Le Pacte de lecture
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Jusque dans les années 70, les études littéraires s'étaient attachées à la connaissance de l'auteur particulièrement au 19ème siècle, puis de l'œuvre au siècle suivant. L'intérêt pour le lecteur et la lecture se développe dans la mouvance de la critique de la littérature traditionnelle immédiatement après la guerre notamment avec Sartre dans «Qu'est-ce que la littérature ? » publié en 1948.

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Publié le 05 février 2015
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Langue Français

Extrait

LE PACTE DE LECTURE
Jusque dans les années 70, les études littéraires s'étaient attachées à la connaissance de l'auteur particulièrement au 19ème siècle, puis de l'œuvre au siècle suivant. L'intérêt pour le lecteur et la lecture se développe dans la mouvance de la critique de la littérature traditionnelle immédiatement après la guerre notamment avec Sartre dans «Qu'est-ce que la littérature ? »publié en 1948. La notion de pacte de lecture est précisée par Philippe Lejeune ( cf article Fabula ) dans les années 1975. Philippe Lejeune s'est attaché dans son livre «Le pacteautobiographique »(1975, Seuil ) à définir le pacte qui lie l'auteur et le lecteur dans le cadre de l'autobiographie: le lecteur s'attend à ce que auteur et narrateur se fondent en une seule entité, entité qui livre la réalité d'une vie ou ce qu'il croit en être la réalité. Le pacte de fiction au contraire suppose que le lecteur sache parfaitement que auteur et narrateur sont deux entités différentes et que les faits relatés sont imaginaires, même s'ils s'inspirent de la réalité. Je m'attarderai sur le pacte de lecture fictionnelle.
Tout pacte est accommodement, convention passé entre deux parties égales entre elles et conscientes de leur accord. Le pacte de lecture exigerait donc une égalité entre l'auteur et le lecteur. Quelle est cette égalité entre auteur et lecteur ? Le pacte reconnaît certes l'égalité mais aussi la place de chacun. Je dirais aussi le rôle de chacun dans l'échange particulier que constitue la création d'un texte et sa lecture. Auteur et lecteur sont reconnus comme ayant les mêmes droits face à l'œuvre écrite mais chacun à sa place. Dans le cadre du roman, on pourrait dire que l'auteur est libre d'écrire ce qu'il veut et que le lecteur est libre d'accepter ou pas les termes de l'accord. Je poursuis ma lecture ou je ferme le livre. Mais des auteurs comme Paul Valéry supposent un asservissement du lecteur à l'auteur. Et une toute puissance de l'écrivain qui nie l'idée d'égalité entre l'auteur et le lecteur. Le pacte serait-il faussé ?
Ensuite, l'idée de pacte suppose un accord, une certaine pré-science de ce que chacun attend de l'autre: si j'ouvre un roman de Conan Doyle, je m'attends à rencontrer Sherlock Holmes, sa casquette, les rues sombres de Londres, Baker Street, et Watson.
Si je lis un roman sentimental, je sais qu'à la fin l'héroïne tombera pâmée dans les bras de son prince charmant. Je serai fort satisfaite d'avoir suivi un chemin à la fois familier mais également plein de surprises. Car je demande à la lecture à la fois d'être rassurante et source de nouveautés, d'apprentissage, de découvertes. Cette attente a son revers: elle fige chacun des genres littéraires dans des stéréotypes : quand j'étais jeune je ne lisais que des livres qui « finissaient bien » ne supportant pas le coup fatal du destin sur mes héros, donc évidemment je ne lisais qu'un certain types de romans qui m'assuraient cette bonne fin. Je vérifiais même avant de les prendre sur les rayons la dernière page qui devait me rassurer sur le destin de mes futurs héros. Heureusement en tant que lectrice j'ai évolué. En tout cas, « une bonne fin » a changé de sens pour moi. Donc auteur et lecteur passent cette convention: j'écris ce que tu attends de moi. Et tu acceptes les codes de ce que j'écris. Parce que nous avons besoin l'un de l'autre.
En revanche, l'immense Joyce Carol Oates refuse ce pacte de lecture: elle casse toutes les attentes, tous les désirs secrets du lecteur. Elle vous prend à rebrousse poil et assassine vos espérances mêmes les plus ténues sur l'issue de ses romans. Elle ne conclut aucun pacte avec son lecteur, affirmant le pouvoir tout puissant de l'écrivain sur son œuvre et sur ses lecteurs, tout comme Paul Valéry au tout début du 20ème siècle. Mais si je lis Carol Joyce Oates je sais que d'avance, elle ira son chemin bien à elle et paradoxalement je conclus quand même un pacte avec elle. Le pacte, c'est qu'il n'y a pas de pacte.
Catherine Calvel
Sources:
FABULAet la recherche en littérature article:http://www.fabula.org/atelier.php?Genres_et_pragmatique_de_la_lecture
Autopacte, Philippe Lejeune http://www.autopacte.org/pacte_autobiographique.html
Nathalie Sarraute, le pacte de lecture,Jocelyne R. Silver. Dissertation submitted to the Faculty of the Graduate School of the University ofMaryland http://drum.lib.umd.edu/bitstream/1903/3164/1/umi-umd-2986.pdf p 8 et suivantes, en français.
« Qu'est-ce que la littérature ? »Jean Paul Sartre http://disciplinas.stoa.usp.br/pluginfile.php/67143/mod_resource/content/1/Sartre %20-%20Quest-ce%20que%20la%20litterature.pdf P 75 «Pour qui écrit-on ? »
Autobiographies:
Enfance,Nathalie Sarraute
W ou le souvenir d'enfance,Georges Pérec
Ces livres sont des autobiographies, certes pas classiques mais desautogenèsesselon les critères de Philippe Lejeune.
Romans
Nous étions les Mulvaney, Stock, 1999, Joyce Carol Oates Blonde, Stock, 2000 (édition américaine 2000). Un roman sur Marilyn Monroe, Joyce Carol Oates
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