Okami, la force tranquille.
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Description

Ōkami (大神, littéralement "grande déesse", ou "loup" si écrit 狼) est un jeu vidéo d'action-aventure développé par Clover Studio et édité par Capcom en 2006 sur PlayStation 2. L'adaptation sur la console Wii, développée par Ready at Dawn, est sortie le 12 juin 2008. Une suite sur Nintendo DS appelée Ōkamiden est sorti début 2011.

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Publié le 24 novembre 2011
Nombre de lectures 156
Langue Français

Extrait

OKAMI(2006) / PlayStation 2
« Dans le vent du printemps Avec les pétales est tombée Une parole que je venais de citer. Ne pourrait-on imaginer Que c’était le chant de la fleur? » Maître Dôgen Dans le shintoïsme, la belle Amaterasu est la Déesse du Soleil, représentée sur le drapeau japonais par le disque solaire. Née de l’œil gauche de son père, Izanagi, elle est devenue l’ancêtre de tous les empereurs et shôguns; elle aurait notamment apporté la riziculture, la culture du blé et de la soie. On accole aussi à Amaterasu le qualificatif «ōkami» signifiant « grande déesse ». Le mythe parle aussi d’un combat entreelle et son frère Susanoo, kami de la mer et du vent, où ce dernier aurait enfermé la divinité dans une caverne, cachant par la même occasion le soleil pendant une longue période. En guise de punition, Amaterasu bannit Susanoo du royaume des cieux, puis, pour se racheter auprès de sa sœur, il lui offrit la légendaire épée Kusanagi.C’est en s'inspirant de cette légende qu’Okamiest né, fruit d’un incroyable travail artistique et philosophique, le titre a renversé avec une vigueur révolutionnaire les clichés vidéoludiques, devenant un chef-d’œuvre artistique immanquable pour tout amateur de culture nippone…Le démon aux huit têtes de dragons, Orochi, dominait et obscurcissait le monde de Nippondans d’effroyables ténèbres depuis plusieurs saisons, écartant l’universpeu à peuvers la fin des temps. C’est alors qu’un guerrier légendaire répondant au nom de Nagi, aidé par un loup blanc divin, Shiranui, apparurent pour bannir l’horrible créature qui plongeaittragiquement l’univers dans ses propres nébulosités. Rassemblant leurs forces, l’homme et l’animal déifié parvinrent à vaincre la malédiction et à l’enfermer au fond d’une grotte scellée par la magie de l’épée de Nagi, Tsukuyomi. La paix et la sérénité reprirent le dessus et les forces du Mal disparurent de la surface du pays. Mais, le siècle suivant, le monde se renfonça une nouvelle fois dans les ténèbres. Une énigmatique personne déroba l’épée, libérant ainsi Orochi de sa geôle. Alors, Sakuya, la gardienne du village de Kamiki, voyant le sombre et délétère brouillard du démon envahir progressivement le monde de Nippon, décida de réveiller Amaterasu, la Déesse du Soleil, en la matérialisant à partir de la statue du divin loup Shiranui. Lorsque la louve apparut, un petit être, Issun, sortit du décolleté de la belle gardienne des bois, se vantant de surcroît d’être un grand artiste vagabond. Il expliqua qu’il était temps pour Okami Amaterasu de parcourir le monde en quête des treize autres divinités qui lui offriront chacune différentes techniques de calligraphie lui permettant, à leur tour, de restaurer le monde. « Les vagues meurent sur le rivage Le vent a fini de souffler Une barque abandonnée, La lune à minuit Brille de tout son éclat. » Maître Dôgen C’est ainsi que démarre l’œuvreOkami, sur cette histoire légendaire,typiquement japonaise, remplie d’humour et débordant d’émotions. Tel un Haïku, l’histoire rend hommage aux grandes lignes de la poésie codifiéenippone avec tout un tas de fortes composantes symboliques. Okamidépeint l’évanescence de son scénario en se détachant des stéréotypes le liant à ses auteurs, laissant libre cours à l’imagination de son admirateur à qui il revient de créer sa propre allégorie. L’histoire semble être instantanée et n’exclut pas l’humour et les différentes figures de style utilisées, ici, avec parcimonie. La trame d’Okami évoque et ne décrit pas, elle est indéfinie mais précise, paradoxale et incroyablement artistique. Chaque partie de la totalité de l’univers illustré dans le jeu représente cette totalité sous une forme plutôt particulière: un simple brin d’herbe permet de saisir et de représenter la vérité d’Okami et de son cosmos qui immergera le joueur inéluctablement. La grande force de ce scénario réside surtout dans sa facilité d’accès grâce aux différents dialogues, bien que parfois trop présents, et à une narration impeccablement bien structurée qui permettent une compréhension parfaite. Okami est très ouvert et engloutira quiconque souhaitera vivre cette expérience sensorielle. D’ailleurs, les protagonistes illustrés au fil de l’aventure y sont pour beaucoup car le travail effectué sur chaque acteur,qu’il soit important ou pas, est stupéfiant. Ainsi, la louve divine aura l’occasion de rencontrer au cours de sa quête tout un ensemble de
personnages, tous aussi loufoques que charismatiques, et différentes créatures divines, toutes plus symboliques les unes queles autres, qui façonnent le monde de Nippon comme dans nul autre jeu. Ici, Nippon est décrit comme un Japon intemporel, ce qui permet au conte de Clover d’être particulièrement singulier et inimitable: une œuvre hors du temps, hors des légendes, qui se permet, en sus, les pires anomalies comme de remarquables adaptations afin de perpétrer sa propre légende. Le titre est le fruit d’un sens artistique qui jusqu’alors n’existait que trop rarement dans les jeux vidéo et s’attache à des thèmes philosophiques puissants, chers aux différents courants religieux et métaphysiques asiatiques comme le shintoïsme et sa fervente protection de la nature, en allant bien au-delà des simples allures scénaristiques. Okamis’inscrit dans la lignée des grandes œuvres vidéoludiques enfaisant l’apologie de sespropres origines et en essayant de restaurer notre foi, ou tout du moins, de nous faire participer à une cause noble et que personne ne démentira. « Impossible de définir Ce qui est par-delà les mots Dans le pinceau ne doit même pas rester Une goutte d’encre.» Maître Dôgen Uneœuvre d’art comme celle-ci se devait de ne pas échouer sur le plan de la jouabilité pour espérer décrocher les étoiles et c’est chose faite car il faut bien le dire,Okami dépasse toutes les espérances de ce point de vue-là. Reprenant avec brio les qualités des ténors du genre et en intégrant parfaitement l’esthétique à sa mécanique, le titre frappe très fort.Ainsi,Okami doit au cours de l’aventure retrouver treize divinités qui lui dévoileront des secrets de calligraphieles plus anciens. Grâce à son pinceau, la déesse peut donc à la fois restaurer le monde, combattre, changer le temps, manipuler les éléments, détruire des obstacles etc. L’accès à cet instrument se fait simplement par une pression continue sur la touche« R1»qui arrête automatiquementle temps, fait reculer la caméra et apparaître ledit outil d’écriture. A cet instant, le joueur peut donc dessiner un symbole appris grâce aux divinités, ce qui lui permettra de faire une action fabuleuse.Par exemple, s’il esquisse un trait horizontal concis et lâche la touche correspondante, le pouvoir magique tranchera le décor et permettra, notamment, de libérer une entrée bloquée par un lourd rocher qui était impossible, jusqu’alors, d’être déplacé par la majestueuse louve ;ou tout simplement, il découpera un ennemi en deux. Si le joueur dessine un rond lorsqu’il fait nuit, le soleil apparaîtra et fera changer sensiblement les mouvements des personnages non jouables et des ennemis sur la carte. Mais encore, si le joueur trace une forme ronde avec unemèche, une bombe apparaîtra et explosera… Bref, il y a en tout treize techniques différentes qui sont systématiquement utilisées au fil de la pérégrination d’Amaterasu car il faut bien le souligner, ce trait caractéristique d’Okami a été implanté avec habileté, aisance et perspicacité. Jamais une nuance n’est oubliée, jamais une technique n’est mise de côté. Le joueur devra donc absolument faire travailler ses méninges pour deviner quelle technique doit être utilisée au bon moment, dans telle ou telle situation. Quant à la progression, elle reste plutôt traditionnelle, partant d’une série de villages en détresse, en passant par quelques prairies et certains donjons intrigants. Cependant, pour accéder à la prochaine zone, il faudra tout d’abord trouver la divinité recherchée et par conséquent, son pouvoir qui permettra de progresser dans l’aventure. Une structure plutôt classique donc, mais extrêmement bien bâtie et intelligemment mise en place grâce à unlevel designsans faille. En outre, Amaterasu devra,lors de sa quête, bannir les ténèbres en se débarrassant d’une quantité impressionnante d’ennemis. A chaque fois que la louve-déesse croisera et rentrera en contact avec l’un d’entre eux (tous symbolisés par un parchemin de flammes obscures), une barrière magique viendra délimiter une arène de combat dans laquelle il faudra affronter ces entités. En fait, Okami Amaterasu est équipée d’un «miroir » sur son dos et grâce à lui, elle pourra déclencher toute une série de coups et de combos faciles à réaliser pour laminer ses assaillants. Et comme coup de grâce, elle pourra toujours placer un petit coup de pinceau, lui offrant par la même occasion des bonus conséquents. Ainsi, le jeu possède ungameplaysplendide et impossible à décrier tant il côtoie la perfection, surtout que pour accessible, couronner le tout, Okami offre une durée de vie gigantesque, variant entre trente et soixante heures selon le désir de faire le jeu à 100 % ou non. De même, il faut savoir que les quêtes secondaires ont une importance toute relative avec la trame principale car elles permettent (pour la quête du nourrissage des animaux, par exemple) d’augmenter les points de vie, la quantité d’encre transportée *…+ conférant par la même occasion à la jouabilité un lien particulièrement robuste entre tous ses aspects. « Dans le vieil étang, Une grenouille saute, Bruit dans l'eau. » Basho
Sur les tous premiers trailers diffusés à l’E3 2005,Okami était originellement en 3D traditionnelle. Pourtant déjà impressionnant visuellement, les développeurs ont opté pour une utilisation radicale ducel-shadingpar la suite pour une question de cohérence esthétique. Et quelle réussite prodigieuse ! Okami est tout bonnement somptueux et réserve à nos yeux un voyage artistique étonnant. Letitre est l’undes rares à maîtriser aussi bien la technique ducel-shading, si ce n’est le meilleur. Cependant, le style visuel peut sembler brusque au premier abord car certains n’apprécieront pas forcément l’art nippon illustré tout au long de l’aventure à sa juste valeur. En effet, Okamis’enferme complètement dans ses origines intrinsèques, non seulement sur le plan scénaristique, mais aussi sur le plan visuel. Toutefois, comment rester indifférent devant une telle beauté harmonieuse? Chaque décor paraît être une estampe vivante, où chaque détail apporte son lot d’améliorations en renforçant cette mirifique impression: le grain permanent de l’image donne l’impression de regarder une calligraphie sur papier de riz, les pétales de fleurs de cerisiers s’envolent au gré du vent, des petits groupes d’animaux s’enfuient et se cachentlorsque la déesse passe en trombe, les habitants évoluent, se déplacent, travaillent, entament des sonnets, sans évoquer uncharacter designfabuleux qui fait d’Okami un chef-d’œuvre indiscutable, une perfection graphique hors du commun qui émeut, qui touche et qui offre un havre de paix appréciable le temps d’une partie. Respect.
« A la rosée goutte à goutte Des souillures d’ici-bas Puissé-je me laver » Basho Enfin, Okami, suivant toujours ses principes, offre une bande originale des plus surprenantes. Reprenant avec finesse les traditionnelles musiques nippones (et parfois divers courants de musiques asiatiques), le jeu rejoue la carte de l’originalité en remaniant, tout d’abord, les morceaux au goût du jour avec panache, mais en incluant un bon nombre de thèmes enchanteurs, rythmés et parfois à caractère humoristique explosif, collant merveilleusement bien à l’image. C’est un véritable tour de force que les compositeurs ont signé avec l’OST d’Okami. Puissante et extrêmement riche (cinq disques regroupent tous les morceaux et divers effets sonores), la bande son, même si une nouvelle fois très restrictive car enfermée dans un contexte précis et inflexible, propose un voyage quasi-parfait qui transportera sans mal le joueur au fin fond de la philosophie du jeu. Quant aux bruitages, bien que dans l’ensemble ils soient de très bonne facture et brillants, nul ne pourra contredire que le doublage des acteurs est particulièrement biscornu. En effet, les personnages s’exclament tous dans un langage onomatopéique très déroutant. Certains apprécieront l’originalité, d’autres détesteront entendre ces espèces de voix accélérées qui n’ont aucun sens. Voilà certainement le seul point noir d’Okami, s’il en est un.Nul doute, Okamiest une œuvre d’art à part entière, un OVNI vidéoludique qui joue avec ses propres origines, l’histoire, les diverses légendes nippones et qui se permet bien au-delà de tout cliché de se fabriquer son propre mythe. Un pari réussi pour ce voyage hors de l’espace et du temps et hors de tout imaginaire préconçu. Véritable havre de paix,Okami saura faire voyager quiconque voudra bien monter à bord de son vaisseau pour une virée magistrale au fin fond de l’univers fantasmagorique. K. VENTOLINI.
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