La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 63 |
EAN13 | 9782824709840 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LA COUSI N E BET T E
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA COUSI N E BET T E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0984-0
BI BEBO OK
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.D ON MICH ELE ANGELO CAJET AN I, P RI NCE DE T ÉANO .
Ce n’ est ni au prince r omain, ni à l’héritier de l’illustr e maisonA de Cajetani qui a four ni des p ap es à la Chrétienté , c’ est au
savant commentateur de D ante que je dé die ce p etit fragment d’une longue
histoir e .
V ous m’av ez fait ap er ce v oir la mer v eilleuse char p ente d’idé es sur
laquelle le plus grand p oète italien a constr uit son p oème , le seul que les
mo der nes puissent opp oser à celui d’Homèr e . Jusqu’à ce que je v ous eusse
entendu, la DI V I N E COMÉDI E me semblait une immense énigme , dont
le mot n’avait été tr ouvé p ar p er sonne , et moins p ar les commentateur s
que p ar qui que ce soit. Compr endr e ainsi D ante , c’ est êtr e grand comme
lui ; mais toutes les grandeur s v ous sont familièr es.
Un savant français se ferait une réputation, g agnerait une chair e et
b e aucoup de cr oix, à publier , en un v olume dogmatique , l’impr o visation
p ar laquelle v ous av ez char mé l’une de ces soiré es où l’ on se r ep ose
d’av oir v u Rome . V ous ne sav ez p eut-êtr e p as que la plup art de nos pr
ofesseur s viv ent sur l’ Allemagne , sur l’ Angleter r e , sur l’Orient ou sur le
Nord, comme des inse ctes sur un arbr e ; et, comme l’inse cte , ils en
deviennent p artie intégrante , empr untant leur valeur de celle du sujet. Or ,
1La cousine Bee Chapitr e
l’Italie n’a p as encor e été e xploité e à chair e ouv erte . On ne me tiendra
jamais compte de ma discrétion liérair e . J’aurais pu, v ous dép ouillant,
de v enir un homme do cte de la for ce de tr ois Schleg el ; tandis que je vais
r ester simple do cteur en mé de cine so ciale , le vétérinair e des maux
incurables ne fût-ce que p our offrir un témoignag e de r e connaissance à mon
cicer one , et joindr e v otr e illustr e nom à ceux des Por cia, des San Se v
erino , des Par eto , des di Negr o , des Belgiojoso , qui r eprésenter ont dans la
COMÉDI E H UMAI N E cee alliance intime et continue de l’Italie et de la
France que déjà le Bandello , cet é vê que , auteur de contes très-drôlatiques,
consacrait de la même manièr e , au seizième siè cle , dans ce magnifique r
ecueil de nouv elles d’ où sont issues plusieur s piè ces de Shak esp e ar e ,
quelquefois même des rôles entier s, et te xtuellement.
Les deux esquisses que je v ous dé die constituent les deux éter nelles
faces d’un même fait. Homo duple x, a dit notr e grand Buffon, p our quoi
ne p as ajouter : Res duple x ? T out est double , même la v ertu. A ussi
Molièr e présente-t-il toujour s les deux côtés de tout pr oblème humain ; à
son imitation, Dider ot é crivit un jour : CECI N’EST P AS U N CON T E, le
chef-d’ œuv r e de Dider ot p eut-êtr e , où il offr e la sublime figur e de
mademoiselle de Lachaux immolé e p ar Gardanne , en r eg ard de celle d’un
p arfait amant tué p ar sa maîtr esse . Mes deux nouv elles sont donc mises
en p endant, comme deux jume aux de se x e différ ent. C’ est une fantaisie
liérair e à laquelle on p eut sacrifier une fois, surtout dans un ouv rag e où
l’ on essaie de r eprésenter toutes les for mes qui ser v ent de vêtement à la
p ensé e . La plup art des disputes humaines viennent de ce qu’il e xiste à la
fois des savants et des ignorants, constitués de manièr e à ne jamais v oir
qu’un seul côté des faits ou des idé es ; et chacun de prétendr e que la face
qu’il a v ue est la seule v raie , la seule b onne . A ussi le Liv r e Saint a-t-il jeté
cee pr ophétique p ar ole : Dieu liv ra le monde aux discussions. J’av oue
que ce seul p assag e de l’Écritur e de v rait eng ag er le Saint-Siég e à v ous
donner le g ouv er nement des deux Chambr es p our obéir à cee sentence
commenté e , en 1814, p ar l’ ordonnance de Louis X V I I I.
e v otr e esprit, que la p o ésie qui est en v ous pr otèg ent les deux épiso des
des P AREN TS P A U V RES
D e v otr e affe ctionné ser viteur ,
DE BALZA C.
2La cousine Bee Chapitr e
Paris, août-septembr e 1846.
n
3LE P ÈRE P RODIGU E
du mois de juillet d e l’anné e 1838, une de ces v
oitur es nouv ellement mises en cir culation sur les places de ParisV et nommé es des milords , cheminait, r ue de l’Univ er sité , p ortant
un gr os homme de taille mo y enne , en unifor me de capitaine de la g arde
nationale .
D ans le nombr e de ces Parisiens accusés d’êtr e si spirituels, il s’ en
tr ouv e qui se cr oient infiniment mieux en unifor me que dans leur s habits
ordinair es, et qui supp osent chez les femmes des g oûts assez dépravés
p our imaginer qu’ elles ser ont fav orablement impr essionné es à l’asp e ct
d’un b onnet à p oil et p ar le har nais militair e .
La phy sionomie de ce capitaine app artenant à la deuxième légion r
espirait un contentement de lui-même qui faisait r esplendir son teint r
oug e aud et sa figur e p assablement joufflue . A cee auré ole que la richesse
acquise dans le commer ce met au fr ont des b outiquier s r etirés, on de
vinait l’un des élus de Paris, au moins ancien adjoint de son ar r ondissement.
A ussi, cr o y ez que le r uban de la Légion-d’Honneur ne manquait p as sur
la p oitrine , crânement b ombé e à la pr ussienne . Camp é fièr ement dans le
coin du milord, cet homme dé coré laissait er r er son r eg ard sur les p
assants qui souv ent, à Paris, r e cueillent ainsi d’agré ables sourir es adr essés
4La cousine Bee Chapitr e
à de b e aux y eux absents.
Le milord ar rêta dans la p artie de la r ue comprise entr e la r ue de
Belle chasse et la r ue de Bour g ogne , à la p orte d’une grande maison nouv
ellement bâtie sur une p ortion de la cour d’un vieil hôtel à jardin. On avait
r esp e cté l’hôtel qui demeurait dans sa for me primitiv e au fond de la cour
diminué e de moitié .
A la manièr e seulement dont le capitaine accepta les ser vices du
cocher p our descendr e du milord, on eût r e connu le quinquag énair e . Il y
a des g estes dont la franche lourdeur a toute l’indiscrétion d’un acte de
naissance . Le capitaine r emit son g ant jaune à sa main dr oite , et, sans rien
demander au concier g e , se dirig e a v er s le p er r on du r ez-de-chaussé e de
l’hôtel d’un air qui disait : « Elle est à moi ! » Les p ortier s de Paris ont le
coup d’ œil savant, ils n’ar rêtent p oint les g ens dé corés, vêtus de bleu, à
démar che p esante ; enfin ils connaissent les riches.
Ce r ez-de-chaussé e était o ccup é tout entier p ar monsieur le
bar on Hulot d’Er v y , commissair e ordonnateur sous la République ,
ancien intendant-g énéral d’ar mé e , et alor s dir e cteur d’une des plus
imp ortantes administrations du Ministèr e de la Guer r e , Conseiller-d’État,
grand-officier de la Légion-d’Honneur , etc., etc.
Ce bar on Hulot s’était nommé lui-même d’Er v y , lieu de sa naissance ,
p our se distinguer de son frèr e , le célèbr e g énéral Hulot, colonel des
gr enadier s de la g arde imp ériale , que l’Emp er eur avait cré é comte de
For zheim, apr