Téléphonte
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Master, Supérieur, Master
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  • mémoire - matière potentielle : concernant christine
1 Téléphonte, Tragi-comédie de GABRIEL GILBERT (1642) Édition présentée, établie et annotée par Amaïa Chuburu Mémoire de Master 1, sous la direction de Monsieur le Professeur Georges Forestier. Université Paris IV- Sorbonne – Année 2011
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Langue Français

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Téléphonte,
Tragi-comédie
de
GABRIEL GILBERT
(1642)

Édition présentée, établie et annotée par Amaïa Chuburu










Mémoire de Master 1, sous la direction de Monsieur le Professeur Georges Forestier.
Université Paris IV- Sorbonne – Année 2011
1
INTRODUCTION


Déprécié au XVIIIe siècle. Oublié au XIXe siècle. Complètement inconnu
aujourd’hui. La première phrase de la seule thèse consacrée à Gabriel Gilbert illustre de
1manière éloquente ce sentiment. Auteur de treize pièces imprimées et d'un certain
nombre d'œuvres en vers et en prose, cet auteur appartient aux minores, qui ont bien
souvent connu le succès en leur temps, mais qui ont disparu du répertoire dramatique
français les siècles suivants.
Pourtant l'homme n'était pas un obscur inconnu en son siècle. Secrétaire et
protégé de duchesses et même d’une reine, poète et dramaturge galant, auteur d'un
opéra, il a cependant fini sa vie à l'écart du monde des lettres, oublié et pauvre.
Que dire de ces œuvres oubliées ? Elles font souvent preuve de bonnes intuitions
dans le choix des intrigues, mais aussi d’une écriture et une versification plutôt
emédiocres, qui ont difficilement passé l'épreuve de la censure des critiques du XVIII
siècle, formés à la norme classique et régulière érigée par Boileau. Autant dire qu'une
tragi-comédie de 1642 a eu beaucoup de mal à ressusciter au cours des trois siècles
derniers. Pourtant, évoquant les tragi-comédies composées à cette époque, Henry
Carrington Lancaster souligne que « certaines d’entre elles [dont Téléphonte] peuvent
2encore être lues avec plaisir. »
Lorsqu’il crée Téléphonte, Gabriel Gilbert, âgé d’une vingtaine d’années, est
apparu dans l’entourage de Richelieu un an auparavant. Présentant moins de faiblesses
que sa première pièce, Téléphonte semble épurer les codes traditionnels du genre tragi-
comique, et se rapproche de la tragédie régulière qui est en train de renaître, tout en

1 PELLET, Eleanor J., A forgotten French dramatist, Gabriel Gilbert (1620 ? – 1680 ?), Baltimore, Johns
Hopkins Press, 1931, p. 1 : « Gabriel Gilbert is all but unknown today. » Il est délicat de rendre la
brièveté et l’efficacité de cette remarque, nous pourrions traduire : Gabriel Gilbert a pourtant fait
beaucoup mais demeure inconnu aujourd’hui.
2 LANCASTER, Henry Carrington, A History of French Dramatic Literature in the Seventeenth Century,
Baltimore, Johns Hopkins Press, 1929-1942. « Part II, Period of Corneille », p. 373.

2 laissant percevoir les premières marques de l’esthétique qui fera de Gabriel Gilbert un
auteur galant.
I. Gabriel Gilbert : vie et œuvres d’un auteur galant.

Comme le souligne Eleanor J. Pellet, aujourd’hui, à l’exception de son œuvre imprimée,
on a trouvé peu de traces de Gabriel Gilbert. Nous avons donc assez peu d’informations
certaines concernant sa vie.

A. Première difficultés : une naissance et une mort qui n’ont pas laissé de traces.

La première référence à notre auteur date de juillet 1640 : Chapelain, dans une lettre
à Conrart, évoque la première pièce de Gilbert : « Mr Gilbert eust bien souhaitté aussy
3que vous eussiés assisté à la représentation de sa Marguerite françoise » .
La naissance de Gilbert n’est mentionnée dans aucun registre. La seule allusion
à son âge, par le poète lui-même, est dans l’épître de L’Art de plaire aux dames, dédiée
à la Reine de Suède. Gilbert y utilise notamment l’expression « ma jeune Muse ». Le
privilège de cette œuvre a été accordé en mars 1654. Quel âge a alors cet auteur qui a
connu un succès scénique en 1640 et qui se désigne comme jeune en 1654 ? Marguerite
de France présente quelques faiblesses, que Eleanor J. Pellet, suivie par Lancaster,
attribue à la jeunesse et à l’inexpérience de l’auteur. L’auteur de cette première pièce
avait probablement une vingtaine d’années. Ainsi, il aurait écrit cette épître à l’Art de
eplaire aux dames avant la quarantaine, âge auquel, au XVII siècle, on a rejeté la
jeunesse dans un passé ancien. On peut donc avancer comme une hypothèse raisonnable
que le poète soit né vers 1620, ce qui en fait un auteur de la génération de Molière et de
La Fontaine.

La dernière œuvre de Gilbert, publiée plusieurs années après ses écrits dramatiques,
a été une traduction de cinquante Psaumes. La publication de ce travail a lieu en 1680.
Le privilège est du 26 mai de cette année. L’attestation – qui donne une validation
doctrinale à l’œuvre – date du 24 mai. Un second tirage a dû être prévu quasiment au
même moment. Celui-ci a été revu et corrigé par l’auteur, comme en atteste la page de

3
Lettres de Chapelain, éd. Tamizey de Larroque, 1880-1883, I, 656, n°2.
3 titre. Il y a ajouté une traduction du Décalogue et du Cantique de Siméon. L’attestation
pour ces ajouts à l’œuvre est datée du 23 juillet ; le permis d’imprimer est daté de deux
jours plus tard. Or l’attestation du 23 juillet qualifie l’auteur de « feu M. Gilbert ». Il est
donc probable que Gilbert soit mort entre le 24 mai et le 23 juillet 1680.

B. Origine et éducation.

Gabriel Gilbert est partout désigné comme protestant. Il fait l’objet d’un article dans
4 5La France protestante , est appelé « calviniste » par Phérotée de La Croix , tandis que
6Beauchamps le dit « de la religion protestante » et Goujet « de la Religion prétendue
7 8réformée ». De même, il paraît quasiment certain que Gilbert soit né à Paris .
Même si le nom de Gilbert est assez commun en France, il s’est avéré impossible
d’établir une connexion entre le poète et une quelconque famille de ce nom. Eleanor J.
Pellet émet plusieurs hypothèses. Le nom de Gabriel Gilbert apparaît dans le registre
edes officiers de Toulouse au XVI siècle. On peut imaginer un lien avec un trésorier et
receveur ordinaire du domaine du Roi en la sénéchaussée de Carcassonne, ville dans
laquelle le protestantisme était important, mais il n’y a aucune preuve. De même, le titre
de secrétaire du duc de Guise a été attribué à un Guillaume Gilbert dans un registre
datant du 11 juin 1617 et à un Claude Gilbert entre le 5 décembre 1615 et le 19 avril
1618. Une telle relation permettrait d’expliquer l’introduction de Gabriel Gilbert auprès
de la Reine de Suède. Ce fut, en effet, le duc de Guise qui a été envoyé par la reine
régente comme représentant pour accueillir Christine lors de son entrée en France, en
1656. De plus, c’est chez le duc de Guise qu’a eu lieu une lecture d’une « comédie» de
9Gilbert, épisode décrit par Ménage . Mais, tout ceci n’est qu’une série d’hypothèses,
auxquelles nous n’avons trouvé aucune preuve formelle.

4
HAAG, Eug. et Em., La France protestante, Paris, 1846-1858.
5
L’art de la poësie françoise…, Paris, chez Thomas Amaulry 1675, p. 393.
6
Recherches sur les Théâtres de France, Paris, 1735, II, 168.
7 Bibliographie françoise et histoire de la littérature françoise, Paris, 1756, XVIII, p. 90.
8 Phérotée de La Croix, Titon de Tillet, Beauchamps, Goujet en font mention.
9
Ménagiana, éd. Delaulne, Paris, 1715. I, 139.
4 Gilbert semble avoir eu une très bonne éducation, bien que nous n’ayons aucune
10indication sur le lieu où il l’a acquise. Il a dû étudier le grec . Il connaissait l’hébreu
comme le montrent ses traductions des Psaumes, ainsi que l’italien. Plusieurs pièces
italiennes peuvent en effet être considérées comme des sources de ses intrigues.

C. Apparition sur la scène littéraire dans les années 1640.

Sa première œuvre, publiée en 1641, est dédiée à la duchesse d’Aiguillon. L’année
suivante, Téléphonte est imprimé. Cette seconde œuvre est dédiée à la même protectrice.
Les initiales « G.G. » signent les épîtres de ces deux ouvrages. Dans l’é

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