La psychanalyse est-elle une aventure seulement intellectuelle?
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La psychanalyse est-elle une aventure seulement intellectuelle? en réalité, quelle est la place, le rôle et la fonction du corps et de ses manifestations dans l'acte analytique, dans le cours de la séance?

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Langue Français

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. La psychanalyse est-elle une aventure seulement intellectuelle? en réalité, quelle est la place, le rôle et la fonction du corps et de ses manifestations dans l'acte analytique, dans le cours de la séance? que montrent les symptômes psychosomatiques , cutanés, entre autres bien sûr; depuis les mouvements des mains qui scandent le discourt de l'analysant, aux montées de sueurs dans les angoisses des levées de refoulement, - ou des éclats de rire, les larmes, et les cris, modulations de voix aux arcs hystériques, - on sait bien la place du corps pour l'hystérique:! Comment le corps participe intensément? de l'infra-verbal signifiant.
Gilbert Lazar• Cette question de la présence du corps dans l'analyse trouve un écho singulier dans les thérapies en ligne où justement le corps est absent, nié, invisible pour l'analyste ou peut le devenir ...
Helene Elkaim• Que de questions ! Venez donc de temps en temps au Séminaire Babylone organisé à l'Institut Mutualiste Montsouris par le professeur Corcos, histoire de rêver un peu ....
Barbara Bonneau• Je pense que l'apport de Lacan sur la question du corps est précieux. Et même, avant lui, Freud. Le corps dans l'analyse, comme dans le rêve, est surtout celui qui est représenté, à partir du langage.
michel bruno• Le propos de cette discussion est plus orienté vers l'observation clinique des mouvements du corps du patient pendant le temps de la séance, - gestuelle, manifestations corporelle de l'angoisse, posture sur le divan ( par exemple, une patiente qui se met systématiquement en position fœtale, mais sur le dos, jambes repliées sur son ventre, entourées de ses bras, se grattant les jambes, accompagnée de logorrhée....) et d'interroger leur sens dans l'histoire et la structure du patient.
L'abord théorique est bien sur étayant, et en même temps, retrouver dans la construction fantasmatique théorique ce qu'il en est de la réalité clinique. C'est bien CHARCOT qui disait que la théorie c'était bien, mais ça n'empêchait pas d'exister!.
Barbara Bonneau• Lorsqu'on parle de "position fœtale", on utilise des mots qui reprend non seulement quelque chose d'une vie utérine imaginée mais aussi la matérialité du langage. Ce que Freud a démonté était que le langage est interprété par le corps, y inclus le gestuel. C'est bien pour cela que les mots peuvent aussi aider avec des symptômes et qu'on parle d'une psychanalyse. Est-ce que vois considèrerez Charcot comme psychanalyste? Moi non. Pourquoi pensez-vous que les femmes se tenaient dans des positions qui sont quasiment disparues aujourd'hui du cabinet du psychanalyste? Si c'était du corps (comme celui de l'organisme humaine) ces manifestations seront aussi répandues aujourd'hui qu'hier, non?
michel bruno• Charcot n'était pas analyste. Mais il faut ne pas oublier que Freud a passé un certain temps avec lui, et que de ce temps, il a en extrait sa théorie de l'inconscient et du refoulement. Il reprend le mot de Charcot -" Ca n'empêche pas d'exister " dans une de ses conférences d'introduction, au sujet du rêve et de la censure du rêve ( 9eme conférence). Par ailleurs, l'observation du corps des patients qui racontent un rêve est également très intéressante. Lorsque les gestes viennent en place de mots, que ce soit des gestes qui commentent , ou des gestes - ou expressions venant directement du refoulement , comme des larmes soudaines.
Et, chère Barbara, bien sur que les "postures de l'hystérique" ont disparu des cabinets,
remplacées par des mots, - et aussi souvent par des larmes-, mais est ce que ces postures ne répondaient pas à quelque chose d'un "mode d'expression de ce temps??"
Nous avons à l'heure actuelle, en place de posture, des fibromyalgie, ou de la "spasmophilie", et encore de l'Erythème noueux, des lombalgies, des dorsalgies, - des "algies" tout court, manifestations somatiques fonctionnelles, sans lésions.
La posture de la grande hystérique était la mode au XIXeme siècle. La mode a changé, mais le corps souffre toujours des mots.
Barbara Bonneau• Ce que je voudrais dire: des postures, des gestes et même des larmes ne sont pas "premières" dans le sens temporel. Ces expressions ne sont pas "instinctuelles". Quelqu'un qui pleure en analyse a une pensée, plus ou moins construite. Cette pensée "existe" grâce aux signifiants, selon Lacan, et même Freud avant lui, bien que Freud n'emploie pas ce terme. C'est justement cette inscription verbale qui permette le "mode d'expression de ce temps". Je pense, lorsqu'on parle de la spasmophilie etc, on essaye d'évacuer quelque chose de cette inscription verbale, le médicalisant par un terme "scientiste". Ce qui est évacué est le sujet. Au lieu de parler d'un sujet, on parle d'épidémie et de malaise dans la culture !
michel bruno• tout à fait d'accord avec vous au sujet des "épidémies malaises de culture"; mais les gestes, larmes, ou autre manifestation du corps dans la séance ne viendraient ils pas en soutien, ou remplacement des mots - non pas des idées qui ,ont pas encore franchi la barrière du refoulé et donc inaccessibles aux mots? quelque choses de l'ordre d'un affect massif; ce qui semble alors se manifester serait plus de l'ordre du signifié/ non encore "capitonné" au signifiant, qui, impossible à se dire s'agit. La pensée, du moins, l'idée est première, effectivement, mais lorsqu'elle est refoulée, lorsque la censure agit et la maintiens dans le préconscient, ne trouve-t-elle pas par le geste, posture ou autre une voie vers l'extérieur? ce sont des questions, bien évidemment.
Barbara Bonneau• Si l'on suit Freud, le jugement sur la réalité est ce qui provoque le refoulement dans la névrose. Pour les névroses, ce jugement se présente sous la forme d'une dénégation. Retournons par exemple au cas de Dora qui a un toux hystérique, parmi ses symptômes. Ce toux vient effectivement à la place des "mots" mais sans les mots, les représentations, on ne parlera pas d'hystérie car on ne parlera pas de refoulement. Les gestes hystériques sont du même ordre il me semble. Est-ce qu'il y a des gestes qui sont "présignifiantes" ? Est-ce que c'est ça votre question? Si je vous ai bien compris, vos questions concernent les gestes qui viennent en analyse (ils ne concernent pas par exemple les gestes d'un désordonnées d'un nouveau-né (mais là encore, celles-ci ne doivent pas longtemps rester sans lien au langage). Pensons encore à l'Homme aux loups, dont Freud remarque comment son regarde pas de Freud à la pendule, et encore à Freud. Freud interprète ce regard comme ayant un sens, c'est-à-dire comme déjà imprégné du langage même si l'Homme aux loups n'est pas encore prêt décrypter cet échange de regards. Même chez l'enfant autiste, il est à mon sens "impossible" de parler de ses gestes sans penser d'une "imprégnation" du corps par le langage. Cela ne dit pas que tout est capitonné pour autant, et que les gestes ne servent à rien. Effectivement les gestes, les larmes, peuvent participer à une forme de "catharsis". Néanmoins, au-delà de cette "extériorisation", il reste encore tout le travail de l'analyse.
Luis Ernesto Sola• Yo entiendo que una guía en la clínica para abordar el cuerpo son los tres registros de Lacan. El cuerpo es imagen, en la cual el yo se aliena. El cuerpo es simbólico, los síntomas corporales "hablan" y el gesto es un significante. El cuerpo es pulsional (trieb). La emergencia de la anustia, nos permite virar de la imagen y el sgnificante, a lo real del cuerpo. (La traducción es de google). Je comprends que d'un guide à la clinique pour traiter le corps sont les trois registres de Lacan. L'image du corps, dans lequel le soi est aliéné. Le corps est symbolique, les symptômes physiques «parler» et est un geste significatif. Le corps est instinctif (Trieb). L'émergence de anustia nous permet de transformer l'image et signifiante, le corps réel. (La traduction google est).
Leonardo Arrieta• La tournure que prend la discussion, entre un corps qui serait "pré-signifié" et un autre où l'on retrouverait une articulation des trois registres à l’œuvre, me semble intéressante. Et cela nous ramène, entre autres, à la clinique de l'autisme et des psychoses de l'enfance. Que ce soient des traces premières en attente d'être symbolisées, ou bien des manifestations primitives en panne d'imaginaire, il me semble important de ne pas négliger qu'il est toujours question d'une situation qui nécessite d'être abordée dans sa singularité.
C'est d'un tel déplacement, qui nous permet de ne pas insister sur ce que l'on pourrait déjà savoir, qu'un sujet aura à se saisir pour situer les signifiants qui seront les siens, et au travers desquels une histoire et un lignage pourra prendre corps. Le fait de supposer un sujet en tant qu'adresse d'où une parole peut advenir est déjà une façon de supporter ce corps. A nous de rendre compte comment cela a pu se dérouler au long d'une cure, là où le sujet peut être encore dans une lutte acharné contre tout ce qui fait corps ou signification à son adresse.
benjamin kilborne• On peut imaginer un monde qu'avec des grosses têtes sans corps. Mais ces gens-la auraient des difficultés a se rendre visible...Donc corps, sensibilité, tact (!!!!), peau sont tout aussi important que les interprétations.
michel bruno• l'exemple de Barbara, - Freud interprétant le regard de l’Homme aux Loups est très intéressant, puisqu'il est exactement dans le sens de la question soulevée; Le corps parle, par le symptôme, mais aussi par le geste incontrôlé, ou compulsif ( la névrose obsessionnelle). Que cela se reproduise - ou se produise simplement sur le divan, pendant la séance a aussi du sens, en ce que le geste (posture, ou larmes) accompagne, souligne, voir soutiens le mot, - que l'ensemble soit signifiant. C'est la question de l'acting out en séance, par là également signifiant. Là ou la parole ne passe plus - une forme d'aporie?
Mais, cela ramène également la question du princeps: qu'est ce qui est premier ? l'enfant sent, ressent et entend avant même de parler. Même pris dans le langage, il interprète la tonalité et les gestes du corps maternel - ou de l'Autre présent-;
qu'en reste il en séance?
merci de vos apports, de vos remarques, et questions, et idées.
Barbara Bonneau• Il me semble que l'enseignement de Lacan est le plus pertinent sur cette question. Si l'on retourne à l'exemple de l'Homme aux loups, il y a ce fameux W qui est
"barré" pour le sujet, Serguei Pankejeff. Dans son rêve, il vient une guêpe (forme de W où parait un homme qui arrache les ailes. Les ailes sont sensées être un double V dont le V sera la sexe maternel vu au cours de la scène originaire. En séance Serguei Pankejeff raconte son rêve du "Espe" . (prononcé S.P. ) "Espe ?" demande Freud, vous voulait dire Wespe? Serguei Pankejeffe reconnait immédiatement qu'il vient de dire ses initiaux, le W étant barré. Lacan dit que cette lettre comme forme, comme écriture ne pourrait pas exister sans le signifiant déjà présent. De même pour ces questions concernant le corps maternel: il y a question non pas d'un corps en tant que somatique mais un corps investit pas le signifiant, même si le sujet attend un rêve, une séance pour pouvoir le dire, le signifiant est toujours, déjà là.
Barbara Bonneau• investi par le signifiant ! (j'ai besoin de lunettes !)
Karen Harutyunyan• Quant aux appendicites, chez les garçons comme chez les filles, ces sont des troubles psychosomatiques en rapport avec l’époque ou ils imaginaient la conception selon une technologie digestive. Ces fantasmes sont depuis longtemps dépassés, mais il y a eu une époque ou ils ont été opérationnels et ont laissé les possibilités d’une infection, plus tard, en tel endroit du schéma corporel, du fait même que l’image du corps gravide des femmes enceintes était vue comme un plein de caca magique. Les garçons, ou même les filles, supposaient derrière la parturition un cas particulier de puissance anal de la mère. L’enfant incestueux inconscient que tait enfant avant l’Œdipe désire porter, a l’instar de sa mère, en gage de l’amour et du désire qu’il a pour son père, cet enfant incestueux, inconscient, il faut vraiment l’avorter, avant de pouvoir liquider son Œdipe. L’appendice devient ainsi le siège d’une inflammation et il faut le retirer, pour sauver le sujet d’un piège archaïque qui réaliserait, dans le dysfonctionnement du schéma corporel, le fantasme d’un désire qui autrefois n’a pu se dire clairement chez l’enfant. C’est donc son corps qui répète un dire, qui signifie, dans cet appendice: un dire qui, actuellement, n’a vraiment plus de sens pour l’enfant qui a atteint 7-8 ou 14-15 ans. L’appendicite: c’est pour ceux qui refoulent ce désire et qui n’en parlent pas que le corps aura à le signifier avant qu’ils ne quittent l’enfance. F. Dolto
Barbara Bonneau• Pour ma part cet exemple de Françoise Dolto est assez parlant pour ce qui concerne la difficulté de transmission de sa clinique, même si celle-ci était excellente.
michel bruno• je voudrai parler d'une patiente, que je voie depuis plusieurs années. Trés belle femme d'environ 35 ans, artiste, prise dans une névrose hystérique, sur un mode histrionique. Il apparait qu'un partie du nœud du conflit a avoir avec un mauvais objet maternel persécuteur introjecté. A certains moments de son discourt, lorsqu'on affleure une zone de la petite enfance, brutalement et sans transition, son visage se plisse, elle se met à pleurer - sans le percevoir dans l'instant puisqu'elle continue à parler, puis elle se tait, semble chercher de l'air la bouche ouverte, ses yeux se mettent à rouler vers le haut, puis vers le bas, tout son corps se rétracte et se détend alternativement, elle sursaute comme si elle était touchée par un léger choc électrique ( ce sont les seuls mots qu'elle emploiera pour décrire ses ressentis de ses crises), puis au milieu des larmes qui viennent en masse, elle a le nez qui se met à couler, avec des mimiques très régressives de petit enfant de 3/5 ans, qui est désespéré, exprimant une vision d'un hilflosigkeit absolut-Elle ne se mouche pas, n'essuie ni ses larmes ni sa morve, elle reste presque figée, tant et si bien que tout coule sur son vêtement, et alors, seulement, elle s'essuie le nez et le visage avec sa main nue à plusieurs reprises, négligeant, dédaignant la boite à mouchoirs, qui est pourtant là, sous ses yeux.
Puis, peu à peu, elle sort de ce moment de régression, comme si rien ne s'était passé, et reprend son discourt - exactement là où elle l'avait laissé, mais sans un mot pour ce qui vient de se passer , de se dire sans mots, de se re-jouer dans la séance, et dans le transfert.
Comment interpréter ceci? De quelle scène initiale, qui s'est probablement répétée bien des fois s’agit il? Lorsque je lui demande d'en dire quelque chose, elle ne peut rien en dire, et bien souvent, elle semble oublier quasiment instantanément ce qui vient de se passer en séance. Comme si elle sortait d'une crise d'épilepsie, - mais ce n'est pas ce diagnostic- Un refoulement massif qui montre là, quelque chose qui a fait brutalement retour sous forme d'une régression intense manifestée par le corps uniquement, - aucun mot n'est alors possible- dans un
spasme de sanglot d'un autre âge, d'un age d'avant les mots;
Ca ne dure jamais plus de 4 minutes, la crise est souvent déclenchée par une évocation de l'ambiance familiale de sa petite enfance, mais pas systématiquement.
Je ne peux en dire plus sur cette personne, mais je voudrai, par cette breve vignette clinique, illustrer ces questions des mouvements psychiques passant sans mots par le corps, à la place de mots.
Barbara Bonneau• Vous avez tout même dit qu'elle parlait d'une sensation de "choc électrique" puis aussi que ces crises viennent lorsqu'elle évoque la petite enfance. C'est déjà beaucoup. Je ne pense pas qu'il faut "interpréter" seulement "entendre" ce qui fait qu'elle évoque ce choc électrique. Amener en quelque sort ce vécu du côté de l'équivoque.
Barbara Bonneau• Je viens de penser d'un livre qui pourrait vous intéresser: Serge Leclaire : Psychanalyser, Un essai sur l'ordre de l'inconscient et la pratique de la lettre. Dans cet ouvrage, Leclaire parle notamment d'un rêve de la licorne. Il note comment ce trouvaille du rêve "licorne" "marque ainsi par son trait concis le geste de boire et le mouvement des deux mains accolées pour former une coupe, réplique concave de la convexité du sein, reproduction mimique de ce qu'est, en son sens originel, un symbole: geste d'offrande ou de supplication, mais surtout geste de maîtrise par lequel Philippe réalise quelque chose de son désir. Avec l'évocation du geste, on aborde véritablement le domaine privé où règne la singularité dans sa distinction la plus secrète: ce mouvement des mains, si banal soit-il quand on le décrit formellement, Philippe le tient pour irréductiblement sien, au même titre que la cicatrice qui le marque au front. Et l'on touche ici à la limite du secret que la relation d'une analyse dépasse inévitablement, image fidèle en cela de cette transgression qu'est la psychanalyse elle-même; car la description de ces singularités dessine quelque chose comme le propre de chacun dans son intimité. Dégager ces traits irréductibles, termes élémentaires où tout écho s'éteint, serait la visée idéale d'une psychanalyse; mais il est bien rare qu'on approche seulement cet épuisement des mirages de la signification dans la formalité dépouillée d'un réseau littéral. Avec la licorne, il semble pourtant qu'on atteigne d'assez près ce nœud de l'analyse de Philippe, mais point tant, comme on vient de le voir, du fait de la signification possible de la licorne (encore qu'on ne la saurait exclure) que du fait de sa composition formelle." Là S.L. nous renvoie à l'analyse de ce rêve et la lettre où dans la
séquence dégagée, au niveau de chacun de ses termes, les "échos de la signification est réintroduites. C'est cette réintroduction "des échos" qu'il importe d'établir à partir du gestuelle, ou des images du rêve et non pas "un sens" à ses gestes.
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