Daniel Defoe LADY ROXANA ou L’HEUREUSE MAITRESSE Première publication en 1724 Traduit de l’anglais par M. B.-H.-G. de Saint-Heraye Paris, Librairie Générale Illustrée, 1885 Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières Notice sur Daniel Defoe............................................................7 PRÉFACE ................................................................................ 12 erCHAPITRE I ......................................................................... 15 SOMMAIRE. – Je suis mariée à un riche brasseur. – Mort de mon père et du père de mon mari. – Mystérieuse disparition de mon mari. – Je vends mes effets pour vivre. – Attachement de ma servante, Amy. – Conseils de deux amies. – Mes enfants sont envoyés à leur tante. – Conduite haineuse de la tante. – Caractère aimable de l’oncle. – Générosité de mon propriétaire. – Mon propriétaire dîne avec moi. – Le mobilier de ma maison est restauré. – Déclaration d’amour. – Mon propriétaire devient mon locataire. – Le piège de la pauvreté. – Je me résous à partager le lit de mon propriétaire. – Nous nous prenons comme époux. .....................................................15 CHAPITRE II ..........................................................................70 SOMMAIRE. – Ma servante Amy partage le lit de mon amant. – Amy enceinte. – Mon amant va à Versailles et est tué. – Mon anxiété dans cette grande perte. – Bruits à propos de la richesse ...
Daniel Defoe
LADY ROXANA
ou
L’HEUREUSE MAITRESSE
Première publication en 1724
Traduit de l’anglais par M. B.-H.-G. de Saint-Heraye
Paris, Librairie Générale Illustrée, 1885
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Table des matières
Notice sur Daniel Defoe............................................................7
PRÉFACE ................................................................................ 12
erCHAPITRE I ......................................................................... 15
SOMMAIRE. – Je suis mariée à un riche brasseur. – Mort de
mon père et du père de mon mari. – Mystérieuse disparition de mon
mari. – Je vends mes effets pour vivre. – Attachement de ma
servante, Amy. – Conseils de deux amies. – Mes enfants sont envoyés
à leur tante. – Conduite haineuse de la tante. – Caractère aimable de
l’oncle. – Générosité de mon propriétaire. – Mon propriétaire dîne
avec moi. – Le mobilier de ma maison est restauré. – Déclaration
d’amour. – Mon propriétaire devient mon locataire. – Le piège de la
pauvreté. – Je me résous à partager le lit de mon propriétaire. –
Nous nous prenons comme époux. .....................................................15
CHAPITRE II ..........................................................................70
SOMMAIRE. – Ma servante Amy partage le lit de mon amant. –
Amy enceinte. – Mon amant va à Versailles et est tué. – Mon anxiété
dans cette grande perte. – Bruits à propos de la richesse de mon
amant. – Un prince daigne me visiter. – Je commence à comprendre
Son Altesse Royale. – Le prince soupe avec moi. – Je deviens la
maîtresse du prince. – Effort pour justifier ma mauvaise vie. – Riches
cadeaux du prince. – Il me donne un collier de diamants. –
Réflexions sur le penchant mauvais de la nature. – Je suis enceinte. –
Le prince assiste aux couches. – Idées révoltantes sur le châtiment
des crimes. – Retour à Paris après les couches. – Découverte
remarquable ; identité constatée. – Amy trouve son ancien maître. –
Elle lui raconte les peines de sa maîtresse. ........................................ 70
CHAPITRE III........................................................................131
SOMMAIRE. – Amy s’enquiert des habitudes de son ancien
maître. – Son train de vie méprisable. – Le prince est charmé d’avoir
un fils. – Il m’invite à l’accompagner en Italie. – En Italie par les
Alpes. – Nous visitons Naples et Venise. – Retour à Paris. – La
princesse tombe malade et meurt. – Le prince refuse de me voir. –
– 3 – Un marchand offre de disposer de mes joyaux. – Singulière
accusation portée par un Juif. – Plan pour me dérober mes joyaux. –
Le marchand me conseille de partir. – Amy et moi nous prenons
congé de la France. – Terrible tempête sur la côte de Hollande. – Une
conscience coupable s’accuse elle-même. – Nous sommes jetés dans
le port de Harwich. – Je vais en paquebot à Rotterdam. – Parallèle
entre la maîtresse et la femme mariée. – Mon marchand de Paris me
retrouve à Rotterdam. .......................................................................131
CHAPITRE IV ........................................................................191
SOMMAIRE. – Le marchand hollandais prend logement dans la
même maison que moi. – Il me fait la cour. – Il sollicite ma main. –
Je refuse de me marier. – Raisons de mon refus. – Différence de nos
idées sur le mariage. – Je veux bien être sa maîtresse, mais non sa
femme. – Il me refuse par scrupule de conscience. – Il m’abandonne
et retourne à Paris. – Mes regrets de la perte de cet ami. – Je
retourne en Angleterre et m’établis à Londres. – Je suis assiégée par
les coureurs de dot. – Ma détermination de faire des économies. –
Un riche marchand offre de m’épouser. – Je reçois et donne une
grande fête. – Je danse devant mes convives. – Seconde fête chez
moi. – Grandes nouveautés à cette fête. – Ma vertu est suspectée. –
Un riche seigneur me fait des aventures. – Amusante anecdote à
propos de sa seigneurie. – Je donne à Amy commission de retrouver
mes enfants. – Elle en découvre un. .................................................191
CHAPITRE V.........................................................................264
SOMMAIRE. – Mon plus jeune fils en apprentissage. – Deux de
mes filles sont en service, on ne sait où. – Amy découvre qu’une
d’elles est servante chez moi. – Sa Seigneurie passe de l’amour à
l’indifférence. – Je quitte Mylord. – On me fait un rapport très
satisfaisant de mon fils. – Tourments que me cause l’obligation de me
cacher de mes enfants. – Plan pour éviter mes anciennes
connaissances. – Je me loge chez une Quakeresse. – Je m’habille en
Quakeresse. – Amy fait un voyage de découverte. – Étrange
aventure : J’aperçois mon marchand hollandais. – Je découvre qu’il
demeure à Londres. – Il me rend visite. – Mon embarras. – Brusque
façon dont je lui suis présentée. – Discours sur différents sujets. –
Conversation relative à l’enfant. – Je penche à épouser mon
marchand hollandais. – Malheureux effet d’une lettre d’Amy. – Je
désire me débarrasser du marchand. – Ma déception de ne pouvoir
– 4 – être princesse. – Mon mari achète une baronnie. – « Épousez le
baronet et devenez comtesse. » – Noces joyeuses chez la Quakeresse.
– Je me montre au baronet dans mon costume turc.......................264
CHAPITRE VI .......................................................................342
SOMMAIRE. – Je propose au baronet de quitter l’Angleterre. –
Nous faisons une rente viagère à notre amie la Quakeresse. – Elle est
pénétrée de nos bontés. – Deux imposantes questions posées à mon
époux. – Valeur de nos fortunes réunies. – Arrangement amiable. –
Voyage à Rotterdam. – Je deviens pensive et mélancolique. – Ma fille
prend Amy pour sa mère. – Je suis très alarmée des découvertes de
ma fille. – Mystérieuses assertions sur Roxana. – Amy menace
l’existence de ma fille. – Singulier incident à bord d’un navire. –
Inconcevable plaisir que j’éprouve à embrasser ma fille. – Je feins
une maladie pour différer notre voyage. – La femme du capitaine et
ma fille viennent chez moi. – Propos divers sur Roxana. – Grande
perplexité occasionnée par les remarques de mes visiteuses. –
Soulagement que me cause leur départ. – Les soupçons de la
Quakeresse sont éveillés. – Voyage de Hollande retardé. – Effroi
causé par une remarque du capitaine. – Bonté et attentions de mon
époux. – Nous quittons Londres pour Tunbridge. – Roxana mère de
ma fille. – Ma fille raconte son histoire à la Quakeresse. – La
Quakeresse se fait mon espion fidèle. – Amy emmène ma fille à
Grunwich. – Je la chasse. – Sa disparition. – Dialogue entre la
Quakeresse et ma fille. – Ma fille cesse ses visites. – Je crois qu’elle
est assassinée....................................................................................342
CHAPITRE VII......................................................................444
SOMMAIRE : Ma confiance en la Quakeresse. – Je vois mon
autre fille. – Je règle tout en Angleterre. – Mon départ pour la
Hollande. – Amy me revient. – Revers. – Années de repentir et
d’infortune. .......................................................................................444
À propos de cette édition électronique.................................452
– 5 –
– 6 – Notice sur Daniel Defoe
Il n’est pas rare, en littérature, qu’un livre immortalise un
homme et tue l’œuvre entier de l’écrivain. L’abbé Prévôt est
l’auteur de Manon Lescaut, Bernardin de Saint-Pierre l’auteur
de Paul et Virginie, Goldsmith l’auteur du Vicaire de Wakefield,
et Daniel Defoe l’auteur de Robinson Crusoe. On ne s’inquiète
pas de savoir si ces chefs-d’œuvre populaires sont, comme la
fleur de l’aloès, une éclosion magnifique, mais solitaire, ou s’ils
sont préparés, amenés, soutenus et comme expliqués par une
série d’autres ouvrages de moindre mérite, sans doute, mais
d’un intérêt encore bien vif, puisqu’ils marquent les phases de
l’évolution d’un grand esprit. Nul plus que Defoe n’a souffert de
ce dédain superbe de la postérité. Nul plus que lui n’a des titres
à entrer dans cette galerie des auteurs de chefs-d’œuvre et de
curiosités littéraires qu’on ignore ou dont on ne se souvient pas.
Daniel Defoe naquit à Londres en 1663. Il eut pour père un
boucher. Il reçut une solide instruction. Son père était un dis-
senter ou dissident ; c’est-à-dire un ennemi de l’Église anglicane
officielle. L’instruction est souvent tenue en plus haute estime
dans les sectes que dans l’Église dominante. Les raisons en se-
raient faciles à donner ; mais elles sont aussi faciles à compren-
dre, et les exposer nous entraînerait trop loin. Il serait égale-
ment trop long de raconter comment Daniel Defoe, destiné
d’abord au commerce de la bonneterie, jeta, si l’on veut me
permettre cette application particulière d’une phrase leste et
banale, ses bonnets par dessus les moulins, et, dès l’âge de 21
ans, s’annonça comme publiciste par un pamphlet où il prend
parti pour la civilisation contre la barbarie, et montre à ses
contemporains que la haine du catholicisme ne doit pas leur
– 7 – faire souhaiter de voir l’Autriche engloutie sous l’inondation des
Turcs.
Il est dès lors lancé dans la politique militante, à ses ris-
ques et périls ; et il ne s’y ménage pas. Complice du duc de
Monmouth, et agent actif de la révolution de 1688, auteur d’un
poème où il prouve que le devoir d’un véritable anglais est de
reconnaître Guillaume d’Orange, conseiller du nouveau roi, agi-
tateur parlementaire (Pétition de la Légion, 1701), il acquiert,
sous la reine Anne, une notoriété, qu’il paya cher, par la publica-
tion de son pamphlet, The shortest way with the Dissenters
(« Le plus court chemin pour en finir avec les Dissidents »), iro-
nie sanglante où il propose la pendaison comme unique remède,
et dont les conformistes conçurent une rage d’autant plus
grande qu’ils avaient pris d’