Rédiger en français et en anglais.
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Rédiger en français et en anglais.

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Langue Français

Extrait

Rédiger en français et en anglais
.
Séminaire encadrants et doctorants, mai 1998
Que peut donc bien apporter une linguiste à la diffusion et à la
valorisation des résultats de recherche ? C’était déjà une
aventure,… Méfiance ! On m’avait dit qu’en plus on soumettait son
discours à une sorte de psychanalyse incisive où le fond du contenu
scientifique serait révélé par la forme et la façon de présenter son
article. Prudence ! Mais un scientifique ne se doit-il pas de
préciser son vocabulaire et d’aller au devant une culture qui n’est
pas la sienne… aussi m’inscrivais-je, sans doute un peu incrédule et
trop naïf.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque Marie-Claude ROLAND nous
asséna d’emblée : « Un scientifique ne communique pas ses résultats,
il délivre un message ! ». Il faudrait donc mettre en oeuvre tous les
moyens pour empêcher le récepteur de votre message, de réinterpréter
ce que vous avez voulu dire. En d’autres termes, maîtriser les
bruits de transmission et le contexte de façon à tenir serré celui
qui lira votre article. Mais je ne vous ai pas encore dit
l’essentiel : j’avais entraîné avec moi un de mes doctorants et je
le voyais s’épanouir de jour en jour. Je ne crois pas que cela était
dû seulement à la bonne ambiance, aux buffets copieux de midi et aux
petits gâteaux des pauses que nous servait avec gentillesse le
personnel de l’INAP-G, ni même à l’efficacité sympathique de notre
dynamique organisatrice Françoise LAUNAY ! Non, mon doctorant se
décontractait : il pouvait comparer son expérience avec celles
d’autres étudiants des GEV, faire un bilan d’avancement de son
travail, exprimer sa question de recherche. Je l’ai même vu, acculé
par les questions soi-disant naïves de Marie-Claude ROLAND,
s’approprier son sujet de thèse et le transformer en un projet
véritable de recherche.
P
ourquoi suis-je donc allé à la
session de formation « Rédiger en
français et en anglais » organisée par
l'Ecole Doctorale ? Par intérêt sans
doute : cela faisait trois fois qu'un de
mes papiers avait été refusé dans une
revue et j'incriminais l'anglais. Par
curiosité aussi : un de mes collègues
qui l'avait suivi auparavant m'avait
dit : « Tu verras, cette formation, soit
le travail qu'on y réalise te passionne,
soit tu claques la porte et tu t’en vas
dès le premier jour. »
Marie-Claude ROLAND exprimerait-elle des idées subversives sous
couvert d’enseigner l’anglais ? Elle a entraîné tous ces jeunes
esprits à réfléchir sur ce qu’est la création scientifique, comment
un scientifique perçoit le monde réel, comment il forme une
hypothèse. Elle a même osé tenter de définir précisément ce que
signifie être l’auteur d’un article. Bref, elle propose un véritable
travail en situation de chercheur ou d’apprenti chercheur. Sortir de
la situation d’enseigné pour un doctorant, cela voudrait dire ne
plus attendre des autres des connaissances prémachées, sous forme de
messages structurés, mais faire l’apprentissage de l’autonomie. J’ai
vu dans cette session nombre d’étudiants en détresse se dé-
stresser ! Directeurs de recherches, méfiez-vous, cette femme est
dangereuse, il faut l’arrêter ! Elle introduit dans la tête des
jeunes thésards des idées peu compatibles avec le respect de votre
autorité bienveillante. Qui plus est, le virus est communicatif ! Ne
voilà-t-il pas que, maintenant, moi aussi, je suis convaincu !
J’utilise déjà ses méthodes de travail, j’accepte de déstructurer ma
pensée pour être plus créatif, je convie mes étudiants à des séances
de brainstorming qui font émerger toutes nos idées, des moins
matures aux plus assises ! J’ai renoué un dialogue plus fréquent
avec mes doctorants et nous utilisons cette méthode pour travailler
ensemble et éviter de relater de façon chronologique nos résultats
de recherche. J’en tire le bénéfice d’être associé à la source et à
la structure des publications : nous identifions ensemble quelles
sont les idées fortes et comment les argumenter. Me voilà bien loin
des comportements où l’on attend l’article écrit par son
collaborateur et où on lui redonne avec force notes en rouge parce
que l’ « on n’aurait pas dit les choses de cette façon… »
Bref, si vous voulez juste faire de l’anglais, inscrivez-vous chez
Berlitz ! Si vous ne voulez pas vous remettre en cause, si vous
croyez que le doctorant doit rester à sa place et que l’angoisse de
la recherche lui est bénéfique, si vous pensez qu’une définition
trop
précise
des
questions
de
recherches
perturberait
la
reconnaissance de votre autorité de directeur de recherche,
n’assistez pas à cette session et surtout n’y envoyez pas vos
étudiants !
Pour en savoir plus :
Eric PARENT
, Directeur du laboratoire
GRESE, ENGREF
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