Amphitryon, sujet de parodie - article ; n°1 ; vol.12, pg 91-101
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1960 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 91-101
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Jacques Voisine
Amphitryon, sujet de parodie
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1960, N°12. pp. 91-101.
Citer ce document / Cite this document :
Voisine Jacques. Amphitryon, sujet de parodie. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1960, N°12.
pp. 91-101.
doi : 10.3406/caief.1960.2167
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1960_num_12_1_2167SUJET DE PARODIE AMPHITRYON,
Communication de M. Jacques VOISINE
{Lille)
au XIe Congrès de l'Association, le 22 juillet 1959
Dans l'œuvre de Molière, Amphitryon (1668), venant
à la suite d'une série de divertissements de cour dont deux
comédies-ballets, occupe une place à part. Comme l'a sou
ligné H. Carrington Lancaster (1), c'est moins une comédie
au sens strict qu'une pièce à machines, probablement ins
pirée moins par Plaute que par les Sosies de Rotrou, montés
par les Comédiens du Marais dans une nouvelle mise en
scène « opératique » vingt ans plus tôt (2). L'opéra fran
çais est justement en train de se constituer en 1668-69,
combinant la comédie-ballet et la pièce à machines, et l'on
sait que Molière collaborera en 1671 avec Corneille, Qui-
nault et Lulli à la « tragédie-ballet » Psyché. Dès 1681,
Y Amphitryon est représenté avec intermèdes en musique
et entrées de ballet (3).
Le prestige de Molière et la rapide diffusion de son
œuvre hors de nos frontières ont eu pour effet d'infuser un
sang nouveau au vieux motif dramatique d'Amphitryon, si
populaire déjà dans l'antiquité et à la Renaissance ; mais
désormais, et pour un siècle, c'est presque exclusivement
(1) A History of French Dramatic Literature In the XVII th Century,
III, vol. 2, p. 513.
(2) V. Et. Gros, « La Naissance d'Hercule ou les Sosies de Rotrou trans
formés en pièce à machine », Ann. Fac. Lett. Aix, XVI, 1931-32, p. 23.
(3) P. Lacroix, Bibliographie moliéresque, Paris, 1875, n° 570. 92 JACQUES VOISINE
sous forme d'opéra que le sujet sera traité, son premier
avatar étant la comédie mêlée de chants et de danses due
à la collaboration de Dryden et de Purcell, et représentée à
Londres en 1690.
* * *
C'est à l'opéra au moins autant qu'à la comédie ou à
la farce que s'apparente la parodie, « un des plus vulgaires
sous-genres de la poésie dramatique », comme l'appelle Lan-
XVIIIe son, qui siècle dans (4), un consacre article quelques sur la Parodie pages à la dramatique parenté entre au
ce nouveau genre et le burlesque du XVIIe siècle français.
On sait comment les théâtres de la Foire, se voyant inter
dire, à la demande des Comédiens-français, le droit de repré
senter des comédies, recoururent au « jeu à la muette »,
supplémentant la pantomime par l'usage des « écriteaux »
arborant un texte que chantaient les spectateurs sur des airs
connus joués par l'orchestre. Bon nombre des « pièces
mêlées de vaudevilles » qui sont à l'origine de la création,
à la fin du siècle, de notre Théâtre de l'Opéra-Comique,
sont des parodies. Lanson comptait 200 parodies entre 1710
et 1789 ; trente ans plus tard, G.-L. Van Roosbroek arri
vait à un total d'environ 800. L'inventaire que projetait cet
érudit ne fut malheureusement jamais publié, mais son
élève Miss Valleria B. Grannis a pu en 1931 faire l'his
toire du genre dans une thèse de doctorat, Dramatic Parody
in Eighteenth Century France.
Il serait superflu de résumer ici cette histoire, marquée
par les attaques, contre ce genre, de dramaturges sérieux
comme La Motte (5), et par les défenses que présentèrent,
au nom de la morale (« castigat ridendo... ») ou au nom
des droits de la critique, des admirateurs intéressés comme
(4) Dans : Hommes et livres, Paris, 1895, p. 261.
(5) Les dix premières pages du Troisième discours, à l'occasion de la tra
gédie d'Inès [Inès de Castro, 1723] déplorent, non sans objectivité, la vogue
de cette forme de spectacle, funeste au développement de la tragédie (Œuv
res de La Motte, éd. Prault, Paris, 1754, vol. VIII, p. 255-264). VOISINE 93* JACQUES
le forain Fuzelier (6) ou apparemment désintéressés comme
l'abbé Sallier, dont le Discours prononcé en 1733 devant
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres fut partie
llement reproduit en 1736 par Le Clerc (7). Il est pourtant
important de noter — et nous en revenons à Amphitryon
— que les auteurs qui viennent d'être nommés ne traitent
que des parodies d'ouvrages tragiques. Il en est de même
de Marmontel, qui bien après eux définit ainsi le genre
dans ses Eléments de littérature (1787) : « une imitation
ridicule d'un ouvrage sérieux ».
Ce n'est pas cependant que les parodies de comédien
soient exceptionnelles : le livre de Miss Grannis leur consa
cre moins de pages qu'aux parodies de tragédies, mais
presque autant qu'aux parodies d'opéra. Elle note pourtant
que les parodies de Molière sont peu nombreuses et médioc
res.
La Parodie ď Amphttrion (1713) offre cette particular
ité d'être probablement, selon Miss Grannis, la plus an
cienne parodie de comédie. Lanson la donne même pour la
seule qu'il ait rencontrée (en excluant les parodies de
« comédies larmoyantes »). La Bibliothèque nationale
conserve en outre une Ampbitryomanie inédite (1789) qui
ne semble pas avoir été signalée jusqu'ici et dont je dirai
quelques mots tout à l'heure.
Le texte de la Parodie d'Amphitrion [sic] « pièce en
musique, représentée pour la première fois sur le théâtre
de Lille le 11 janvier 1713, par le Sr. Dolet et Consorts,,
(s.l.), MDCCXIII », figure à la Bibliothèque de l'Arsenal
où il est catalogué, probablement à tort, sous le nom de
l'acteur Dolet (1683-1738) dont la carrière nous est connue
(6) Discours en tête du recueil Parodies du nouveau théâtre italien [...],
Paris, 1731, t. I. Le regretté J.-J. Olivier m'avait signalé, de Fuzelier, une
lettre à Languet de Gergy relative aux parodies, conservée à la Bibliothèque
de la Comédie française.
(7) Je l'ai lu dans l'Esprit des Journalistes de Hollande, Paris, 1778, Ir
p. 456. 94 JACQUES VOISINE
par le Dictionnaire des Comédiens de Lyonnet. Quérard,
suivi par L. Lefèvre dans son Histoire du Théâtre de Lille,
attribue la pièce à l'acteur forain Jean-Baptiste Raguenet.
Campardon (8) nous renseigne sur ce personnage, mais sans
nous donner sa date de naissance : il est fils d'un maître
chandelier de la Comédie française, est entré en 1711 dans
la troupe de Dolet à la Foire Saint-Germain, a composé
plusieurs pièces, à écriteaux ou autres, et se retirera
vers 1730 pour devenir marchand de tableaux.
L'attribution à Raguenet est confirmée par M. Francis
J. Carmody qui relève des représentations en 1714 ď Amp
hitryon ou les deux Arlequins, « 3 actes, parodie de
Molière, troupe Pellegrin » (9).
La pièce comporte un nombre considérable de person
nages, dont certains (bergers, bergères, masques, cuisiniers,
danseurs, danseuses) fournissent des entrées de ballets, sans
rapport avec l'action. Dans la liste des personnages, Jupit
er, Mercure, la Nuit, Amphitryon et Sosie ont gardé leur
nom ; encore faut-il préciser, ce qu'omet l'auteur, qu'Amp
hitryon s'appelle maintenant Scaramouche, et que Sosie
est un Arlequin. Nous avons donc affaire, comme souvent
dans les parodies, aux types traditionnels de la comédie it
alienne — comme le confirment les noms d'Isabelle, femme
d'Amphitryon-Scaramouche, de Colombine, femme de
Sosie-Arlequin. On a ajouté, pour faire bon poids, les rôles
muets du Docteur, père d'Isabelle, et de ses valets Pierrot
et Mézetin. Polichinelle, bien que ne figurant pas sur la liste
des personnages, intervient dans une scène de guignol toute
gratuite au début de l'acte II, et le Scaramouchin nouveau-
né, fruit des amours de Jupiter et d'Isabelle, sera présenté
à Amphitryon par Mercure au dernier acte.
Le déroulement de l'action molièresque, ou plutôt le
squelette de l'action, est conservé ass

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