Les "travailleurs pauvres"
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En 1996, parmi les personnes actives et ayant travaillé au moins un mois, 1 305 000 vivaient dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Avoir connu une période de chômage augmente fortement le risque de pauvreté, mais l'exercice continu d'une activité ne met pas à l'abri de la pauvreté : les deux tiers des « travailleurs pauvres » ont occupé un emploi, salarié ou indépendant, toute l'année. Parmi les salariés ayant travaillé continûment, le risque de pauvreté est sensiblement accrû quand l'emploi est à durée déterminée ou correspond à un emploi aidé, ce qui est le cas de nombreux jeunes. Le temps partiel a également un impact sur le risque de pauvreté et concerne un quart des « travailleurs pauvres ». La pauvreté d'un travailleur dépend à la fois de son revenu d'activité personnel et de sa situation familiale. Trois quarts des travailleurs pauvres gagnent moins de 42 000 F par an. Plus de la moitié vivent seuls ou dans des familles où ils sont l'unique apporteur de ressources. Les prestations sociales représentent plus du tiers du revenu du ménage de ces travailleurs.

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Langue Français

Extrait

N° 745 - OCTOBRE 2000
PRIX : 15 F (2,29€)
Les « travailleurs pauvres »
Christine Lagarenne et Nadine Legendre, Division Revenus et patrimoine des ménages, Insee
n 1996, parmi les personnes actives Selon la définition anglo-saxonne, les « working
poor » sont des personnes qui bien qu’activeset ayant travaillé au moins un mois,
vivent dans un ménage pauvre. En France, 1,8E1 305 000 vivaient dans un ménage
million de personnes répondent à cette défini-
dont le niveau de vie est inférieur au seuil de tion, mais beaucoup n’ont connu que le chô-
mage tout au long de l’année. Cette étude sepauvreté.
restreint à ceux d’entre eux qui ont occupé un
Avoir connu une période de chômage aug-
emploi au moins un mois dans l’année, appe-
mente fortement le risque de pauvreté, mais lés par la suite « travailleurs pauvres » (voir
Pour comprendre ces résultats).l’exercice continu d’une activité ne met pas à
Les travailleurs pauvres se répartissent entrel’abri de la pauvreté : les deux tiers des « tra-
des ayant connu l’emploi et le chô-
vailleurs pauvres » ont occupé un emploi, sa- mage (354 000), et des personnes ayant tra-
larié ou indépendant, toute l’année. vaillé toute l’année en tant qu’indépendants
(350 000) ou salariés (510 000) auxquellesParmi les salariés ayant travaillé
s’ajoutent quelques personnes ayant été inacti-
continûment, le risque de pauvreté est sen-
ves quelques mois (tableau 1).
siblement accrû quand l’emploi est à durée En 1996, on comptait donc 1 305 000 travailleurs
pauvres (60 % d’hommes et 40 % de femmes),déterminée ou correspond à un emploi
soit6%de l’ensemble des travailleurs. En fait,
aidé, ce qui est le cas de nombreux jeunes.
bien plus de personnes sont concernées par
Le temps partiel a également un impact sur cette pauvreté : toutes celles qui cohabitent avec
un travailleur pauvre. Au total, plus de deux mil-le risque de pauvreté et concerne un quart
lions de personnes de 17 ans ou plus - aux-des « travailleurs pauvres ».
quelles il faut ajouter 830 000 enfants de moins
La pauvreté d’un travailleur dépend à la de 17 ans - vivent dans un ménage de travail-
fois de son revenu d’activité personnel et leur(s) pauvre(s) (graphique 1). Ce « halo »
autour des travailleurs pauvres est à majoritéde sa situation familiale. Trois quarts des
féminine (70 %).
travailleurs pauvres gagnent moins de
Par ailleurs, cette évaluation est sensible à la
42 000 F par an. Plus de la moitié vivent définition du seuil de pauvreté : sont pauvres les
ménages dont le niveau de vie (revenu dispo-seuls ou dans des familles où ils sont
nible par unité de consommation – U.C.) estl’unique apporteur de ressources. Les pres-
inférieur à 50 % du niveau de vie médian ; avec
tations sociales représentent plus du tiers un seuil défini à 60 %, les travailleurs pauvres
seraient près de 2 400 000.du revenu du ménage de ces travailleurs.
L’ensemble des adultes concernés par la pauvreté des actifs
Hommes Femmes
Vit avec un chômeur pauvre (167 000) 49 000 118 000
514 000Vit avec un travailleur pauvre (743 000) 229 000
226 000Chômeur pauvre (515 000) 289 000
Travailleur pauvre en emploi 201000244 000
moins de 12 mois (445 000)
Trav 550 000 310 000
les 12 mois (860 000)
Champ : personnes de 17 ans ou plus.
Note : les chômeurs pauvres sont ici les personnes au chômage au moins six mois et n’ayant pas travaillé dans l’année vivant dans un ménage
pauvre ; 62 % vivent avec un travailleur pauvre et ne sont pas comptés dans les 743 000 “vit avec un travailleur pauvre”.
Source : Enquête Revenus Fiscaux 1996, Insee - DGI
INSEE
PREMIERELes « travailleurs pauvres » ou travail- Ce parcours est fréquent parmi les tra- 270 000 travailleurs pauvres
leurs à faible niveau de vie ne doivent vailleurs de moins de 25 ans, encore plus sont salariés en CDI
pas être confondus avec les personnes quand ils vivent dans un ménage dont le
à temps complet
à « bas salaires ». Ainsi, certaines per- niveau de vie est inférieur au seuil de
sonnes perçoivent des bas salaires mais pauvreté (38 % contre 27 %). Le risque de pauvreté parmi les sala-
leur niveau de vie dépasse le seuil de riés en CDI toute l’année à temps com-
pauvreté grâce aux revenus du patri- plet est faible (2 %). Ils représentent134 000 travailleurs pauvres ont
moine, aux prestations sociales ou aux néanmoins 270 000 travailleurs pau-été toute l’année en contrat à duréerevenus d’activité des autres membres vres. Pauvres ou non, les salariés dans
déterminée ou en emploi aidédu ménage. Inversement, des salariés cette situation vivent en couple (80 %
peuvent avoir un niveau de vie inférieur d’entre eux). Mais les moins aisés ontParmi les travailleurs pauvres, 83 000
au seuil de pauvreté à cause des char- plus fréquemment un conjoint inactifsont salariés depuis au moins douze mois
ges de famille et ce malgré un salaire (50 % contre 17 %). Comme tous lessous contrat à durée limitée (CDD, inté-
relativement correct. autres travailleurs pauvres, ils sont rare-rim, travail saisonnier, ou apprentissage),
ment diplômés : 50 % d’entre eux n’ont27 000 ont un emploi aidé ou sont en
aucun diplôme ou le CEP, contre 25 %stage et 24 000 ont alterné différentes for-
354 000 travailleurs pauvres des non pauvres.mes d’emploi. Le risque de pauvreté avec
ont été au chômage Les deux tiers de ces salariés sous CDI àces types de parcours est élevé, de l’ordre
temps complet déclarent une anciennetéune partie de l’année de 10 % pour les contrats à durée déter-
de cinq ans ou plus dans l’entreprise quiminée et 20 % pour les stagiaires. Les
les emploie. Ils sont donc dans une situa-Plus du quart des travailleurs pauvres salariés concernés par ces parcours sont
tion stable vis à vis de l’emploi, même siont connu l’emploi et le chômage en encore plus jeunes que ceux ayant connu
leur niveau de vie est faible.1996. Le risque de pauvreté varie selon le chômage (25 % ont moins de 25 ans).
la durée passée au chômage : 18 % pour En effet, un certain nombre de jeunes
ceux qui ont été plus longtemps au chô- commencent leur carrière professionnelle
106 000 travailleurs pauvresmage qu’en emploi et 11 % pour ceux qui par des emplois à durée limitée.
sont salariés en CDIont travaillé au moins six mois. Pour ces Ces travailleurs pauvres vivent moins
derniers, il dépend du type d’emploi:6% souvent en couple que les autres et quand à temps partiel
pour les salariés sous contrat à durée ils vivent en couple, leur conjoint est
Le risque de pauvreté est un peu plusindéterminée, 11 % pour les salariés davantage inactif. Par ailleurs, 20 %
élevé (5 %) pour ceux qui exercent unesous contrat à durée déterminée ou inté- d’entre eux sont titulaires du baccalauréat
activité salariée sous CDI depuis au moinsrimaires et 24 % pour les titulaires de sta- ou d’un brevet professionnel (contre 40 %
un an et à temps partiel. Ces salariés ontges ou contrats aidés. des non pauvres).
souvent un emploi stable : la moitié
occupe le même emploi depuis cinq ans
ou plus. Nombre d’entre eux souhaite-
raient travailler à temps plein, 50 % contre Répartition des adultes selon leur activité entre avril 1996 et mars 1997
20 % pour les salariés sous CDI à temps
partiel dont le niveau de vie est supérieur
Niveau de vie > Taux de pauvretéNiveau de vie ≤
au seuil de pauvreté.Activité d’avril 1996 à mars 1997 seuil de pauvreté N1seuil de pauvreté
N2 en milliers N1+N2 Les femmes sont très présentes dansN1 en milliers
cette population (75 %) mais relativement
Actifs -occupés ou non- au moins six mois 1 821 23 947 7
moins que parmi l’ensemble des salariés
En emploi au moins un mois 1 305 22 440 6
sous CDI à temps partiel (elles sont 87 %
Indépendants toute l’année 350 2 105 14 parmi les non-pauvres). Parmi les salariés
Salariés toute l’année 510 17 299 3 sous CDI à temps partiel, les pauvres sont
1
Dominante emploi + chômage 175 1 454 11 plus souvent seuls ou à la tête d’une famille
Dominante chômage + emploi 179 843 18 monoparentale que les autres (30 % contre
11 % ).Avec périodes d’inac

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