Deux pays seulement dépassent le milliard d’habitants : la Chine et l’Inde. Ces deux géants sont dynamiques, avec des croissances quadruples des nôtres au cours des trois dernières années. Ils sont tous deux des puissances nucléaires, qui pèsent de plus en plus sur la scène mondiale. Ils sont tous deux aux antipodes culturels de l’Occident. Quelque chose de fort, qui nous est singulier, se passe actuellement en Chine et en Inde. Il n’en faut pas plus pour que l’on rêve sur l’un et sur l’autre. Pourtant, ces deux là n’ont rien en commun. Leurs atouts et leurs handicaps sont à l’exact inverse l’un de l’autre, tels les pôles opposés du Yin et du Yang. Leurs choix de développement sont différents. Et même malgré leur masse et leur proximité ils s’ignorent encore mutuellement de façon presque abyssale. En Chine, un régime autocratique sans élections fonctionne par un monopole politique et administratif du Parti Communiste, au long d’une colonne vertébrale clairement identifiée de 72 millions de membres rangés selon une hiérarchie impeccable. La société et ses institutions sont en principe égalitaires, même si le progrès économique des vingt dernières années a créé de nouveaux et nombreux clivages. Le climat des affaires est généralement « user friendly », assorti d’infrastructures de bonne qualité qui progressent chaque année à coups d’investissements massifs. L’accueil fait aux entrepreneurs étrangers est très positif (on n’est tout de même pas à Singapour !) : les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec 80 Md.$ d’Investissements directs étrangers annuels ces derniers temps. En Inde, « la plus grande démocratie du monde » a pour pendant le système des castes, une bureaucratie tatillonne et une redoutable fatalité des inégalités. Selon les dernières études approfondies de la Banque Asiatique de Développement (BAD), 75% de la population (800 millions) sont au-dessous du seuil de pauvreté absolue. Mener une entreprise en Inde est encore un parcours du combattant, même si la situation évolue favorablement depuis quatre ans. La tutelle absolue de l’Etat sur l’entreprise a été le dogme pendant plus de quarante ans après l’indépendance de