Rennes - article ; n°350 ; vol.65, pg 259-269
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Description

Annales de Géographie - Année 1956 - Volume 65 - Numéro 350 - Pages 259-269
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Meynier
Christiane Loscun
Rennes
In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°350. pp. 259-269.
Citer ce document / Cite this document :
Meynier André, Loscun Christiane. Rennes. In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°350. pp. 259-269.
doi : 10.3406/geo.1956.14251
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1956_num_65_350_14251259
RENNES
La capitale de la Bretagne est communément décrite comme une ville
calme, presque austère, vivant plus de l'administration que de son activité
économique, et contrastant à ce titre avec Nantes, bruyante et usinière. Aussi
a-t-on appris non sans surprise, non seulement qu'elle se haussait depuis
la dernière guerre au quatorzième rang des villes françaises, mais encore
qu'elle n'était dépassée que par Toulouse et Le Mans pour l'augmentation
absolue de sa population entre 1936 et 1954. Un essor aussi inattendu —
même aux yeux de ses propres habitants — mérite une analyse géographique1.
I. — La composition de la population
La tendance à la hausse n'est pas absolument nouvelle. Alors que de
1801 à 1851 le chiffre des habitants, bien qu'en voie d'augmentation, avait
fait descendre Rennes du vingtième au vingt-cinquième rang des communes
françaises, depuis cette date, une ascension lente l'avait hissée au vingt-
quatrième rang en 1901, au vingt-deuxième en 1921, au dix-neuvième
en 1936. Ce tableau comporte cependant une part d'arbitraire : l'étendue de
la commune laisse place à de nouvelles extensions sur son territoire même,
alors que la croissance de villes comme Rouen, Clermont-Ferrand, Roubaix,
Angers, classées après Rennes dans la statistique brute, s'est faite en grande
partie sur le sol des communes de banlieue et est donc masquée dans le chiffre
officiel. En tenant compte de l'ensemble des agglomérations, Rennes ne se
verrait adjoindre que 3 000 ou 4 000 hab. de Saint-Jacques et de Cesson et
serait dépassée par quatre ou cinq autres villes de France. Elle n'en figurerait
pas moins dans la liste des vingt premières villes du pays.
Une part importante de sa croissance provient de sa propre natalité,
ce qui immédiatement l'oppose à tant d'autres villes où les naissances
n'égalent pas les décès. Mais cette tendance ne date que de la guerre. Jusqu'en
1939, le taux de la natalité ne descendait guère au-dessous de celui de la
moyenne française (contrairement à tant d'autres villes), mais le taux de la
mortalité lui était supérieur. Depuis 1942 seulement, les naissances ont
dépassé les décès de 700 à 1 500 unités par an. Par le seul jeu de la démograp
hie, Rennes aurait gagné 1 112 hab. de 1936 à 1946 et environ 10 000 de
1946 à 1954 : soit environ la moitié de la croissance totale de la population
de 1946 à 1954. L'autre moitié provient naturellement de l'immigration.
En réalité, les mouvements sont plus complexes. En 1949, 18 000 électeurs
1. La première étude géographique de Rennes est celle de R. Musset, dans La Bretagne de
la Collection Armand Colin. La base statistique est le recueil de PI.N.S.E.E., Données statis
tiques sur la commune de Rennes (1949 et supplément 1955). — Divers travaux manuscrits sont
déposés au Laboratoire de Géographie de Rennes, notamment une étude analytique en 3 quart
iers par Mlles Lœzf r, Dauphin et Baloffet et une enquête sur les taudis par M. J. Estrade.
Les auteurs remercient les personnalités leur ayant facilité leur travail, notamment M. Fre-
ville, maire de Rennes, les Services du M. R. U. et de PI. N. S. E. E., la S. N. C. F., les direc
teurs des entreprises industrielles, etc. 260 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
nés à Rennes habitaient hors de cette commune, 52 000 électeurs rennais
étaient nés hors de la commune; ils provenaient d'ailleurs presque exclus
ivement des départements bretons, sauf un apport non négligeable de la
Seine. Mais ces immigrés ont en majorité plus de 25 ans1 : c'est le signe d'un
arrêt dans les besoins d'immigration de Rennes, du fait qu'elle peut renou
veler sa main-d'œuvre par ses propres moyens2.
Le premier résultat de cette situation démographique est la jeunesse de
la population. En 1946, 30 p. 100 des habitants avaient moins de 20 ans,
contre 25 p. 100 moyenne française, et 14 p. 100 à Paris3. Un calcul un peu
différent montre 2 657 « jeunes » de 10 à 25 ans sur 10 000 hab, contre 2 366 en
moyenne en France.
La conclusion en est nette. Si Rennes avait en 1946 les mêmes caractères
démographiques que Paris, pour une même population adulte elle ne compter
ait en tout que 100 000 âmes au lieu de 125 000. C'est ce qui explique aussi
qu'on n'y dénombre que 40 p. 100 de personnes actives (1954), contre 52 p. 100
à Paris ou 50 p. 100 à Limoges. Il faut, il est vrai, tenir compte du fait que
les étudiants ne sont pas considérés comme « population active ».
Donc le rang de Rennes parmi lés villes françaises est d'abord un fait
démographique, lié à une mentalité, à des traditions propres à la Bretagne,
traditions cependant quelque peu atténuées par la vie urbaine : la région
statistique compte en moyenne 7 foyers de 6 enfants et plus sur 100, la ville
de Rennes 5 seulement.
II. — Les fonctions urbaines traditionnelles
La jeunesse de la population n'explique pas tout. Même réduite à
100 000 hab., le chiffre ne pourrait se justifier s'il ne s'agissait que d'une
préfecture somnolente. Or il faut bien convenir qu'aucune des activités
rennaises, à elle seule, n'explique total et croissance, et que seule peut inter
venir la somme d'activités variées et souvent médiocres.
Ville administrative, dit-on. Traditionnellement siège de bureaux inte
rdépartementaux, en raison de sa situation, relativement accessible de tous
les points de Bretagne, elle ne voit guère échapper à son emprise que la Loire-
Maritime, qui, pour la plupart des questions, dispose d'administrations
propres ou bien se rattache à des circonscriptions ligériennes (pour l'église,
à Tours par exemple). Aussi 10 000 employés de toute sorte constituent-ils
un peloton massif dans la liste des personnes actives. Mais ce chiffre n'égale
pas celui de Nancy, de Glermont, de Limoges que l'on classe pourtant parmi
les villes industrielles et non parmi les villes à prépondérance administ
rative.
1. Alors que, par tranches de 5 ans d'âge, les électeurs immigrés se comptent par 5 000 et
6 000, on n'en compte que 1 500 de 21 à 25 ans.
2. Du 31 mars 1952 au 31 mars 1955, la ville a perdu 250 électeurs, alors qu'elle en avait
gagné 1 900 de 1950 à 1952.
3. En 1954, par suite du relèvement de la natalité en France, l'écart est beaucoup moins sen
sible. 261 RENNES
Le rôle intellectuel n'est pas négligeable et s'est rapidement développé.
Centre d'Université, Rennes a vu quadrupler le nombre de ses étudiants
de 1900 à 1950. Particulièrement fulgurant a été l'essor de la Faculté des
Lettres, passée de 125 à 1 600 étudiants, tandis que les Sciences octuplaient
et que Droit et Médecine doublaient. Mais, d'une part, il est difficile de chif
frer le nombre exact de résidants, l'I.N.S.E.E. groupant ensemble étudiants
et « élèves ». En admettant un peu arbitrairement que les des
écoles non universitaires (agriculture, beaux-arts, musique) compensent les
non-résidants de l'Université, cela ne fait que 6 000 personnes environ, moins
qu'à Aix ou à Montpellier. Important aussi le rôle de diffusion des idées.
A Rennes s'imprime le principal journal provincial, qui tire à plus de 500 000
exemplaires et emploie plus d'un millier de travailleurs dans ses ateliers. Et
si, pour la proportion des « intellectuels » (étudiants exclus), Rennes se classe
au troisième rang en France avec 2,2 p. 100 de ses habitants, cela ne suffirait
pas pour en faire une grande ville.
Ville commerciale d'autre part. C'est incontestable. Treizième ville fran
çaise pour le nombre de commerçants, huitième même pour la proportion
de commerçants par rapport à la population urbaine (4,2 p. 100), elle
attire de toute la Bretagne les acheteurs de détail et entrepose les
produits lourds de toute sorte pour les livrer à l'ensemble de la province.
A vrai dire, mis à part ce commerce de gros, on peut émettre des réserves

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