L accès des jeunes à l emploi
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Le chômage persistant depuis le milieu des années soixante-dix s'est traduit par des difficultés d'accès à l'emploi. Les jeunes sont les premiers concernés et leur insertion est devenue plus lente et chaotique. Dans les premières années suivant la fin de leurs études, ils sont plus souvent au chômage que les actifs ayant plus d'ancienneté sur le marché du travail. Par contre, après dix ans, leur taux d'emploi rejoint celui des générations plus anciennes. Lorsque les jeunes ont un emploi, celui-ci est plus souvent temporaire ou déclassé, et, à diplôme égal, les salaires sont inférieurs à ceux des actifs plus anciens. Ils terminent pourtant leurs études de plus en plus diplômés, du moins jusqu'au milieu des années quatre-vingt-dix. Malgré les différentes mesures de politique de l'emploi prises par les pouvoirs publics, ils subissent davantage les fluctuations de la conjoncture. Les jeunes sont aussi des vecteurs de diffusion privilégiés des nouvelles normes d'emploi plus flexibles, qui progressent dans l'emploi via les flux d'embauches.

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Profil couleur : DØsactivØ
Composite 150 lpp 45 degrØs
Emploi 3
L’accès des jeunes à l’emploi
Yannick Fondeur, Claude Minni*
Le chômage persistant depuis le milieu des années soixante-dix s’est
traduit par des difficultés d’accès à l’emploi. Les jeunes sont les premiers
concernés et leur insertion est devenue plus lente et chaotique.
Dans les premières années suivant la fin de leurs études, ils sont plus
souvent au chômage que les actifs ayant plus d’ancienneté sur le marché
du travail. Par contre, après dix ans, leur taux d’emploi rejoint celui
des générations plus anciennes. Lorsque les jeunes ont un emploi, celui-ci
est plus souvent temporaire ou déclassé, et, à diplôme égal, les salaires
sont inférieurs à ceux des actifs plus anciens. Ils terminent pourtant leurs
études de plus en plus diplômés, du moins jusqu’au milieu des années
quatre-vingt-dix. Malgré les différentes mesures de politique de l’emploi
prises par les pouvoirs publics, ils subissent davantage les fluctuations
de la conjoncture. Les jeunes sont aussi des vecteurs de diffusion
privilégiés des nouvelles normes d’emploi plus flexibles,
qui progressent dans l’emploi via les flux d’embauches.
endant plusieurs décen- mation initiale chaque année. Les jeunes qui travaillent pen-
nies, et jusqu’au milieu des Quatre jeunes sur dix terminent dant leurs études restent peuP années quatre-vingt-dix, le leursétudesdiplômésdusupérieur, nombreux (encadré 1). Lorsqu’ils
développement quantitatif soutenu alors que deux sur dix sont peu di- les achèvent, ils sont pour la plu-
du système éducatif français s’est plômés, titulaires au plus du brevet part à la recherche d’un emploi
traduit par une élévation impor- des collèges. À la fin des années et leur insertion est progressive.
tanteduniveaudediplôme des soixante-dix, 40 % des élèves sor- Au début des années 2000, trois
élèves. Depuis 1996, environ tants étaient peu diplômés et seule- jeunes sur dix ont un emploi le
750 000 jeunes achèvent leur for- ment 15 % diplômés du supérieur. mois où ils terminent leurs études
* Yannick Fondeur appartient à l’Ires, Institut de recherches économiques et sociales ; Claude Minni fait partie du département Emploi de
la Dares.
Données sociales - La société française 283 édition 2006
067.ps
N:\H256\STE\hdjqhi\_DONNEEs\DonnØes sociales\067\067.vp
lundi 3 avril 2006 13:13:22Profil couleur : DØsactivØ
Composite 150 lpp 45 degrØs
3 Emploi
initiales, sept sur dix travaillent de ces actifs récents s’est élevé : L’emploi des jeunes est tradition-
aprèsunanetletauxd’emploi il est de 24 ans au début des an- nellement très sensible à la
atteint 80 % dans la cinquième nées 2000, contre 21 ans en conjoncture (Fondeur, Minni,
annéeaprès la findelascolarité. 1975. Leur taux de chômage at- 2005). Lors des périodes de ra-
Dans cette étude, les actifs « ré- teint 42 % pour les peu diplô- lentissement économique, la si-
cents » sont ceux qui ont achevé més, titulaires au plus d’un tuation des jeunes actifs se
leurs études initiales dans les brevet des collèges, contre seule- dégrade plus rapidement que
quatre années précédant l’année ment 11 % pour les diplômés du celle des plus anciens, mais
de l’enquête Emploi réalisée par supérieur, alors qu’il se situe à un lorsque l’économie repart, ils
l’Insee (encadré 2). niveau intermédiaire pour les di- sont les premiers à bénéficier de
plômés du secondaire (figure 1). la reprise, comme à la fin des
De mars 2001 au premier se- années quatre-vingt et de 1997 à
mestre 2005, le chômage a aug- 2001. Les plus diplômés sontUn accès à l’emploi très
menté, mais l’augmentation a été relativement protégés des aléasdépendant de la
plus forte pour les actifs récents conjoncturels, tandis que les
conjoncture économique
que pour ceux ayant plus d’an- peu diplômés y sont surexposés.
cienneté sur le marché du tra- Ainsi, de 1975 à 1985, comme de
Au cours du premier semestre vail. Parmi les actifs récents, la 2002 à 2005, le taux de chômage
2005, près d’un jeune actif sur hausse du chômage a par ail- augmente plus rapidement pour
cinq ayant terminé ses études au leurs été moindre pour les diplô- les moins diplômés, l’évolution
cours des années 2001-2004 se més du supérieur et les apparaissant plus homogène de
trouve au chômage. Avec l’allon- bacheliers que pour les moins di- 1991 à 1997. Inversement, dans
gement des études, l’âge moyen plômés. la seconde moitié des années
Encadré 1
Le travail pendant les études, peu fréquent en France,
s’est développé au cours des années quatre-vingt-dix
Un jeune sur dix qui poursuit des pendant, une fois sur deux, il ne Bien que l’apprentissage se soit dé-
études initiales travaille en mars s’agit que d’un emploi de vacances. veloppé dans le supérieur depuis
2002. Ces jeunes peuvent être ap- Le travail en cours d’étude peut plusieurs années, il reste très majo-
prentis, avoir un emploi dans le être un facteur d’acquisition de ritairement une filière de forma-
cadre de leur formation (internes compétences professionnelles, de tion professionnelle initiale du
en médecine par exemple) ou cu- création ou d’extension d’un réseau secondaire alternative au lycée
muler une activité professionnelle professionnel ; il peut aussi consti- professionnel (préparation d’un
avec leur formation (surveillants, tuer un signal positif d’une pre- CAP, d’un BEP ou d’un bac profes-
animateurs de centre de loisirs, mièreexpériencedetravail pour sionnel). Une étude récente sur les
serveurs, garde d’enfants, etc.). La un employeur. Mais, d’un autre sortants du système éducatif en
fréquence de l’activité profession- côté, il peut perturber les études, 1992 et 1998 ayant préparé un CAP
nelle en cours d’études augmente particulièrement s’il nécessite un ou un BEP montre que la forma-
avec l’âge : moins de 10 % avant investissement lourd. Pour les di- tion par apprentissage est un atout
19 ans, 15 % à 22 ans et plus de plômés du supérieur ayant eu un sur le marché du travail (Bonnal,
20 % à partir de 24 ans. Entre 19 emploi régulier de niveau Clément, Mendes, 2005). La voie
et 23 ans, la fréquence du travail conforme à leur niveau d’études de l’apprentissage favorise l’accès
pendant les études a doublé de –soit letiers de ceuxqui ont tra- immédiat à l’emploi, même pour
1991 à 2002. vaillé pendant leurs études –, l’im- ceux qui ne sont pas employés
pact sur le salaire à la sortie des chez le maître d’apprentissage. Et
En considérant l’ensemble du études de cet emploi, évalué en pour ceux qui n’ont pas obtenu di-
cursus scolaire et non le fait de contrôlant les autres caractéristi- rectement un emploi, les durées de
travailler à une date déterminée, ques individuelles, est positif. Tou- chômage des apprentis sont plus
les jeunes qui ont eu une ou plu- teschoseségales parailleursaussi, courtes que celles des lycéens.
sieurs expériences de travail pen- les emplois de serveurs, baby-sit- L’apprentissage favorise aussi l’ac-
dant leurs études sont beaucoup ting, manutentionnaires, agents de cès direct à un contrat à durée in-
plus nombreux. Ainsi, 80 % des sécurité, employés administratifs déterminée et à des postes
diplômés du supérieur ayant ter- ou ouvriers n’ont pas d’effet sur le qualifiés. De plus, de 1992 à 1998,
miné leurs études en 1998 ont si- salaire ultérieur, alors que les an- l’accès à l’emploi des apprentis
gné au moins un contrat de ciens surveillants ou animateurs de s’estplutôtamélioré par rapport
travail qui n’était pas un stage du- centre de loisirs ont des salaires aux jeunes ayant fréquenté un
rant leur formation initiale. Ce- plus faibles (Béduwé, Giret, 2005). lycée professionnel.
Données sociales - La société française 284 édition 2006
06

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