Les employés ou la femme supérieure
214 pages
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Les employés ou la femme supérieure

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Rabourdin et sa femme crurent à cette mystérieuse puissance. Emportés par l’espérance et par le laissez-aller que les premières amours conseillent aux jeunes mariés, monsieur et madame Rabourdin dévorèrent en cinq ans près de cent mille francs sur leur capital. Justement effrayée de ne pas voir avancer son mari, Célestine voulut employer en terres les cent mille francs restant de sa dot, placement qui donna peu de revenu 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 76
EAN13 9782824710198
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES EMP LO Y ÉS OU LA
F EMME SU P ÉRI EU RE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES EMP LO Y ÉS OU LA
F EMME SU P ÉRI EU RE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1019-8
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA COMT ESSE SÉRAF I NA SAN-SÉV ERI NO , N ÉE PORCIA.
Oblig é de tout lir e p our tâcher de ne rien rép éter , je feuilletais,A il y a quelques jour s, les tr ois cents contes plus ou moins dr
olatiques de Il Bandello , é crivain du seizième siè cle , p eu connu en France ,
et publiés der nièr ement en entier à F lor ence dans l’é dition comp acte des
Conteur s italiens  : v otr e nom, de même que celui du comte , a aussi
viv ement frapp é mes y eux que si c’était v ous-même , madame . Je p ar
courais p our la pr emièr e fois Il Bandello dans le te xte original, et j’ai tr ouvé ,
non sans sur prise , chaque conte , ne fût-il que de cinq p ag es, dé dié p ar
une ler e familièr e aux r ois, aux r eines, aux plus illustr es p er sonnag es
du temps, p ar mi lesquels se r emar quent les nobles du Milanais, du
Piémont, p atrie de Il Bandello , de F lor ence et de Gênes. C’ est les D olcini
de Mantoue , les San-Se v erini de Créma, les Visconti de Milan, les
Guidob oni de T ortone , les Sfor za, les D oria, les Frég ose , les D ante Alighieri
(il en e xistait encor e un), les Frascator , la r eine Mar guerite de France ,
l’ emp er eur d’ Allemagne , le r oi de Bohème , Maximilien, ar chiduc d’ A
utriche , les Me dici, les Sauli, Pallavicini, Bentiv oglio de Bologne , So deri,
Colonna, Scalig er , les Cardone d’Esp agne . En France  : les Marigny , Anne
de Polignac princesse de Mar sillac et comtesse de Lar o chefoucault, le
car1Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
dinal d’ Armagnac, l’é vê que de Cahor s, enfin toute la grande comp agnie
du temps, heur euse et flaé e de sa cor r esp ondance av e c le successeur de
Bo ccace . J’ai v u aussi combien Il Bandello avait de noblesse dans le
caractèr e  : s’il a or né son œuv r e de ces noms illustr es, il n’a p as trahi la cause
de ses amitiés privé es. Après la signora Gallerana, comtesse de Ber g ame ,
vient le mé de cin à qui il a dé dié son conte de Romé o et Juliee  ; après
la signora molto magnifica Hy p olita Visconti e d Atellana, vient le simple
capitaine de cavalerie légèr e , Livio Liviano  ; après le duc d’Orlé ans, un
pré dicateur  ; après une Riario , vient messer magnifico Gir olamo Ung ar o ,
mer cante lucchese , un homme v ertueux auquel il raconte comment un
g entiluomo navar ese sp osa una che era sua sor ella et figliuola, non lo
sap endo , sujet qui lui avait été env o yé p ar la r eine de Navar r e . J’ai p ensé que
je p ouvais, comme Il Bandello , mer e un de mes ré cits sous la pr ote ction
d’una virtuosa, g entilissima, illustrissima contessa Serafina San-Se v erina,
et lui adr esser des vérités que l’ on pr endra p our des flaeries. Pour quoi ne
p as av ouer combien je suis fier d’aester ici et ailleur s, qu’aujourd’hui,
comme , au seizième siè cle , les é crivains, à quelque étag e que les mee
p our un moment la mo de , sont consolés des calomnies, des injur es, des
critiques amèr es, p ar de b elles et nobles amitiés dont les suffrag es aident à
vaincr e les ennuis de la vie liérair e . Paris, cee cer v elle du monde , v ous
a tant plu p ar l’agitation continuelle de ses esprits, il a été si bien compris
p ar la délicatesse vénitienne de v otr e intellig ence  ; v ous av ez tant aimé
ce riche salon de Gérard que nous av ons p erdu, et où se v o yaient, comme
dans l’ œuv r e de Il Bandello , les illustrations eur op é ennes de ce quart de
siè cle , puis les fêtes brillantes, les inaugurations enchanté es que fait cee
grande et dang er euse sy rène , v ous ont tant émer v eillé e , v ous av ez si
naïv ement dit v os impr essions, que v ous pr endr ez sans doute sous v otr e pr
ote ction la p eintur e d’un monde que v ous n’av ez p as dû connaîtr e , mais
qui ne manque p as d’ originalité . J’aurais v oulu av oir quelque b elle p o ésie
à v ous offrir , à v ous qui av ez autant de p o ésie dans l’âme et au cœur que
v otr e p er sonne en e xprime  ; mais si un p auv r e pr osateur ne p eut donner
que ce qu’il a, p eut-êtr e rachètera-t-il à v os y eux la mo dicité du présent
p ar les hommag es r esp e ctueux d’une de ces pr ofondes et sincèr es
admirations que v ous inspir ez.
DE BALZA C.
2Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
n
3LES EMP LO Y ÉS OU LA F EMME
SU P ÉRI EU RE
P ,  les hommes d’étude et de p ensé e ont quelques
analogies en vivant dans le même milieu, v ous av ez dû r encontr erA plusieur s figur es semblables à celle de monsieur Rab ourdin, que
ce ré cit pr end au moment où il est Chef de Bur e au à l’un des plus imp
ortants Ministèr es  : quarante ans, des che v eux gris d’une si jolie nuance
que les femmes p euv ent à la rigueur les aimer ainsi, et qui adoucissent
une phy sionomie mélancolique  ; des y eux bleus pleins de feu, un teint
encor e blanc, mais chaud et p ar semé de quelques r oug eur s violentes  ;
un fr ont et un nez à la Louis X V , une b ouche sérieuse , une taille éle v é e ,
maigr e ou plutôt maigrie comme celle d’un homme qui r elè v e de
maladie , enfin une démar che entr e l’indolence du pr omeneur et la mé ditation
de l’homme o ccup é . Si ce p ortrait fait préjug er un caractèr e , la mise de contribuait p eut-êtr e à le mer e en r elief. Rab ourdin p ortait
habituellement une grande r e ding ote bleue , une cravate blanche , un gilet
cr oisé à la Rob er spier r e , un p antalon noir sans sous-pie ds, des bas de soie
gris et des soulier s dé couv erts. Rasé , lesté de sa tasse de café dès huit
heur es du matin, il sortait av e c une e x actitude d’horlog e , et p assait p ar
4Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
les mêmes r ues en se r endant au Ministèr e , mais si pr opr e , si comp assé
que v ous l’ eussiez pris p our un Anglais allant à son ambassade . A ces
traits princip aux, v ous de vinez le pèr e de famille harassé p ar des
contrariétés au sein du ménag e , tour menté p ar des ennuis au Ministèr e , mais
assez philosophe p our pr endr e la vie comme elle est  ; un honnête homme
aimant son p ay s et le ser vant, sans se dissimuler les obstacles que l’ on r
encontr e à v ouloir le bien  ; pr udent p ar ce qu’il connaît les hommes, d’une
e x quise p olitesse av e c les femmes p ar ce qu’il n’ en aend rien  ; enfin, un
homme plein d’acquis, affable av e c ses inférieur s, tenant à une grande
distance ses ég aux, et d’une haute dignité av e c ses chefs. A cee ép o que
en 1825, v ous eussiez r emar qué surtout en lui l’air fr oidement résigné de
l’homme qui avait enter ré les illusions de la jeunesse , qui avait r enoncé
à de se crètes ambitions  ; v ous eussiez r e connu l’homme dé courag é mais
encor e sans dég oût et qui p er siste dans ses pr emier s pr ojets, plus p our
emplo y er ses facultés que dans l’ esp oir d’un douteux triomphe . Il n’était
dé coré d’aucun ordr e , et s’accusait comme d’une faiblesse d’av oir p orté
celui du Ly s aux pr emier s jour s de la Restauration.
La vie de cet homme offrait des p articularités my stérieuses  : il n’a

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