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Description

De courts textes divers et variés rassemblés en un petit recueil. Au sommaire de la fantasy (toujours), un poème, un texte lyrique, une courte nouvelle et une petite réflexion lyrique sur le travail de l'écrivain. (pas forcément dans cet ordre)

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Publié le 21 mai 2012
Nombre de lectures 165
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, pas de modification
Langue Français

Extrait

                                  
   FLASH  Compilation de petites œuvres, 1  (revues et corrigées)
G.N.Paradis
  
 Mon Petit Pan de Fantaisie Le Spectre en Flamme Tourner la page  Déchu  De Glace et de Sang Fléau Aqueux Amour Lunaire    
Sommaire :
   Ces textes sont sous licence créative commons : elle autorise son partage et sa diffusion, gratuitement. Plus d’information sur :  http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/  Bonne lecture.        
Mon Petit Pan de Fantaisie
Un pan de rideau écarlate oscille doucement au niveau d’une fenêtre entrouverte. Il évoque une flamme chétive bousculée par une brise print anière et la couverture veloutée d’un journal intime. Il dissimule des choses et des êtres, des terres et des cieux, des forêts embrumées et des villes mortifères, des océans clairsemés et des abysses embrasés. Il incarne la fluctuation entre l’avenir et le passé, l’inconnu, les terreurs et les espoirs.     Où que je me place, il me fait toujours face et m’interpelle d’un vague mouvement accusateur, accompagné par le flux malicieux du vent. Il ensanglante mes rêves, me dévoile des lieux horrifiq ues où s’esq uissent des arabesques dantesques et des espaces paradisiaques où la lumière colore jusqu’aux bois d’ébène.  D‘une cruelle inspiration, quelqu’un a esquissé une image de damnation entre ses plis ombragés, puis lacéré sa création. Depuis, ce pan de rideau révèle des failles de ciel clair, où virevoltent quelques anges indistincts. Ainsi, des silhouettes impassibles et sans nom, dansent avec grâce sur les murs de ma prison spirituelle. Voilà pourquoi, mes songes se faufilent, sans cesse, entre les lambeaux de ce rideau, auprès duquel scintille mon petit pan de fantaisie.  
 
 
 
 
Le Spectre en Flammes
   Le Spectre arpente le goudron austère d’une immense avenue. La brume l’auréole tel un manteau de vapeur impénétrable. Il virevolte sous des flots de grêles enflammées, s’arrête, ajuste sa lame et fend la glace d’un élégant geste du poignet. Des embruns de givre glissent le long de sa silhouette et goutte sur le sol tapissé de cendres. Sur son passage, des arches imposantes et carbonisées basculent au moindre souffle d’air, le forçant à suivre une trajectoire courbe et parfois même à revenir sur ses pas.
 « Ce Fantôme incarne une lutte âpre et dévastatrice dans un monde de lumière disparu. »
   La Mort s’enroule dans des draps noirs et s’élance à sa poursuite d’un vol agile. Les ombres s’embrasent au détour des ruelles et des lampadaires vides, sur le f il de sa faux embrasée.
 La Fauche use, il l’esquive d’un bond véloce, et lui adresse un mince sourire imperceptible. Dans ses prunelles viennent jouer les reflets de cette Faux crépitante. Il la contre dans un chuintement évoquant de milliers de sanglots, et reprend sa course résolue entre les bâtiments embrumés.
 « Ce fantôme recherche sa destinée dans un monde qui n’existe pas. »
   Dans le ciel, entre deux tiges de métal refroidies, il aperçoit le liserée immaculée d’une aile, qui tranche la voûte enténébrée. Un œil bleu suspend son vol entre deux pans de grisaille, puis s’évanouit, dissipé par le passage d’un feu avide.  
 Des lames de glaces pleuvent en sifflant sur l’avenue. Le spectre rabat son manteau immatériel pour se protéger et s’élance; son épée tournoie et détourne une multitude de cristaux acérés de son être. En heurtant le goudron, ils éclatent, produisent une musique au rythme lent, évoquant des tombeaux entrebâillés, des milliers de corps livides allongés; des reflets de lune jouant au sein des pupilles sans éclat.
 « Ce Fantôme n’est qu’une image volatile dans les prunelles d’un agonisant.. »  
 Un brasier infernal pullule dans les orbites de la Mort qui s’abat. Le sol explose sous l’impact. Le spectre plonge au milieu d es morceaux arrachés , prend appuie sur l’un d’eux, esquive la faux et plonge sa lame étincelante au milieu des lambeaux obscurs.
   Il traverse le voile, atterrit à la lumière d’un éclair furieux, au sommet d’un temple
immaculé. Il bondit et s’enfuit, pourchassé par les doigts de foudre d’une divinité haineuse. Il
glisse le long d’une colonne avec l’âpreté d’une plume sur du parchemin, rejoint le sol
sanctifié et dévale les marches. Tandis que le tonnerre se répercute sur ses talons, un mur
infernal déborde jusqu’à l’horizon, engloutissant ses songes et sa vie.  
 « Ce Fan tôme est le héros d’une page livrée aux flammes. »
TOURNER LA PAGE Il n'a pas de nom. Il rédige la même page depuis une éternité. Il écrit à l'envers et à l'endroit, aux quatre coins, dans les marges, possédés par les mots. Il n'aime pas ce mot "hivernal" ; il veut déjà du vocabulaire d'été, mais plus rien ne va dans la description, et tout est à recommencer. 
 Il rêve depuis longtemps de passer à la deuxième page, lui l'anonyme, il se sent si vide. Ses ongles sont bleuis par le froid, tant il est resté assis sur ce fauteuil rouillé. Il n'a toujours pas terminé la première page. Peu à peu, la flamme de son existence s'use à la pointe de sa plume. Il cherche la perfection. Il n'a jamais fait lire cette unique feuille. Il n'aime pas qu'on l'observe au coin de son épaule ; pourtant, il n'a plus personne à rabrouer depuis des lustres.
 En Ermite sage, il réfléchit des heures au mot suivant ; puis le note finalement avec un sourire figé. Bientôt, il le barre et en pourchasse un autre plus alléchant, plus magique, plus plaisant. Trois adjectifs qualifiant un même mot conviendrait à tout le lectorat d’anonymes ; cependant, il n’est pas en son pouvoir de privilégier l’un ou l’autre.  Il panique le jour où il marque un point ; une phrase se termine, est-elle assez bien écrite ? On n'a jamais lu son texte, mais il est certain de la critique qu'on va lui asséner au sujet de cette phrase là. Sa plume avide la raye. S'il ne satisfait personne, il est indigne de continuer à écrire.
 Personne ne le connaît ; sa vie sociale est morte le jour où il a débuté l'écriture. Il avait déjà écrit un tome de feuilles jaunies : on lui avait donné des milliers de conseils. Les écoutant, il avait recommencé des millions de fois et jamais, il n'était parvenu à dépasser la première page. Désormais, tout le lectorat a péri ; lui aussi ; et le papier s’est noirci de cadavres.
Il a enfin tourné la page.
 
 
 
 
Déchu  De ses ailes effilées, il signe le Gel De vos os, l’effritement compact de vos corps,  Il apporte la terreur aux confins de vos esprits, Tout en immolant vos vies, il prie : « Qu’ils demeurent mortels,  Qu’à jamais je les immole. Moi, l’Impartial,  Sans Cœur,  Écoutez, C’est l’heure,  Ouvrez A votre serviteur; la Mort. » Écrit par un anonyme à l’époque des Grandes Guerres des Ténèbres.  
De Glace et de Sang  « Glaciale est la pierre que nous foulons de nos pas »   Le garçon contemplait d’un air impassible les flambeaux qui écumaient l’horizon d e reflets sanglants. Le cœur de la vallée s’étirait entre deux gigantesques montagnes ombragées. Leurs ombres, au combien gloutonnes, engloutissait sous un amas insidieux les plaintes volubiles des agonisants. La forêt tout entière retentissait de leurs gémissements, les branches bruissant au rythme des notes de terreur exhalées par les mourants. En surplomb sur une corniche, le garçon pleurait à présen t car il se savait aussi impuissant à les sauver qu’à la sauver elle.   Elle était morte là, à côté de lui, sa jambe brisée recourbée sinistrement sous son corps fendu, ses prunelles plongées dans les ténèbres. Ensemble, ils fuyaient les ravages causés par des hommes aveuglés par la haine , sans foi ni lois, sans Cœur.     Désormais, le garçon était seul, elle était morte. Lui, il attendait qu’elle revienne pour l’aimer, le lui susurrer à l’oreille. Mais de sa bouche ensanglantée ne jaillissait plus qu’un  sombre liquide s’égouttant sur la pierre écarlate.  « Impuissant est l’Ho mme à se délier de son fardeau, Impuissant e st l’Homme à abattre ses maux, Impuissant est l’Homme à sauver son Amour… »   A genoux sur la pierre glaciale, le garçon sait que la lumière se meurt. Dans son dos, le T ueur s’avance, ses mèches  évoquant les torrents de sang dans les lueurs pourpres du Crépuscule. « Le Ciel n’entend -il pas ces cris d’agonie ? Et bien moi, je mourrais en silence car il ne sert à rien d’espérer et la foi seule aurait pu me sauver mais je l’ai perdu avant même d’avoir pu chanter mon Amour sous les étoiles. » Nulle flamme n’éblouit les cieux. Ces derniers restent désespérément vides. Et la Lame du Tueur, d’une justesse sans égal, vient pourfendre le cœur du ga rçon et aspire sa vie. Le linceul de ses yeux se trouble d’ombres. Le garçon bascule face contre terre, son sang macula nt la pierre d’arabesques . Une goutte glisse sur son menton, enténèbre une dernière fois ses songes, puis se fond dans les interstices de la roche. Une ultime larme obscurcit ses paupières. Il ferme les yeux et rêve… d’une vie avant de mourir, seul, sans comprendre pourquoi le destin  s’est acharné à sa perte.  Il ne reste rien de lui… D’un clin d’œil sanguinaire, le Soleil salue la mort d’un  anonyme avant de sombrer à son tour à l’horizon… Oublié là -bas, dans le Sud.
Amour Lunaire
« Ce jour là, un homme t’a sauvé la vie. Tu n’as jamais pu l’oublier. Tu l’aimais. Lorsque tu dors, tu le revois, lire le journal, assis sur ce banc, t’adressant un sourire discret alors que tu croyais le surprendre… »
Judith arpentait les lieux de long en large, rongeant des ongles maintes fois arrachés. Elle ne savait pas pourquoi elle était si anxieuse. La lumière lunaire perçait la voûte nuageuse, jouant sur sa jolie frimousse dissimulée par un capuchon à poils. On décelait deux prunelles vert pâle entre ses cheveux de soie noire qui coulaient telle la nuit sur sa peau blanche.
   La jeune femme repoussa un bâton d’un coup de pied précis.  Il disparut à travers le brouillard givré. Un sourire amusé courba ses lèvres pleines. Elle se revoyait plus jeune, lors de sa première mission, glacée par la grêle, émerveillée par la Lune. Elle avait tiré son poignard courbée d’un replis de son manteau et ensuite, tranché la gorge de sa cible avec une facilité déconcertante.
 Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?  
Son sourire s’élargit, et se refléta sur la lame lisse aux reflets argentés. Son arme ouvragée, bordée d’ailes d’ange, était parfaitement équilibrée et aussi  tranchante qu’au premier jour de sa naissance. Aucune gorge n’en réchapperait, pas même celle de cette homme.  
 Pourtant, Judith hésitait. Elle n’aimait pas ce sentiment qui lui tiraillait le cœur. Ce garçon lui plaisait, d’une certaine manière, elle espérait presque qu’il lui échappe. Il lui suffisait de courir plus vite qu’elle. Ce n’était pas bien difficile. Il lisait sans doute à la lueur d’une lampe à huile sur son banc, comme à son habitude , tout en se gorgeant de l’air nocturne. Cette lumière osc illante la fascinait. Si elle le tuait, s’éteindrait -elle d’un coup ? Ou bien resterait -elle quelques secondes en suspens, comme la vie de sa victime ?
 Le parc était silencieux. Quelques ombres se prélassaient près de la fontaine. Des graviers craquaie nt sous ses souliers à mesure qu’elle parcourait des chemins fertiles en petites touffes d’herbes drues.  
 Avec désinvolture, la jeune femme fit tournoyer son poignard entre ses doigts gracieux, d’une blancheur aristocratique et égratigna les silhouettes des arbres penchées sur elle tels des dieux indiscrets. Une vie ne tenait qu’à un fil, celui de cette petite arme aussi volatile qu’une courbure sur la surface d’un lac paisible. Judith n’avait qu’à réaliser  ce geste incisif, celui qu’elle exécutait depui s sa plus tendre enfance sur des mannequins de paille.
   Mais elle ne pouvait pas encore s’y résoudre.  
Un chien aboya sur ses talons. Il le suivait depuis déjà une bonne demi-heure. Allait-elle l’égorger, lui aussi ?  
 Judith se perça le pouce avec la pointe de so n poignard. Il l’avait aperçu. Il  refermait son livre. Qu’allait -il faire ? Quelqu’un voulait sa mort. Il la connaissait depuis déjà quelques mois. Se douterait-il que cette fois-ci, elle était venue pour le tuer ?
 Il lui adressa un sourire discret, se leva, s approcha en balançant sa lanterne à bout de bras. Qu’espérait -il ? Lui faire changer d’avis ?  
 Du sang chaud ruissela le long de la main de Judith. Le jeune homme continua sa route sans ralentir, l’effleura sans peur et souffla :  
 « Bonsoir, Belle de Mort. N’est -ce pas Cerbère, qui te suit, en cet instant ? »
Le chien gronda. Avec un sourire aussi mince que le fil de son arme, Judith rétorqua :
 « Cours, mon amour. »
  
 
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