Le chômage au Royaume-Uni : une perspective dynamique
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Aujourd'hui, l'analyse de l'évolution du chômage ne peut se faire sans prendre en compte sa nature essentiellement dynamique qui en fait un état de transition sur le marché de l'emploi. Ainsi, une analyse des caractéristiques du chômage au Royaume-Uni montre que les taux de transition d'un état à un autre (emploi, chômage, non emploi) sur le marché du travail par âge, par sexe et par niveau de formation sont plus proches de ceux de la France que de ceux des États-Unis. Ces résultats vont à l'encontre de l'idée couramment admise selon laquelle les performances obtenues récemment en matière de lutte contre le chômage par le Royaume-Uni seraient la conséquence d'une nouvelle flexibilité du marché de l'emploi qui l'apparenterait aux États-Unis. Celle-ci ne s'explique pas d'ailleurs autant qu'on a bien voulu le dire par le développement des formes d'emploi « atypiques » (temps partiel, intérim, contrats à durée déterminée ou emplois saisonniers) qui ont plutôt moins progressé dans les années 80 et 90 qu'auparavant. En fait, si l'on considère que le rôle du marché de l'emploi est de faciliter l'appariement entre les salariés à la recherche d'un emploi et les emplois à pourvoir, on observe que la plupart des nouveaux appariements se font sans le passage par une période de chômage, mais par des transitions directes d'emploi à emploi. Le chômage apparaît alors comme faisant partie intégrante de la dynamique de réaffectation de la main-d'oeuvre en général.

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Langue Français

Extrait

COMPARAISONS INTERNATIONALES
Le chômage au Royaume-Uni :
une perspective dynamique
Simon Burgess*
Aujourd’hui, l’analyse de l’évolution du chômage ne peut se faire sans prendre en
compte sa nature essentiellement dynamique qui en fait un état de transition sur le marché
de l’emploi. Ainsi, une analyse des caractéristiques du chômage au Royaume-Uni
montre que les taux de transition d’un état à un autre (emploi, chômage, non-emploi) sur
le marché du travail par âge, par sexe et par niveau de formation sont plus proches de
ceux de la France que de ceux des États-Unis. Ces résultats vont à l’encontre de l’idée
couramment admise selon laquelle les performances obtenues récemment en matière de
lutte contre le chômage par le Royaume-Uni seraient la conséquence d’une nouvelle
flexibilité du marché de l’emploi qui l’apparenterait aux États-Unis. Celle-ci ne
s’explique pas d’ailleurs autant qu’on a bien voulu le dire par le développement des
formes d’emploi « atypiques » (temps partiel, intérim, contrats à durée déterminée ou
emplois saisonniers) qui ont plutôt moins progressé dans les années 80 et 90
qu’auparavant.
En fait, si l’on considère que le rôle du marché de l’emploi est de faciliter l’appariement
entre les salariés à la recherche d’un emploi et les emplois à pourvoir, on observe que la
plupart des nouveaux appariements se font sans le passage par une période de chômage,
mais par des transitions directes d’emploi à emploi. Le chômage apparaît alors comme
faisant partie intégrante de la dynamique de réaffectation de la main-d’œuvre en général.
* Le professeur Simon Burgess appartient à l’université de Bristol, au CEP et au CEPR de Londres.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 332-333, 2000-2/3 117u cours des années passées, le chômage au au Royaume-Uni qu’en France. Mais, au cours des
ARoyaume-Uni a pu faire des envieux dans dernières périodes d’expansion et de récession, le
l’Union européenne (UE). Des ministres du gou- a fait beaucoup mieux et au cours de
vernement Blair et, avant eux, d’autres du gouver- la seconde moitié des années 90, le chômage au
nement Major, ont pu s’estimer en mesure de faire Royaume-Uni et en France ont connu des évolu-
la leçon aux autres pays de l’UE (et, bien sûr au G8) tions divergentes.
sur l’art d’obtenir une économie à faible taux de
chômage. Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, Cet article s’inscrit dans le cadre d’un travail col-
très souvent, depuis 25 ans ou presque, le chômage lectif visant à examiner les problèmes soulevés par
a été plus élevé au Royaume-Uni que dans les au- le chômage en Europe, en général, et le chômage en
tres pays de l’UE ou aux États-Unis (cf. gra- France, en particulier. En effet, il a pour objectif de
phique I). Dans les années 60, le chômage était répondre à certains éléments de l’analyse de
moins élevé dans les pays européens qu’aux Cohen, Lefranc et Saint-Paul (1997), ci-après dési-
États-Unis. À la fin des années 70, la tendance s’est gnés par CLS-P. Le point de vue adopté ici est
inversée et les pays européens ont été confrontés à « dynamique » : observer les mouvements « bruts »
un taux de chômage élevé et persistant. De 1980 à de sorties et d’entrées du chômage en les reliant au
1987, le a progressé nettement plus vite rôle du marché de l’emploi dans le domaine de la
réallocation des emplois et des travailleurs. Beau-
coup de débats autour du chômage portent en effet
sur les individus qui, à un moment donné, se
Graphique I
retrouvent au chômage. Cela concentre les ques-
Taux de chômage au Royaume-Uni, en France
tions de politique économique sur les sorties duet aux États-Unis
chômage : pourquoi les chômeurs ne sont-ils pas
plus nombreux à sortir du chômage et comment
En %
aider davantage de personnes à échapper à cette
15
situation ? Or, si le chômage est régulé par le pro-FranceRoyaume-Uni
cessus joint des entrées et des sorties, il est impor-
tant de comprendre de quelle manière s’effectue
10
États-Unis l’interaction entre ces deux phénomènes.
L’utilisation des résultats de l’enquête sur la popu-5
lation active (Labor Force Survey : LFS), com-
plétée par des données administratives relatives
0 aux demandeurs d’emplois officiellement recen-
1960 1970 1980 1990 2000
sés, permet d’essayer de répondre à ces questions
Source : OCDE. (cf. encadré).
Encadré
L’ENQUÊTE LABOR FORCE SURVEY
Cet article s’appuie principalement sur une enquête sur revenu ne sont posées qu’une seule fois par phase, ce
la population active (Labor Force Survey : LFS), com- qui rend impossible leur analyse longitudinale. Les
plétée par des données administratives relatives aux questions courantes concernant les caractéristiques de
demandeurs d’emplois officiellement recensés. chaque individu, ou la durée de la situation dans laquelle
L’enquête LFS est une enquête de grande envergure se trouve actuellement cette personne sont disponibles.
menée depuis les années 70, bien que n’étant plus que Par ailleurs, quelques questions rétrospectives sont
trimestrielle depuis le milieu des années 90. Environ abordées concernant notamment la situation sur le mar-
100 000 individus sont interrogés chaque trimestre ; par ché de l’emploi l’année précédente à la même époque,
ailleurs, la LFS fournit des étalons de mesure pour pou- ce qui permet de faire un examen comparatif des transi-
voir rapporter les chiffres de l’enquête à la population tions annuelles dans les divers états. Aucune question
globale ; ce sont ces chiffres qui ont été utilisés dans les analogue n’est posée à une fréquence plus rapprochée.
tableaux. Chaque enquête est réalisée sur la base de Toutefois, cet élément du panel de données est exploi-
cinq groupes de personnes. Chaque groupe est inter- table dans l’analyse des changements de situation pour
rogé sur une période de cinq trimestres puis abandonné. un individu donné d’un trimestre à l’autre. Malheureuse-
On obtient ainsi un petit panel de référence pour chaque ment, toute analyse des transitions mensuelles est
enquête, dans la mesure où les personnes concernées impossible, ce qui signifie que toute comparaison
pourront être suivies tout au long des différentes phases directe avec l’analyse de Cohen, Lefranc et Saint-Paul
de l’enquête. Toutefois, les questions concernant le (1997) est impossible.
118 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 332-333, 2000-2/3Comme dans CLS-P, le chômage est analysé ici individu n’ayant pas d’emploi rémunéré dans la
pour trois groupes d’âge (16-24 ans, 25-49 ans, semaine de référence, qui est en mesure de débu-
50-64 ans) et quatre niveaux d’éducation (faible, ter dans son nouvel emploi dans les deux semai-
moyen, élevé, très élevé), pour les hommes et les nes qui suivent et ayant, soit cherché du travail
femmes. Pour tenir compte des formations propres pendant les quatre dernières semaines, soit atten-
au Royaume-Uni les affectations suivantes ont été dant de démarrer un emploi déjà obtenu ». Mais,
effectuées : certaines données administratives ne sont dispo-
nibles que pour la définition officielle du chômeur
au Royaume-Uni, c’est-à-dire le « demandeur
Faible Sans qualification
d’emploi » qui est défini comme « tout individuMoyenne Certains certificats d’éducation généraux,
brevets ou équivalent demandant à bénéficier des allocations chômage
Élevée Baccalauréats : formation en apprentissage auprès de l’Agence nationale pour l’emploi, le
dans ou hors compagnonnage, formations
jour du décompte mensuel et affirmant qu’au jourd’infirmières ou d’enseignants, etc.
dit, il est sans emploi et qu’il répond aux condi-Très élevée Diplôme universitaire
tions d’attribution des allocations de chômage. »
(cf. Employment Gaze

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