Histoire ancienne de l afrique du nord   06 les royaumes indigènes vie matérielle, intellectuelle & morale {stéphane gsell, hachette 1927}
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Histoire ancienne de l'afrique du nord 06 les royaumes indigènes vie matérielle, intellectuelle & morale {stéphane gsell, hachette 1927}

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Histoire ancienne de l'afrique du nord en sept volumes.
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STÉPHANE GSELL MEMBRE DE L’INSTITUT PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE HISTOIRE ANCIENNE DE L’AFRIQUE DU NORD TOME VI LES ROYAUMES INDIGÈNES VIE MATÉRIELLE, INTELLECTUELLE ET MORALE PARIS LIBRAIRIE HACHETTE 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1927 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. spenatto@club-internet.fr D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. HISTOIRE ANCIENNE DE L’AFRIQUE DU NORD - VI - _____________________________________________ LIVRE PREMIER VIE MATÉRIELLE __________ CHAPITRE PREMIER NOURRITURE, TENUE DU CORPS, HABILLEMENT I Dans l’antiquité, la population de la Berbérie était, dit- (1)on, nombreuse : ce qui tenait à deux causes, une natalité très (2) (3)forte et une longévité exceptionnelle . Les enfants abon- daient surtout dans les familles polygames, mais, ailleurs aus- si, ils étaient les bienvenus. Les Africains passaient pour des gens très sains, « les plus ____________________ 1. Voir t. V, p, 189. 2. Ibid., p. 51. 3. Appien, Lib., 71. 2 VIE MATÉRIELLE. (1)sains de tous les hommes », déclare Hérodote . Et Salluste écrit (2)à son tour : « Race d’hommes au corps sain, agile, résistant à la fatigue ; la plupart succombent à la vieillesse, sauf ceux qui périssent par le fer ou par les bêtes, car il est rare que la ma- (3)ladie les emporte. » Il y a là, évidemment, de l’exagération . Les étrangers étaient frappés de la vigueur, de l’endurance des (4)gens qu’ils avaient l’occasion de voir ; ils s’étonnaient des cas de longévité qui, les épitaphes de l’époque romaine nous l’apprennent, étaient fréquents dans les temps anciens, comme (5)ils le sont encore aujourd’hui . Ils ne se rendaient pas compte que c’étaient les mieux trempés qui supportaient ainsi une rude existence, et que la mort faisait de très larges ravages parmi les autres. Les soins qu’on donnait aux malades devaient rarement les guérir : la médecine usait sans doute beaucoup plus de pro- cédés magiques que de remèdes, et ceux-ci étaient d’ordinaire (6)absurdes . Aucune autre hygiène que la vie salutaire au grand (7) (8)air . Presque tous les indigènes sont maigres et secs . Leur (9) (10)sobriété n’est pas une vertu volontaire : ils doivent se con- (11)tenter de mets grossiers et il leur arrive souvent de ne pas (12)manger à leur faim . Il est à croire que, de très bonne heure, des superstitions ____________________ 1. IV, 187 ; voir aussi 11, 77. 2. Jug., XVII, 6. 3. Exagération en sens contraire dans un écrit hippocratique (De la maladie sacrée, 1, édit. Littré, Hippocrate, VI, p. 356) : « Je pense que, parmi les Libyens habitant l’intérieur des terres, nul ne se porte bien, vu qu’ils couchent sur des peaux de chèvre, se nourrissent de viande de chèvre, et qu’ils n’ont ni manteau, ni chaussure qui ne vienne de cet animal. 4. Polybe, III, 79, 5. Appien, Lib., 71. 5. Conf. t. I, p. 174. 6. Voir Hérodote, IV, 187. 7. Appien, l. c. 8. Élien, Nat. anim., III, 2. 9. Salluste, Jug., LXXXIX, 8. Strabon, XVII, 3, 15 et 19. Appien, l. c. 10. Ceux qui ont assisté à des ripailles chez des Berbères savent ce que leur esto- mac peut absorber dans ces circonstances rares. 11. Pomponius Méla, I, 41 (à propos des indigènes de l’intérieur) : « Victus asper et munditiis carens. » 12. Appien, Lib., 11. NOURRITURE, TENUE DU CORPS, HABILLEMENT. 3 les ont empêchés de faire usage de tous les aliments qui s’of- (1)fraient à eux. Nous savons par Hérodote que les Libyens orien- taux ne se nourrissaient ni de vache, ni de porc. Peut-être même (2)s’abstenaient-ils de lait de vache . L’interdiction du porc paraît (3)s’être imposée aussi aux Libyens occidentaux . Pour l’espèce (4)sauvage, le sanglier, elle était probablement moins sévère . On ignore à quelle époque remonte l’abstinence, chez quelques (5)groupes, du poisson, de la volaille, des œufs, etc. . Celle de la viande de cheval est générale et a dû toujours l’être. La recherche des produits végétaux naturels, de certains insectes et d’autres petits animaux resta, longtemps après les âges préhistoriques, une des ressources alimentaires de beau- (6)coup d’Africains. Ils se nourrissaient de racines, d’herbes , de fruits d’arbres sauvages, sans doute surtout de glands doux. Les habitants de l’Atlas marocain mangeaient de grandes quanti- (7)tés de raisin . Dans la région des Syrtes, on cueillait les baies d’un arbuste épineux, dont le nom africain, selon Pline l’An- (8) (9)cien, était celthis et que les Grecs appelaient ) λωτός ; ils avaient même donné le nom de Lotophages à une peuplade du (10) (11)littoral , qui, prétend Hérodote , vivait uniquement de ces ____________________ 1. IV, 186. 2. Voir Synésius, Lettres, 148 (cité t. I. p. 222, n. 4). 3. Conf. t. V, p. 178. 4. On trouve des ossements de sanglier dans des stations préhistoriques (t. I, p. 101 et 104) et dans des tombes indigènes (infra, p. 219). Il y a encore des Berbères qui mangent du sanglier, malgré la défense de l’Islam : voir, entre autres, A. Bernard, Le Ma- roc, p. 156; van Gennep, L’état actuel du problème totémique, p. 230. 5. Van Gennep, l. c., p. 231, 233. Ici, t. I, p. 245, n. 1. 6. Strabon, XVII, 3, 15. Appien, Lib., 11 et 106. Festus, s. v. Numidas, édit. Lind- say, p. 178-9. Conf. t. I, p. 218, n. 1. 7. Pausanias, I, 33, 5 (il appelle ces montagnards Λιξΐται). On dit des Maçmouda, qui, au moyen âge, habitaient le Haut-Atlas : « Ils vivent surtout de raisin frais et sec, et du suc qu’ils en retirent par décoction » (Kitâb el Istibçâr, trad. Fagnan, Rec. de Constan- tine, XXXIII, 1899, p. 184). 8. Hist. nat., XIII, 104 : « celthim », à l’accusatif. La forme indigène ne devait pas être celle du nominatif latin. 9. Sur le lotus dont il est question ici, voir Gsell, Hérodote, p. 94-96. 10. Voir t. V, p. 83. 11. IV, 177. 4 VIE MATÉRIELLE. (1)fruits . D’après les indications que nous trouvons dans divers (2) (3) (4)auteurs, Hérodote , le Périple dit de Scylax , Théophraste , (5) (6) (7)Polybe , Strabon , Pline , le lotus a pu être identifié avec un jujubier sauvage, très répandu en Berbérie ; les baies, grosses comme de petites cerises, de couleur roussâtre et d’un goût fade, mûrissent en août-septembre. Le melilotos, arbre fruitier (8)qui poussait, dit Strabon , dans le pays des Masæsyles (Al- gérie centrale et occidentale), était vraisemblablement appa- renté au lotos des Syrtes. On sait combien les coquilles d’escargots abondent dans les stations préhistoriques, surtout dans celles dont l’industrie (9)rappelle tant l’aurignacien de France . Plus tard, ce furent sans doute les indigènes qui apprirent aux Romains à apprécier les escargots d’Afrique : aux environs de notre ère, ces mol- lusques étaient l’objet d’un véritable élevage et on les expor- (10) (11)tait outre-mer . Les lézards , peut-être aussi d’autres repti- (12)les , n’étaient pas dédaignés. Quand les sauterelles venaient du Sahara, on leur faisait la chasse, autour des Syrtes plus (13)qu’ailleurs . Les Nasamons, peuplade riveraine de la grande ____________________ 1. Ce qui est inadmissible. Les Machlyes, peuplade voisine, auraient, eux aussi, fait usage de cet aliment, mais moins que les Lotophages : Hérodote, IV. 178. — Arté- midore (apud Strabon, III, 4, 3, et XVII, 3, 8) indiquait d’autres Lotophages en Afrique, mais en dehors de la Berbérie : ils se seraient étendus depuis la côte de l’Océan (au delà du pays des Maurusiens) jusqu’au-dessus de Cyrène. Le lotos dont ils mangeaient, disait- il, herbe et racine, était une plante, et non un arbuste, comme celui dont les Lotophages des Syrtes mangeaient les fruits. 2. II, 96 ; IV, 177. 3. § 110, dans Geogr. Graeci min., I, p. 87. 4. Hist. plant., IV, 3. 5. XII, 2. 6. XVII, 3, 17. 7. XIII, 104-6. 8. XVII, 3, 11 μελίλωτος. 9. T. I, p. 187. 10. Varron, Rust., III, 14, 4. Pline l’Ancien, IX, 173 ; XXVIII, 211 ; XXX, 44 et 45 ; XXXII, 109. 11. Saint Jérôme, Adv. Jovinian., II, 7. 12. Hérodote (IV, 183) mentionne en Libye des gens qui se nourrissent de serpents, de lézards et d’autres reptiles. Mais ce sont des Éthiopiens, qui vivent en plein désert. 13. Dioscoride, II, 52, édit. Wellmann. NOURRITURE, TENUE DU CORPS, HABILLEMENT. 5 (1)Syrte, les séchaient au soleil, dit Hérodote , les broyaient et (2)mangeaient cette pâte après l’avoir arrosée de lait . Les ressources végétales furent très largement accrues par la culture. Nous n’avons aucun renseignement sur les lé- gumes. Il est probable que c’était surtout une nourriture de (3)citadins : les potagers créés sous les murs des villes subve- naient à leurs besoins. De même, les vergers, qui ne s’éten- daient guère au delà des banlieues urbaines. Cependant la consommation locale ne pouvait suffire à épuiser le produit des olivettes qui entouraient certaines villes, en particulier (4)Leptis la Grande , et nous pouvons croire que, pour la cui- sine comme pour l’éclairage, des indigènes se procuraient de l’huile. Les dattes que l’on récoltait dans les oasis sahariennes étaient nécessaires aux Éthiopiens qui vivaient en ces lieux ; elles ne devaient pas s’exporter beaucoup chez les Libyens. Pourtant, les Nasamons allaient en chercher à Augila, au Sud (5)de la Cyrénaïque . Quant aux oasis du littoral syrtique qui faisaient partie du royaume numide, elles ne fournissaient que (6)des dattes médiocres, peu propres à être vendues au loin . Les céréales avaient une autre importance économique. (7)Elles alimentaient, non seulement ceux qui les récoltaient , (8)mais encore les citadins, et aussi beaucoup de nomades . Les (9)textes ne mentionnent que l’
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