Le pétrole. Étude de géographie économique - article ; n°193 ; vol.35, pg 1-26

Fernand Maurette

Description

Annales de Géographie - Année 1926 - Volume 35 - Numéro 193 - Pages 1-26
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1926
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Fernand Maurette
Le pétrole. Étude de géographie économique
In: Annales de Géographie. 1926, t. 35, n°193. pp. 1-26.
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Maurette Fernand. Le pétrole. Étude de géographie économique. In: Annales de Géographie. 1926, t. 35, n°193. pp. 1-26.
doi : 10.3406/geo.1926.8400
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1926_num_35_193_8400193 XXXVe année 15 janvier 192â
ANNALES
DE
OGRAPHIE
TUDE DE LE OGRAPHIE TROLE CONOMIQUE
CONDITIONS CONOMIQUES RALES
II pas de minéral même le minerai de fer dont la produc
tion ait fait au cours des trente-cinq dernières années des progrès aussi
rapides et aussi continus que le pétrole On sait les chiffres de production
annuelle de huile brute depuis 1890 en 1890 11 millions de tonnes
en 1913 528 en 1919 74 en 1924 1408
Ainsi en moins de trente-cinq ans la production mondiale du
pétrole est accrue comme de 13 Pendant le même espace de
temps la production mondiale du minerai de fer triplait et celle de la
houille doublait seulement
Les causes de importance actuelle du pétrole Tout été dit
sur les causes multiples de cb progrès merveilleux Les progrès de la
méthode dans les recherches et la multiplication des équipes qui
Voir sur la Géographie physique du pétrole article de MRAZEC Le
Pétrole conditions géologiques et géographiques Ann de Géogr. XXXIII 1924
502-522 Pour une bibliographie détaillée des questions économiques voir les
dernières Bibliographies géographiques notamment la XXXIII* Biol 1923 428
et la XXXIlt Bibi 1922 401 Nous indiquerons ici que quelques travaux
essentiels ou particulièrement récents DB BONAND Le pétrole Origine Gise
ments Commerce Succédanés Paris 1921 DELAISI La politique du pétrole
Paris 1921 PAGE impérialisme du pétrole Paris 1921 DEPARTMENT
OF THE INTERIOR GEOLOGICAL SURVEY Petroleum in 1918 par RUSSELL LLOYO
Mineral Resources of the U.S 918 part II 969-1169) Washington 1920
MAURETTE Les grands marchés des matières premières édition Paris 1925
eh vin 110-188 DB ROUSIEKS Les grandes industries modernes indus
trie houillère industrie pétrolière industrie hydro-électrique Paris 1924
163-196
ANN UB IXXV ANN 2 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
s'y livrent; les progrès des méthodes d'extraction, et la substitution,
partout où elle était possible, du procédé du « suinlage » aux procédés
plus anciens du « jaillissement » simple ou du « pompage » ; enfin la
généralisation des méthodes de concentration commerciale, du transport
par pipe-lines, la création de grandes usines à raffiner l'huile brûle <■( à
fabriquer les quelque trois cents sous-produits que l'on tire aujourd'hui
du pétrole, la constitution de tout un matériel de wagons-citernes, de
bateaux-citernes, etc., bref, tout et1 qui a été fait pour faciliter la pro
duction du pétrole, sa transformation et sa circulation, les ont, bien
évidemment, du même coup intensifiées.
11 n'en est pas moins vrai que, ici comme en bien d'autres matières
de la vie économique, c'est avant tout une demande accrue et multipliée
qui a excité 1'oífre, encouragé les recherches, et déterminé indirectement
les progrès des méthodes industrielles et commerciales. Si cette demande
s'est accrue, c'est que les usages que l'on l'ait du pétrole n'ont cessé de
se multiplier depuis 1900, date à laquelle il ne. servait guère qu'à l'écla
irage.
("'est d'abord l'invention du moteur à explosion et l'essor qu'elle donne
à l'automobilisme : aujourd'hui, vingt millions d'automobiles de toutes
sortes, camions, voitures de tourisme, etc. , roulent sur les routes du globe,
dont quinze millions sur celles du territoire des Etals-Unis. Le même
moteur actionne bien des machines dans les fabriques, des locomobiles
dans les granges et dans les champs. Tout cela marche à l'essence de
pétrole, dont le seul défaut, au point de vue commercial, était de laisser
de GO à 75 p. 100 de la matière brute inutilisée, sous forme de mazout et
de fuel oil.
Mais voici une seconde découverte qui, permettant un usage presque
iniégral de tous les éléments de la matière brute, la rend plus précieuse
encore par la suppression de tout déchet. Après qu'en 1910, l'utilisation
de l'huile minérale dans le moteur Diesel, à combustion interne, eut
permis d'alimenter par elle les chaloupes des fleuves tropicaux comme
les bateaux de pêche, l'utilisation du mazout dans les machines des grands
navires, par injection et pulvérisation dans les chaudières, a fait du
combustible liquide le rival de la houille. Sans doute, à chaleur fournie
en quantités égales, le pétrole revient plus cher que le charbon. Mais,
outre que, sur un grand paquebot, il réduit au cinquième le personnel
des machines, si nombreux et si onéreux, comme il fournit, à poids égal,
plus de chaleur, il permet de réserver, à tonnage égal, plus déplace pour
les marchandises sur les cargos, pour les passagers suj1 les paquebots et
pour les munitions sur les navires de guerre. De là le grand progrès,
depuis dix ans, de la îlot te marchant aux combustibles liquides. Au
30 juin 1914, la flotte mondiale, classée d'après les forces motrices, com
prenait 8,06 p. 100 de son tonnage mu par la voile, 88,84 p. 100 nui par
la vapeur et le charbon, 3,1 p. 100 mû par combustible liquide .
" Progrès annuel moyen ,
Production de la production
Millions . par rapport
Année. détonnes. au quinquennat précédent
P 1*1 100 W ч
1890 il 3,6
1895 15 7,2
1900 ........ 21 • 8
1905 29,5 8,1
1910 46 11,2
1915 59 5,6
1920 98 13,2 ' • 10,7 1924 140 4 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
elle exige beaucoup d'efforts et beaucoup d'argent pour un résultat dou
teux. Les équipes de géologues et d'ingénieurs qui manœuvrent le wild
cal ' n'obtiennent en moyenne que deux résultats positifs sur cent son
dages. Cela tient à ce que le pétrole n'est pas toujours là où , scientifique
ment, on pourrait être fondé à croire qu'il se trouve. Le pétrole est un
produit liquide : il chemine et s'accumule parfois fort loin du lieu où il
s'est constitué et où l'étude géologique serait portée à en fixer l'existence.
Et d'ailleurs, ces résultats positifs, quand ils sont sûrement obtenus,
n'entraînent pas une certitude identique quant à la valeur quantitative
et qualitative du dépôt découvert 2. Après forage, on estime qu'un tiers
seulement des puits forés deviennent réellement producteurs ; la produc-
lion réelle peut durer fort peu de temps, à telle enseigne qu'on cite des
puits dont la production n'a pas duré plus de deux jours; souvent,
l'émission de pétrole est précédée d'un jaillissement d'eau salée, volumi
neux et durable, qui tue toute vie végétale dans un vaste rayon. Même
les puits les plus réguliers et, les plus abondants, s'ils sont agencés scie
ntifiquement pour un rendement optimum, ne peuvent produire longtemps.
On en connaît peu qui aient pu soutenir leur production pendant plus de
trente ans sans faiblir et décliner jusqu'à un niveau de production où
l'exploitation , devenant trop onéreuse au regard du prix de vente du
produit, doit être arrêtée. C'est là, on le verra plus loin, l'histoire
de toutes les régions pétrolières des Étals-Unis.
De là découle une première conclusion : l'exploitation pétrolière
demande, dès le début, beaucoup d'efforts et; une forte avance de capi
taux; elle doit escompter un pourcentage très élevé d'échecs où les
capitaux engagés seront défini ti veinent perdus ; elle ne peut compter que
sur une assez brève période d'exploitation pour se payer de ces échecs
inévitables et trouver un loyer suffisant de tout l'argent engagé. Ces con
ditions peuvent convenir à une puissante compagnie d'exploitation ; elles
ne sauraient convenir, sauf exception, à des exploitants isolés ou pourvus
de moyens médiocres.
En outre le pétrole brut est inutilisable : s'il faut un point de
concentration pour l'huile brute des puits, d'où elle sera redistribuée sur
les consommateur