L influence de la perception du RMI sur la sortie vers l emploi
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'influence de la perception du RMI sur la sortie vers l'emploi

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Sur la base des données collectées dans les enquêtes Emploi, l'influence de la perception du RMI sur le risque de sortie du chômage est examinée à partir de la constitution d'un groupe témoin formé d'individus éligibles ne percevant pas l'allocation. Parmi cette population d'éligibles, les jeunes, les chômeurs de longue durée et les familles monoparentales ont le plus fréquemment recours au dispositif. Les différences d'incitation financière qui existent pour les allocataires en fonction de la configuration familiale ne se retrouvent pas dans le risque de sortie du chômage. L'influence de la perception d'une allocation n'est significative et négative qu'au sein des familles monoparentales. Des erreurs d'échantillonnage dues à la qualité imparfaite des données pourraient toutefois biaiser les estimations mais le sens de ces biais est délicat à identifier. L'influence du RMI pourrait finalement davantage affecter les comportements de participation au marché du travail que le risque de sortie du chômage des personnes poursuivant des démarches actives de recherche sur le marché du travail.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

EMPLOI
L’influence de la perception
du RMI sur la sortie vers l’emploi
Pierre Granier et Xavier Joutard*
Sur la base des données collectées dans les enquêtes Emploi, l’influence de la perception
du RMI sur le risque de sortie du chômage est examinée à partir de la constitution d’un
groupe témoin formé d’individus éligibles ne percevant pas l’allocation. Parmi cette
population d’éligibles, les jeunes, les chômeurs de longue durée et les familles
monoparentales ont le plus fréquemment recours au dispositif.
Les différences d’incitation financière qui existent pour les allocataires en fonction de la
configuration familiale ne se retrouvent pas dans le risque de sortie du chômage.
L’influence de la perception d’une allocation n’est significative et négative qu’au sein
des familles monoparentales. Des erreurs d’échantillonnage dues à la qualité imparfaite
des données pourraient toutefois biaiser les estimations mais le sens de ces biais est
délicat à identifier.
L’influence du RMI pourrait finalement davantage affecter les comportements de
participation au marché du travail que le risque de sortie du chômage des personnes
poursuivant des démarches actives de recherche sur le marché du travail.
* Pierre Granier et Xavier Joutard appartiennent à l’Université de la Méditerranée et au Greqam (Groupement de recherche en économie
quantitative d’Aix-Marseille), et à l’Idep (Institut d’économie publique).
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 357-358, 2002 23e dispositif RMI a connu durant les années l’Insee menée auprès d’un échantillon d’alloca-L1990 une progression rapide du nombre de taires de décembre 1996 a contribué à combler.
ses allocataires que la baisse récente est loin Les premières exploitations de cette enquête
d’avoir compensée. Cette évolution qui témoi- apportent d’utiles et importantes informations
gne de la progression de la pauvreté parmi les sur les sorties vers l’emploi des allocataires tant
actifs et, en particulier, parmi les chômeurs en termes de rythme que de nature ou de durée
n’est certainement pas étrangère au regain des emplois recouvrés. Ces données d’enquêtes
d’intérêt suscité par la question des interactions réalisées auprès d’échantillons d’allocataires
entre les dispositifs de minima sociaux et les sont, en revanche, difficilement exploitables
performances du marché du travail. Les réfor- pour identifier un éventuel effet de la perception
mes qu’a connues le système de protection du d’une allocation dans le processus de sortie vers
risque de chômage au tournant des années 1990 l’emploi.
ont sans doute une part de responsabilité dans
cette évolution, mais il convient davantage d’en Cet article cherche à identifier un tel effet en
rechercher les causes premières dans l’inadé- exploitant les données des enquêtes Emploi suc-
quation croissante entre un marché du travail en cessives couvrant la période 1990-1997. En rai-
profondes mutations et un système d’assurance son entre autres d’une sous-représentation mar-
chômage dont les principes essentiels n’ont quée des bénéficiaires du RMI et de lacunes
finalement guère évolué. dans l’information, ces données ont rarement
été utilisées pour l’analyse des sorties vers
De fait, la multiplication des parcours profes- l’emploi des allocataires (1) (cf. encadré 1).
sionnels chaotiques alternant brèves périodes Elles permettent cependant de suivre pendant
d’emploi et épisodes de chômage, comme la fré- une certaine durée les parcours professionnels
quence élevée du chômage de longue durée d’individus initialement bénéficiaires ou non du
excluent du système d’assurance chômage une RMI, information indispensable pour pouvoir
part croissante des demandeurs d’emploi dont espérer identifier un effet propre de la percep-
l’activité est insuffisante en regard des critères tion d’une allocation sur les trajectoires profes-
requis pour l’ouverture des droits, ou qui ont sionnelles futures.
épuisé leurs droits. Ces demandeurs d’emploi se
tournent vers le RMI qui s’impose comme un
En particulier, l’un des attraits des données de
étage supplémentaire du système d’indemnisa-
l’enquête Emploi pour l’étude des effets du RMI
tion du chômage (cf. par exemple, Join-Lam-
sur le processus de sortie vers l’emploi est de
bert, 1998). rendre possible la constitution d’un échantillon
de ménages satisfaisant, au moment de
Il serait toutefois réducteur de restreindre la
l’enquête, aux conditions de ressources néces-
question de l’articulation entre le système de
saires à l’obtention du RMI. Le fait que toutes
protection sociale et les performances du mar- les personnes du ménage soient, théoriquement,
ché du travail à cette seule absence de couver- interrogées permet, en effet, de disposer d’une
ture des nouveaux risques engendrés par les information relativement détaillée sur la situa-
transformations du marché du travail. Il con- tion et le revenu de chacun au sein du ménage.
vient aussi de s’interroger sur la manifestation Il est ainsi possible de calculer, de manière évi-
de trajectoires de pauvreté au sein desquelles
demment imparfaite, le revenu global du
s’inscriraient les bénéficiaires des dispositifs de
ménage qui peut être comparé aux conditions de
minima sociaux. Des travaux récents (par exem- ressources imposées en fonction de la configu-
ple, Laroque et Salanié, 1999 et 2000 ; Pisani- ration du ménage.
Ferry, 2000) ont ainsi contribué à relancer le
débat sur les mécanismes de trappe à pauvreté
Comme une fraction seulement des ménagesou à inactivité au sein desquelles les dispositifs
satisfaisant aux conditions de ressourcesde minima sociaux contribueraient à enfermer
déclare, lors de la même interrogation, perce-les bénéficiaires.
voir le RMI, cet échantillon d’éligibles va servir
à constituer un groupe témoin nécessaire pourEn dépit de l’importance du sujet et du débat
apprécier l’impact de la perception d’une allo-qu’il suscite, on connaît finalement assez mal
cation sur la sortie vers l’emploi.les trajectoires d’insertion des allocataires du
revenu minimum d’insertion. Cette méconnais-
sance est largement due à un manque d’infor-
1. Le terme d’allocataires renvoie dans cet article aux alloca-
mations statistiques qu’une enquête récente de taires du RMI.
24 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 357-358, 2002l’ensemble des allocataires. Seuls sont représen-Éligibles et allocataires
tés « les plus motivés » d’entre eux ayant con-
servé un comportement de recherche actif sur leLa procédure de sélection de l’échantillon d’éli-
marché du travail. gibles a été réalisée sur tous les entrants des
enquêtes 1990 à 1995 en exploitant les enquêtes
jusqu’en 1997 afin de pouvoir disposer d’un La sélection a ensuite été segmentée en fonction
suivi longitudinal pour chacun d’eux. Sans pré- de l’âge et de la place de la personne interrogée
tendre reconstituer le mécanisme d’accès au au sein du ménage. À moins qu’ils n’aient une
RMI, ni appréhender la totalité des titulaires du charge de famille, les jeunes de moins de 25 ans
RMI, il a fallu définir de stricts critères d’éligi- (normalement exclus du dispositif RMI) ont été
bilité. Ces derniers ont principalement été éta- éliminés de l’échantillon. Au sein du ménage, il
blis à partir de l’occupation actuelle de l’indi- a été nécessaire d’isoler les enfants (d’au moins
vidu, de sa position au sein du ménage, du 25 ans) hébergés au domicile de leurs parents
revenu et de la composition de son ménage. dans la mesure où seule leur situation person-
nelle est à considérer (2) et qu’ils peuvent être
Le point de départ de la sélection a été de retenir titulaires du revenu minimum indépendamment
les seules personnes qui, interrogées la première du

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents