Fiche de révision BAC Français - Fiche de lecture : Les Confessions de Rousseau
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Description

Retrouvez la fiche de révision des études d’œuvres de Rousseau pour préparer votre Bac de Français.
Titre de la fiche
1. Inventer l’autobiographie moderne
2. Plaidoyer et accusation
3. A la découverte des contradictions : l’art littéraire dans Les Confessions
4. Hypocrisie et sincérité ? Un témoignage controversé
"Inventer l’autobiographie moderne
Le titre de l’œuvre évoque immédiatement les célèbres Confessions de saint Augustin que Rousseau a pu connaître au moins par extraits. C’est sur ce modèle de révélation religieuse qu’est décrite l’illumination de Vincennes qui va engager le musicien dans la voie difficile de la philosophie et de l’écriture.Rousseau peut être considéré comme l’inventeur de l’autobiographie moderne. Certes, la littérature française des siècles précédents, notamment au XVIe siècle, en présente d’autres exemples, tous refusés par notre auteur"

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Publié le 24 mars 2015
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Langue Français

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Nº : 91037
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FRANÇAIS
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Etude d’œuvre : Les Confessionsde Rousseau (1763 - 1770)
1. Inventer l’autobiographie moderne 2. Plaidoyer et accusation 3.A la découverte des contradictions : l’art littéraire dans Les Confessions 4. Hypocrisie et sincérité ? Un témoignage controversé
Inventer l’autobiographie moderne
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Le titre de l’œuvre évoque immédiatement les célèbresConfessionsAugustin que Rousseau a pu connaître au moins parde saint extraits. C’est sur ce modèle de révélation religieuse qu’est décrite l’illumination de Vincennes qui va engager le musicien dans la voie difcile de la philosophie et de l’écriture. Rousseau peut être considéré comme l’inventeur de l’autobiographie moderne. Certes, la littérature française des siècles précédents, e notamment au XVIsiècle, en présente d’autres exemples, tous refusés par notre auteur. Il condamne sévèrement Montaigne : «Je mets Montaigne à la tête de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai. Il se montre avec des défauts, mais il ne s’en donne que d’aimables ; il n’y a point d’homme qui n’en ait d’odieux. Montaigne se peint ressemblant mais de proIl». En fait, Rousseau se défend d’emprunter à Montaigne avec une vigueur d’autant plus grande qu’il n’a pu se dégager totalement e de l’inuence desEssais, dont le but est voisin du sien. Le XVII siècle et l’épanouissement des mémoires à tendance moralisante ont certainement marqué le goût de Rousseau. De même, son époque, où triomphent de nombreux romans écrits à la première personne et présentés comme de véritables mémoires, n’est pas étrangère à l’aspect souvent romanesque desConfessions.
Plaidoyer et accusation
Contrairement à cette tradition littéraire,Les Confessionssont un livre orienté vers un seul but : s’expliquer, se défendre. Il s’agit d’une pièce dans un procès où Rousseau s’imagine accusé ; où les accusateurs, ses anciens amis, prennent prétexte de ses livres et de ses actes comme autant d’arguments pour le condamner comme un homme méchant, instable et moralement monstrueux. L’ouvrage, comme après lui lesDialogues, se fonde donc sur la hantise de la déguration de sa vraie personnalité auprès du public. A ceux qui ne connaissent que l’écrivain, il veut montrer l’homme dans sa vérité physique et morale. Il voudrait «rendre [son] âme transparente aux yeux du lecteurfait donc la lumière sur les fautes qu’on lui reproche, en avoue même d’autres, ignorées de tous.». Il Le récit autobiographique n’est pas issu de la vanité, mais de l’urgence : il faut restaurer la vérité. L’accusé ne peut présenter de meilleure défense que sa vie, tout entière consacrée à la quête de la vertu.Tout entière ? Naturellement non, car nul n’est parfait ! Mais du moins Rousseau veut-il tenter d’expliquer et de s’expliquer à lui-même ses erreurs. Parmi les projets de Rousseau vers 1760 gurait un vaste ouvrage qui devait s’intitulerLa Morale sensitive ou le Matérialisme du sage. Il posait une seule question : pourquoi «souvent dissemblables à eux-mêmes ?dans le cours de leur vie, la plupart des hommes sont-ils, ». Comment est-il possible de dire « je », alors que notre personnalité est souvent contradictoire ? L’œuvre est abandonnée maisLes Confessionsreprennent ce questionnement.Ainsi s’explique le souci de relater le moindre fait et de chercher les causes des erreurs d’une personnalité soumise aux inuences extérieures du monde physique et social. Il s’y ajoute une volonté d’universalité et une méthode presque scientique d’analyse de soi : explorer l’enfance, sonder son inconscient. En cela le projet est très en avance sur son siècle.
Moderne aussi est l’attitude de Rousseau envers la responsabilité de ses actes. Il les assume, mais s’en défend en se montrant la victime de la société ou des circonstances : il a connu une enfance sans rigueur, il est afigé d’une mauvaise santé, etc. La question assez retorse de la responsabilité permet de retourner le plaidoyer en acte d’accusation. En effet, si, au fond, il n’est pas vraiment coupable de ses actes, pourquoi est-il calomnié par des hommes qui ne sont guère meilleurs que lui ? C’est la société qui est coupable, parce qu’elle le méconnaît d’abord, et aussi parce qu’elle est de ces causes qui inuent sur le comportement d’un être. Nous retrouvons ici, utilisée à des ns personnelles, la thèse duSecond Discours. Oui, Jean-Jacques a accusé Marion d’un vol dont elle était innocente ; mais il y a été forcé par sa condition subalterne et par la méchanceté de ses
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
maîtres. Oui, il a abandonné ses enfants, mais il n’est pas le seul à l’avoir fait et si ses ennemis le savent, c’est parce que sa conscience lui a fait avouer sa faute… ce que n’ont pas eu le courage de faire les autres. Dès lorsLes ConfessionsLa destinée de Jean-Jacquespeuvent devenir une apologie déguisée de soi, sous couvert d’auto-accusation. est la meilleure conrmation de ses idées philosophiques : originellement bon, le mal qui est en lui vient de la société, ses malheurs lui viennent de son courage à dénoncer les abus. Or, souffrir de ses croyances, c’est faire acte de martyr, au sens étymologique du terme. Témoin de la vérité, Rousseau connaît le sort de ses semblables, dont le plus illustre est Socrate ; il est bafoué, persécuté, renié. Pareil aux héros tragiques qui ont nourri son imaginaire, il se sent, du fait même de ses souffrances et du sort fatal qui le traque, tiré hors de cette médiocrité à laquelle semblait le condamner sa vie vagabonde.Les Confessionstracent donc en ligrane le portrait d’un génie méconnu.
Cependant on ne peut réduire à ce but un ouvrage aussi complexe, qui illustre la subtilité et le goût du paradoxe de l’écrivain. Le procès qui oppose Rousseau à ses contemporains importerait peu s’il n’était doublé du procès qu’il se fait à lui-même. Rousseau est le juge le plus impitoyable de Jean-Jacques, de sa faiblesse, de ses ridicules, de ses contradictions. Il pourfend les méfaits du théâtre, des arts et de la civilisation, mais gagne sa vie comme romancier et musicien ! Il défend farouchement son indépendance de roturier, mais est logé et nourri par des protecteurs nobles ! Défenseur de la justice, de la vérité, de la bonté sociales, il a été injuste, menteur et méchant. Ces exemples parmi d’autres expliquent l’angoisse de Rousseau, non seulement face à ses accusateurs, mais face à sa propre vie. Ainsi s’explique le titre religieux du livre. Confesser publiquement ses fautes, c’est faire acte d’humilité et de remords, c’est déjà mériter le pardon. Désormais purié et par ses aveux et par ses souffrances, qui sont à ses yeux une sorte d’expiation, Rousseau va pouvoir contempler en toute sérénité son être enn reconquis, sa personnalité reconstruite. Le vrai bonheur est donc en même temps dans la source de la souffrance : l’analyse de soi et le souvenir. L’écriture mémorielle recrée les instants enchanteurs de l’enfance qu’on croyait à jamais disparus. En se retrouvant et malgré l’angoisse qui domine la n du texte, Rousseau place aussi le bonheur de l’écrivain dans la création de l’œuvre d’art qui le reétera comme un miroir. Ce miroir est naturellement une reconstruction. On ne peut raconter cinquante ans d’une vie sans choisir les faits, sans les interpréter, sans leur accorder une valeur plus ou moins signiante.A traversLes Confessions, Rousseau, et il en est conscient, se construit une légende. Le résumé précédent des douze livres montre que l’auteur a particulièrement insisté sur les aventures de jeunesse (livres II, III, IV) puis sur son séjour à l’Ermitage (livre IX). Il a mis ainsi en évidence les deux aspects de sa vie qui lui paraissent fondamentaux : le vagabondage libre qui a formé sa personnalité et la solitude laborieuse qu’il a choisie adulte.
A la découverte des contradictions : l’art littéraire dans Les Confessions
Pour élaborer un projet aussi complexe, Rousseau a longuement travaillé ses instruments littéraires. Le préambule du manuscrit de Neuchâtel insiste sur le fait que la nouveauté du livre doit passer par la nouveauté du style : «Il faudrait pour ce que j’ai à dire inventer un langage aussi nouveau que mon projet. [...] C’est ici de mon portrait qu’il s’agit, non pas d’un livre. [...] Je prends donc mon parti sur le style comme sur les choses. Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme ; j’aurai toujours celui qui me viendra, j’en changerai selon mon humeur sans scrupule. [...] Mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage et tantôt fou, tantôt grave et tantôt gai, fera lui-même partie de mon histoire».
e La littérature du XVIIIest fortement inuencée par une division des genres littéraires héritée du classicisme. On pense siècle alors que la tragédie, la comédie, le roman ou le conte obéissent à des règles différentes et doivent être composés dans le style qui leur est propre. Or, dansLes Confessions, Rousseau rompt volontairement avec cette rigueur et recherche avant tout la variété des tons. Il privilégie souvent une certaine solennité du propos qui magnie le souvenir de ses actes ou de ses sentiments les plus forts : c’est par de vastes périodes qu’il dénonce la punition injuste du peigne cassé ou qu’il se rappelle le coup de foudre pour Mme de Warens, sacralisant les évènements qui ont valeur de révélations morales et sentimentales. Mais ce qui caractérise le style desConfessions, c’est la souplesse des tonalités. Le lecteur peut se laisser prendre au jeu d’un style élevé – qui ne sera nalement qu’une pirouette ironique. «écoutez-en l’horrible tragédie et vousÔ vous, lecteurs curieux de la grande histoire du noyer de la terrasse, abstenez de frémir si vous pouvez !Ce ton, » (Livre I). introduit dans le récitpeu en rapport avec l’insigniante histoire de l’aqueduc, une rupture savoureuse. C’est là un procédé exploité avec une grande virtuosité dansLes Confessions.
Le décalage est le principal ressort littéraire de l’ouvrage, incitant le récepteur à rester toujours en éveil. Au seuil d’une œuvre sombre et angoissée, Rousseau privilégie les ruptures comiques, se tournant lui-même en ridicule, soulignant l’écart entre ses rêves littéraires et la réalité brutale à laquelle ils se heurtent. Partant au hasard sur les routes, le jeune Jean-Jacques croit rencontrer «des festins, des trésors, des aventures, des amis prêts à (le) servir, des maîtresses empressées à (lui) plaireSon incroyable crédulité,» (Livre II). sa naïveté ne sont pas seulement des ressorts comiques très efcaces ; ils sont aussi un argument pour prouver que le monde perverti est coupable face à l’innocence maladroite du héros.
Les Confessionsnécessitent pour fonctionner une constante complicité entre le narrateur et le lecteur. Rousseau multiplie donc les signaux au récepteur, faisant appel à sa curiosité, l’apostrophant, tenant avec lui des conversations imaginaires et plaisantes. Raconter
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
pendant des centaines de pages l’histoire de sa vie est un dé, car pour que le lecteur prenne de l’intérêt à un tel récit, il faut qu’il accepte d’y jouer un rôle, celui du condent amical et indulgent, s’opposant ainsi aux «accusateurs». Rousseau implique donc sans cesse son récepteur dans son texte, sur un ton burlesque, «Lecteur pitoyable ! partagez mon afiction !» (Livre I), ou plus sérieux «Ô mes lecteurs ! ne vous y trompez pas» (Livre IV). Le style rapide et contrasté desConfessionsa enn pour but de faire en quelque sorte attendre l’inattendu, de rendre exceptionnel le banal et dans le même temps de supposer familier à tous ce qui est une expérience personnelle. Par le jeu constant des annonces, le narrateur souligne le caractère décousu de son expérience, tout en soulignant l’idée d’un destin : «Déjà je me regardais comme inIniment au-dessus de mon ancien état d’apprenti; j’étais bien loin de prévoir que dans peu j’allais être fort au-dessous» (Livre II).
La surprise et la reconnaissance alternent, entraînant pour le narrateur un bonheur de raconter qu’il espère être aussi un plaisir de lire.
Hypocrisie et sincérité ? Un témoignage controversé
Les contemporains de Rousseau se sont hâtés, nous l’avons dit, de mettre en doute le témoignage desConfessionsont, et ils été suivis par de nombreux critiques littéraires. Rousseau s’accuse souvent de crimes imaginaires, comme s’il voulait rendre vraisemblable ce dont l’accusent ses ennemis. Mais ce qui compte pour lui n’est pas tant ce qui est arrivé que sa propre réaction alors qu’il le raconte. C’est précisément dans son interprétation de la vérité qu’il se révèle le plus. Si Jean-Jacques, dans le secret de ses méditations, imagine comment il a réagi à un événement passé, cette réaction repensée est tout aussi révélatrice, voire plus révélatrice sur sa véritable personnalité, que celle qu’il eut vraiment. Il assume sa mémoire sélective, son imagination déformante qui embellit le passé heureux et dramatise l’avenir, au point de créer ces hantises maladives qui le mènent parfois au délire. La vérité desConfessionsest dans leur subjectivité. e Les réactions auxConfessionsont été depuis le XVIIIRousseau asiècle mitigées.Tout en afrmant orgueilleusement sa singularité, voulu apporter un témoignage à ses semblables. Mais s’il veut bien partager avec les hommes la culpabilité de ce qu’il y a en lui de pervers, il ne leur laisse pas la compensation de ses vertus, qu’il juge uniques. Solidaire par le mal, il est singulier par le bien. Cette attitude n’est pas de nature à lui attirer une sympathie inconditionnelle. Elle ne procède cependant pas d’un orgueil aveugle, mais de la conscience de l’élévation difcile qui conduit à la gloire l’enfant délaissé, qui fait du vagabond un maître de la pensée et de l’apprenti voué à tous les vices un moraliste sévère. Le dé qui ouvreLes Confessionsest aussi adressé au lecteur : qui osera en effet dire «je fus meilleur que cet homme-là» ?
Les Confessions ont eu une inuence considérable sur la littérature française et ont ouvert la voie au romantisme. Le plaisir de peindre son moi, qui cesse désormais d’être haïssable, le sentiment de la nature, la religiosité sentimentale, la conscience d’une fatalité, la mélancolie sans objet, tout cela nourrit le héros romantique, de René à Hernani, de Julien Sorel (admirateur aussi fervent de Rousseau que de Napoléon) – à Ruy Blas (ce valet à la conquête de la gloire). Rousseau a également contribué à l’essor de e l’autobiographie au XX siècle, notamment dans l’œuvre de Gide. Ses intuitions psychologiques anticipent enn sur les travaux de Freud, sur la recherche proustienne du temps perdu et de la mémoire involontaire.
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