Déconnecting people
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Description

Déconnecting people C'était pas plus tard qu'hier, au moment de remonter, au beau milieu d'un cortège improvisé de deux-roues motorisées, deux files de voitures arrêtées net le long d'une grande allée parisienne.

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Publié le 05 juin 2012
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Langue Français

Extrait

Déconnecting people

C'était pas plus tard qu'hier, au moment de remonter, au beau milieu d'un cortège improvisé de deux-roues motorisées, deux files de voitures arrêtées net le long d'une grande allée parisienne. Au cours de cette pérégrination peinarde vers un horizon semblant bouché de toute façon, voilà que mon « congénère » de devant m'oblige à empoigner soudainement (et brusquement) mes freins au moment où lui attrape énergiquement les siens ! Ancré temporairement au niveau d'une portière conducteur, j'entrevois alors mon gazier gesticuler nerveusement et n'ai pas besoin de lancer bien en avant mon oreille pour l'entendre brailler à l'occupant de l'habitacle qu'utiliser un téléphone portable au volant est tout simplement criminel. Défoulé de la glotte et étonné sûrement que l'automobiliste ne bronche pas, alors qu'il imaginait peut-être que ce dernier tenterait de se justifier en soulignant par exemple que dans un bouchon ­ justement ­ on ne roule pas, mon gazier décide alors de remonter son ancre et appareille, ou plus exactement décolle, d'un bien trop énergique coup de première, anéantissant dans l'instant et dans sa furie le discours qu'il avait souhaité pédagogique... Les instants qui suivirent m'apprirent de toute façon que le lascar n'était pas à un paradoxe près. Ce paradoxe supplémentaire, j'en pris l'exacte mesure quand, après l'avoir suivi encore quelques centaines de mètres, le regardant tout du long dodiner de la tête sans discontinuer au point de me demander si le malheureux ne souffrait pas en plus d'un traumatisme aux cervicales, je finis par me retrouver à sa hauteur à un feu rouge. Là, dépité et incrédule, ce fut à mon tour de hocher négativement du casque en découvrant le sien bardé de toutes les technologies nécessaires au parfait communiquant. Micro logé pile devant les ratiches, une sorte d'excroissance toquée sur la « joue » côté gauche, un câble dépassant de sa nuque, mon homme n'avait semble-t-il jamais cessé tout au long de notre chemin ­ excepté le moment qu'il s'accorda pour pourrir un automobiliste qui ne faisait finalement pas pire que lui ­ de converser au téléphone. « Connecting people »... On dit qu'il faut commencer par balayer devant sa porte avant de s'occuper du tas de poussières qui s'amasse derrière celle du voisin. Eh bien cet effort, on semble parfois ne pas en être capable, préférant ici s'élever contre les automobilistes contrevenants mais ne trouvant rien à redire aux utilisateurs légaux de systèmes de téléphonie mobile qui fleurissent chez bon nombre d'accessoiristes comme de fabricants de casques. Ça me renvoie à l'époque de mes premières balades derrière mon père où, pour l'interpeller, je me contentais de lui tapoter les côtes. Il ralentissait alors ou s'arrêtait, me demandant ce qui se passait, je le lui disais alors, tout simplement. Quand j'ai grandi et que seul sur ma moto j'avais quelque chose à lui dire, j'attendais d'être arrivé s'il n'y avait pas de caractère d'urgence, et sinon, eh bien, je m'arrêtais pour téléphoner. C'est la vision d'un « déconnecting people » assumé qui réserve à la moto la seule essence de ses sensations, celle qu'elle conserve et nous livre dans son écrin d'intimité.

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