Le roi au masque d’or
113 pages
Français

Le roi au masque d’or

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Description

Le Roi au masque d’or qui est son deuxième recueil, paraît en 1892. Extrait : D'ordinaire ils préféraient les fillettes communes assises aux portes des bonnes villes, le soir, à l'orée des cimetières. Elles n'avaient qu'une cotte et une chemise 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782824711430
Langue Français

Extrait

MARCEL SCH W OB
LE ROI A U MASQU E
D’OR
BI BEBO O KMARCEL SCH W OB
LE ROI A U MASQU E
D’OR
1920
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1143-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE ROI A U MASQU E D’OR
A Anatole France .
   d’ or se dr essa du trône noir où il était assis
depuis des heur es, et demanda la cause du tumulte . Car les g ardesL des p ortes avaient cr oisé leur s piques et on entendait sonner
le fer . A utour du brasier de br onze s’étaient dr essés aussi les cinquante
prêtr es à dr oite et les cinquante b ouffons à g auche , et les femmes en
demicer cle de vant le r oi agitaient leur s mains. La flamme r ose et p our pr e qui
ray onnait p ar le crible d’airain du brasier faisait briller les masques des
visag es. A l’imitation du r oi dé char né , les femmes, les b ouffons et les
prêtr es avaient d’immuables figur es d’ar g ent, de fer , de cuiv r e , de b ois
et d’étoffe . Et les masques des b ouffons étaient ouv erts p ar le rir e ,
tandis que les masques des prêtr es étaient noir s de souci. Cinquante visag es
hilar es s’ép anouissaient sur la g auche , et sur la dr oite cinquante visag es
tristes se r enfr ognaient. Cep endant les étoffes clair es tendues sur les têtes
des femmes mimaient des figur es éter nellement gracieuses animé es d’un
sourir e artificiel. Mais le masque d’ or du r oi était majestueux, noble , et
véritablement r o yal.
1Le r oi au masque d’ or Chapitr e
Or le r oi se tenait silencieux et semblable p ar ce silence à la race des
r ois dont il était le der nier . La cité avait été g ouv er né e jadis p ar des princes
qui p ortaient le visag e dé couv ert  ; mais dès longtemps s’était le vé e une
longue horde de r ois masqués. Nul homme n’avait v u la face de ces r ois,
et même les prêtr es en ignoraient la raison. Cep endant l’ ordr e avait été
donné , depuis les âg es anciens, de couv rir les visag es de ceux qui
s’appr o c haient de la résidence r o yale  ; e t cee famille de r ois ne connaissait
que les masques des hommes.
Et tandis que les fer r ur es des g ardes de la p orte frémissaient et que
leur s ar mes sonor es r etentissaient, le r oi les inter r og e a d’une v oix grav e  :
― i ose me tr oubler , aux heur es où je sièg e p ar mi mes prêtr es, mes
b ouffons et mes femmes  !
Et les g ardes rép ondir ent, tr emblants  :
― Roi très imp érieux, masque d’ or , c’ est un homme misérable , vêtu
d’une longue r ob e  ; il p araît êtr e de ces mendiants pieux qui er r ent p ar la
contré e , et il a le visag e dé couv ert.
― Laissez entr er ce mendiant, dit le r oi.
Alor s celui des prêtr es qui avait le masque le plus grav e se tour na v er s
le trône et s’inclina  :
―  O r oi, dit-il, les oracles ont pré dit qu’il n’ est p as b on p our ta race
de v oir le visag e des hommes.
Et celui des b ouffons dont le masque était cr e vé p ar le rir e le plus lar g e
tour na le dos au trône et s’inclina  :
―  O mendiant, dit-il, que je n’ai p as encor e v u, sans doute tu es plus
r oi que le r oi au masque d’ or , puisqu’il est interdit de te r eg arder .
Et celle des femmes dont la fausse figur e avait le duv et le plus so y eux
joignit ses mains, les é carta et les courba comme p our saisir les vases des
sacrifices. Or le r oi, p enchant ses y eux v er s elle , craignait la ré vélation
d’un visag e inconnu.
Puis un désir mauvais ramp a dans son cœur .
― Laissez entr er ce mendiant, dit le r oi au masque d’ or .
Et p ar mi la forêt frissonnante des piques, entr e lesquelles jaillissaient
les lames des glaiv es comme des feuilles é clatantes d’acier , é clab oussé es
d’ or v ert et d’ or r oug e , un vieil homme à la barb e blanche hérissé e
s’a2Le r oi au masque d’ or Chapitr e
vança jusqu’au pie d du trône , et le va v er s le r oi une figur e nue où tr
emblaient des y eux incertains.
― Parle , dit le r oi.
Le mendiant répliqua d’une v oix forte  :
― Si celui qui m’adr esse la p ar ole est l’homme masqué d’ or , je
rép ondrai, certes  ; et je p ense que c’ est lui. i oserait, avant lui, éle v er la
v oix  ? Mais je ne puis m’ en assur er p ar la v ue — car je suis av eugle .
Cep endant je sais qu’il y a dans cee salle des femmes, p ar le fr oement
p oli de leur s mains sur leur s ép aules  ; et il y a des b ouffons, j’ entends des
rir es  ; et il y a des prêtr es, puisque ceux-ci chuchotent d’une façon grav e .
Or les hommes de ce p ay s m’ o nt dit que v ous étiez masqués  ; et toi, r oi
au masque d’ or , der nier de ta race , tu n’as jamais contemplé des visag es
de chair . Écoute  : tu es r oi et tu ne connais p as les p euples. Ceux-ci sur
ma g auche sont les b ouffons — je les entends rir e   ; ceux-ci sur ma dr oite
sont les prêtr es, — je les entends, pleur er  ; et je p er çois que les muscles
des visag es de ces femmes sont grimaçants.
Or le r oi se tour na v er s ceux que le mendiant nommait b ouffons, et son
r eg ard tr ouva les masques noir s de souci des prêtr es  ; et il se tour na v er s
ceux que le mendiant nommait prêtr es, et son r eg ard tr ouva les masques
ouv erts de rir e des b ouffons  ; et il baissa les y eux v ers le cr oissant de ses
femmes assises, et leur s visag es lui semblèr ent b e aux.
―  T u mens, homme étrang er , dit le r oi  ; et tu es toi-même le rieur ,
le pleur eur , et le grimaçant  ; car ton hor rible visag e , incap able de fixité ,
a été fait mobile afin de dissimuler . Ceux que tu as désignés comme les
b ouffons sont mes prêtr es, et ceux que tu as désignés comme les prêtr es
sont mes b ouffons. Et comment p our rais-tu jug er , toi dont la figur e se
plisse à chaque p ar ole , de la b e auté immuable de mes femmes  ?
― Ni de celle-là , ni de la tienne , dit le mendiant à v oix basse , car je n’ en
puis rien sav oir , étant av eugle , et toi-même tu ne sais rien ni des autr es
ni de ta p er sonne . Mais je suis sup érieur à toi en ce ci  : je sais que je ne
sais rien. Et je puis conje ctur er . Or p eut-êtr e que ceux qui te p araissent
des b ouffons pleur ent sous leur masque  ; et il est p ossible que ceux qui
te semblent des prêtr es aient leur véritable visag e tordu p ar la joie de te
tr omp er  ; et tu ignor es si les joues de tes femmes ne sont p as couleur de
cendr e sous la soie . Et toi-même , r oi masqué d’ or , qui sait si tu n’ es p as
3Le r oi au masque d’ or Chapitr e
hor rible malgré ta p ar ur e  ?
Alor s celui des b ouffons qui avait la plus lar g e b ouche fendue de g aieté
p oussa un ricanement semblable à un sanglot  ; et celui des prêtr es qui
avait le fr ont le plus sombr e dit une supplication p ar eille à un rir e
nerv eux, et tous les masques des femmes tr essaillir ent.
Et le r oi à la figur e d’ or fit un signe . Et les g ardes saisir ent p ar les
ép aules le vieil homme à la figur e nue et le jetèr ent p ar la grande p orte
de la salle .
La nuit se p assa et le r oi fut inquiet p endant son sommeil. Et le matin
il er ra p ar son p alais, p ar ce qu’un désir mauvais avait ramp é dans son
cœur . Mais ni dans les salles à coucher , ni dans la haute salle dallé e des
festins, ni dans les salles p eintes et doré es des fêtes, il ne tr ouva ce qu’il
che

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