Ellébores
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Description

Poésies de (sombre) jeunesse

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Publié par
Publié le 30 juin 2013
Nombre de lectures 42
Langue Français

Extrait

ELLEBORES
ersatzTout en désirant gagner
Les profondeurs des montagnes,
Je suis poussé contre ma volonté
Vers les endroits où habitent les hommes
(Poème japonais)
MEMOIRES D’UN GISANT
2Des rivages lointains
Aux matins décharnés,
Je marche, exsangue,
Ma tête dans la main.
J’aperçois les lueurs
D’un port excommunié.
Sur les quais : des charniers.
Des âmes se sont envolées.
Le ciel se lézarde.
Une griffure.
Les nuages sont mûrs.
Murs et crainte.
Dans la brume survenue,
Des formes se dessinent :
Les contours gueules
Des voiles de la marée.
Autres temps, autres lieux,
Confondus en un seul instant ;
Un seul vœu.
Faut-il mettre des mots
Sur toutes choses ?
Se résigner à désigner ?
Les formes resurgissent,
Telles des Banshees
Emergeant d’un songe.
Elles se précisent.
Les traits rougeoyants ;
La féminité
Aux moites espérances.
Excavations grisées.
Des regards fossiles,
Embryonnaires de désir,
Se dévêtent peu à peu.
Les voiles tombent
Comme des fantasmes.
Et apparaît : ton visage.
Gracile et venimeuse ;
Empreinte d’émotions,
Laissées par les larmes :
3L’aurore est tombée
Sur tes yeux ;
L’automne est dans
Tes cheveux.
Mais le songe n’était
Qu’un masque.
Celui-ci, tombe.
Inévitablement.
Le vide survient, alors,
Dans son inaltérable
Minéralité…
Ton visage
Aux facettes
De cristal
Répand la Nuit,
Comme d’autres
La Nacre.
Mais tes nuits
Aux comas dépassés,
Etendent, tendent
Leurs bras vaporeux.
Apre au geste ;
Attentive au Mot,
Toi aussi, tu exhales
La douceur par
Tes lèvres de gaze.
L’invitation au trépas :
Dédaignée.
Tu t’enfuis sur
Une licorne noire.
Ton galop
S’inscrit dans la Nuit.
Liquide ;
Définitif,
Afin de la nourrir
Du firmament de nos envies.

LA VIE AU CHOIX
4 Bien au-delà de tout
La naissance de la vieDes flots fanés sur le rivageLa particule explose telleL’exutoire d’une existence inassouvie
Point d’orgue de la mutationDu désir en matièreCes assauts répétés De l’océan sur les dunesArdentes et enivrées
D’une lumière nouvelleFinissent par découvrirDes monts lointainsEt purs de toute vieCe reptile solitaire
Qui semble hésiter Entre la mer et le rocher Voudrait sombrerDans cet abîme inexploréQui s’ouvre dans le matin …



EVANESCENCE
Enlevé dans un maelström d’émotions
J’effectue des danses tribales dans ma cellule.
5
Tel l’eunuque dans son sérail, Je suis prisonnier de ma tourmente cérébrale,Qui, sans cesse alimentée par le torrent des déceptions
Ferait pâlir le déluge du Jour maudit.
Un mot me revient sans cesse à l’esprit,
Une tentative de désertion de mon destin …
Un linceul nocturne et fluide,Ultime suaire de mon périple,M’entoure de ses bras pâles
Et me fait croquer à plein poumonSes vapeurs chastes et sensuelles.
Atmosphères …Troubles …
Des enfants tristes,
Aux yeux orphelins,
S’enfuient sur des nuages
Cueillir des bébés.
Offrande posthume A un indésirable.
Atmosphères …
Un fluide sépulcral,
Une mélodie émergeant d’un regard.
Souviens-toi ! Fuir !
Fuir, retrouver ce qui ne sera plus autrefois.

BALLADE POUR UN REVE INTERDIT
Et partout dans les brumes
Mes yeux rêvaient de toi.
Même ici sous la Lune,
Notre amour comme seule foi.
6Charron nous a désormais
Tous les deux séparés.
Et partout dans les ruines et épaves
Que j’ai laissées pour unique héritage,
Dans un vaste cercueil nuptial
Viendront me rejoindre la vermine et la rage.
Dans mon esprit rasséréné, la brume se dissipa
Et fit enfin place à l’obscurité la plus totale.
Les nuages, cette lèpre du ciel, dont
L’agonie s’ennuyait, s’enfuyait,
Souffraient d’une overdose de déprime.
Les cocons fleurissaient, libérant les phalènes
Annonciateurs d’une nuit nouvelle
Où l’efflorescence de tes entrailles
Viendrait embrasser l’oiseau sur la branche.
---

Nous vivions alors dans un vaste palais
Où le moindre murmure, la plus confuse pensée
Faisaient gémir les remparts.
Nous avions pour rituel de regarder
Sourdre le feu des Enfers.
Contemplant dans cet âtre bienveillant
Fondre l’essence de la terre.
Le visage hâve de paix,
Nous nous saoulions des bières
Volées à nos ancêtres.
Lorsque fatigués de gésir,
Ils nous rejoignirent,
Improvisant quelque sabbat innocent.
Lors on vit arriver les nobles d’antan,
Ne pouvant se déparer
De leurs masques pour le menuet funèbre.
Avec faste et heur,
Nous vîmes couler des étoiles
Une cascade d’éther.
Sur le fleuve ainsi conçu,
Nous aperçûmes au loin s’approcher
Une barque piteuse
Ayant pour unique voilure
Un suaire en deuil.
Aussi je compris
Que le funeste Batelier t’emporterait…

Maintenant je suis veuf,
La musique s’est tue.
7Je reste ici à contempler
L’agonie des mirages.
Et j’attends dans le noir
Que toi aussi tu te lasses
De la vermine et du marbre.





LES ABIMES HALLUCINES DU DESIR
Je voudrais redevenir le soleil,
Et jeter mon rêve au loin.
Je voudrais propager à nouveau la lumière,
Et voler, inconscient, dans l’espace éthéré.
Je jouerais ma musique aux corbeaux,
8Et vous embrasserais, toi et les étoiles.
Je te présenterais aux vers infâmes
Qui poussent insalubres, dans mon crâne.
Mes doigts joueraient de la harpe dans ta chevelure ;
Je ferais mes gammes sur ta bouche ;
Au royaume des yeux, tu embrasserais le ciel ;
Notre vie serait fade et sans haine.
J’ai tant de mots à te pleurer,
Mon corps à tant de choses à te dire.
Dans ton ventre infini je sombrerai,
Et te tuer, sûrement, le ferai.
Je te pense dans le noir décor des anges,
Où la flamme impassible te consume.
Mais dans ma boîte tes cendres seront gardées,
Et de mes larmes fidèles j’abreuverai ce cercueil.
Nous parlerons de tous ces enfants
Que nous aimerons sans les avoir.
Mais tu peux déjà voir sur les murs
Mon ombre sanglante et crucifiée.
Les ombres poursuivent mon âme,
Telle une éclipse ensoleillée de ma jeunesse.
Dans mon cerveau oragé à la douleur
Je vois ton corps être ma tombe.
Rappelle-toi mes sensations
Courant partout sur tes abîmes de nuées.
Toi le spectre qui me laissa orphelin.
Blême, tu te plains, Femme lascive !
Ton cœur est pour moi un caveau,
Mais je suis si étrange séparé de toi.
Et la force de mon désespoir
Me rend pareil au cadavre éveillé.
Je ne suis que le fils des étoiles,
L’incarnation de tes désirs sournois.
Je suis la conscience de la Vie,
Que tu prias si souvent.
Je suis l’histoire et l’os.
Un simple vautour pour sacrifices.
Une naissance glacée aux confins.
Nous sommes le Carnage et la Fin.

9
REMERGENCE
Je me souviens que tu fus mienne,
Toi, fleur fanée par la vie,
Et qui mourut dans l’ignorance et dans l’ennui.
Maintenant tu lèves ton regard vers la naissance de l’eau
Dans la rose ternie.
Te rappelles-tu le soir où je te trouvai,
Les yeux cernés par le trottoir ?
10

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