A fleur de mots
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Description

A fleur de mots Livre réalisé en 2011/2012 par les élèves du lycée Jean Moulin de Pézenas dans le cadre d’un atelier artistique.

Informations

Publié par
Publié le 25 octobre 2012
Nombre de lectures 140
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Extrait

A feur de mots
Livre réalisé en 2011/2012 par les élèves du lycée
Jean Moulin de Pézenas
dans le cadre d’un atelier artistique.
35 Cris et engagements
9 Je l’ai croisé ce matin au marché
14 Je marche sur terre
20 J’aurai ta peau !
23 Devinez-moi !
31 Super Héros du monde ordinaire
36 Traces
40 Une rencontre
45 Objets trouvés,et porte-bonheur cris et
51 Bonus : listes et inventaires
engagements
4 5
TABLE DES MATIÈRES
Bastien SoriaAssis par terre Pourquoi pas moi ?
Sophie Le Roux Manon Pradeille
Aujourd’hui encore, je suis assis par terre. Le trottoir est humide :
il a plu cette nuit. Le vent frais me fait frissonner. Je n’ai plus de
Si elle alors pourquoi pas moi ? manteau, on me l’a volé hier. Un gobelet en plastique est déposé
Si elle alors pourquoi cela ? devant moi. Personne n’y mettra rien, je le sais. Mais je n’ai plus rien à
Si moi non alors pourquoi elle oui ? perdre à présent et l’espoir que tout s’arrange me maintient en vie. quoi elle c’est permis ? Les passants ne me regardent pas, ne s’approchent pas de moi.
Si elle indifférente et pourtant choisie Je pense à mes congénères, à ceux qui comme moi n’ont plus
Si moi acharné mais toujours interdit rien. Clochards, SDF, c’est ainsi que nous appellent les autres.
Si moi perdant et toujours prisonnier Ces « autres », il n’y a pas un an, j’en faisais partie. J’avais une maison,
Si elle gagnante et sans cesse libérée un travail, une famille. Puis la crise m’a fauché. J’ai perdu mon
Alors qu’est-ce que justice sinon un art abstrait ? emploi. L’argent a vite manqué et ma femme m’a quitté avec mes
Qu’est ce que justice sinon inégalité ? enfants. Par la suite, j’ai perdu mon logement. Je trouvais alors divers
Et l’inégalité peut-elle être tolérée ? emplois pour survivre. Mais quand on a découvert que je dormais
Dites-moi pourquoi si elle peut rire dans les rues, on m’a renvoyé, encore et encore. Je n’ai pas très bien
Pourquoi pas moi ? compris pourquoi. Problème de réputation, disaient les patrons.
Voilà ma petite histoire personnelle, ma vie détruite par des personnes
ayant décrété que mon emploi n’était plus rentable, des personnes que
je ne connais pas et ne connaîtrais jamais. Classique.
On dit « l’argent ne fait pas le bonheur ». J’ai eu tout le temps d’y réféchir,
assis devant mon petit gobelet désespérément vide. De mon point de vue,
c’est l’expression la plus juste qui soit. C’est l’argent qui m’a rendu pauvre,
misérable. L’argent est devenu notre seule raison de vivre.
S’enrichir coûte que coûte, c’est tout ce qui compte aujourd’hui, quitte à
détruire la planète. Pour de simples morceaux de papier. Absurde.
L’ombre d’un passant me tire de mes pensées. Un faible sourire pointe
sur mes lèvres : d’une réfexion sur ma condition, j’en viens à disserter
sur la pollution de la planète ! Tout cela est sûrement lié. Crise, pauvreté,
pollution... Que voulez-vous ? Il faut y réféchir au moins une fois dans
la vie, et qui sait combien de temps durera encore la mienne.
Désormais, elle ne dépend plus que d’un simple gobelet en plastique.
6 7
Amaury BretnacherJ’ai passé la nuit dehors
Tatjana Gouin
J’ai passé la nuit dehors, encore. Avec la pluie, avec le vent. , et alors ? C’est ce que je fais tout le temps.
J’avais un bout de pain dans mon écuelle. Et le goût de la faim aux
lèvres. Je l’ai donné au petit. Amour paternel.
J’aurais pas supporté qu’il en crève.
Tu vois, toi, le journal tu le jettes. Une fois lu, il ne sert plus.
Tu vois, moi, le journal je l’achète. Pour pas mourir de froid dans la rue.
Et si j’empeste, les cheveux sales, jamais je ne me plains.
Alors que toi tu pestes, et tu râles, tu grognes pour rien.
Et si je fais tout ça, ce n’est pas pour moi. C’est pour le petit. Tu sais, ce
mini-moi, c’est toute ma vie. Je serais déjà parti,
si ce n’était que ça.
J’ai passé la nuit dehors,
encore. Avec la
pluie, avec le
vent.
J’ai passé la
nuit dehors,
et alors ?
J’en ai
encore pour je l’ai croisé
longtemps.
ce matin
8 9
Brunelie Lauret
Brunelie LauretDès ce moment, J’ai empilé mes affaires
j’ai cru que dans ma trop petite valise,
En laissant avec regret le cadre posé sur la commode, mon cœur allait
C’était la photo de notre premier rendez-vous,
C’est tout ce qu’il restait de moi dans cette chambre lâcher !
Que je quittais pour la dernière fois. Manon Gros
En descendant la rue qui mène à la gare,
Je la regardais profondément, mes J’ai senti des larmes monter au bord de mes yeux,
yeux plongeaient dans ses yeux, NON ! Il fallait que je me ressaisisse,
refétant la vie qui se déroulait Je ne devais et je ne voulais pas craquer, pas maintenant,
autour... Ses yeux ! D’une couleur Je suis monté dans le train, le premier qui passait,
bleu turquoise comme je les aime, Je ne savais pas où j’allais et cela me convenait bien,
c’est particulièrement eux qui m’ont Je voulais me perdre pour ne pas retrouver mon chemin, son chemin,
fait la désirer... Elle était magnifque notre chemin,
! Ses cheveux longs et blonds lui Je l’ai croisée ce matin au marché, et à son bras s’accrochait son avenir….
retombaient sur les hanches, épousant Et moi je deviendrai son passé.
parfaitement ses petites formes.
Laetitia Joumier
Le premier bouton de son chemisier était entrouvert, laissant deviner la
naissance de son cou. Sur son épaule ? La lanière de son sac où étaient
suspendus plusieurs badges, retraçant la vie d’un petit personnage de papier.
J’étais émerveillée, je l’admirais, je la désirais plus que tout. Mon père au
coin de la rue me faisait des signes pour que je le rejoigne, mais je n’ai pas
bougé. Plus rien n’existait, juste elle et moi et cette vitre entre nous.
- Capricieuse ! me dit mon père en rentrant à la maison.
Tu obtiens toujours ce que tu désires !
Mon père a raison, mais elle est la seule et l’unique désormais. La voilà
dans mon lit, prête à garder mes nuits.
Je l’ai croisée ce matin au marché…
10 11
Jade Rougé
Valentine ArlèsJe l’ai croisée ce matin Elle était là, devant moi,
au marché. à commander une salade
Tatjana Gouin
et quelques tomates.
Ce matin. Au marché. Cela faisait bien longtemps que je n’avais foulé le sol Cyrielle Bourguignon
pavé de cette place. Peut-être deux jours. Peut-être deux semaines. Ou bien
était-ce deux mois ? Deux ans ? Je ne sais plus. Oh, elle n’a pas changé ! Elle paraissait fragile et tellement forte à la fois. Serai-je un jour comme
Toujours ce teint de marbre qu’on a envie de tâter du bout des doigts, elle ? Un regard divinement puissant. La force de l’âge, la force de la
cet impression de douceur et cette présence paisible. Cet air reposé, confance, la force de la vie ! J’espère moi aussi la posséder un jour ! Je
calme, malgré la foule qui grouillait comme devant leur reine. Et je me suis l’attraperai en la tenant fermement entre mes mains ! Il ne faudra pas
demandée s’ils avaient le droit, eux tous, d’être si proches de toi. De toi et trop que je l’écrase pour ne pas qu’elle se détruise. Non ! Je la conserverai
de ton murmure. Ce doux murmure qui me rappelait la pièce. Tu sais, la précieusement et puis quand j’aurai une maîtrise totale sur elle, je la laisserai
pièce... J’étais jalouse de tous ces gens qui te lançaient leurs souhaits à la se balader en moi, autour de moi ! Elle gravitera. Les gens la ressentiront.
fgure, qui te touchait de leurs mains impures, qui souillait mon souvenir. Ils seront impressionnés par cette puissance immobile en moi. Un pas en
Non, non ! Cette grâce et cette fnesse, cette beauté et cette eau si claire, arrière ou une fascination en biais. Je deviendrai intouchable, invulnérable !
c’était la nôtre, te souviens-tu ? Et notre pièce y demeure encore. Notre Comme elle ! Et moi aussi je commanderai une salade et quelques tomates
pièce, notre promesse, notre fontaine. Te souviens-tu ? avec ce même regard. Mais en attendant, je suis mo

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