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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 76 |
EAN13 | 9782824710198 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LES EMP LO Y ÉS OU LA
F EMME SU P ÉRI EU RE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES EMP LO Y ÉS OU LA
F EMME SU P ÉRI EU RE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1019-8
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA COMT ESSE SÉRAF I NA SAN-SÉV ERI NO , N ÉE PORCIA.
Oblig é de tout lir e p our tâcher de ne rien rép éter , je feuilletais,A il y a quelques jour s, les tr ois cents contes plus ou moins dr
olatiques de Il Bandello , é crivain du seizième siè cle , p eu connu en France ,
et publiés der nièr ement en entier à F lor ence dans l’é dition comp acte des
Conteur s italiens : v otr e nom, de même que celui du comte , a aussi
viv ement frapp é mes y eux que si c’était v ous-même , madame . Je p ar
courais p our la pr emièr e fois Il Bandello dans le te xte original, et j’ai tr ouvé ,
non sans sur prise , chaque conte , ne fût-il que de cinq p ag es, dé dié p ar
une ler e familièr e aux r ois, aux r eines, aux plus illustr es p er sonnag es
du temps, p ar mi lesquels se r emar quent les nobles du Milanais, du
Piémont, p atrie de Il Bandello , de F lor ence et de Gênes. C’ est les D olcini
de Mantoue , les San-Se v erini de Créma, les Visconti de Milan, les
Guidob oni de T ortone , les Sfor za, les D oria, les Frég ose , les D ante Alighieri
(il en e xistait encor e un), les Frascator , la r eine Mar guerite de France ,
l’ emp er eur d’ Allemagne , le r oi de Bohème , Maximilien, ar chiduc d’ A
utriche , les Me dici, les Sauli, Pallavicini, Bentiv oglio de Bologne , So deri,
Colonna, Scalig er , les Cardone d’Esp agne . En France : les Marigny , Anne
de Polignac princesse de Mar sillac et comtesse de Lar o chefoucault, le
car1Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
dinal d’ Armagnac, l’é vê que de Cahor s, enfin toute la grande comp agnie
du temps, heur euse et flaé e de sa cor r esp ondance av e c le successeur de
Bo ccace . J’ai v u aussi combien Il Bandello avait de noblesse dans le
caractèr e : s’il a or né son œuv r e de ces noms illustr es, il n’a p as trahi la cause
de ses amitiés privé es. Après la signora Gallerana, comtesse de Ber g ame ,
vient le mé de cin à qui il a dé dié son conte de Romé o et Juliee ; après
la signora molto magnifica Hy p olita Visconti e d Atellana, vient le simple
capitaine de cavalerie légèr e , Livio Liviano ; après le duc d’Orlé ans, un
pré dicateur ; après une Riario , vient messer magnifico Gir olamo Ung ar o ,
mer cante lucchese , un homme v ertueux auquel il raconte comment un
g entiluomo navar ese sp osa una che era sua sor ella et figliuola, non lo
sap endo , sujet qui lui avait été env o yé p ar la r eine de Navar r e . J’ai p ensé que
je p ouvais, comme Il Bandello , mer e un de mes ré cits sous la pr ote ction
d’una virtuosa, g entilissima, illustrissima contessa Serafina San-Se v erina,
et lui adr esser des vérités que l’ on pr endra p our des flaeries. Pour quoi ne
p as av ouer combien je suis fier d’aester ici et ailleur s, qu’aujourd’hui,
comme , au seizième siè cle , les é crivains, à quelque étag e que les mee
p our un moment la mo de , sont consolés des calomnies, des injur es, des
critiques amèr es, p ar de b elles et nobles amitiés dont les suffrag es aident à
vaincr e les ennuis de la vie liérair e . Paris, cee cer v elle du monde , v ous
a tant plu p ar l’agitation continuelle de ses esprits, il a été si bien compris
p ar la délicatesse vénitienne de v otr e intellig ence ; v ous av ez tant aimé
ce riche salon de Gérard que nous av ons p erdu, et où se v o yaient, comme
dans l’ œuv r e de Il Bandello , les illustrations eur op é ennes de ce quart de
siè cle , puis les fêtes brillantes, les inaugurations enchanté es que fait cee
grande et dang er euse sy rène , v ous ont tant émer v eillé e , v ous av ez si
naïv ement dit v os impr essions, que v ous pr endr ez sans doute sous v otr e pr
ote ction la p eintur e d’un monde que v ous n’av ez p as dû connaîtr e , mais
qui ne manque p as d’ originalité . J’aurais v oulu av oir quelque b elle p o ésie
à v ous offrir , à v ous qui av ez autant de p o ésie dans l’âme et au cœur que
v otr e p er sonne en e xprime ; mais si un p auv r e pr osateur ne p eut donner
que ce qu’il a, p eut-êtr e rachètera-t-il à v os y eux la mo dicité du présent
p ar les hommag es r esp e ctueux d’une de ces pr ofondes et sincèr es
admirations que v ous inspir ez.
DE BALZA C.
2Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
n
3LES EMP LO Y ÉS OU LA F EMME
SU P ÉRI EU RE
P , les hommes d’étude et de p ensé e ont quelques
analogies en vivant dans le même milieu, v ous av ez dû r encontr erA plusieur s figur es semblables à celle de monsieur Rab ourdin, que
ce ré cit pr end au moment où il est Chef de Bur e au à l’un des plus imp
ortants Ministèr es : quarante ans, des che v eux gris d’une si jolie nuance
que les femmes p euv ent à la rigueur les aimer ainsi, et qui adoucissent
une phy sionomie mélancolique ; des y eux bleus pleins de feu, un teint
encor e blanc, mais chaud et p ar semé de quelques r oug eur s violentes ;
un fr ont et un nez à la Louis X V , une b ouche sérieuse , une taille éle v é e ,
maigr e ou plutôt maigrie comme celle d’un homme qui r elè v e de
maladie , enfin une démar che entr e l’indolence du pr omeneur et la mé ditation
de l’homme o ccup é . Si ce p ortrait fait préjug er un caractèr e , la mise de contribuait p eut-êtr e à le mer e en r elief. Rab ourdin p ortait
habituellement une grande r e ding ote bleue , une cravate blanche , un gilet
cr oisé à la Rob er spier r e , un p antalon noir sans sous-pie ds, des bas de soie
gris et des soulier s dé couv erts. Rasé , lesté de sa tasse de café dès huit
heur es du matin, il sortait av e c une e x actitude d’horlog e , et p assait p ar
4Les emplo yés ou la femme sup érieur e Chapitr e
les mêmes r ues en se r endant au Ministèr e , mais si pr opr e , si comp assé
que v ous l’ eussiez pris p our un Anglais allant à son ambassade . A ces
traits princip aux, v ous de vinez le pèr e de famille harassé p ar des
contrariétés au sein du ménag e , tour menté p ar des ennuis au Ministèr e , mais
assez philosophe p our pr endr e la vie comme elle est ; un honnête homme
aimant son p ay s et le ser vant, sans se dissimuler les obstacles que l’ on r
encontr e à v ouloir le bien ; pr udent p ar ce qu’il connaît les hommes, d’une
e x quise p olitesse av e c les femmes p ar ce qu’il n’ en aend rien ; enfin, un
homme plein d’acquis, affable av e c ses inférieur s, tenant à une grande
distance ses ég aux, et d’une haute dignité av e c ses chefs. A cee ép o que
en 1825, v ous eussiez r emar qué surtout en lui l’air fr oidement résigné de
l’homme qui avait enter ré les illusions de la jeunesse , qui avait r enoncé
à de se crètes ambitions ; v ous eussiez r e connu l’homme dé courag é mais
encor e sans dég oût et qui p er siste dans ses pr emier s pr ojets, plus p our
emplo y er ses facultés que dans l’ esp oir d’un douteux triomphe . Il n’était
dé coré d’aucun ordr e , et s’accusait comme d’une faiblesse d’av oir p orté
celui du Ly s aux pr emier s jour s de la Restauration.
La vie de cet homme offrait des p articularités my stérieuses : il n’a