Bess Thornton : Soleils hurlants- notre jour viendra (Rolain Delinois)
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Bess Thornton : Soleils hurlants- notre jour viendra (Rolain Delinois)

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Soleils hurlants-Notre jour viendra C’étaitjour de fête à Bermnovo, la vivante capitale de la colonie de Gazza sur la planète rouge de Edrewin et toutes les rues pavées de dalles ocres avaient été décorées de leurs et de banderoles aux couleurs de la confédération républicaine démocratique intergalactique tandis que des confettis et des paillettes recouvraient les toits de tuile rouge des hautes maisons. Au centre-ville une foire battait son plein : venus des bourgs avoisinants des paysans aux faces rondes et à la voix gouailleuse avaient alué sur toutes les places pour ériger de petits kiosques où ils ofraient toutes sortes de fruits locaux: kardins dorés, oranges d’Edrewin aussi grosses que des pastèques terriennes, phadères violacées ou vertes. Des conitures de kardins, des liqueurs de pommes d’Ascurge s’écoulaient comme de petits pains, des sorbets servis dans de petits plats en argile rouge disparaissaient à l’ instant, engloutis par les passants ravis de déguster ces spécialités des gens de la province, si rares à trouver en saison normale. Deséleveurs venus des terres froides et désertiques du nord avaient occupé la place centrale; autour d’eux beuglaient, braillaient, mugissaient des balattas, ces sortes de zébus à trois bosses et à crinière rousse et des mulets à corne de Lattier, qu’ils espéraient vendre à un bon prix.

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Publié le 23 avril 2017
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Soleils hurlants-Notre jour viendra
 C’était jour de fête à Bermnovo, la vivante capitale de la colonie de Gazza sur la planète rouge de Edrewin et toutes les rues pavées de dalles ocres avaient été décorées de Leurs et de banderoles aux couleurs de la confédération républicaine démocratique intergalactique tandis que des confettis et des paillettes recouvraient les toits de tuile rouge des hautes maisons. Au centre-ville une foire battait son plein : venus des bourgs avoisinants des paysans aux faces rondes et à la voix gouailleuse avaient aué sur toutes les places pour ériger de petits kiosques où ils oFraient toutes sortes de fruits locaux : kardins dorés, oranges d’Edrewin aussi grosses que des pastèques terriennes, phadères violacées ou vertes. Des conItures de kardins, des liqueurs de pommes d’Ascurge s’écoulaient comme de petits pains, des sorbets servis dans de petits plats en argile rouge disparaissaient à l’ instant, engloutis par les passants ravis de déguster ces spécialités des gens de la province, si rares à trouver en saison normale.  Des éleveurs venus des terres froides et désertiques du nord avaient occupé la place centrale ; autour d’eux beuglaient, braillaient, mugissaient des balattas, ces sortes de zébus à trois bosses et à crinière rousse et des mulets à corne de attier, qu’ils espéraient vendre à un bon prix. ïls avaient apporté également d’étranges animaux de la faune d’Edrewin qu’ils exhibaient dans des cages de bois : des Kraks, ces énormes lézards mangeurs d’hommes ; des gustallures, escargots phosphorescents à la bave corrosive ; des cellostages, sortes d’alligators rouges qui suscitaient curiosité et eFroi chez les citadins de Bermnovo.
 A intervalles réguliers, une pluie exubérante de feux d’artiIces éclatait au-dessus de la cité débordante d’allégresse, couvrant presque le hurlement des deux soleils, Aktir et Britna, qui tels d’austères gardiens, veillaient sur la planète et ses habitants. Au milieu de ce désert, Bermnovo brillait de façon éclatante et l’on apercevait ses feux à plusieurs kilomètres à la ronde.
 ’ambassadeur Almuin regarda à travers la vitre l’explosion multicolore qui éclairait la capitale de Gazza, au-dessus de lui. ïl essuya ses lunettes précautionneusement et les replaça ; il était plutôt pensif dans sa chambre du palais des Van Elderer les régents de la colonie, accroché au Lanc du mont Gnaestar surplombant Bermnovo. Derrière lui, sur une table en bois noir d’Edrex, un ordinateur aîchait les dernières informations en temps réel sur la situation un peu partout dans la galaxie : les troupes de la confédération subissaient de lourds revers ses dernières semaines, battues
sévèrement par les forces de l’Empire et plusieurs planètes-forteresses étaient tombées la veille même, suscitant l’inquiétude du diplomate. a rencontre avec le comte Ekart van Elderer, gouverneur général d’ Edrewin et secrètement président du conseil exécutif de la confédération revêtait à ses yeux une importance capitale. Au prix d’inInies précautions pour ne pas se faire repérer par les destroyers de l’Empire Naburonide et éveiller de soupçons sur la fonction réelle du comte, Almuin s’était rendu sur Edwerin, muni de plusieurs documents importants que les autres membres du conseil l’avait chargé de transmettre en mains propres à leur président.  Depuis son arrivée à Bermnovo, il n’avait pas encore eu le loisir de voir le comte, très occupé à organiser la fête de la capitale avec les diFérents comités municipaux et culturels. ’ambassadeur, livré à lui-même dans sa chambre, se morfondait au milieu de tout ce luxe, allant d’un coin à l’autre de la pièce, quand il ne se jetait pas sur son lit à baldaquin, épuisé par toutes les réLexions qui l’assaillaient depuis quelques semaines.  Une brève sonnerie à la porte ; Almuin se retourna. « C’est à quel propos ?  -Puis-je entrer ambassadeur ? C’est moi epski. répondit au-dehors une voix Luette.  Almuin mit rapidement un peu d’ordre dans ses longs cheveux argentés et alla ouvrir. Un homme long et sec approchant la soixantaine, entra, suivi de deux soldats portant la cuirasse dorée des gardes du palais des van Elderer ; il s’informa rapidement du quotidien d’ Almuin et lui annonça que le comte le recevrait avec son conseil des ministres à la grande salle du palais à minuit. A ce moment, les célébrations dans la ville battraient leur plein, permettant de ne pas éveiller les soupçons d’éventuels espions sur place.  Quoique les Naburonides connaissaient l’existence du conseil, les agents de la rébellion avaient pu établir que l’identité de ses membres leur demeurait encore inconnue tout comme le rôle exact du comte van Elderer dans cette rébellion. Edrewin, si les courants anti-impériaux qui agitaient sa classe intellectuelle, n’étaient un mystère pour personne, n’avait pour autant pris ouvertement parti pour aucun des deux camps, aîchant une prudente neutralité dans ce conLit, et exigeant que sa position soit respectée par les belligérants. e comte lui-même, en In dissimulateur, avait même poussé la ruse jusqu’à se proposer comme médiateur, désireux comme bon nombres d’inLuentes personnalités de la noblesse coloniale de Gazza de voir le terme de cette guerre qui nuisait grandement au commerce intergalactique.
 e Commandant Vilks zoomait avec sa télécommande un large espace gris dans la carte d’Edrewin, déployé sur l’écran : la région de Ost-agua où
une petite insurrection fomentée et alimentée par les agents de l’empire retenait depuis quelques semaines une partie des troupes du comte van Elderer. Cette habile manœuvre de diversion dégarnissait les défenses de la planète désertique et favorisait l’opération qui s’annonçait décisive dans les heures à venir, selon ses aîrmations.  Car, si les Gazzatis s’imaginaient berner plus longtemps les Naburonides sur leurs véritables rôles, ils se trompaient lourdement. Grâce à des messages interceptés et décodés par son service d’intelligence, le Grand Nabur connaissait depuis des mois maintenant l’exacte nature des activités du comte de Bermnovo et avait dépêché des espions sur place pour approfondir les informations et déstabiliser la planète.  « Nous savons que le comte Ektar est le président du conseil d’état de la confédération et nous savons que l’ambassadeur du Nodeleim, Almuir del Murio se trouve actuellement sur place pour le rencontrer. Nous connaissons même l’heure et le lieu, messieurs. Cependant l’identité des autres conseillers de la rébellion nous échappe encore, malgré tout le zèle dont font preuve nos agents dans toute la galaxie. Vous comprenez donc que cette opération minutieusement préparée est d’une importance cruciale ?  -En eFet ! acquiesça le capitaine Ritch.  ïl jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que toute la troupe réunie dans la salle d’opération stratégique du vaisseau Celcis écoutait attentivement. Ces hommes aguerris depuis longtemps aux missions délicates, aux pénibles batailles, aux périls divers et aux monstruosités tapies dans les profondeurs de la galaxie, ne connaissaient ni peur ni pitié et exécuteraient sans réLéchir leur mission.  e Celcis gravitait autour d’une des satellites de Edrewin, ossitha, dont le champ magnétique lui permettait d’éviter les radars des installations coloniales Gazzaties . Edrewin aux soleils hurlants comme on appelait cette planète désertique. es courants d’énergie de ses deux soleils Thios et aocoon en pénétrant dans l’atmosphère particulièrement sec de la planète rencontrait une puissante barrière d’ions à près de 3 milles kilomètres au-dessus du sol, produisant ces bizarres et incessants hurlements à l’origine de ce surnom de soleils hurlants. Nul n’était encore parvenu à fournir une explication plausible à l’origine de ce champ d’ions ; du reste avec l’habitude les Gazzatis avaient Ini par ne plus y prêter attention.
 A présent, le curseur se déplaçait sur la carte pour designer aux militaires un grand rectangle rouge et noir. e commandant Vicks avait repris : « Ceci est la capitale de la planète messieurs. Bermnovo. Et ce soir se déroule la fête de la fondation de la ville. En proItant des réjouissances qui entourent cet évènement, le compte Ektar pensant détourner tout soupçon, a planiIé un conseil des ministres extraordinaire auquel est convié l’ambassadeur Almuin. C’est là que nous interviendrons, soldats ! Tout d’abord vous serez largués dans le désert tout proche pendant que vous
précédant, une Lottille de drones ira déblayer le terrain en pilonnant les aéroports et les casernes. Puis ce sera à votre tour. Capitaine Sammers ! A vous. »
 e capitaine Ritch Sammers se leva pour prendre la parole et expliquer rapidement le plan d’action. En fait, ils le connaissaient déjà, tout ceci avait déjà été étudié jours et nuits et à présent il ne faisait que reconIrmer les directives établies. A proximité du rectangle rouge et noir de Bermnovo, il It clignoter un point vert, le palais des van Elderer perché sur une colline voisine. « Séparés en trois équipes montées sur des jeeps Kaiser, nous foncerons à toute allure dans les ruelles désertes, évitant les grands axes occupées par la foule de fêtards, pour gagner la colline. Nous avons déjà étudié ensemble les plans du palais, incorporés à l’ordinateur de vos jeeps kaiser et à votre casque intelligent. Un groupe constitué d’Eddy, de élix et de Phillips restera à l’entrée pour sécuriser nos arrières tandis que les deux autres groupes constituées respectivement de moi, de Tony et de Rommel d’une part, de Bess, de owensky et de Val de l’autre déboulerons jusqu’à la salle du conseil de Van Elderer. à nous éliminerons les ministres et nous nous emparerons de l’ambassadeur et du comte vivants. Ensuite nous Ilerons à toute allure hors de Bermnovo, vers le désert où une nacelle d’évacuation nous attendra. Nous compterons sur l’eFet de surprise, notre vitesse d’exécution et notre puissance de feu pour plier rapidement l’aFaire. Considérant que les Bermnovites s’imaginent protégés par l’ignorance de l’Empire quant à leur réelle implication dans la rébellion confédérée, ils ne se doutent guère de l’arrivée de notre commando et n’ont pas disposé de présence militaire importante pour ne pas éveiller de soupçons inutilement. Une bonne partie de leurs troupes seront détruites dans leurs casernes par nos drones, l’autre est occupée à mater la révolte d’Ost-agua. Ce sera donc vite et bien fait, soldats. Est-ce que c’est clair ? »  Tous hochèrent la tête. Ces soldats-clônes avaient le mérite de ne pas craindre la mort grâce au programmeParthenogenesis 333-E000 ,ils iraient au combat sans la moindre hésitation et tueraient sans pitié ni remords, comme des cyborgs.  e capitaine Sammers satisfait brandit alors le poing et hurla à ses hommes : « Hiya ! Hiya ! Valhalla ! »  Neufs gorges rugirent férocement à leur tour : « Hiya ! Hiya ! Valhalla ! »  « Maintenant vous pouvez disposer, soldats ! » ordonna le commandant Vicks Durein.
 Almuin longeait comme un automate le couloir éclairé de puissantes ampoules, escorté de deux colosses en cuirasse lourdement armés. A travers
la vitre, il aperçut les explosions de feux d’artiIce et intérieurement éprouva une légère pointe de déception : il aurait bien aimé assister aux célébrations dehors dans la ville dans une loge oîcielle, se gaver de plats locaux et goûter au vin de Bermnovo, si réputé. Mais sa mission exigeait qu’il passa incognito sur Edrewin, il devait se tenir loin de tout rassemblement public.  Ses pas fatigués paraissaient s’enfoncer dans le tapis rouge écarlate. e sommeil fuyait Almuin depuis son arrivée et il commençait à en ressentir les conséquences. Une silhouette trapue en uniforme rouge bardée de décorations militaires, aux puissantes épaules et au cou de taureau surgit devant lui, les bras grand ouverts : « Ambassadeur Almuin, camarade et frère ! a journée n’a pas été trop longue pour vous, j’espère ?  -Absolument pas, votre excellence, comte van Elderer ! »  es gardes aussitôt se Igèrent et présentèrent leurs armes au comte : il les salua et claquant ses bottes sur le tapis, It tressauter un sabre d’argent attaché à sa ceinture.  Van Elderer prit Almuin dans ses bras et l’embrassa sur les deux joues comme le voulaient les règles de bienséance bermnovites. Ses grands yeux noirs brillèrent d’étonnement en voyant la mine hagarde de l’ambassadeur et il s’enquit de la raison : « Qu’avez-vous donc camarade Almuin ? Vous me paraissez épuisé !  -Comte Ektar, je me méIe des Naburonides.  -Allons donc camarade, ici nous sommes à l’abri car les Naburonides ignorent tout de cette réunion. Vous n’êtes pas sans savoir que Gazza est oîciellement neutre dans la guerre entre l’Empire et la confédération. »
 Almuin ne répondit pas, Ektar l’invita à le suivre dans une salle fermée par une lourde porte de bronze surveillée par quatre garde-chiourmes en uniforme rouge et or.  « Ne perdons pas de temps Almuin, les ministres nous attendent à l’intérieur. ïls sont impatients de voir votre exposé de la situation. »  ’ambassadeur inspira une grande bouFée d’air et jeta un dernier coup d’œil derrière lui pour se rassurer: des soldats arpentaient le couloir d’un pas régulier étouFé par le tapis sous l’œil de cameras discrètement accrochées aux diFérents angles du plafond. De nouvelles explosions de feux d’artiIces incendièrent à l’ instant le couloir ; décidément Almuin aurait mille fois préféré se joindre à la populace bermnovite plutôt que de s’enfermer à double-tour dans une salle sombre pour discuter avec une douzaine de têtes bourgeoises et ennuyées.
 Suivant un trajet bien étudié pour éviter le centre-ville où s’amassait la foule de festoyeurs, les jeeps Kaiser peintes en voitures de carnaval, roulaient silencieusement et sûrement à travers les ruelles de la capitale, ne
s’arrêtant qu’aux feux rouges des carrefours pour ne pas éveiller l’attention des rares policiers patrouillant aux alentours à cette heure.
 ïls prirent un dernier virage puis empruntèrent une voie étroite qui montait vers une colline rocailleuse au-dessus d’eux. De discrètes lumières incrustées dans la colline signalaient le somptueux palais du comte Ektar van Elderer, leur destination.  ’ordinateur de bord clignota, Rommel pianota sur l’écran tactile et un message s’aîcha sous ses yeux : « les casernes et les aérodromes venaient d’être bombardées à l’ instant ». ïl se brancha aussitôt sur le réseau radio des trois véhicules pour annoncer : « Beta a mordu Araignée. Tissez toile, tissez toile.  -Bien reçu, grésilla une voix à la radio, tissez toile ! »  es Jeeps accélèrent brusquement, avalant en quelques minutes la distance qui les séparaient de la barrière d’enceinte du prestigieux palais des van Elderer.
 Almuin tentait péniblement de convaincre les ministres de la justesse d’une invasion sur Stygna du Tal, un astérode riche en minerais à l’avant-poste de l’empire, que les deux partis lorgnaient sans oser s’y aFronter directement, préférant Inancer des bandes armées sur place qui y entretenaient une instabilité chronique. e but était de faire diversion pour desserrer l’étau autour de la planète-république D’Ouraenos, assiégée depuis plus de trois mois par les troupes impériales. Mais les ministres n’étaient pas rassurés, une expédition militaire incertaine les eFrayait, ces hommes âgés et embourgeoisés n’étaient pas prêts à aller déIer ouvertement la bête à l’entrée même de son repaire.  Un vieillard long, secoué de tic l’interrompit nerveusement : « Ambassadeur Almuin, la dernière expédition sur adowan avait tourné au désastre. Rappelez-nous donc les chiFres…  -Aidons-le mon cher Vaillant, renchérit un autre. e Ichier est sur l’écran principal, ouvrez-le donc ! »  adowan s’exécuta et le Ichier partit, en quelques secondes s’alignèrent devant eux sur l’écran géant de la salle du conseil toutes une série d’images et de vidéos de l’expédition ; à droite une colonne de chiFres montait et descendait représentant les évaluations des pertes pour chaque bataille disputée.  « es chiFres sont là, Almuin. De lourdes pertes au Inal pour un échec retentissant.  -a préparation, commenca l’émissaire  -Oseriez -vous dire que le général Du Kerq est un incompétent ? ’un de nos tous meilleurs chefs militaires !! coupa Vaillant.
 Almuin perdait pieds, contrairement à ses prévisions cette bande de vieux bourgeois lâches et vils avaient trop peur pour attaquer l’empire à ses portes mêmes. ïl sentit comme un poids sur sa poitrine, son visage s’empourpra d’embarras. adowan enfonça le clou : « Hors de question d’envoyer à une mort certaine nos soldats ! Pure folie qu’un tel plan, ambassadeur ! Vous comptez lancer combien de malheureux fantassins dans cette campagne suicidaire ? »  Plusieurs voix l’appuyèrent. Almuin sentit qu’il allait s’avouer vaincu, les Bermnovites préféraient ne pas s’impliquer ouvertement. e comte van Elder se racla la gorge, l’assemblée se tut. ïl s’adressa alors à l’ambassadeur : « Mes édiles sont eFrayés par cette aventure ambassadeur. Une défaite serait une véritable catastrophe pour nous et nous déconsidèrerait aux yeux de nos alliés. Néanmoins, je pense que ce coup audacieux en vaut la peine, pour peu qu’on y accorde la préparation nécessaire… »  Un remous de surprise parcourut l’assemblée ; le comte se montrait du côté d’Almuin. Celui-ci soulagé de cet appui inattendu respira. « En eFet compte, bien organisée une telle intervention a toutes les chances de réussir, pourvu qu’on se donne la peine de la tenter…  -Mais ambassadeur ! interrompit un ministre.  -Poursuivez votre exposé Almuin. Je crois que vous avez des choses fort intéressantes à nous proposer ! » claqua sèchement Van Elderer.  e ministre indélicat se tint coi et Almuir reprit avec plus d’assurance : « Une Lotte de trente-cinq vaisseaux appuyant une force armée de soixante-mille hommes devraient faire l’aFaire. es troupes seront levées un peu… »  ’ambassadeur qui tout en parlant guettait l’approbation du comte se tut en voyant ce dernier se lever brusquement, les yeux ahuris rivés sur l’écran de surveillance du couloir. « Nom de Di… » s’écria-t-il.  ïl ne termina pas son juron : la lourde porte de la salle du conseil explosa subitement dans un soue brûlant qui renversa les ministres. ’ambassadeur projeté par-dessus un siège tomba sur l’un des voisins du ministre adowan. « Par tous les diables, hurla le bermnovite. Je crois que vous m’avez cassé le bras, Almuin. »  Mais ce dernier n’eut pas le loisir de présenter des excuses car de terribles rafales éclatèrent au-dessus de leurs têtes, ponctuées de râles. Du sang gicla sur les meubles et les magniIques tapisseries des murs prirent d’horribles teintes rouge vermeil. Tout ce qui bougeait tombait criblé de balles. e ministre à présent, les yeux agrandis par la terreur repoussa Almuin qui essayait de s’accrocher à lui ; le bermnovite malgré la douleur réussit à ramper sous la grande table. Des voix tonnaient sèchement entrecoupées de mitrailles.  Puis la lumière disparut soudain. Almuin se Igea dans les ténèbres. Mentalement il It la paix avec lui-même, certain d’être mort ; il ferma les yeux pour se laisser aspirer par le néant. a mort l’avait donc surpris là sur cette planète aride en plein conseil des ministres, assassiné par un
commando envoyé explicitement par l’Empire pour éliminer les têtes de la résistance ; il n’avait pas vu venir ce coup. Brusquement le sol s’ouvrit sous lui et il tomba dans le vide. Mais la chute ne dura que quelques secondes : Almuin se retrouva dans une étroite cellule éclairée d’ampoules bleues aux murs de pierre à peine taillée avec au plafond la trappe par où il venait d’atterrir. e visage soucieux du comte parut au-dessus de lui avant même que l’ambassadeur eut repris totalement ses esprits. « Heureux que vous ne soyez pas mort Almuin !  -Comte, vous ? Où suis-je ? En enfer ? Rassurez-moi…  -Dans un passage secret mon cher ! Et vous êtes arrivés à temps car j’allais fuir sans vous.  - Que se passe-t-il en haut ? C’était un piège ?  -Un massacre mon brave auquel on a échappé bel. Un escadron de la mort ! Et nous ferons mieux de nous hâter avant qu’ils découvrent notre cache. Suivez-moi ! »
 En courant ils s’enfoncèrent dans un mince corridor taillé dans la pierre, sans éclairage, qui descendait par un escalier en pente douce sous le palais. Un murmure leur parvint au bout de quelques mètres et qui allait en s’intensiIant jusqu’à ce qu’ils atteignent un quai désert, faiblement éclairé qui bordait un lac souterrain. Une lueur clignota à la surface et le comte émit un soupir de soulagement : « e sous-marin est déjà là. ichons-le camp d’ici, Almuin ! -Un sous-marin !! -Et oui Ambassadeur ! ïl faut tout prévoir pour ne pas se laisser prendre au dépourvu. Je dispose d’un petit submersible de secours pour fuir sous mon palais en toute discrétion et à vive allure en cas d’attaque ou d’attentat ! »  e sous-marin accosta. ïls sautèrent à l’intérieur l’instant d’après. Un pilote en tenue de combat les accueillit dans un étroit habitacle et salua le comte tandis qu’ils prenaient place sur une couchette.  « Capitaine ey, allons-y ! aites-nous sortir de ce guêpier avant que le commando ne vienne nous débusquer jusqu’ici !  -Tout de suite votre excellence ! »
 es dernières victimes remuaient faiblement et nous avions déjà débuté l’identiIcation des corps ensanglantés quand Rommel appela le capitaine Sammers pour lui montrer sa trouvaille : le tapis rouge et uni qui recouvrait le sol était légèrement déprimé sous la grande table du conseil. « Capitaine, qu’en pensez-vous ? Regardez autour et voyez-là ; le sol parait un peu s’enfoncer non !
 - Humm. Ni le comte ni l’ambassadeur ne sont parmi les membres de la réunion abattus. Notre contact est formel, ils y étaient aussi. Ce doit être une trappe .aites un cercle autour et allez-y doucement. »  Rommel m’interpella : « Hé, Bess tu me suis ? -Allons-y ! Is-je. Et toi Tony ? -D’accord les mecs ! » hurla ce dernier. On y va ! »  De la crosse de sa mitrailleuse Rommel appuya sur le sol, là où le tapis dessinait une subtile dépression rectangulaire ; sous eux un passage apparut instantanément.
 Rommel et moi nous approchâmes prudemment pour l’examiner. Au-dessous de nous s’ouvrait une salle étroite d’environ 2 mètres de haut taillée dans la pierre même et qui constituait sûrement l’issue de secours du comte et de l’ambassadeur. Nous y sautâmes l’un après l’autre. Une lumière bleue nous enveloppait, je me mis à inspecter les parois et j’aperçus rapidement les premières marches d’un escalier qui plongeait dans un corridor creusé dans la muraille rocheuse.  « C’est par là les gars ! dis-je.  -Soyons sur nos gardes. Bess tu passes devant, Tony tu fermes la marche ! » ordonna Rommel.  Nous suivmes l’escalier avec précaution, inspectant chaque marche, chaque bout de roche pour y déceler un piège. e passage nous conduisit jusqu’à un lac souterrain bordé par un quai mais il était totalement désert à notre grande déception.
 e capitaine Sammers arriva sur nos talons avec owensky et elix. « Sale enfoiré ! cracha-t-il en découvrant le lac et les installations souterraines. ïls ont fui. -C’était bien pensé. Admettons que le compte était sur ses gardes, dis-je. -ïl a pensé à tout cet tr… du c… jeta le capitaine. Rommel, scanne le lac et dites-moi ce qu’il y a en-dessous ! »  Rommel s’agenouilla sur la bordure dallée du quai et activa le système de balayage à ultra-sons incorporé à l’ordinateur de son casque. Une minute s’écoula rapidement avant qu’il nous annonça : « Un canal court sous le lac, traverse la montagne et remonte au Nord à plusieurs kilomètres de la ville, capitaine !  -En plus bref Rommel ? s’emporta le capitaine.  -ïls ont fui Bermnovo ! »  e capitaine Sammers avait compris. ïl repéra une caisse de bonbonnes d’oxygène appuyée contre la paroi et tirant une carte, il la déploya dessus pour faire le point avec nous. Nous désignant des croix noires qui s’alignaient au-dessus de Berovo, il remarqua pensivement  « Vers le Nord il y a près de trois autres bourgades-forteresses. Tiamnovo, Galamnovo et Ullo…
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Tiamnovo parat la plus proche ! Is-je. Mais d’une bonne quarantaine de kilomètres et rien n’indique que le compte s’y rend eFectivement ! répondit-il. Nous l’avons raté messieurs et nous ne sommes ni préparés ni équipés pour une poursuite pareille. Cela nécessiterait une nouvelle opération et encore… -ïl a eu de la chance, c’est tout ! » lâcha Tony.  Sur le visage de mes camarades se lisait une profonde déception ; la mission pourtant rondement menée n’avait pas abouti, la faute à une poussière de seconde de trop. A ce moment, le téléphone incorporé de Romme grésilla ; il le mit sur haut-parleur tandis que nous nous rassemblions autour de lui pour écouter : « Rommel, ici alpha 3, répondez !  -ïci Rommel a alpha, j’écoute !  -Unité C-gotha, on visualise des barricades en formation dans diverses rues de la ville tandis que des mouvements de troupe commencent à s’observer. Je crois que vous devriez partir avant que toutes les routes soient coupées pour éviter l’enfermement. Nous allons envoyer les drones eFectuer de nouvelles frappes éclairs à l’entrée sud pour vous donner du temps. Allez-y maintenant. -Bien reçu, alpha 3 ! »  e capitaine Sammers avait entendu. ’opération prenait In et l’évacuation sonnait, immédiate pour nous éviter d’être pris au piège dans Bermnovo.
 A présent les feux d’artiIces n’éclataient plus dans la ville et toutes les festivités avaient cessé pour laisser les rues vides tandis que la milice montée sur des véhicules légers commençait à se déployer pour aider la garde citadine, rudement mise à mal par les bombardements. Sur l’écran des ordinateurs de ma jeep, les premiers barrages parurent au niveau des principaux axes du nord de la ville et vers l’est les voies d’accès se fermaient peu à peu. Nous Ilâmes vers le sud en évitant de justesse un couple de tanks qui fonçaient à toute vitesse vers la colline pour aller investir le palais. Pas équipé pour ce genre de rencontre, notre commando aurait risqué l’anéantissement et nous devions soigneusement choisir notre route en suivant les indications des ordinateurs de bord.  Une dizaine de minutes plus tard une colonne de feu éblouissait l’horizon devant nous, témoin du récent bombardement de barricades par notre appui aérien.  Ca y est, pensai-je nous approchons de la sortie sud de la ville. es carcasses en Lammes de bus et de camions, au milieu de dizaines de corps calcinés et allongés dans des postures presque grotesques nous accueillirent. A quelques mètres seulement de la voie, deux immeubles
brûlaient tandis que des civils eFrayés s’en échappaient dans un désordre de In du monde. Certains, paniqués perdaient tout bon sens et s’étaient lancés au milieu de la chaussée.  Nos jeeps, lancés à toute vitesse ne ralentirent point ; ces malheureux furent atrocement écrasés et des fragments de membres glissèrent sur le pare-brise de ma jeep. « Une pluie de membres ! » exulta owensky qui brandit sa mitrailleuse de joie.  Baissant la vitre de ma portière, je crachai de dégout. De la viande innocente à bon marché ! Cela ne me disait rien.  -Au mauvais endroit au mauvais moment ! Hahaha ! riait owensky. On ne saurait mix dire ! »  Un crépitement de balles sur la carrosserie blindée nous It sursauter. A hauteur d’un carrefour, des individus embusqués et en civils nous tiraient dessus avec des fusils légers. a mitrailleuse de la jeep les réduisit au silence. « Ouvrons l’œil les tontons ! dit Val. On peut toujours laisser notre peau ici ! »  Mais nous ne connûmes plus d’escarmouches et l’immense et sec désert de Gazza s’ouvrit devant nous, sous le ciel d’encre où s’accrochaient telles de petites croix lumineuses les étoiles environnantes. Nous Ilâmes à travers l’étendue sablonneuse et vide sans demander notre reste, pour rejoindre notre point d’évacuation.  Un léger goût amer me piquait la gorge ; notre mission avait achoppé sur un détail imprévu : le comte disposait d’un eîcace système de sécurité qui même pris en défaut lui avait permis de s’échapper in extremis. Mais j’avais survécu, mes potes s’en étaient sortis indemnes et j’en éprouvais une certaine satisfaction. Posée sur mes genou, ma mitraillette me toisait, paisible et sûre de sa force ; j’examinai sa crosse et je notai sur le carbone une petite éraLure. e canon s’était refroidi à présent. ’arme avait fait son travail, tuant sans pitié sur sa route et préservant la vie de son matre. Sur ma joue humide, j’appuyai l’acier froid et ce contact me procura un certain plaisir ; j’embrassai le canon avec respect et reconnaissance. owensky et Val m’observaient avec étonnement : « Ce qu’il peut être bizarre , ce type ! lâcha Val.  -Bess nous surprendra toujours ! sourit owensky en hochant la tête. Voilà qu’il fait l’amour à sa mitrailleuse. »  Je ne répondis pas ; mes yeux errant au dehors regardaient la plaine de sable qui déIlait en vagues grises successives. Reportant mes yeux sur ma mitrailleuse, je lui murmurai doucement : « ïl y aura d’autres campagnes, d’autres batailles, d’autres missions. Patience mon complice, patience mon amie car nous sommes des guerriers, notre jour viendra ! »
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