L espace lyonnais : circonscriptions administratives, cadres d étude et d action - article ; n°2 ; vol.57, pg 191-204
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'espace lyonnais : circonscriptions administratives, cadres d'étude et d'action - article ; n°2 ; vol.57, pg 191-204

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1982 - Volume 57 - Numéro 2 - Pages 191-204
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Bonnet
L'espace lyonnais : circonscriptions administratives, cadres
d'étude et d'action
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 57 n°2, 1982. pp. 191-204.
Citer ce document / Cite this document :
Bonnet Jacques. L'espace lyonnais : circonscriptions administratives, cadres d'étude et d'action. In: Revue de géographie de
Lyon. Vol. 57 n°2, 1982. pp. 191-204.
doi : 10.3406/geoca.1982.6166
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1982_num_57_2_6166Revue de Géographie de Lyon. 1982/2
L'ESPACE LYONNAIS :
circonscriptions administratives, cadres d'étude et d'action
У par Jacques Bo.nnet
En paraphrasant le rapport du Comité de Constitution présenté en 1789
par le député Thouret à l'Assemblée Constituante, on pourrait faire écrire
que la région lyonnaise « est partagée en autant de divisions différentes qu'il
y a de diverses espèces de pouvoirs ».
La délimitation des circonscriptions administratives est un vieux débat
de la vie publique qui anime, traditionnellement en France, les réunions des
conseils municipaux ou généraux. Le thème est une petite bombe locale car il
touche au rapport des forces politiques entre les élus de diverses tendances,
entre les élus et les pouvoirs centraux. Il concerne aussi le financement des
collectivités locales : telle commune résidentielle doit faire face à de lourdes
charges d'équipements collectifs, mais se trouve sans argent ; telle autre voisine
qui a fixé plusieurs usines mais peu de logements apparaît au contraire très
à l'aise. L'absence de solidarité financière entraîne injustice et gaspillage. Une
péréquation fiscale s'impose également entre le centre nanti et la périphérie
des agglomérations.
Question cruciale surtout dans les zones urbaines où les définitions terri
toriales d'autrefois sont dépassées rapidement par l'extension de l'habitat le
long des grandes routes banlieusardes. Problème manifeste en particulier dans
la région lyonnaise que l'histoire a morcelée.
1 ) Le Rhône est un des plus petits départements français, avec la plus grande
agglomération de province
Le fait tient à la position excentrique d'une ville-frontière dont le rôle
d'étape a favorisé précisément le commerce de transit et les activités de change.
Jusqu'à la vente du Dauphine à la France, en 1343. la Saône longeait la limite
entre « la part de l'Empire » à l'Est et « la part du Royaume » à l'Ouest.
L'Ain, qui a appartenu à la Bourgogne, s'avance encore en pointe au-dessus
de la grande ville qu'il domine de très près, de la côtière de la Saône et de
la côtière du Rhône. « Une part essentielle de l'influence rayonnante du Lyonn
ais lui vient de ses communications avec les régions supérieures de la Loire,
Forez et Beaujolais avec lesquels il se trouvait uni en 1789 et avec lesquels .
;
192 У. BONNET
le département de Rhône-et-Loire de la Constituante le maintint encore»1.
Mais on sait que les Lyonnais, ardents défenseurs de l'autonomie1 provinciale
face à la nouvelle nation centralisée autour de Paris, ont été vaincus et leur
territoire rebelle démembré, coupé en deux, par la Convention, en 1793. Le
pouvoir totalitaire a divisé la province concurrente pour l'affaiblir. Et c'est
pourquoi la Loire commence si tôt dans la rue sans joie, entre les brumes de
Givors et les fumées de Rive-de-Gier.
Le site géographique de Lyon a orienté le développement de la ville vers
le Sud et l'Est, vers les départements de l'Ain et de l'Isère. Dès 1808, le
Conseil Général du Rhône émettait le vœu que « le territoire soit agrandi
d'une manière convenable, non seulement, à la splendeur de Lyon qui en est
le chef-lieu, mais encore au bien des administrés limitrophes, des démarcations
ridicules qui subsistent entre ce département et ceux de l'Isère et de l'Ain ».
Les contradictions entre structures administratives et espace socio-
économique étaient latentes. Elles s'exacerbaient pendant les périodes de
croissance démographique, d'industrialisation et d'extension du tissu urbain.
Sous le Second Empire, la ville absorbait ses faubourgs populaires : Vaise,
!a Croix-Rousse, la Guillotière. En 1852 toujours, les limites de l'Isère étaient
repoussées vers l'Est, quatre communes étant, rattachées au Rhône (Villeur
banne, Vaulx-en-Velin, Bron, Vénissieux). Mais en 1874, un plan d'annexion
par Lyon des communes périphériques de Saint-Clair, Caluire et. Villeurbanne
était repoussé par les édiles lyonnais, inquiets des dépenses à engager pour
intégrer une proche banlieue sous-équipée. Nouveau refus en 1906, en raison
cette fois de la résistance farouche des Villeurbannais.
Entretenue avec la complicité des notables, la pétrification des divisions
territoriales freinait l'organisation, de l'agglomération, et entravait la gestion
rationnelle des services collectifs. Ainsi peut-on expliquer, dans les années
1960, l'industrialisation sauvage, sans aucun réseau d'assainissement, le long
de la RN 6, à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, mais dans l'Isère. Le
Conseil Général du Rhône refusait de réaliser certaines voies parce qu'elles
étaient situées dans le département voisin; l'Isère s'en désintéressait parce
qu'elles desservaient Lyon. Autre exemple, la Zone à Urbaniser en Priorité
de Rillieux, dans l'Ain, devait être financée par Bourg. La ville-mère ne
contrôlait donc plus la création des zones d'activités et des ensembles d'habi
tation situés dans, son orbite économique. Il a fallu attendre l'arrivée des
pompiers de Vienne, lors de l'incendie des dépôts pétroliers de la; raffinerie
de Feyzin, placée à moins de 10 kilomètres au Sud de Lyon. Et on se souvient,
plus récemment, de la longue indifférence du maire de la métropole, Louis.
Prádel, à l'égard de la ville nouvelle de Tlsle d'Abeau, dans l'Isère. Trois
préfectures et leurs services, trois conseils généraux" dominés par des intérêts
divergents, en majorité d'ailleurs ruraux, exerçaient leurs pouvoirs sur une
agglomération économiquement soudée.
L'aberration du découpage gênait aussi la vie quotidienne des frontaliers.
Les habitants qui vivaient à 3 ou 4 kilomètres de la place Bellecour, travaillant
1. J. Brunhes, Géograph'e humaine de la France, Paris. Pion. 1920. vol. 1. p. 346.
Le Lyonnais formait, avec le Forez et le Beaujolais, ипг généralité sous la Monarchie
absolue. Cette généralité, administrée de Lyon par un gouverneur militaire et un intendant
civiî, emporta, en 1791. le département de Rhône-et-Loire. En 1793, un décret de la Convent
ion en sépara le Forrz pour comporer le département de la Loire. l'espace lyonnais 193
et consommant dans le même cadre urbain, étaient obligés de parcourir 55
kilomètres pour se rendre à la préfecture de Bourg et plus de 100 pour gagner
celle de Grenoble. Situation amusante : l'aérodrome de Bron était à cheval
sur le Rhône et l'Isère ; les taxis lyonnais pouvaient déposer leurs passagers
à l'entrée, en territoire rhodanien., mais la sortie de l'aérogare était dans
l'Isère ; seuls les taxis de ce département y prendre des clients...
Les autobus de la ville ne desservaient pas la périphérie. Situation: vite into
lérable cependant, dans les années 60, lorsque l'urbanisation s'étalait en tache
d'huile (toujours vers l'Est, dans la plaine dauphinoise, en raison de la dissy
métrie du site de la ville) sous l'effet cumulé de l'accélération de l'exode rural,
de l'afflux des immigrés et des rapatriés d'Afrique du Nord, de l'évolution
positive du solde naturel. On sait que les densités de population du centre-ville
déclinent tandis que les banlieues s'allongent, la politique foncière et l'usage
commun de l'automobile encourageant une dissociation croissante des lieux
d'habitat et de travail. Aujourd'hui, les grandes opérations d'urbanisme —
restructuration et rénovation, desserrement industriel, concentration des acti
vités

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents