeil, l'appétit et la nature, le texte de Rabelais démontre également l'intérêt des humanistes pour le corps humain. Il dévoile l'importance du corps pour les humanistes, correspondant aux découvertes liées à l'anatomie et à la médecine et rappelle combien le corps et l'esprit sont étroitement liés, avec la description minutieuse de ce corps qui fabrique le sang alimentant l'âme. Enfin, Rabelais va plus loin que les deux autres humanistes en présentant par ce microcosme, un « petit monde », une utopie humaniste représentant une société idéale, où chacun a son rôle et sa place dans un monde parfaitement harmonieux et ordonné. Les trois textes présentent donc une réflexion qui correspond à l'idéal humaniste à travers la valorisation de l'homme auquel les auteurs attribuent ici une entière confiance, faisant preuve d'optimisme envers ses capacités, à travers le thème de la réflexion, de la méditation, de la curiosité vis à vis du monde et de la nature, du lien entre le corps et l'esprit, jusqu'à nous présenter un art de vivre pour l'homme qui devient alors une utopie humaniste.
Dissertation La dissertation est un essai de définition du terme « humaniste ». Il y a donc une volonté de généralisation à l'œuvre ici. Le sujet propose d'appliquer la définition de F. Robert au mouvement littéraire et culturel à l'origine du terme défini l'humanisme. Pour l'introduction, n'oubliez pas de faire une accroche qui soit bien distincte du sujet. En aucun cas, vous ne pouvez commencer par la citation en elle-même qui ne constitue pas l'accroche de l'introduction. Lors d'un sujet avec une longue citation, il n'est pas obligé de la recopier en entier dans l'introduction, maisil faut penser à bien expliquer les termes et explications signifiantes : - «nous rejetons les habitudes de pensée, les principes, les enseignements de l'époque immédiatement précédente »: humanistes s'opposent à la pensée médiévale, et à tout système de pensée immédiatement immédiat. - « renouveler, rajeunir l'esprit » → nouvelle - «puiser dans la nature humaine» → placer l'homme au centre de tout, des pensées et des réflexions. Humanisme comme apprentissage de l'humanité / thématique de l'éducation. « doctrine qui a pour objet le développement des qualités de l'homme » → Plan thématique qui illustre la citation. Comment l'humanisme, par son rejet de l'époque médiévale et son regard sur l'homme, offre-t-il une nouvelle réflexion surl'humanité ?
I- L'humanisme, comme rejet de « l'époque précédente » 1. Desauteurs rejetant le Moyen-Age Rejet du Moyen-Age chez les auteurs humanistes; que ce soit pour l'éducation, les méthodes de pensée, les formes d'écriture. Œuvre humaniste → critique implicite de la culture médiévale. → rejet des poètes de la Pleïade des formes poétiques médiévales comme la balade et le Rondeau ; préfèrent le sonnet inspiré de la renaissance italienne (inspiration Pétrarque). → rejet chez Montaigne, Erasme ou Rabelais de l'éducation médiévale ; méthode dépassée et devenant controversée ; s'opposant au modèle humaniste. Critique d'un enseignement exclusivement fondé sur la mémoire. Engluement dans la scolastique, rejet de l'enseignement autoritaire. 2. L'empruntà l'Antiquité Le rejet du Moyen Age se fait à condition de retrouver un nouvel âge d'or intellectuel : celui de l'Antiquité. Humanistes s'efforcent de retrouver l'authenticité de la pensée des Anciens. innutrition par rapport à la pensée des Anciens, aux textes de l'Antiquité. → Textes humanistes citant ou reprenant textes de l'Antiquité. Redécouverte des philosophes de l'Antiquité, Aristote, Platon, Lucien... Nouvelles traductions proposées par Erasme de Cidéron... Essaisde Montaigne parsemé de citations en grec et en latin reprenant les philosophes de l'Antiquité comme ornement et argument d'autorité. 3. Desméthodes nouvelles pour des hommes nouveaux Étude des langues anciennes, recherchent de manuscrits → cf Guillaume Budé, grand « philologue ». umanista – étude des lettres ; lien avec la connaissance des langues anciennes, la découverte des anciens Besoin d'idées nouvelles et appétit de savoir. Découverte de nouvelles matières dans l'éducation, grandes découvertes scientifiques et progrès médicaux, ouverture du monde, nouveau système de pensée (copernisme), révolution de l'architecture et de la peinture en matière de perspective : science nouvelle et esprit nouveau. → nouvel enseignement dans l'éducation de Rabelais → Travail sur la perspective chez les peintres de la Renaissance comme Raphaël, Messine, Véronèse, Francesca...
II- « On ne peut rien voir de plus admirable dans le monde que l'homme » (Pic de la Mirandole) 1. Lafascination pour la nature humaine L'homme devient objet de réflexion. L'humanisme s'intéresse à l'humain, le place au centre du monde, et l'explore sous toutes ses formes. Découverte du corps humain, progrès anatomie et médecine. (dissection...) ;
Épanouissement du corps humain –> besoins du corps satisfaits, le corps est cultivé au même titre que l'esprit : «mens sana in corpore sano » → Importance du corps dans l'éducation (chez Rabelais notamment) / texte duTiers-Livremontrant tous les mécanismes du corps humain → Extrait de Montaigne, à l'écoute de son corps et de ses plaisirs 2. Lelibre-arbitre Valorisation de l'homme qui le montre comme un être libre, intelligent, capable de réflexion et de progrès. Développement intellectuel et moral de l'homme. «Fais ce que voudras» (liberté). Il faut éveiller l'esprit critique de l'homme. « un habile homme » pour Montaigne plutôt qu'un « homme savant ». Formation d'un esprit de libre examen vu également parune vision critique de la Bible → Texte de Pic de la Mirandole → LesEssaisde Montaigne (sur l'éducation notamment) → Prologue de Montaigne qui prône une lecture « active » de la part de son lecteur, capable d'en tirer des enseignements et de découvrir le sens caché de ces récits gigantesques. 3. Lavertu et la pensée religieuse L'homme idéal est celui qui se réalise lui-même, atteignant un accomplissant intérieur. Triomphe de la vertu (mesure et sagesse de l'homme). Confiance en la nature humaine vertueuse et foi en une humanité régénérée par l'éducation, la liberté, la sagesse naturelle. Vision optimiste et positive sur l'homme → homme vertueux. Confiance par rapport à l'homme qui peut devenir ainsi « supérieur » selon de la Mirandole. Idéal de sagesse même dans l'éducation. Correspond au renouveau spirituel → importance de la religion et respect du « créateur» de l'homme («Nature »,« le Fondateur »...) → Chez Rabelais, dans l'éducation de Gargantua ou dans la lettre à Pantagruel.
III- L'humanité au centre de tout 1. Lanécessité de former un homme nouveau Réflexion sur l'éducation primordiale pour les humanismes ; seul moyen de devenir pleinement humaine et de donner une nouvelle dignité à l'homme. Proposition d'une éducation qui permette de mettre en valeur les qualités humaines : la curiosité, la soif de savoir, la capacité de réflexion... Éducation encyclopédique, relie le corps et l'esprit, sollicite la réflexion de l'élève... L'humaniste doit être un homme complet. → Poème de Du Bellay : « Je me ferai savant en la philosophie... »ou l'éducation des « enfants » chez Erasme qui prône de novuelles connaissances, la pratique des langues, et de la littérature pour les enfants. → Baldassare Castiglione,Le livre du courtisanqui dévoile le portrait de l'homme de cour idéal s'inspirant des principes humanistes. 2. Laréflexion sur la société humaine et le pouvoir L'homme est destiné à vivre en société. Humanisme offre ainsi une réflexion sur le politique et sur la société. → Les utopies (Rabelais / More) → société idéale et imaginaire qui dévoile une société organisée de manière harmonieuse, critiquant la société contemporaine. Société plus juste, mieux organisée, qui vise à faire le bonheur de chacun, où personne n'est inactif, où tout le monde a des droits et des devoirs... Réflexion sur le pouvoir politique, autour du pouvoir du Prince → Machiavel, Rabelais... sur la figure du Prince à travers l'exemple de Gargantua et de Grandgousier et réflexion sur la guerre à travers le conflit avec Picrochole (exemple d'un « bon » roi et d'un « mauvais » roi). 3. Lamise en question de l'humanité Humanisme permet de questionner sans cesse l'humanité. Doute sceptique de Montaigne, démarche raisonnée... L'homme comme le monde est inconstant et changeant, il faut sans cesse le remettre en question. (contexte guerre de religion..., réflexions sur la mort.., révolte) → Montaigne, pessimisme et scepticisme (sur la torture...) → Rabelais, texte qui demande un lecteur actif, qui s'interroge → image du chien et de l'os, pour découvrir la « substantifique moelle » des choses.
→ Ouverture possible :Sur l'évolution de l'humanisme → danger de « puiser dans la nature humaine » qui se révèle, à cause des guerres de religion, moins vertueuse qu'il n'y paraît et reste de l'ordre d'un idéal inaccessible... L'humanisme naît dans un contexte particulier de renouveau avec la Renaissance italienne, plaçant l'homme au centre de tout. Mais cette période, marquée par les guerres de religion, aboutira à une véritable désillusion sur l'homme et une pensée pessimiste → mouvement baroque où tout n'est plus que vanité, où la mort est omniprésente (à l'image des « vanités » en peinture). On est alors loin du « renouveau » voulu par les humanistes. → Oumontrer que l'humanisme, tel qu'il est défini par ce critique ne se limite pas à la Renaissance mais persiste dans les mouvements futurs comme au XVIIIème siècle avec les Lumières par exemple, avec de nouvelles découvertes qui ont continué à modifier les représentations humaines, les progrès dans tous les domaines et la réflexion sur l'humanité restant au cœur des combats des écrivains et philosophes après le XVIème siècle
Commentaire Éléments d'introduction: Rabelais, auteur humaniste (à présenter et mouvement à définir). - Présentation du texte : Le Tiers Livre poursuit les aventures de Pantagruel, fils de Gargantua. Ce dernier est accompagné de Panurge qui propose ici, à travers un texte didactique, une description du fonctionnement du corps humain. Comment, à travers une leçon d'anatomie, Rabelais nous livre-t-il ici un modèle d'utopie humaniste ?
I- Une démonstration élogieuse sur le corps humain 1. Uneleçon d'anatomie et de science CL de l'anatomie – lexique médical précis « veines du mésentère», «la chyle» ;référence à chaque organe, chaque fluide, chaque veine... Longue phrase complexe qui décrit le fonctionnement du corps humain : chaque partie du corps à un rôle // mimé par le parfait ordonnancement de la phrase. Opération chimique présentée dans le deuxième paragraphe : description d'une véritable expérience scientifique → il s'agit bien d'une «alchimie »ou d'une transformation de «la matière» et du «métal »,de «purifier »et d' « affiner ». Vocabulaire scientifique utilisécomme lors d'une expérience dont on nous donne ici le mode d'emploi : «les reins en tirent une « sécrétion aqueuse », « mouvements diastoliques et systoliques le rend gazeux et l'enflamme »... -> succession d'action dans le deuxième paragraphe qui mime tout le processus avec une progression à thème linéaire : les reins → l'urine → la vessie → la rate → la bile noire → la bile jaune ... 2. Unedémarche pédagogique Ici, Panurge se place en véritable « professeur » vis à vis de son lecteur pour lui démontrer le fonctionnement du corps humain. → Véritable démonstration didactique: Présent de vérité générale; enchaînement des phrases → connecteur logique : « car Nature », « c'est pourquoi... » ou connecteurs temporels : « alors », « puis », « ensuite », pour montrer l'enchaînement des étapes ; Emploi de questions rhétoriques pour interpeller le lecteur avec l'emploi du pronom « vous » → « Quelle joie croyez-vous qu'en éprouvent... » et d'impératifs présents dès la première phrase : « représentez-vous ». Il utilise aussi des phrases courtes qui sonnent comme des maximes : « la vie est faite du sang. Le sang est le siège de l'âme ».Emploi de phrases emphatiques pour mettre en valeur son propos: « c'est pour cela que... » De plus, le ton professoral est donné par l'utilisation d'un vocabulaire scientifique, expliqué au lecteur, par de petits commentaires insérés dans les propositions : «sécrétion aqueuse » « que vous nommez urine » ; « la lie, que vous nommez bile noire » ;ou par des comparants plus concrets : « la matière » , « le métal », « le ruisseau d'or »... Enfin, ce texte nous donne l'impression d'« éduquer »véritablement le lecteur de manière théorique, par le vocabulaire scientifique mais également pratique, en nous livrant ici une véritable démonstration au présent comme si tout le processus se déroulait sous nos yeux, avec également l'utilisation de déicitiques, les déterminants démonstratifs : « cette forge », « ces travailleurs » 3. Uneapologie du corps humain Le corps humain est ici valorisé à travers un véritable éloge de ce « petit monde». Créé par «Nature »,le «monde » décrit semble parfait: on trouve ainsi de nombreuses expressions valorisantes qui montrent bien l'admiration du scientifique pour cette admirable machine qu'est le corps humain : « l'harmonie », « la joie »,« ce bienfait », « ce réseau merveilleux ».La valorisation est également montrée par des adverbes intensifs «si subtil» ou des comparatifs de supériorité « plus grande que... » De même, le sang est comparé à un « ruisseau d'or», reconstituant des organes qui sont de véritables « alchimistes». C'est une véritable « joie » pour l'humaniste de découvrir ce fonctionnement du corps. Ainsi, la précision anatomique de ce texte dévoile une fascination pour la machine complexe qu'est le corps humain. → Texte humaniste qui fait l'éloge du corps humain. Mais ceci est également dans le but de dévoiler de manière implicite un idéal humaniste à travers cette analogie, décrivant le fonctionnement d'une véritable utopie.
II- Un idéal humaniste 1. Unesociété idéale au sein d'un corps Analogie entre le corps et le monde : CL «microcosme »,« petitmonde »,« cemonde »→ Le corps est une métaphore de la société. Montre le fonctionnement du corps comme le fonctionnement d'une véritable société: hiérarchie des différents membresqui sont désignés comme des «travailleurs »ou des «débiteurs; vocabulaire: «débiteur », « prêter, emprunter ». Chaque membre comme chaque homme à sa place et sa fonction : « les mains travaillent... les yeux dirigent tout... ». Ceci est montré par l'utilisation du déterminant indéfini : « chaque » et le déterminant indéfini de totalité : « tous » : « tous les organes ont une fonction particulière ». On remarque que chaque « membre » ou organe est d'ailleurs valorisé, comme sujet agissant, étant chacun le sujet d'un verbe d'action dans une propositions indépendante , chacun à tour de rôle : « les mains, les pieds, les yeux, la langue, les dents, l'estomac, la vésicule biliaire, le sang »... De même, on retrouve l'usage de la personnification pour décrire les
actions de ces organes : les mains « travaillent », les yeux « dirigent »... 2. Lecorps comme monde utopique Par cette analogie, Rabelais montre l'exemple d'un monde idéal et harmonieux avec cette comparaison significative, comparant l'harmonie du corps à l'harmonie des cieux : « l'harmonie n'est pas plus grande que ne sera celle qui gouverne son organisme ». Cela passe également par l'allusion à l'harmonie du corps et de l'esprit, l'équilibre entre le corps et l'esprit étant essentiel pour les humanistes ;on le voit à travers ces deux « maximes » : « la vie est faite du sang. Le sang est le siège de l'âme», qui fonctionnent comme un chiasme, renforçant la complémentarité entre ces éléments, mise en valeurpar une anadiplose, figure de répétition qui consiste en la reprise du mot « sang» à la fin et au début de la proposition suivante, mettant en relief le rôle primordial de cet élément. De plus, ce texte dévoile également l'harmonie entre les différents membres du corps, comme dans une parfaite société. : « l'unemprunte à l'autre, l'un prête à l'autre, l'un est débiteur de l'autre ». → parallélismes, anaphore et rythme ternaire dans la structure de la phrase qui renforce cette harmonie. Cette harmonie est également montrée par la syntaxe même des phrases → juxtaposition de propositions indépendantes qui ne sont ni supprimables, ni déplaçables au risque de détruire l'harmonie de leur organisation. De plus, Rabelais nous dévoile une société solidaire du bien-être commun : chacun œuvre pour le même but, le bien commun «un seul travail mobilise ce monde». Cette harmonie, cette solidarité sont montrés par l'utilisation d'expression au singulier qui rassemblent tous ces organes : « ce microcosme », « cette forge », « ce monde ». Le « sang », présenté également avec la métaphore du « ruisseau d'or » est donc bien le but même de cette société : un trésor peut-être matériel mais aussi et surtout symbolique pour les humanistes. Celui qui permettra de faire fonctionner l'âme pour discourir et raisonner. Enfin, Rabelais nous présente bien un lieu où chaque membre de la société est traité de manière égalitaire, où il n'y a pas de privilège, chacun profitant des avantages : « chaque organe l'attire à lui, et s'en nourrit à sa guise ». Il y a un parfait échange entre « prêteurs » et « débiteurs », chacun ayant ainsi des devoirs et des droits égaux : « ainsi deviennent débiteurs ceux qui auparavant étaient prêteurs». C'est donc une société organisée, juste, visant à faire le bonheur de chacun pour l'épanouissement de tous, dans l'harmonie collective. 3. Lecorps comme outil de réflexion humaniste, métaphore de l'éducation de l'individu. Tout ce fonctionnement est finalement décrit pour le but ultime décrit dans la dernière phrase → « l'âme imagine, discourt, juge, analyse, délibère, raisonne et se souvient ». Tout le corps est donc au service de l'âme, de l'esprit, et de la réflexion, idéal humaniste par excellence. Cette longue énumération de verbes de jugement rappelle d'ailleurs le modèle d'éducation proposé par Rabelais dansGargantuanotamment, montrant que l'esprit de l'élève doit sans cesse être sollicité, questionné, lui permettant de livrer son jugement critique et de « raisonner ». D'ailleurs, cette description du corps humain pourrait être lue comme une métaphore de l'éducation : le sang serait le comparant du savoir ou des connaissances que l'élève doit ingérer, s'approprier, intégrer afin de livrer sa propre réflexion et un raisonnement personnel. Le texte nous montre un mode d'emploi éducatif : comment préparer les connaissances, les travailler, les affiner, en empruntant à diverses sources, afin de mieux les intégrer et permettre la réflexion de l'élève. Cette description du corps humain devient donc non seulement le moyen de permettre à l'esprit de réfléchirgrâce à ce trésor qu'est le sang ; mais également, il est le support d'une véritable réflexion humaniste : tout ce fonctionnement est au service de la pensée, de la réflexion, de l'imagination avant tout. De plus, cela permet de rejoindre le projet humaniste, valorisant l'éducation intellectuelle : le texte offre une véritable connaissance anatomique et scientifique au lecteur interpellé. Mais également, par la référence à des langues anciennes comme la « langue goth » à la ligne 10. Enfin, cela permet à Rabelais de rappeler l'importance du créateur, de « Dieu » appelé ici par l'expression : «le Fondateur »marqué par la majuscule ou par l'allégorie «Nature ».La religion est importante chez Rabelais, en tant qu'elle permet d'éduquer moralement l'homme et si tant est qu'elle est pratiquée de manière sincère et raisonnée. Mais la gratitude vis à vis de Dieu est rappelée ici, non seulement par ces références au créateur mais également par l'allusion aux deux aliments essentiels : « le pain » et « le vin » (correspondant au corps et au sang du christ dans la religion chrétienne) et valorisés par Rabelais qui les considère ici comme les deux premiers éléments fournis par « Nature ».
Ouverture possible(soit «→ autres textes utopiques» de Rabelais par l'harmonie collectivel'abbaye de Thélèmes prônée dans cette abbaye ; soitUtopiade Thomas More qui montre le même idéal d'une société où chaque individu à sa place et sa fonction, chacun connaît son rôle au service de l'Etat ; tout est dans le partage, la convivialité ; Image d'un monde où tous les membres ont des devoirs et des droits égaux)
Invention :L'écriture s'appuie sur le texte de Rabelais. Il fallait bien prendre en compte la notion de microcosme humain qui est démontrée dans ce texte. Le sujet impose la rédaction d'un dialogue mais ne précise pas les registres dominants. Le texte gagnait cependant à avoir une dimension polémique puisqu'il s'agissait d'un dialogue dialectique, à visée argumentative. Le dialogue doit êtreinséré dans un récit (à bien présenter, avec les signes de ponctuation adéquats, verbes de parole...) avec des passages de récit et une courte narration introductive. Le dialogue pouvait présenter différentes stratégies argumentatives, relevant du convaincre, du démontrer et du persuader. Il fallait être attentif à la qualité des arguments, à leur pertinence et à leur organisation. Les personnages gagnaient à être marqués, particulièrement l'organe qui rompt l'unité du microcosme humain.
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